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3. Revue de la littérature

4.4 Analyse des données disponibles sur la publication en Open Access à

4.4.2 Une tentative de capter les APC in the Wild : enquête APC 2018-2019 de

Face à l’impossibilité de capter des données internes à l’aide d’outils bibliographiques ou comptables, et à l’imminence de la conclusion d’accords Read&Publish, l’Université de Fribourg a tenté de collecter des informations au sujet des APC payés par ses chercheurs en les contactant directement.

Le 27 août 2019, le Rectorat de l’Université de Fribourg a ainsi lancé une enquête auprès de ses chercheurs au sujet des publications en Open Access effectuées en 2018 et 2019, et des frais associés à celles-ci. L’enquête demandait aux chercheurs de renvoyer à la responsable des ressources électroniques de la BCU un fichier Excel donnant les références complètes de l’article (y compris DOI), le montrant de l’APC ou du BPC, et la source de financement ayant payé ces frais. La période de collecte s’est déroulée du 27 août 2019 au 5 octobre 2019, avec quelques réponses retardataires qui ont été prises en compte. Dans l’intervalle, l’auteur du présent travail ayant remplacé à son poste l’ancienne responsable des ressources électroniques de la BCU, c’est à lui qu’est revenu la tâche d’établir un rapport sur cette enquête37.

Si l’enquête avait l’ambition de récolter des données de première main en indiquant de manière concrète comment les chercheurs fribourgeois financent leurs APC, celle-ci n’a malheureusement que très partiellement répondu aux attentes38. En l’absence d’un questionnaire standardisé expliquant plus en détails les champs à renseigner et proposant éventuellement des réponses prédéfinies et standardisées, les données se sont révélées très difficiles voire impossibles à exploiter, les chercheurs n’ayant manifestement pas répondu de la même manière. A titre d’exemple, certains chercheurs ont indiqué un montant d’APC nul, précisant que l’APC avait été payé par une autre institution ; d’autres ont quant à eux indiqué un montant d’APC, avec la même précision. Un montant nul pouvait ainsi tout autant signaler un article dépourvu de tout frais de publication (Diamond OA) qu’un article payant mais pris en charge par des financements tiers, rendant impossibles des conclusions sur la part payée par d’autres institutions ou sur la part de Diamond OA. Il ne s’agit là que d’un exemple. Dans de nombreux cas, la source de financement indiquée n’était pas dépourvue de toute ambiguïté, avec des réponses comme « Institution », « ? "We" », « département? » ou « interne ». Enfin,

37 L’auteur tient à remercier ici son prédécesseur Angélique Boschung (-Joye), devenue

entre-temps directrice de la BCU, ainsi que ses collègues Muriel Charrière et Jasmine Lovey pour leur aide précieuse dans la compilation des données.

38 Nous reprenons ici quelques éléments mis en évidence dans le rapport établi par nos

soins et remis au Groupe de Travail Open Science de l’Université de Fribourg en date du 25 novembre 2019

dans certains cas, les publications renseignées se sont révélées être des publications fermées ensuite archivées selon la voie verte, témoignant d’une certaine incompréhension de la problématique de la part des chercheurs.

Il y a lieu de reconnaître que cette étude n’a pas apporté des données d’une qualité satisfaisante, confirmant que la collecte de tels chiffres par le biais d’un questionnaire ne constitue pas une solution adéquate. On peut toutefois relever quelques chiffres intéressants. Ainsi, 43 chercheurs ont répondu n’avoir pas publié en Open Access en 2018-2019 selon la voie dorée ou hybride. A l’inverse, l’enquête a permis de documenter 254 contributions scientifiques publiées en Open Access durant cette même période. Un montant d’APC a été communiqué pour seulement 107 articles et 3 livres. Pour les 144 autres cas, le montant est soit nul, soit inconnu. Si on exclut les 3 BPC, la somme des 107 APC, quel qu’en soit le payeur final, s’est élevée à 221'802 CHF. L’APC moyen se situe à 2073 CHF et l’APC médian à 1640 CHF, pour des valeurs minimales et maximales de 484 CHF et 5741 CHF.

Sur les cinq Facultés de l’Université, deux cumulent 90,5% des frais d’Open Access des répondants, à savoir celle des Sciences et de médecine et celle des Lettres, où le département de Psychologie cumule l’essentiel des frais, mis à part les BPC. La situation est en vérité extrêmement contrastée à l’échelle de l’Université, puisque seuls trois départements représentent plus de 59% de toutes les dépenses d’APC, à savoir la Psychologie, la Biologie et la Médecine. On peut raisonnablement se demander si cela reflète la réalité de ces domaines, avec une forte pratique de la publication en Open Access via paiement d’APC, ou si cela correspond simplement un meilleur taux de réponse et à une meilleure conscience de la problématique dans ces domaines.

On l’aura compris, de manière générale, il faut malheureusement faire un constat d’échec sur cette première enquête du genre au sein de l’Université de Fribourg. Même avec un questionnaire plus précis, il n’est pas certain que ce type de requête directe auprès des chercheurs soit un moyen fiable de renseigner les frais de publication, ne serait-ce qu’en raison du taux de réponse forcément insatisfaisant de ce genre d’enquête et des données imprécises voire erronées qui en résultent à notre sens. C’est peut-être là l’un des principaux enseignements qui peut être tiré de cette expérience.

Face à ce constat, et dans le cadre du présent travail, nous avons cherché à savoir si le recours à la comptabilité de l’Université permettait de retrouver des frais d’APC payés « in the Wild » sur les budgets de l’institution, un certain nombre de réponses indiquant clairement une prise en charge par l’Université, mais en dehors du fonds prévu à cet effet. Dans ce but, nous avons pris contact avec le Service financier de l’université,

rattaché à la Direction administrative. Son responsable, M. Gérard Python, nous a confirmé que la comptabilité de l’université ne disposait pas d’une « granularité permettant de ressortir les coûts liés à l’Open Access », l’université n’ayant pas exprimé de tels besoins. Dans sa réponse, M. Python reconnaît en revanche que « tout cela mérite une réflexion plus approfondie. ». De ce côté, la porte semble donc ouverte pour engager des discussions qui permettraient une vue centralisée sans centralisation des factures, mais via le système comptable, comme cela est le cas dans certaines universités ailleurs en Suisse et dans le monde.

4.4.3 Détermination des montants d’APC payés par le FNS pour des