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CONDUITE DE LA RECHERCHE

VI.3.3 LES ENTRETIENS

La durée des entretiens exploratoires se situe entre 30 mn pour le plus court (V) et 1h30 pour le plus long (M). Pour les trois entretiens exploratoires, nous avons constaté que plus la durée était courte, plus les participantes avaient investi un processus d’explicitation. Nous nous sommes intéressée à la façon dont chaque participante est entrée dans ce processus d’explicitation, dans la mesure où nous avions remarqué des positionnements différents par rapport à la position de parole incarnée (Vermersch, 2004).

Nous avons proposé aux participants à la recherche de revenir sur ce moment particulier mais en comprenant l’activité dans sa globalité, c’est-à-dire en commençant l’activité à partir du moment où chacun entend la consigne et en allant jusqu’au moment où chacun décide que l’activité prend fin. Notre objectif était de recueillir une description aussi fine que possible de l'activité calligraphique telle que l'a vécue chaque participant grâce à l'entretien d'aide à l'explicitation. L'entretien d'aide à l'explicitation s'appuyant sur une mémoire concrète de la situation vécue, nous avions fait l'hypothèse qu'il est ainsi possible d'accéder aux perceptions propres des sujets en relation avec la constitution du tracé, lui-même compris en tant qu'acte.

Les entretiens se sont organisés suivant trois moments de l’activité de formation :

1) Un premier moment durant lequel les participants à la formation se préparent physiquement (mettre son tablier, préparer peintures et pinceaux,...), en même temps, le silence gagne de plus en plus l’ensemble du groupe,

2) Un deuxième moment, où chacun individuellement et à son tour réalise son tracé,

3) Un troisième moment, où individuellement puis collectivement, les participants regardent leur tracé et les tracés réalisés.

Ces trois temporalités transcrivent le point de vue d’un observateur. Elles prennent place dans un espace de perception partagée avec autrui. Notre objectif était de glisser du point de vue de l’observateur à celui du sujet, et d’observer quel découpage de l’action se ferait dans ce que rapporte ou décrit chaque participant. Pour ce faire, nous nous sommes constituée une grille de relances à partir des questions formulées dans la description de l’activité de formation :

De quoi se constitue cette attente ?

2) Comment prennent-ils leur décision de réaliser leur tracé ? Préjugent-ils de la réussite de leur action ? Comment savent-ils que leur tracé sera "réussi" ou non ?

3) Durant la réalisation de l’action, quelle est l’incidence du regard sur son tracé : - son propre regard,

- le regard d’autrui,

4) Nous avions un même questionnement concernant le moment où le(s) regard(s) se porte(nt) sur le tracé réalisé :

- comment le sujet perçoit-il la ou les productions d’autrui ?

- quelles sont les incidences du regard d’autrui porté sur sa propre production ?

Cette grille, structurée d’un point de vue de l’observateur, correspond à différents espaces d’action qui sont eux-mêmes en correspondance avec différents moments de l’activité : avant, pendant, après la réalisation du tracé. Ces trois moments de la réalisation du tracé sont des catégories à priori de structuration de l’action que nous allons confronter à ce que dit le sujet.

Dans la phase de recherche proprement dite, nous avons proposé deux entretiens à chaque participant, afin de pouvoir revenir sur des moments plus spécifiques durant le second entretien. Le premier entretien avait pour objectif de recueillir de l'information sur :

1) la globalité de l’activité de formation,

2) ce qui semblait importer au sujet, et qui se manifestait comme une focalisation dans la description de son action,

3) la façon dont chacun entre dans un processus d’explicitation (ou non).

Nous avons donc retranscrit chaque entretien après sa passation et nous avons aussitôt communiqué cette retranscription à chaque participant. Cette communication du premier entretien fut l’occasion de confirmer la participation de chacun au second entretien.

La durée des entretiens varie. D'un côté, nous avons deux entretiens relativement ramassés d'une trentaine de minutes pour C et H. D'un autre côté, nous avons cinq entretiens plus longs qui durent entre 45 mn (J) et 2h (Fl).

Les entretiens retranscrits nous ont fait l’effet d’une image photographique développée : ce qui avait été dit et entendu devenait un écrit visible. Il se constituait en image à partir de laquelle nous pouvions re-voir (et ré-entendre) le film de l’entretien dans la position distanciée d’un observateur. Nous sommes revenue sur les moments de l’entretien qui nous avaient semblé insatisfaisants. Nous avons confronté ce que chacun avait dit en le mettant en regard de nos sollicitations et avons pu voir se dessiner un premier déroulement de l’action, en soulignant :

2) du point de vue du participant, les singularités dans la perception de la constitution de l’action qui apparaissaient au fil de l’entretien et pouvaient être autant de centrations du sujet sur ce qui est important pour lui, et à ce titre, peut être un indice de sa quête de sens.

Nous nous sommes appuyée sur ces deux points pour guider le second entretien.

VI.4 TRAITEMENT DU MATERIAU

Ces entretiens ont fait l'objet d'un enregistrement audio et ils ont été retranscrits le plus fidèlement possible. La retranscription des entretiens est aussi proche que possible de :

1) ce qui a été dit, y compris les blancs, les mots qui ne sont pas entièrement formulés, les onomatopées, les variations d'intensité vocale en relation avec une expression émotionnelle, etc.

2) de ce qui a été observé : les marqueurs corporels (parole incarnée) comme le ralentissement de la voix, le décrochement du regard, l'accompagnement de ce qui est dit par des gestes, etc.

Chaque prise de parole a reçu un numéro, même les plus petites (humm... ; d’accord...). Lorsque le participant à la recherche prend la parole ou plutôt parle, nous avons ajouté une étoile après le numéro (2*). De la sorte, nous n’avons pas besoin d’autre code d’anonymat dans le cadre de la retranscription. Voici nos autres conventions de retranscription :

- passages inaudibles: XXX

- coupures ou problème technique : // - silence : (…)

- segments accentués : écrit en gras ou MAJUSCULES (si accentuation ponctuelle plus marquée)

- signes non verbaux : (commentaires).

En ce qui concerne la partie exploratoire, nous proposons de suivre l'exemple de l'entretien avec V. Au vu de cette première phase, nous avons apporté quelques modifications dans le traitement du matériau dans la seconde phase de la recherche, que nous exposerons à la suite de l'exemple de V.