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VADE RETRO SATANA !

Dans le document LE FILS PARALLELE, Lionel LANGLEUR (Page 42-72)

À Beaurepaire, les parents de Paul avaient mûri. L’expérience les avaient rendus redoutables. À l’audace sans limite de leurs vingt ans, à l’opiniâtreté et l’arrogance de leur trente ans, s’ajoutait désormais une espèce de paranoïa du pouvoir et de la réussite, presque une mégalomanie chez Nancy, qui les consumait tout entiers.

Dès la fin de la guerre, Charles avait su tirer le meilleur parti des fameuses « trente glorieuses » et de la France en reconstruction.

Son affaire de vente de meubles à Bonneville prit une ampleur inespérée. Les revenus du couple s’arrondirent incroyablement, ce qui leur permit, dès la fin des années 40, de mener grand train.

Charles s’était en effet concentré sur le commerce de Bonneville par défaut. Il avait dû concéder à son épouse, non seulement l’administration du château, mais aussi celle de tout le domaine.

Nancy n’était pas femme à broder au coin de l’âtre, à paisiblement élever ses enfants. Elle n’avait pas, comme toutes les autres épouses « de bonne famille » de Normandie, pour seule ambition, la préparation du bœuf carotte du jeudi soir ou celle du thé-Calvados (en Normandie, les hommes ne boivent que rarement du thé !), des dimanche après-midi avec la « jet set » locale, Monsieur le Maire, Monsieur le Curé, le pharmacien, le médecin de famille, accessoirement l’instituteur (parce qu’il était pauvre et défendait en principe le prolétariat), sans oublier l’incontournable Notaire.

Quelques amis en vue – espèce d’aristocratie rurale du bon sens – réunis autour d’un jeu de cartes et avec qui on faisait circuler les nouvelles du pays, rien que du pays, dans un rayon maximum de trente kilomètres à la ronde.

Son horizon ne se limitait pas à la toilette qu’elle porterait le Dimanche à l’office sur les bancs réservés (juste devant l’hôtel) aux Duquesne à l’Église du village ou dans la grande chapelle du château, ou encore, en journée, à la réception de quelques dames patronnesses qu’elle devrait convaincre de participer à des œuvres de charité limitées à des goûters pour enfants nécessiteux dans les patronages des alentours.

Nancy était une femme de pouvoir. Très manipulatrice, elle excellait en politique locale tout autant qu’en « mondanités du terroir ». Elle apprenait vite, se formant « sur le tas » pour atteindre mieux, beaucoup mieux.

Intelligente, très déterminée, elle faisait feu de tout bois, ne se montrant jamais très regardante quant aux moyens utilisés pour atteindre son but.

Son schéma directeur n’était pas la morale ou la foi, mais sa propre image et ses intérêts individuels.

Elle s’associait volontiers, mais ne partageait pas.

Elle était bonne actrice, mais n’aimait personne, à l’exception peut-être de son premier enfant, Anne-Sophie, qu’elle avait eu de son premier mari Joseph, le marin disparu, dont la

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photographie en grande tenue de cérémonie, trônait, soigneusement encadrée, dans la chambre du couple !

Sans doute, encore une provocation cruelle à l’encontre de Charles comme Nancy les aimait tant !

Elle visait sa réputation encore plus que sa fortune, bien qu’elle fut très intéressée et matérialiste.

Son souci primordial, sa quête permanente, était celle de son image, à laquelle elle travaillait sans relâche : elle voulait être à la fois une femme du monde accomplie (vieux rêve d’enfance du temps de la misère chez ses parents Kuipeers), mais aussi une mère idéale, une épouse respectable, au-dessus de tout soupçon, enfin, une femme de cœur, une espèce de sainte, dont la générosité faisait l’admiration de tous.

En résumé, un subtil compromis entre Mère Thérésa et la Princesse Diana, profil rehaussé d’un soupçon d’Elisabeth II d’Angleterre pour sa froideur, sa dignité, sa retenue…

En fait, tout ce qu’elle n’était pas ! Elle ne forçait pas le trait de certaines de ses qualités pour se mettre en valeur. Non. Il s’agissait d’un montage complet de A à Z. Elle fabriquait de toutes pièces un personnage qui habitait son enveloppe charnelle : un vrai mensonge sur toute la ligne !

