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6.1 Application MVDC DC-DC

6.1.3 Validation numérique

Une fois le design analytique terminé, la validation doit être effectuée. Cette dernière consiste

tout d’abord à vérifier les calculs analytiques à l’aide de simulations numériques, afin de vérifier

les valeurs des inductances, capacités, pertes et températures pour le design retenu.

6.1.3.1 Inductances et capacités

Les inductances sont calculées à l’aide d’une simulation FEM 3D magnétostatique. Le noyau

magnétique, l’entrefer et les bobinages homogénéisés sont considérés. Ce type de simulation

donne accès à la matrice d’inductance incluant les inductances propres et mutuelles, depuis

laquelle les valeurs d’inductances magnétisante et de fuite peuvent être déduites. Avec cette

méthode, une inductance magnétisante de 15.1 mH et une inductance de fuite de 35.9 μH ont

été obtenues. Ces valeurs sont proches de celles issues du calcul analytique avec un écart de

moins de 5%, et confirme donc la validité des modèles utilisés.

La capacité entre bobinages primaire et secondaire a été obtenue à l’aide de la même géométrie

(bobinages homogénéisés), mais en utilisant une simulation électrostatique afin d’obtenir une

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présentant là aussi un écart de moins de 5% avec le calcul analytique qui donnait une valeur de

445 pF, montrant que l’équation utilisée est valable dans ce cas.

Pour les capacités parasites propres des bobinages primaire et secondaire, la géométrie détaillée

des spires des bobinages doit être considérée. C’est pourquoi 36 spires en court-circuit ont été

modélisées, pour le primaire comme pour le secondaire, et une matrice de capacité 72x72 a été

obtenue. En réduisant correctement cette matrice, des capacités parasites de 32.5 pF et 33.0 pF

ont été obtenues respectivement pour le bobinage primaire et pour le bobinage secondaire.

L’écart est inférieur à 5% pour le bobinage secondaire, tandis qu’il atteint presque 30% pour le

bobinage primaire. Cela montre que le modèle développé pour les capacités parasites entre

câbles laminés est seulement capable de donner une estimation grossière dans ce cas.

Cependant, la valeur de ces capacités parasites n’est souvent pas un paramètre critique du TMF,

donc une estimation grossière est acceptable. L’écart peut d’ailleurs être expliqué dans ce cas

par la présence du noyau magnétique qui est au plus proche du bobinage primaire qui modifie

la cartographie du champ électrique dans cette zone.

6.1.3.2 Pertes

Les pertes magnétiques ne peuvent pas être directement et facilement validées par des

simulations FEM depuis les équations de Maxwell à cause de la nature de l’hystérésis

magnétique des matériaux magnétiques. Un modèle empirique doit être utilisé pour décrire le

comportement de l’hystérésis, ou du moins pour estimer les pertes. Des modèles tels que ceux

de Preisach ou Jiles-Atherton prenant en compte l’hystérésis magnétique peuvent être mis en

œuvre, cependant ils requièrent des paramètres supplémentaires obtenus depuis des

caractérisations qui ne sont pas directement disponibles pour le matériau retenu dans ce design

(noyaux coupés nanocristallins Vitroperm 500F). De plus, ces modèles nécessiteraient

l’utilisation d’un solveur 3D temporel qui convergera difficilement avec ces modèles

complexes. C’est pourquoi une estimation des densités de pertes avec le modèle IGSE par post

-traitement des résultats de simulation magnétostatique 3D a été effectuée, telle que présentée

dans le chapitre 3. L’avantage de cette méthode est qu’elle ne nécessite pas de paramètres

supplémentaires. On obtient ainsi 810 W via le post-traitement de la simulation, ce qui est très

proche de la valeur de 831 W obtenue analytiquement. La différence est due à la

non-homogénéité de l’induction dans les angles du noyau magnétique.

La validation des pertes dans les bobinages revient à déterminer numériquement les pertes

additionnelles liées aux effets de peau et de proximité. Pour cela, une simulation

magnétoharmonique peut être utilisée. Cependant, modéliser les brins d’un câble de Litz est

complexe, c’est pourquoi une simulation 2D a été considérée. La géométrie étudiée correspond

