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Une tribune pour le néo-luddisme à la française

CONFERENCE DE CITOYENS ET DEBAT PUBLIC

3. Une tribune pour le néo-luddisme à la française

Alors que le groupe PMO n’avait jusqu’alors intéressé qu’un public restreint, soit concerné directement par la configuration grenobloise, soit investi dans la problématique des nanotechnologies, le débat CNDP va propulser le groupe dans l’espace politique national.

PMO n’est évidemment pas dans la liste des auteurs de cahiers d’acteurs79, et n’est pas

explicitement cité dans les comptes rendus des débats rédigés par la CPDP. Mais l’impact des actions menées pour dénoncer le « débat truqué » est considérable et le groupe est désigné comme l’auteur de la série de désordres. Le Canard enchaîné, qui avait déjà relayé par le passé les attaques de PMO contre Minatec ou Clinatec, écrit :

« Nous n'en n'avons pas peur, nous sommes contre ! rétorquent les empêcheurs de débattre en rond. Pour eux, le vrai projet des nanotechnologies est politique : nous faire basculer dans un nano-monde qui serait, note le groupe grenoblois PMO (Pièces et Main-d'oeuvre) " celui de la connexion (numérique, électronique) permanente à tout et à tous, de la dépendance envers le système technicien et industriel pour la moindre activité, dans les gestes jusqu'ici réalisés de

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Seuls les Amis de la Terre mentionnent PMO dans leur cahier d’acteurs : « Alerté depuis 2005 sur les conséquences préoccupantes des nanotechnologies - par des ONG internationales comme ETC Group (Canada), FOE (Amis de la Terre Australie, États-Unis, Europe) ou nationales comme Pièces et main d'oeuvre, Fondation Sciences Citoyennes, le réseau associatif français des Amis de la Terre a poursuivi une veille documentaire et a organisé différentes manifestations publiques afin d’informer les citoyens ». Les Amis de la Terre / date:05/10/2009 - énoncé n° 6].

116 façon autonome - depuis les courses pour la maison jusqu'au soin des enfants ou des personnes âgées ". En fait, un nouveau " totalitarisme " serait en marche… Tout de suite les grands mots ! dit en substance l'historienne des sciences Bernadette Bensaude-Vincent (lemonde.fr), qui, constatant le " grand ratage " du débat, " conçu ni par les citoyens ni pour eux ", renvoie dos à dos pro- et anti-nanos. » (Canard enchaîné, énoncés 15-18)

La dénonciation du débat a traversé le seuil de visibilité publique qui maintenait le groupe néo-luddite dans des cercles assez confinés puisqu’on trouve des récits et des commentaires concernant ses actions sur toute une série de supports, depuis l’AFP jusqu’au Figaro, Le Monde ou Sciences et Avenir. On avait déjà décrit en détail la formation du groupe grenoblois dans l’enquête mise en ligne en 2005, et plusieurs travaux en ont déployé la rhétorique, fondée sur la critique radicale de la société technicienne dans le droit fil de la pensée de Jacques Ellul.

On a vu que le Canard enchaîné relayait volontiers, sous la plume de Jean-Luc Porquet, la critique néo-luddite. Sous le titre moqueur de « débat nanoparticipatif », le Canard raille, dès septembre 2009, la mise en scène orchestrée par le politique. Précédés par PMO, de multiples acteurs dénoncent le fait que l’État se décharge sur la CNDP de la présentation au public des enjeux d’un secteur jugé stratégique et qui a déjà donné lieu à des décisions d’investissement – ce qui est normalement contraire à la logique du débat public. Si ce dernier n’est pas supposé lier le processus de décision, les options et les alternatives doivent rester ouvertes avant et pendant le débat. Comme « le gouvernement veut éviter d'intervenir trop directement » la CNDP est en somme chargée, toujours selon le Canard, de « faire avaler la pilule en douceur» :

