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Une relation dialectique

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Par souci de contextualisation disciplinaire de cette investigation, il nous était inéluctable de nous pencher, au préalable, sur l’explication des logiques spatiales qui guident la spatialité savante et profane d’une part, ainsi que sur la détection des logiques sociales qui peuvent en découler d’autre part.

Le premier chapitre s’est intéressé à la composition spatiale abstraite des habitations urbaines, dénuée de toute allusion au contenu socioculturel.

L’évolution historique de la spatialité domestique savante a été appréhendée à travers l’évolution de la distribution de chaque pièce. Jusqu’à l’avènement de l’hygiénisme, la distribution spatiale évoluait selon un code spécifique qui se trouva chamboulé par l’avènement du Mouvement moderne, notamment le courant fonctionnaliste qui effectua un remaniement spatial institué sur « la tabula rasa » des codes précédents, mettant ainsi en avant un espace universel, libre de toute contrainte sociale, ce qui avait conduit à une déstructuration de la hiérarchie des positions acquises, menant à son tour à un espace abstrait et isotrope. Malgré la volonté de certains architectes à prôner les valeurs environnementales ou régionales (les prairies houses, baye area et le shingle style) dans leur conceptions domestiques, ces dernières ne se concrétisèrent qu’au niveau de la forme globale, l’espace, lui est resté libre, un contenant vide de sens, se souciant peu des spécificités sociales et culturelles du « contenu ». Durant la deuxième moitié du XXe le postmodernisme, défendait une autre idéologie domestique qui consistait en un parti pris historiciste. Il prôna des formes radicales prêchant le retour à un classicisme académique (Quinlan Terry, Leon Krier, Alan Greeberg), choisissant délibérément d'utiliser l'ensemble du répertoire esthético-architectural : la métaphore, l'ornement et la polychromie. Cependant, en dehors de cette différence doctrinale esthétisante qui était avant tout antimoderniste, sa spatialité domestique se distingua mal de celle promue lors du modernisme. Les éloges du plan libre guidaient encore cette conception domestique savante. En réalité il s’agissait, beaucoup plus d'une recherche décorative. La disparition des divisions intérieures illustrées par les maisons clefs du Mouvement moderne, et la réorganisation consécutive de l'espace- Plus grand, plus ouvert, plus polyvalent eurent une influence fondamentale sur la conception actuelle de la maison occidentale, européenne

et américaine, cependant cette conception reste très contestée dans d’autres sociétés, pour ne pas dire carrément rejetée.

Le second chapitre s’est consacré à l’explication des principes généraux d'une approche plurielle de l'espace domestique notamment comme construction essentiellement sociale et non comme produit abstrait et esthétisé. Le point de vue développé est celui d’une position médiane entre la vision de l’architecte et celle du sociologue, autrement dit, selon une conception permettant de dégager une lecture sociale de l’espace domestique construit.

Depuis quelques années, les médiations entre l'espace et la société ont fait l'objet d'une recrudescence d'intérêt. En effet, amplement posé comme neutre et passive, la dimension spatiale fait actuellement l'objet d'une réévaluation théorique de laquelle s'est dégagée un consensus à l'effet d'inclure l'espace comme partie intégrante de la théorie sociale. Bien qu'au cœur des préoccupations des architectes, l'étude de la dimension spatiale demeure un chantier en cours. Cependant, depuis le dernier quart du siècle précédent, une meilleure prise de conscience, parmi ces spécialistes de l’art de bâtir, du contexte social de leurs œuvres, commence à se manifester. En effet, Longtemps mal mené par les tenants du Mouvement moderne, l’habitation a repris, après un long combat "scientifique", le devant de la scène et s'est affirmée de plus en plus comme unité signifiante par excellence, comme support social de communication et par conséquent comme une grille de lecture pertinente. L'habiter est un phénomène anthropologique et général, car il y'a autant de manières d'habiter que d'individus, en ce sens le type architectural domestique passe sous les fourches caudines du type culturel. Ce dernier peut être appréhendé socialement de la notion de "Pratiques" et spatialement de la notion de "Distribution" et par extension

"Cheminement et Mouvements", ce qui pousse de nombreux chercheurs a confirmer, que c'est à partir d'une culture que se définissent les choix résidentiels dans la mesure où l'habitation constitue un élément majeur de la culture matérielle, une unité spatiale qui tire sa production des caractéristiques sociales de la société qui l’a érigé, de la mentalité de ses habitants et de leurs rapports à leurs environnements.

Etant un complément plus concrètement positionné, le troisième chapitre s’est intéressé à l’articulation de la logique spatiale profane avec la logique sociale rurale.

La spatialité rurale est issue du milieu sur lequel elle est édifiée. L’habitation rurale est en forte relation avec les paramètres de l’existence humaine à la fois culturels, sociologiques et économiques. Elle est connue pour sa double fonction comme unité résidentielle et unité productive. Les architectes associent l’habitation rurale à l’habitation vernaculaire. C’est l’expression, le consensus des habitants sur un style porteur d’une identité à laquelle une société donnée adhère au même temps qu’aux valeurs sociales qui lui sont sous-jacentes.

La société rurale est une société traditionnelle fondée sur la ressemblance qui existe entre les individus et sur la force des sentiments communs à tous. Elle est reconnaissable à sa stabilité, à sa lenteur dans le changement, à son haut degré de connexité, à un contrôle social fort et une fermeture devant l’étranger. C'est une société de taille réduite, à faible division du travail. Le lien social repose sur une forte conscience collective selon trois niveaux : Sang (Famille), sol (Voisinage, Village) et Spiritualité (religion).

Une fois ces notions clefs éclaircies, la question qui se pose est : A quels points ces notions s’appliquent-elles au regard des caractéristiques spatiales et sociales de la zone d’étude ? Une question qui essaye de trouver réponse dans la prochaine partie de l’étude.

PARTIE II :