Paul aurait pu en témoigner : elle avait toujours agi ainsi jusqu’à sa mort, dans la supercherie et le mensonge.

Nancy n’avait pas attendu pour imposer ses conditions à son nouveau mari. Dès 1942, elle s’était emparée de l’administration du château, mais aussi de la direction du domaine agricole. Elle menait ses affaires de main de maître : en dix ans, elle avait réussi à diversifier l’exploitation de manière très significative. Les terres agricoles d’une superficie totale de 180 hectares en 1940, étaient passées à 420 hectares en 1965.

Le personnel avait plus que triplé.

Pour atteindre ses objectifs, la maîtresse femme dirigeait ses troupes avec une extrême rigueur – à la limite de l’obsession – et l’autoritarisme d’un président de république bananière. Dans les chaumières, les anciens la racontent encore, frappant ses employés, toujours à main nue et au visage. On raconte dans le pays, comment, avec un calme olympien, elle se dégantait soigneusement devant sa prochaine victime, avant de lui administrer des gifles d’une puissance telle, que tout le monde était surpris qu’une femme puisse avoir autant de force et de vitalité.

Il est vrai qu’elle est encore célèbre bien après sa mort, mais ce qu’elle a laissé derrière elle, c’est le souvenir des fêtes somptueuses qu’elle organisait et des coups qu’elle donnait à son personnel.

Sombre gloire !

C’est ainsi qu’elle s’était taillée une solide réputation, mais pas exactement comme elle le souhaitait.

Si, dans le pays, elle exerçait une véritable fascination sur certains, beaucoup d’autres la jalousaient, tout le monde, en revanche, unanimement, la craignait. Mais, contrairement à ce

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qu’elle pensait en son for intérieur, elle n’était pas admirée, encore moins aimée ou estimée… À l’approche de la cinquantaine, les époux Duquesne étaient parvenus à l’apogée de leur réussite.

Leur « partenariat conjugal » parfaitement rôdé, ils étaient devenus, ensemble, influents et semblaient invulnérables. Du moins, c’est ce dont ils étaient convaincus tous les deux, avec cette impression vertigineuse que le monde était à leurs pieds, que rien, ni personne, ne pouvait leur résister.

Ce tandem sauvage, sans foi, ni loi, était particulièrement innovant pour l’époque. Intelligemment et indéfectiblement soudés dans la poursuite invétérée de leurs intérêts communs, unis contre l’adversité, y compris familiale, ils menaient leur vie séparément, vivant à distance l’un de l’autre, le plus clair de leur temps.

Cette symbiose étrange, parfaitement immorale et contre-nature, les conduisait à des stratégies originales et audacieuses.

Ainsi, lorsque Charles se trouva débordé par l’une de ses maîtresses, plus exactement, une concubine, il n’hésita pas à appeler son épouse à la rescousse.

La pauvre Juliette partageait la vie de Charles avec plus ou moins de bonheur, depuis de nombreuses années, mais elle était très amoureuse, très attachée à lui. Ils vivaient ensemble au château, sous le toit conjugal, avec la bénédiction de Nancy, de la première femme en quelque sorte, mais aussi à Rouen où la douce jeune femme avait confectionné pour son amant, un nid douillet.

Juliette agissait comme une épouse en titre, prenant soin des enfants de Charles (ses trois premiers fils, puis Paul ensuite) et veillant même à instaurer autour d’eux, une harmonie familiale.

À tel point que leurs voisins, les commerçants, Monsieur le Curé, ignorant la situation réelle de ce couple adultère, l’appelaient, sans arrières pensées : « Madame Duquesne ».

Cela comblait la jeune femme, lui permettant, l’espace d’un instant, de poursuivre dans le monde réel, ses chimères amoureuses.

Juliette ne se contentait pas d’être très jolie et gracieuse.