« La lettre de saisine envoyée par Borloo est claire en effet : le débat devra permettre d’ “éclairer les grandes orientations de l'État” en matière de nanotechnologies. Or celles-ci sont déjà prises : le plan "NanoInnov" lancé par Sarkozy dispose déjà d'un budget de 70 millions d'euros pour 2009. Et à Grenoble l'État a largement mis la main à la poche pour inaugurer voilà trois ans Minatec, l'un des quatre plus grands pôles mondiaux nanos, mis en place par le Commissariat à l'énergie atomique ! […] Pour que le débat soit fructueux et surtout bien encadré et bien loti en retombées médiatiques sympathiques, Borloo a demandé à ce qu'il soit mené par une agence de com', laquelle sera d'ailleurs rémunérée par son ministère. Comme le font remarquer les ricaneurs, c'est I & E Consultants qui a décroché l'affaire. Bravo ! Cette boîte de com' avait déjà beaucoup fait parler d'elle l'automne dernier, car elle avait obtenu du ministère de l'Enseignement un merveilleux contrat portant sur la mise sous surveillance des enseignants, avec des missions genre "repérer les leaders d'opinion et les lanceurs d'alerte, et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau". […] Experte en vrais débats avec des vraies gens, cette agence de com' a donc la haute main sur "l'organisation et le pilotage des réunions du débat, le conseil stratégique pour son organisation, sa valorisation et l'optimisation de la participation du public, la conception, la réalisation et la diffusion des supports de communication, les relations presse". Si après ça le populo ne trouve pas que les nanotechnologies c'est formidable et vachement démocratique, en plus ! »

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Le retour d’expérience selon la CNDP

Capture d’écran : Le répertoire de la CPDP dans le corpus débat public. On note le focus sur les nanoparticules et parmi les absents notables PMO, mais aussi l’Afsset

118 Chapitre 3. Les ressorts de la critique ont-ils divergé ?

Les différents moments de mise en discussion publique ont produit une explicitation des ressorts critiques activés par les NST. Cette explicitation s’est accompagnée d’une progressive dissociation de problématiques fortement nouées par la mise en discussion des textes précurseurs (Drexler, Roco et Bainbridge, Dupuy). Le résultat le plus évident est la disjonction entre la question des effets sanitaires des nanoparticules et des autres dimensions critiques. Le processus de refragmentation des éléments du dossier était observable à travers la répartition des thématiques au cours des débats publics de la CNDP, répartis en 17 lieux autour d’autant de thèmes différents.

Risque

- Risque sanitaire/absence d’une métrologie stabilisée. La toxicologie est-elle à la hauteur ? Ne pas refaire l’amiante ;

- Dilution des responsabilités liée au caractère réticulaire du développement des projets nanos

- Perte de prise sur les activités ordinaires dans lesquelles entrent de plus en plus d’artefacts (ubiquitous computing, internet des objets…)

- Apocalypse technologique : destruction irrémédiable de la nature (variantes de la « grey goo »)

Economie de la recherche

- Absence de bornes et débordement de toutes les catégories ontologiques et épistémiques avec pour conséquences un brouillage des frontières entre science-fiction et recherche scientifique réelle

- fausse rupture épistémologique et effet d’annonce liés à l’alignement autour d’un label

- surenchère des promesses technologiques intenables - une nouvelle génération d’apprentis-sorciers qui ne tient pas compte des leçons du passé (parallèle avec la biologie synthétique)

- perte de prise sur des processus technologiques tenus par des firmes visant la propriété intellectuelle de toutes les formes de la matière

Humanisme

- Perte de sens du concept d’humanité -> contre la technique mettre l’humain au centre (Bernanos, Ellul, Illich, néo-luddites…)

- production de différences au sein de l’humanité : élitisme et transhumanisme (d’où, paradoxalement, la déclaration des droits du transhumain…)

- Atteinte portée au for intérieur – la fin de l’exception humaine et de la subjectivité

Démocratie

- déficit de démocratie malgré les grands précédents (nucléaire, vache folle, OGM, etc.) : la démocratie technique comme technique d’acceptabilité sociale

- propension à traiter des problèmes politiques par les sciences et les techniques ; « fuite en avant technicienne » (on va réparer les dommages et les torts, supprimer la faim, sauver la planète, etc.)

