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Le modèle de la ville fractale présenté ici est issu des travaux de Frankhauser (1994) et s’inscrit parmi une diversité de modèles possibles de ville fractale. Le modèle de la ville fractale suit par déinition une approche multi-échelle (Cavailhès et al., 2004; Frankhauser, 2004) et introduit une hiérarchie fonctionnelle et morphologique dans les agrégats bâtis (Frankhauser, 2015). Ce modèle permet de synthétiser les différents concepts d’aménagement évoqués précédemment au niveau des formes urbaines globales et locales.

La notion de hiérarchie fonctionnelle dans le modèle de la ville fractale développée par Frankhauser (2005) est issue de la théorie des lieux centraux de Christaller (1933) présentée dans la igure 1.11a. Selon ce modèle, la répartition de la taille des villes, et donc de leur importance respective, doit s’effectuer de manière à optimiser les liaisons entre celles-ci. L’hypothèse principale derrière cette théorie est qu’il existe, de façon empirique, une hiérarchie dans le système urbain entre des villes de tailles distinctes ayant des niveaux de fonctionnalité différents en fonction de leur position dans la hiérarchie. La igure 1.11b présente le couplage entre la ville fractale et la théorie des lieux centraux en « intercalant à différentes échelles des zones vertes entre les axes de transport » (Frankhauser, 2005) dans un espace géographique non différencié. La pénétration d’espaces ouverts et de formes construites est multi-échelle, résultant à la fois de la présence de petits et de grands espaces ouverts au sein même des formes bâties construites. Les formes urbaines fractales ont ainsi tendance à créer une hiérarchie dans la taille des agrégats bâtis et dans la taille des espaces non bâtis (Tannier et al., 2011).

E

ncadré

1 • L’

habitatintErmédiairE

,

EntrEindividuELEtcoLLEctif

L’habitat intermédiaire est une forme d’habitat alternative à l’opposition classique « habitat individuel versus habitat collectif ». Allen et al. (2010) proposent de distinguer l’habitat individuel dense et l’habitat intermédiaire. L’habitat individuel dense est composé par un « ensemble de logements qui ne se superposent pas mais qui forment un groupement urbain, continu ou fractionné, et qui s’inscrit dans une logique de conception d’ensemble ». L’habitat intermédiaire répond à trois critères principaux : « posséder à la fois un accès individuel, un espace extérieur privatif au moins égal au quart de la surface du logement et une hauteur maximale de R+3 ». Les formes d’habitat individuel peuvent répondre à différents critères de densité bâtie, généralement augmentée par une plus grande proximité des bâtiments. On distingue le pavillon individuel,

les maisons mitoyennes, par le garage par exemple ou l’habitat individuel dense (igure 1.9). Si

l’habitat individuel est accolé pour former un petit ensemble urbain, l’habitat intermédiaire utilise le volume pour imbriquer plusieurs logements l’un sur l’autre (Allen et al., 2010). L’agencement de ces logements peut permettre une extension extérieure du logement du dessus sur celui du bas (igure 1.9). Les avantages de ce type de coniguration sont nombreux : favoriser les formes urbaines denses et limiter la consommation d’espace tout en proposant aux habitants des espaces

extérieurs individuels et des entrées indépendantes (igure 1.10).

Habitat individuel Habitat intermédiaire

Faible densité bâtie Forte densité bâtie

moins dense plus dense

Figure  1.9 • 

Illustration des formes d’habitat individuel et intermédiaire. D’après

Allen et al. (2010).

Figure  1.10 • 

Exemples de formes d’habitat intermédiaire à Grenoble (Isère),

D’un point de vue morphologique, les formes urbaines fractales ne sont pas uniformes à travers les échelles (Frankhauser, 2004; Tannier et Thomas, 2013). Elles présentent en outre des bordures urbaines plus longues et plus tortueuses contrairement aux formes urbaines compactes ayant souvent des bordures lisses (igure 1.12).

Dans le modèle de la ville fractale, les aménités urbaines et rurales sont aisément accessibles à la population, ce qui permet une réduction des déplacements. Les formes urbaines globales de villes comme Copenhague ou Berlin se rapprochent d’un modèle de ville fractale. L’utilisation de formes fractales à un niveau local peut permettre de se rapprocher de concepts d’aménagements comme le New Urbanism, Urban Village ou la Wisely Compact City, en favorisant des formes locales plutôt denses agrémentées d’espaces ouverts et naturels. Au niveau global, les formes fractales peuvent s’appliquer au modèle de la ville compacte (décentralisation concentrée), de la ville modérément compacte et de la ville polycentrique et hiérarchisée.

centre de service axe principal axe secondaire axe secondaire

pénétrantes vertes

Réalisation : Maxime Frémond (2015)

a b

Figure  1.11 • 

Représentation de la théorie des lieux centraux et de son adaptation au

modèle fractal d’urbanisation. D’après Christaller (1933) et Frankhauser et al. (2007).

Figure  1.12 • 

Trois manières d’envisager la bordure urbaine : du carré (a) au téragone (c).

1.2.5 c

onclusion

Lorsque l’on étudie la forme globale des villes (en deux dimensions), on considère la taille et l’agencement des taches urbaines, la forme des bordures urbaines ou encore l’existence ou non de ceintures vertes, pénétrantes vertes et corridors verts. Le modèle de la ville compacte est le plus ancien et le mieux connu de tous les concepts d’aménagement urbain. La synthèse des modèles existants et leur combinaison avec le modèle de la ville compacte permet de proposer d’autres formes de compaciication durables. Ainsi, une ville peut être compacte et polycentrique. Au niveau global, le développement résidentiel peut être structuré autour de taches urbaines déjà existantes ou de stations de transports en commun, en conservant une densité bâtie élevée localement et en limitant son extension spatiale. Le développement de ceintures vertes à l’extérieur de la ville est facilité dans les villes compactes et polycentriques. À un niveau plus local, la densité bâtie peut être modulée ain de permettre l’insertion d’espaces verts et ouverts dans l’espace urbain. Ceci n’implique pas forcément une diminution de la densité locale de population qui serait synonyme d’un accroissement de l’étalement urbain.