Elle avait aussi un grand cœur et tentait d’apporter le bonheur à ceux qu’elle aimait, avec une bonne dose d’abnégation. Sacrifice nécessaire à l’amour, au vrai.

Elle était prévenante, affectueuse, tendre.

Les enfants de Charles s’étaient vraiment, sincèrement, attachés à elle et l’aimaient plus que leur mère.

De son côté, elle les chérissait, précisément parce qu’ils étaient les enfants de Charles, son prolongement naturel, en quelque sorte.

Bien entendu, Charles la trompait sans cesse, la faisant énormément souffrir…

Habitué à Nancy et à sa parfaite indifférence, il ne cachait pas son infortune à la pauvre fille.

Quand elle tentait de lui faire une scène pour lui montrer son chagrin, il n’omettait jamais de la renvoyer à sa triste condition de « vieille maîtresse » sans droit.

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Juliette avait été enceinte à deux reprises : elle portait avec joie et même fierté les enfants de son bien aimé Charles. La future mère imaginait sans peine que ces futurs bébés auraient pu être en effet, le trait d’union éternel et indéfectible entre Charles et elle.

En revanche, l’heureux futur père n’y voyait pas les mêmes auspices. Avoir des enfants avec elle était pour lui un non-sens !

Juliette déchanta vite…

Alors, Charles, dépassé par la situation, fit appel à Nancy, lui expliquant le piège dans lequel il était tombé qui, au surplus, pouvait mettre à mal, non seulement leur couple, mais aussi leur réputation de bonne moralité…

Aussitôt, Nancy, n’ayant pas trouvé de solution plus radicale et plus sûre, organisa au plus vite, l’avortement qui s’imposait.

Une fois fait, la pauvre Juliette était tombée malade, malade de chagrin. Pendant un certain temps, elle ne quittait plus sa chambre, son lit. Le médecin désarmé, la bourrait de fortifiants…

Elle ne pleurait pas, mais demeurait des heures durant, dans la pénombre, à la fenêtre de sa chambre, les yeux fixés sur un paysage imaginaire !

Sans doute celui de ses illusions perdues…

Par la suite, elle apprit par un médecin spécialiste qu’elle était définitivement stérile. Elle avait trente-cinq ans.

Juliette découvrit alors l’impensable !

Lors de son second avortement, pratiqué non plus au Havre, mais dans une clinique huppée parisienne, Nancy avait offert une très grosse somme d’argent au gynécologue. Le prix exact d’une belle voiture de sport rouge, fabriquée en série limitée.

Ce dernier avait empoché l’enveloppe de billets sans remords et avait pratiqué, après l’avortement… une hystérectomie !!!

Sans utérus, l’affaire était définitivement classée. Nancy ne serait plus dérangée pour ce genre de problèmes aussi délicats que coûteux et désagréables à régler…

Quelques mois après cette épouvantable découverte qui laissa d’importantes séquelles psychologiques à la malheureuse Juliette, Charles lui signifia qu’il ne voulait plus d’elle et qu’elle devait retourner là où il l’avait trouvée dix ans plus tôt.

C’était un samedi matin de Décembre, dix jours avant Noël. Juliette avait déjà tout prévu, la dinde, la montre en or pour Charles, achetée avec ses petites économies personnelles, les cadeaux pour tout le monde, les jouets pour Paul et ses frères et sœurs.

La pauvre femme était si aimante, qu’elle était incapable d’une quelconque rancœur… Effondrée, elle demanda pourquoi.

« Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? » questionna-t-elle, les larmes aux yeux, des sanglots dans la voix.

Il lui répondit, usant d’un ton sec, lapidaire : « Je suis très amoureux d’une autre femme, plus jeune que toi. Plus jolie aussi. Elle a beaucoup de classe…

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Nous deux, tu as bien dû te rendre compte que ce n’était plus ça ! Il est inutile de continuer, je ne t’aime plus depuis des mois. Il vaut mieux en finir au plus tôt.