- de nouveaux outils pour la société de surveillance : dimension invasive des techniques de traçabilité et de surveillance

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Le pôle le plus visible, et qui semble donc de plus en plus autonome, est de loin celui qui concerne la problématique santé-environnement, l’évaluation et la gestion des risques des nanoparticules et nanomatériaux.

Le deuxième pôle critique met en avant le fait que les nanotechnologies sont d’abord essentiellement un opérateur de recomposition des réseaux scientifiques et techniques, ce qui pousse de nombreux acteurs à redéfinir leur politique de recherche, d’où la forte dimension économique associée à ce dossier, très souvent présenté comme un « eldorado » pour/par les Etats, les firmes et les milieux scientifiques dans une compétition mondiale de plus en plus rude autour de la maîtrise des innovations technologiques. Face à la multiplication des consortiums et ds impératifs de valorisation qui pèsent de plus en plus sur les chercheurs, on peut s’attendre au développement de soupçons sur la prédominance des intérêts économiques sur la question sanitaire. L’observation d’interactions lors de différents colloques nationaux consacrés aux NST (Lille 2010, Bordeaux 2012) a permis d’entrevoir l’expression de tensions, certes très mesurées dans leur verbalisation, entre chercheurs et managers, notamment autour de la brevetabilité des travaux et du rôle de la recherche fondamentale portée à poser plus de questions nouvelles qu’à trouver des voies immédiates d’opérationnalisation au bénéfice de l’industrie. C’est une tension qui peut prendre de l’ampleur au fil du temps selon l’évolution des financements publics et privés de la recherche.

Le troisième pôle est celui de la société de surveillance, avec la dénonciation, omniprésente chez PMO, de l’usage policier et militaire des nanopuces et de la RFID, comme nouveau système de traçabilité des personnes, non pas en tant que mésusage d’une technologie neutre mais d’une technologie conçue comme processus de réification de mise en place d’un État totalitaire derrière un discours démocratique et même participatif ;

Enfin, autre pôle qui tend à se détacher fortement : la question du transhumanisme et la manière dont le dossier des nanos vient croiser les grandes controverses sur la post- humanité 80. À ce pôle vient se greffer la critique de l’artificialisation de la nature et de l’expansion des projets d’adaptation ou de reprogrammation des formes de vie sous contrôle de la technologie. Le dossier des nanos a ceci de particulier qu’il peut précisément engendrer une dynamique d’auto-renforcement entre la problématique de la pollution par les nanoparticules et un conflit économique sur la définition de l’appropriation de la matière (avec toute l’ambiguïté de la dimension nano-bio-info, la matière étant à la fois conçue comme système d’information et système vivant).

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On a demandé au logiciel Marlowe de trouver dans les différents corpus un exemple assez pur d’énonciation du nécessaire partage entre les objets de controverse. La séquence suivante s’est imposée :

« Quoi de commun, en termes de précautions éthiques, de règles ou de normes, entre

l’introduction de nanoparticules d’argent dans des chaussettes pour les rendre moins odorantes et un implant neuronal susceptibles d’aider un paralysé… ou d’améliorer les performances d’un « surhomme » ? Lier les problèmes, c’est se garantir de n’en traiter aucun. Certains sont tout à la fois relativement banals dans les dispositifs à mettre en œuvre (surveiller la toxicité des nanomatériaux) et ardus au plan technique (les propriétés physiques et biologiques changent à l’échelle nanométrique). D’autres suscitent des interrogations fondamentales sur « la vision globale de l’être humain », dixit le philosophe Dominique Lecourt, que l’on poursuit. À long terme, ces technologies ont effectivement le pouvoir d’influer sur la « condition humaine ». Les craintes du cyborg, ou d’une société partagée entre « hommes augmentés » et sapiens de base,

ne sont pas des fantasmes… mais nous avons le temps d’en débattre. »

