• Aucun résultat trouvé

D) Sylvestre Sévéno

II) Versions et corpus étudiés

Introduction

Nous analyserons ici les différentes versions des textes étudiés et leurs évolutions au fil des différentes impressions et éditions successives ainsi que les sources extérieures ayant influancé ces textes.

Le Bris

Les différentes éditions et réimpressions de l’œuvre de Le Bris sont très nombreuses, et datent parfois de plusieurs siècles après le travail de l’auteur. Il est assez remarquable que les différences entre elles soient en fait minimes. Les imprimeurs n'ont manifestement pas ressenti le besoin de moderniser la langue de la traduction de Le Bris. Les lecteurs bretonnants de la fin du XIXème siècle continuèrent à lire un écrit en breton pré-moderne sans que cela ne semble avoir posé problème. Les divergences entre les différentes éditions concernent essentiellement l'orthographe.

Version utilisée

La version utilisée pour ce travail est une impression de 1727. Il s'agit de la deuxième édition de la traduction de Le Bris. Les divergences entre cette édition et la première ne concernent, comme nous l'avons remarqué plus haut, que l'orthographe.

Différences entre édition I et II (1727) : 1) Abréviations.

Les modifications les plus courantes concernent la transcription des nasales. La deuxième édition utilise des abréviations pour les rendre :

L’utilisation d’un tildé permet de remplacer une lettre, souvent un « n » ou un « m », ces abreviations n’apparaissent pas dans la seconde édition.

édition I : cõmançant édition II : commançant édition I : da bardõni édition II : da bardoni. édition I : gãt édition II : gant édition I : Ouzpēn édition II : Ouzpenn

Dans la deuxième édition, la présence d'une nasale est supposée par le type de consonne suivant la voyelle.

2) Modification du texte :

Dans la version de 1727, le texte en soi n'est que rarement modifié, contrairement aux versions ultérieures où l'épistre et l' « avis evit al lectur » étant supprimés, il ne restera du travail de Le Bris que sa traduction. Les fautes et coquilles relevées à la toute fin de la

première édition sont corrigées81 dans la seconde même si de nouvelles sont notées après son oraeson.

Parfois certains éléments, sans doute vus comme inutiles, disparaîssent comme dans l'exemple suivant :

édition I :

-ar guir devotion, ô Philothée (I/I82)

édition II :

-ar guir devotion, Philothée

Les modifications entre cette version et la première édition restent somme toute minimes. Influences

Pour chaque auteur nous avons analysé les sources et influences ayant inspiré la traduction. Étant donné qu'il s'agit de la première traduction en breton de L’introduction à la vie dévote, le schéma des influences concernant Le Bris est assez simple (Schéma 1).

(Schéma 1 : Sources et influences, la traduction de Le Bris)

81 Fautou great dre zievezdet

82 I/I

Texte Source

Traduction

Texte source

Les différentes éditions de L’introduction à la vie dévote en langue française présentent de fortes divergences les unes par rapport aux autres. Ces différentes éditions très caractéristiques permettent de repérer aisément quel était le texte source des traducteurs bretonnants. Le Bris n'a sans doute pas utilisé uniquement l'une des trois premières éditions faites du vivant de François de Sales mais aussi une quatrième édition revue par le recteur Jean Brignon de la Compagnie de Jésus qui parue au début du XVIIIème siècle :

Ex. : Édition I :

-Arélius peignait toutes les faces des images qu’il faisait, à l’air et ressemblance des femmes qu’il aimait

(D'après l'édition de 1619 (I/I) ) Édition 4 :

-Un peintre nomméArelius peignoit dans ses figures les femmes pour qui il avoit conçu de l'estime

(1709) Le Bris :

-Ur Peinteur hanvetArelius a gustume peinta quement Imaich a rea, diouz an ear hac an

hevelidiguez eus ar merc'het pere a veze d'e faltasi

L'exemple ci-dessus montre des correspondances entre la traduction de Le Bris, la première édition, mais la quatrième de L’introduction à la vie dévote même si elle est généralement plus proche de celle-ci. Il est ainsi très probable à notre avis que Le Bris ait travaillé conjointement avec plusieurs éditions différentes de L’introduction à la vie dévote.

Marion

Version utlisée

La traduction de Marion n'ayant été imprimée qu’une seule fois, elle ne pose pas de problème de versions et de comparaison de ces dernières entre elles. Une version numérisée par la société Google83 de bonne qualité est aussi disponible sur Internet.

Influences

Le problème des différents textes et personnes ayant influé sur ce texte est plus complexe que ce que nous avons vu pour Le Bris précédemment. La traduction de Marion pose de nombreuses questions en ce sens (Schéma 2).

83 https://play.google.com/store/books/details?id=4bYNAAAAYAAJ&hl=fr.Dernière consultation en 2016.

Traduction Texte Source

Modernisation post-mortem

Modern. tardives De l'auteur. Aide ? (Pourchasse)

(Schéma 2 : Sources et influences, la traduction de Marion) Texte source

La version employée par Marion est différente de celle de Le Bris. Il a dû utiliser une version semblable à celle de 1766, qui reprend les modifications de Brignon mais « à l'usage des personnes peu accoutumées au vieux langage »84.

Aide

Marion commença la traduction de texte religieux en langue bretonne avec l'aide de J. Pourchasse au séminaire. L’introduction à la vie dévote étant son premier travail de ce type, il est très probable que Pourchasse ait eu une certaine influence sur la traduction, en tout cas dans ses premières phases. Cette aide n'est cependant pas à exagérer et nous verrons que les différences qu’affichent cette traduction et les autres traductions de Jean Marion ne correspondent pas forcément aux pratiques de Joseph Pourchasse.