Tu peux garder les bijoux que je t’ai offerts. Ils te rappelleront le souvenir de mon amour passé. Aujourd’hui je sais que j’ai fait une erreur : tu n’es pas du tout la femme qu’il me faut. Alors, ne fais pas d’histoires…

J’aimerais que tu partes vite, car celle que j’aime va arriver dès ce soir pour s’installer à la maison… »

Scène, pleurs, crise de nerfs, début de scandale.

Juliette casse un verre de cristal de Sèvres et menace de se tailler les veines devant Charles, excédé.

Paul est là.

Effrayé de voir Juliette dans un tel état de désespoir, il appelle en urgence un médecin qui injecte un puissant sédatif à la désespérée, au bord du suicide.

Le praticien se retire avec Charles, lui pose des questions. Ce dernier donne des réponses vagues.

Finalement le médecin lui demande de faire hospitaliser Juliette au plus tôt dans une unité psychiatrique, car, très choquée, elle est en danger grave. Il précise clairement son diagnostic : « Monsieur, votre femme est suicidaire. Sans barbiturique, elle peut attenter à ses jours. Vous ne semblez pas prendre la situation au sérieux ! »

Il ordonne fermement à la famille réunie (Charles et deux de ses fils) de la ménager à tout prix.

« C’est une question de vie ou de mort » avait affirmé le médecin, l’air sévère, à Charles qu’il prenait pour le mari de la malade.

Au lieu de cela, pendant que Juliette dort de longues heures, dans la chambre du couple, sous l’effet des calmants, Charles téléphone à Nancy, son refuge, son ultime solution…

Nancy se présente au domicile rouennais, dès le lendemain, en milieu de matinée. Juliette est toujours alitée depuis la veille, complètement groggy.

Nancy, en furie, pénètre dans la chambre obscure, ouvre rageusement les fenêtres, les volets, puis tire la jeune femme par les pieds.

Tel un pantin désarticulé, celle-ci choit douloureusement sur le sol. Charles la redresse, la met sur ses pieds. Elle vacille…

Il la maintient toujours sous les aisselles, quand Nancy se précipite brusquement sur elle et la frappe sauvagement au visage. Elle ferme les yeux, s’évanouit dans les bras de son amant, lui-même étourdi par tant de hargne. Il se rend compte que Juliette ne méritait pas un tel châtiment et est profondément ému.

Il n’ose toutefois rien dire pour la défendre…

Paul n’a rien perdu de la scène : il est devant la porte de la chambre, hagard. Mais personne ne l’a remarqué. Il voudrait intervenir, mais aucun son ne sort de sa gorge tant elle est nouée…

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normale… moins surréaliste, moins atroce !

Pendant que son mari endigue tant bien que mal une vague de remords bien tardifs, la furie jette pêle-mêle les affaires de sa concurrente dans un sac de voyage trop petit, traîne la malheureuse, sans pitié dans l’escalier, puis la fourre dans sa voiture et ordonne à son chauffeur de prendre la direction d’un petit village au sud de Rouen.

En réalité, elle fait arrêter la voiture devant une minuscule gare, en pleine campagne, sans âme qui vive. La nuit tombe, l’air est glacial.

Dans l’escalier, Juliette a perdu une chaussure, ses bas sont filés. Elle grelotte. Sa bouche est en sang. Elle présente de larges hématomes sur le visage et les bras.

Inerte, recroquevillée, elle a le regard hagard de ces patients, drogués à outrance, avant un électrochoc cérébral.

Le chauffeur la jette, sans ménagement, hors de la voiture.

Juliette est à terre, les cuisses découvertes, sa pauvre intimité dévoilée par la violence de sa chute qui a remonté sa robe.

Madame ne descend même pas. De sa main droite, finement gantée de peau d’agneau grenat, elle fait signe au chauffeur de faire demi-tour pour retourner à Beaurepaire.

Nancy part, comme à son habitude, sans se retourner. Elle est satisfaite : cette affaire est réglée. La diabolique épouse peut passer à autre chose.

Plus personne n’entendit parler de Juliette, dont le sort est demeuré inconnu.