Sylvestre Huet, Nanotechnologies : débat public demain à Orsay, 25 janvier 2010

Si les différents appuis de la critique tendent à diverger, des acteurs entreprennent au contraire de les totaliser. C’est à ce travail de convergence des ressorts de la critique qu’œuvre sans relâche le groupe PMO. La puissance d’expression conquise par ce groupe, qui a surpris de multiples porteurs de projets dans le monde des nanos, lesquels disent avoir du mal à saisir comment un groupe numériquement faible est parvenu à produire autant de « dégâts médiatiques », repose précisément sur un régime discursif qui s’appuie sur l’interdépendance des problématiques liées à la « société technicienne ». Si nul ne peut prédire les évolutions futures du dossier, plusieurs éléments conduisent à penser que la libération précoce des potentiels critiques prépare les conditions d’une nouvelle crise ou controverse de grande ampleur. D’abord, la critique de l’artificialisation de la nature permet d’utiliser des événements survenus dans d’autres domaines, qu’il s’agisse de « coups » produits par des groupes critiques, comme dans le cas des OGM ou des ondes électromagnétiques, ou de catastrophes, comme dans le cas du nucléaire avec Fukushima. Cela peut provenir aussi de la convergence de processus critiques portés par des acteurs hétérogènes et relayés par des instances officielles qui sont portées à prendre des décisions allant dans le sens d’une interdiction ou d’un moratoire – comme dans le cas du Bisphénol A, ou dans un tout autre secteur, celui de l’exploitation des gaz de schiste. La force de l’argument critique contre la colonisation du monde naturel par les technosciences vient de ce qu’il peut prendre appui sur une large gamme de registres allant du changement climatique global à la marchandisation du vivant, en passant par la remise en cause des libertés individuelles par le resserrement continu du réseau de dépendance technologique.

Le focus sur PMO tend cependant à faire de la critique des NST une exception politique française alors que la contestation des technosciences se retrouve dans de multiples configurations. Comme on a vu par exemple une coalition d’ONG se former à propos de l’évaluation et de la gestion des risques liés aux nanomatériaux, une fédération des

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mouvements critiques peut se constituer à l’échelle internationale, selon l’évolution du dossier – par exemple à propos de certains usages militaires des nanotechnologies81. Si l’ancrage grenoblois du groupe néo-luddite français est une sérieuse une limite à l’expansion de sa puissance d’expression, en particulier vers les mondes anglophones., sur la scène internationale, ETC mène depuis longtemps des campagnes contre les dangers de l’« artificialisation du monde ». Dans la longue série des rapports produits par ETC, plusieurs textes s’efforcent de déconstruire la version dominante du risk assessment en liant les technologies à une vision plus globale des enjeux économiques.

“Today, scientists aren't just mapping genomes and manipulating genes, they're building life from scratch – andthey're doing it in the absence of societal debate and regulatory oversight. Dubbed "genetic engineering on steroids," the social, environmental and bio-weapons threats of synthetic biology surpass the possible dangers and abuses of biotech. Synbio is inspired by the

convergence of nanoscale biology, computing and engineering. Using a laptop computer,

published gene sequence information and mail-order synthetic DNA, just about anyone has the potential to construct genes or entire genomes from scratch (including those of lethal pathogens). Scientists predict that within 2-5 years it will be possible to synthesise any virus ; the first de novo bacterium will make its debut in 2007 ; in 5-10 years simple bacterial genomes will be synthesised routinely and it will become no big deal to cobble together a designer genome, insert it into an empty bacterial cell and - voilà - give birth to a living, self-replicating organism. Other synthetic biologists hope to reconfigure the genetic pathways of existing organisms to perform new functions - such as manufacturing high-value drugs or chemicals. Impact : A clutch of entrepreneurial scientists, including the gene maverick J. Craig Venter, is setting up synthetic biology companies backed by government funding and venture capital.

