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E - DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE

6. TRAITEMENT DES SOUCHES RESISTANTES

7.4. Vaccination anti-herpétique

7.4.1. Les deux objectifs de la vaccination anti-herpétique

Il s’agit soit de protéger un individu non encore infecté par l’un ou les deux types d’herpès (on parle alors de vaccin prophylactique), soit de diminuer le nombre de récurrences cliniques et virologiques chez un sujet déjà infecté (on emploie alors le terme de vaccin thérapeutique) (Tableau VI) [116].

Tableau VI. Objectifs d’un vaccin anti-HSV [116].

Vaccins prophylactiques

Prévenir l’infection (la réplication virale) Prévenir ou réduire la capacité de latence Prévenir la primo-infection clinique

Prévenir ou réduire les récurrences (symptomatiques et asymptomatiques)

Vaccins thérapeutiques

Réduire les symptômes cliniques des récurrences Réduire la fréquence des récurrences

Réduire l’excrétion virale lors des récurrences (symptomatiques et asymptomatiques)

a. Vaccin prophylactique

Idéalement, ce type de vaccin devrait induire une immunité loco-régionale (stérilisante) pour protéger l’individu de la primo-infection à HSV1 et HSV2 en éliminant le virus au niveau des portes d’entrées (muqueuse génitale, nasale,

oropharynx, oculaire,…), avant qu’il ne pénètre dans le système nerveux périphérique pour y établir sa latence. Cependant, la plupart des études sur l’animal montrent que les vaccins prophylactiques actuellement disponibles, préviennent la primo-infection clinique, mais n’empêchent pas totalement l’entrée du virus dans le système nerveux et l’établissement d’une latence. Par contre, cette protection non optimale semble diminuer la fréquence et la sévérité des récurrences, probablement en diminuant l’intensité de la contamination virale initiale des cellules nerveuses [116].

b. Vaccin thérapeutique

Ce type de vaccin peut se comparer à une immunothérapie. Il a pour objectif de contrôler les conséquences cliniques de la réactivation virale pour réduire le nombre et les symptômes cliniques des récurrences et donc d’améliorer la qualité de vie des patients présentant un herpès hautement récidivant. Cette stratégie exige sans doute des administrations répétées dans le temps mais ceci peut être mis en balance avec les traitements suspensifs au long cours. Théoriquement, ce type de vaccination appliqué aux patients souffrant d’un herpès génital, pourrait également diminuer le risque de transmission de cette MST [116].

7.4.2. Un vaccin efficace contre l’herpès

On aimerait disposer d’un vaccin contre l’herpès, pour prévenir les primo-infections, raréfier ou atténuer les récidives, éviter la transmission mère-enfant.

En fait, nous en sommes toujours actuellement à des stades expérimentaux, qu’il s’agisse de vaccins inactivés à partir de cultures cellulaires infectées, de vaccins atténués génétiquement modifiés, de vaccins à base de

sous-unités constituées d’une ou plusieurs glycoprotéines d’enveloppe, ou de vaccins à base d’ADN viral nu.

Il est a priori difficile de vacciner contre une infection virale localisée, à porte d’entrée sexuelle, capable de latence et n’empêchant pas, d’après certaines observations, des réinfections exogènes par des souches de même type. De fait, le dernier des grands essais de vaccin de phase III a donné des résultats mitigés. Il s’agissait du vaccin de GlaxoSmithKline administré contre l’herpès génital à titre prophylactique, à des personnes dont le conjoint avait une histoire d’herpès génital. C’était un vaccin subunitaire à base de la glycoprotéine d’enveloppe D de l’Herpès simplex virus de type 2 (gD2), sous forme recombinante tronquée ; il comprenait un adjuvant de type Th1, associant de l’alun et du lipide A monophosphorylé 3-désoxy-acétylé (3d-MPL-A).

Cet essai comportait deux études. La première ne s’adressait qu’à des personnes dépourvues d’anticorps sériques contre les deux types d’HSV, tandis que pour la seconde n’intervenait aucune sélection selon le statut sérologique. Les témoins ne recevaient que de l’adjuvant. Si ce vaccin a été bien toléré et a suscité une réponse humorale et cellulaire, il n’a, au terme de 19 mois, entraîné de protection que des femmes séronégatives pour les deux types d’HSV (taux de protection de 73 et 74 % dans les deux études). L’absence de protection démontrée des femmes séronégatives pour l’HSV2 mais séropositives pour l’HSV1, ainsi que des hommes quel qu’en ait été le statut sérologique, déconvenue indéniable, fermait, en l’état, toute perspective de vaccination universelle contre l’herpès génital.

Par ailleurs, l’analyse des témoins de l’étude 2 avait confirmé la notion classique qu’une sérologie HSV1 positive réduit le risque ultérieur de poussée d’herpès génital.

La différence des résultats selon le sexe a fait discuter le rôle de particularités concernant la voie de pénétration ou la réponse immunitaire chez la femme. Celle-ci offre en effet des surfaces muqueuses plus étendues, dépourvues de stratum corneum, mais baignées de sécrétions pouvant apporter anticorps et cellules immunes. D’autre part, la réponse immunitaire de type Th1 est généralement plus marquée chez elle que chez l’homme.

On peut cependant considérer qu’un démenti vient d’être apporté à la prédiction pessimiste selon laquelle l’herpès génital échapperait à toute tentative de vaccination aisée par voie parentérale : c’est le succès récent des essais de vaccin contre les papillomavirus humains hautement oncogènes, annonçant à court terme la mise à disposition du deuxième vaccin contre le cancer. La quête du vaccin contre l’herpès n’est donc pas vaine [5, 117].

Mais il faut admettre que la vaccination contre l’herpès souffre de la concurrence, avec :

le ValACV, qui réduit non seulement la fréquence des récurrences génitales, mais aussi le risque de contamination du partenaire ;

le préservatif masculin, qui quoiqu’on ait pu en dire, a donné après des décennies d’utilisation empirique la preuve scientifique de son efficacité [118].

Malgré la chimiothérapie antivirale, l’infection à herpes simplex virus HSV reste un problème de santé publique préoccupant, particulièrement l’herpès génital, du fait de ses conséquences sociales et psychologiques, et de sa contribution à l’herpès du nouveau-né, ainsi sans doute qu’à la propagation du VIH et du sida.

L’infection herpétique la plus répandue est l’infection orale à HSV1, apparaît moins préoccupante, en ce qui concerne ses manifestations cliniques, malgré la gingivostomatite qui survient dans 10 % des primo-infections et les récurrences sous forme d’herpès labial récidivant, source d’inconfort important chez certaines personnes.

Notons que dans les conditions naturelles, l’infection orale par HSV1, qui survient généralement dans l’enfance, donne ultérieurement vis-à-vis de l’infection génitale par l’HSV2 une protection partielle mais intéressante, se traduisant par une moindre intensité des manifestations cliniques lors de l’infection génitale initiale et par un moindre risque de transmission de l’infection génitale de la mère au nouveau-né.

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