Qu’était-elle devenue après le départ de la voiture de Madame Mère, en pleine nuit, en plein froid, dans cette gare déserte, au milieu de nulle part ?

Paul, craignant que le pire lui soit arrivé, avait tenté de prendre contact avec ses vieux parents. Mais, dans sa famille, personne ne l’avait revue…

C’est vraiment à partir de cet événement que le jeune Paul, alors âgé de 17 ans, avait été saisi d’effroi.

Hanté par les images insupportables que ses parents avaient infligées à sa vue, il venait de réaliser à quel point les gênes dont il était, hélas, porteur, étaient effroyables. Il n’y a pas de mots pour exprimer ce qu’il ressentait. Aujourd’hui, il aurait tendance à dire qu’il avait le cœur brisé.

Son légendaire optimisme avait brutalement été foudroyé… Ses parents étaient cruels, sans aucune moralité, sadiques même…

Au-delà de la honte qu’il ressentait pour la turpitude de son père et de sa mère, leur hypocrisie, leur comportement criminel, pour l’influence insane qu’ils exerçaient sur leur descendance et l’exemple scélérat qu’ils lui donnaient, Paul s’était fait une promesse qu’il tiendrait tout au long de son existence : jamais, même s’il devait en mourir, il n’aurait la faiblesse de se laisser gagner par un atavisme aussi monstrueux.

Lui, il serait tout autre. À leur complet opposé.

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il respecterait son prochain, tout en se respectant lui-même, ce que ses parents ne savaient pas faire.

Jamais, jamais, il ne trahirait. C’était l’enseignement majeur qu’il tirait de l’exemple de ses parents fourbes, car, la trahison représentait, pour le trahi, une chute vertigineuse et brutale vers les abysses de l’enfer.

Paul, à dix-sept ans, venait de perdre le peu de candeur, les dernières traces d’enfance qu’il avait pu épargner au cours de ces dix ans de petit séminaire…

Tels deux associés, les époux diaboliques menaient leurs affaires séparément.

Charles, à Rouen depuis une quinzaine d’années, Nancy à Beaurepaire, mais toujours sous la même bannière, celle des époux Duquesne, de leur respectabilité et de leur fortune.

En effet, à un moment de leur histoire, vers la fin des années 40, le mari et la femme s’insupportaient mutuellement. Charles décidait d’émigrer » ailleurs, mettant une distance respectable entre lui et sa sulfureuse épouse.

Toutefois, il ne voulait pas partir trop loin, pour pouvoir rallier régulièrement sa propriété où vivait la glaciale Nancy. Il ne voulait pas choquer les gens du pays qui auraient pu prendre ce « déménagement » pour une désertion inavouée du foyer conjugal.

Donc, une fois à Rouen, Charles fit l’acquisition d’une immense et très jolie maison ancienne en plein centre-ville. Elle était si ancienne et précieuse, qu’elle était classée monument historique. Le nouveau propriétaire du lieu trouvait bien cela contraignant, mais Nancy avait estimé, que, pour entretenir leur standing, c’était parfait.

Charles se rendit à son jugement qu’il savait sûr.

Dès qu’il fut installé, Nancy somma son mari de la débarrasser de son encombrante descendance, en l’occurrence, ses trois fils d’un premier mariage, qu’elle détestait ouvertement.

La mégère, même si elle ne s’en était jamais occupée, s’agaçait de leur simple présence sous le même toit qu’elle. Ils vivaient pourtant, avec leur gouvernante, dans une aile très éloignée de ses appartements.

Comme l’approbation de son mari tardait à venir, la maîtresse de maison accéléra la procédure de transfert.

Un matin, sans crier gare, le chauffeur se présentait chez Charles avec enfants, gouvernante, bagages et animaux de compagnie.

Libre à lui de s’organiser devant le fait accompli.

Sans le vouloir, Nancy, toujours à la poursuite de ses mauvais instincts et de ses intérêts personnels, venait de faire la première bonne action de toute sa vie.

Sans doute la seule d’ailleurs.

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