They aim to commercialise new biological parts, devices and systems that don't exist in the natural world - some of which are designed for environmental release. Advocates insist that

synthetic biology is the key to cheap biofuels, a cure for malaria and climate change remediation - media-friendly goals that aim to mollify public concerns about a dangerous and controversial technology. Ultimately synthetic biology means cheaper and widely accessible tools to build bioweapons, virulent pathogens and artificial organisms that could pose grave threats to people and the planet. The danger is not just bio-terror, but "bio-error".”

(ETC, Extreme Genetic Engineering : An Introduction to SyntheticBiology, jan. 2007)

On note la référence à la convergence et aux possibilités créées par l’échelle nanométrique dans le processus de colonisation du monde naturel, posé comme victime d’un développement technologique que rien ne semble pouvoir limiter. L’argument de la lutte contre les virus les plus dangereux mais aussi contre les problèmes environnementaux est dénoncé comme une forme d’intoxication générale destinée à lever les verrous de l’acceptabilité par le public. Dans un document publié 5 ans plus tard, au moment du sommet de la terre à Rio (Rio + 20), ETC relie l’expansion des nouvelles biotechnologies, et de la biologie de synthèse en particulier, et la promotion de l’économie verte.

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122 “The struggle to control the Green Economy will be heavily influenced by three convergences not in play at the time of the 1992 Earth Summit : first is the convergence of the sciences ; second is the convergence of industrial sectors ; and third, is the convergence of financial power. Since the turn of the millennium, the European Commission, along with the US and Japanese governments, has led other nations in conceptualizing the convergence of biology, physics and chemistry (supported by mathematics) into a single science whose common denominator is the atom. All of nature, living and inert, is composed of atoms. The control of nature, then, means going 'upstream' to the source - the atom ; or, depending on your perspective, going 'down' to the fundamental - the atom. The manipulation of inert nature has been interpreted as nanotechnology while the manipulation of living nature is most accurately described as synthetic biology. Both deal with atomic structures at the nano-scale. One focuses on the elements of the periodic table and the other focuses on base pairs of DNA. Industry now eyes everything of known economic value from these two starting points. In 1992, all this would seem reductionist and irrelevant, but today, the existence of the hardware (tools that allow nano- scale manipulations), the software (super-computing capacity) and the magnanimity of patent offices have made reductionism both possible and profitable.”

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T

ROISIEME PARTIE

124 Chapitre 1. Entre futur proche et horizon indéterminé : comment les différents porteurs

de cause organisent leurs régimes discursifs

L’élaboration de visions du futur par des scientifiques et des industriels fait partie des figures classiques, largement décrites par l’histoire et la sociologie des sciences82. Par ailleurs, dans tous les dossiers étudiés, la question des prises sur le futur permettant anticipations,

prévisions et programmes est centrale83. Le cas des nanotechnologies est-il créateur de

nouvelles modalités d’appréhension du futur ou ne fait-il que prolonger les tendances déjà observées, la période contemporaine étant marquée par une sorte d’exploration systématique des combinaisons fournies par la matrice des futurs ?84 Face à la prolifération d’annonces ou de discours qui ont pour particularité de rompre avec le sens commun – non pas celui que fustigeait Bachelard mais celui de nos contemporains, qui ont largement incorporé les sciences et les techniques dans leurs savoirs et leurs activités - il peut être utile de recourir aux bons vieux procédés analytiques qui ont accompagné le tournant linguistique. Faisons l’exercice sur les énoncés suivants, dont l’énonciateur n’est autre que Jacques Pautrat, lors de