Modernisation du texe par l'auteur

Nous savons par ses lettres que Marion a modifié le texte de son vivant. Dans une lettre à destination de son éditeur, il demande le retour de son travail afin d'en corriger l'orthographe : 10 janvier 1797

« Vous avez encore de moi un manuscrit deL’introduction à la vie dévote par saint François de Sales, ou il y a aussi beaucoup de ces accèns inutiles avec une orthographe trop hazardée en beaucoup d'endroits; renvoyez le moi, je vous en prie, et je vous le rendrai moins accentué et moins long. Ce livre ne vous sera pas inutile : car je sçais que plusieurs personnes l'ont fait venir de Quimper, et que beaucoup d'autre en auroient fait autant, si elles avoient pu se faire au bas-breton. »85

Nous ne savons malheureusement pas jusqu'à quel point ce texte fut modernisé par Marion

lui-même. Cette tâche ne fut probablement jamais achevée puisque son texte resta sur Hoëdic à la mort de son auteur.

Modernisation post-mortem

Édité après sa mort, le texte de Marion a été modernisé par une autre personne dont nous ignorons le nom (certainement Le Diot avant de le faire imprimer). Toutes ces modifications et influences issues de personnes différentes posent un certain nombre de difficultés, comme nous le verrons dans ce travail, certains passages ou certaines formes verbales n'apparaissant jamais dans les autres œuvres de Marion.

Influence du texte de Le Bris ?

Marion a manifestement eu un exemplaire de la traduction de Le Bris entre les mains86 cependant nous verrons qu'il ne l'a pas utilisé dans son travail. Nous montrerons par la suite que ces eux traductions sont très différentes.

Sévéno

Version

Le texte de Sévéno a fait l'objet de deux impressions, une en 1917 et l'autre en 1922. Ces deux traductions sont semblables et nous avons utilisé l'une et l'autre pour notre étude du fait qu'elles ne présentent aucune divergence.

Influences

(Schéma 3 : Sources et influences, la traduction de Sévéno)

Texte Source

La version utilisée par Sévéno est semblable à celle utilisée précédemment par Marion (1766 ?).

Traduction de Marion

La traduction de Marion est l'influence principale du texte de Sévéno. Il est assez évident que celui-ci travaillait conjointement avec les deux ouvrages au point que dans certains passages, on assiste plus à une correction ou modernisation du texte de Marion qu’à une véritable traduction de celui de François de Sales. Il ne faut cependant pas exagérer cette tendance et malgré cette influence prégnante, Sévéno a su écrire une œuvre très personnelle avec une refonte du texte (à la fois dans les choix de langue, les tournures, et le style général).

Traduction

Auteurs vannetais, comparaisons

Afin d’approfondir l’étude du standard écrit du breton de Vannes, un corpus d’ouvrages a été retenu comme référence de comparaison (carte 5). L’analyse de ces textes permet d’éclairer l’évolution et les variantes présentes dans les traductions de Marion et Sévéno. -Pourchasse Louis (1724-1796) Ploeren. Œuvre étudiée :

Instructioneu Santell, Galles, Gwened 1768.

L'auteur le plus ancien, il fut le maître de Marion au séminaire. Le Diot Corneille (1797-1862) Ile-aux-Moines. Œuvres étudiées : Mis caér Mari pé mis mai nehué, Galles, Guénett, 1851

Livr er vredér ha hoéresèd ag en drived-urh a benigen Sant-Dominiq laqueit e brehonec dré en Eutru person a Izenah, Lamarzelle, Gwened, 1857

Mis en ineanneu ag er purgatoér dré Francesco VitalI, Lamarzelle, Gwened, 1861

JoachimGuillôme (1797-1857) Malguénac. Œuvre étudiée :

Livr el labourer, Lamarzelle, Vannes, 1849.

Buléon Aloys Jérome (1854-1934) Plumergat. Œuvre étudiée : Histoér Santél, Lafolye, Guéned, 1911

Oliero Jean Baptiste (1856-1930) Locmariaquer. Œuvre étudiée : En Avièl, Lafolye, Gwened, 1913.

Le Bayon Joseph-Marie (1876-1935) Pluvigner. Œuvres étudiées : En Eutru Kériolet, M. er V. Lafolye, Vannes 1902

Er Hémenér, Francis Simon, Rennes, 1906 En Ozeganned, Francis Simon, Rennes,1908 Bah Sant Guénolé, Le Bayon-Roger, Lorient, 1912

Loeiz Herrieu (1879-1953) Caudan (aujourd’hui: Lanester). Œuvres étudiées : Kammdro en Ankoù, Al Liamm, Brest, 1994

Jean-Marie Héneu (1868-1929) Naizin. Œuvres étudiées : Er Graal Santél, Dihunamb, Lorient, 1935

Bourapted en tiegeh, Dihunamb, Lorient, 1932 Derdriù, Dihunamb, Lorient, 1933

Guéladen Tondal, Dihunamb, Lorient, 1932 Buhé Sant Kolmkel, Dihunamb, Lorient, 1939

(Carte 5 : Localisation des auteurs étudiés)

Ces auteurs se répartissent entre deux zones linguistiques principales : le bas-vannetais à l’ouest (Herrieu) et le haut vannetais à l'est (carte 5). Le haut vannetais comprend d’une part le breton vannetais dit « maritime » sur la côte (Pourchasse, Marion, Oliero, Le Diot) et d’autre part, le breton haut-vannetais de l'Argoad (Héneu).

Il est important de rappeler que traditionnellement le standard écrit du vannetais est basé sur la variante de la ville de Vannes. L'influence linguistique du breton vannetais maritime se

Documents relatifs