à la fenêtre de bobinage, puisque c’est l’endroit où le champ magnétique est le plus confiné et

donc où les effets de proximités sont les plus importants. Le noyau magnétique agit comme un

plan de symétrie pour le champ magnétique [92], et en tenant compte des symétries, seulement

un quart de la fenêtre de bobinage est modélisé. Dans le cas considéré, il y a 3 207 brins par

spire et un quart de la fenêtre de bobinage contiendrait donc plus de 50 000 brins. Le maillage

des détails d’une telle géométrie serait bien trop complexe. C’est pourquoi une approche

utilisant des câbles homogénéisés pour toutes les spires sauf une a été utilisée. Les effets de

peau et de proximité (via les courants de Foucault) sont seulement résolus dans cette spire,

tandis que les autres spires sont présentes simplement pour générer un champ magnétique

correct. La Figure 122 montre la géométrie utilisée où l’on peut voir que le bobinage secondaire

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primaires, seules celles localisées au milieu et au bas du bobinage sont modélisées en détail

avec leur structure en brins. En effet, le champ magnétique est nettement différent autour des

spires localisées au bas du bobinage parce que c’est ici que se produit l’effet de bord, et donc

les effets de proximité seront différents.

Figure 122 : Cartographie de champ magnétique obtenue par simulation magnétostatique 2DFEM.

(a) Un quart de la fenêtre de bobinage. (b) Spire localisée au milieu du bobinage. (c) Spire localisée au bas du bobinage.

Cette simulation a été effectuée pour différentes fréquences, correspondant aux harmoniques

de courants jusqu’à 1 MHz. Pour chaque fréquence, le facteur d’élévation de résistance a été

calculé pour la spire au milieu du bobinage et celle au bas du bobinage. Les résultats sont

montrés sur la Figure 123 où l’on peut voir que le modèle analytique choisi dans SUITED

(Albach 1D) correspond correctement aux résultats obtenus numériquement pour la spire au

milieu du bobinage, avec moins de 1% d’écart sur l’ensemble de la plage de fréquence

considérée. Cependant, pour la spire du bas, le modèle analytique surestime le facteur

d’élévation de résistance jusqu’à 12% à 100 kHz et 30% à 1 MHz. En considérant le facteur

d’élévation de résistance obtenu numériquement et en prenant en compte l’effet de bord, le

facteur d’élévation de résistance global a été calculé pour la distribution d’harmonique de

courant correspondant à l’application. Un facteur d’élévation de 1.139 a été obtenu avec les

résultats numériques tandis que le modèle analytique donne 1.141. C’est moins de 1% d’écart

sur l’estimation des pertes additionnelles, et l’écart sur les pertes des bobinages est encore plus

faible, avec des pertes totales de 2 179 W obtenues numériquement contre 2 183 W obtenues

depuis le calcul analytique.

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Figure 123 : Comparaison entre les facteurs d’élévation de résistance obtenus analytiquement et numériquement pour la plage de fréquences d’intérêt

Les pertes diélectriques sont validées en utilisant les capacités parasites calculées

numériquement. Donc l’écart trouvé pour les capacités parasites sera également celui des pertes

diélectriques. Un total de 166 W de pertes a été trouvé analytiquement, tandis que les pertes

diélectriques obtenues via le calcul numérique sont de 159 W. Puisque les pertes diélectriques

sont principalement dues à la capacité parasite entre primaire et secondaire, l’impact de l’erreur

commise sur les valeurs des capacités propres des bobinages primaire et secondaire est

négligeable sur les pertes diélectriques.

6.1.3.3 Températures

Pour valider les températures calculées avec le réseau thermique, une simulation thermique

3DFEM prenant en compte seulement la conduction a été réalisée. L’anisotropie du noyau et

des bobinages en termes de conductivités thermiques a été prise en compte, à l’aide de systèmes

de coordonnées curvilignes locaux, qui permettent de modéliser correctement les angles du

noyau nanocristallin par exemple. Des densités de pertes homogènes sont appliquées au noyau

magnétique et aux bobinages depuis les valeurs calculées analytiquement. Finalement, chaque

surface externe du transformateur possède une condition aux limites appliquant les coefficients

de convection et de radiation déterminés analytiquement. Cette simulation ne valide donc que

la conduction thermique et le réseau thermique utilisé, mais pas les coefficients de convection.

Les résultats de cette simulation sont présentés sur la Figure 124.

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Figure 124 : Résultats de la simulation thermique 3DFEM. (a) Température en surface. (b) Température en vue en coupe.

Des températures maximales de 126°C, 117°C et 104°C ont été obtenues respectivement pour

le noyau magnétique, le bobinage primaire et le bobinage secondaire, tandis que le modèle

analytique donne 118°C, 116°C et 112°C. Étant donné que la température ambiante est de 40°C,

cela veut dire que le modèle analytique présente une précision d’environ 10% pour l’élévation

de température, ce qui est acceptable pour une modélisation via réseau thermique.