• Aucun résultat trouvé

3. Revue de la littérature

4.4 Analyse des données disponibles sur la publication en Open Access à

4.4.1 Etude bibliométrique de la Max Planck Digital Library

La seule tâche d’une analyse bibliométrique constitue en soi un défi nécessitant des compétences accrues35. Dès lors, le FNS et swissuniversities ont confié il y a quelques années cette tâche à la Max Planck Digital Library, dans le but de quantifier et qualifier la production scientifique suisse36. Au niveau méthodologique, cette étude s’appuie sur trois sources : Scopus, le DOAJ et un fichier d’autorité propre à la MPDL. Elle est à ce titre dépendante de la qualité et de l’exhaustivité relative de ces sources, bien qu’un important travail de nettoyage ait été effectué sur ces données (MPDL et al. 2016, pp. 5-8).

Les résultats de cette étude sont riches d’enseignements pour Fribourg. Nous nous limitons à citer ici ceux qui nous paraissent les plus intéressants. Les articles contenant parmi leurs auteurs au moins une affiliation « Université de Fribourg » sont passés de 205 en 2001 à 725 en 2016. Dans le détail, ces 725 publications fribourgeoises de 2016 sont composées de 220 articles dans des revues Gold Open Access (30,34 %), 200 articles publiés dans des revues en accès fermé chez les seuls trois plus grands éditeurs que sont Elsevier, Wiley et Springer (27,59 %), et 305 autres articles publiés dans des revues en accès fermé chez d’autres éditeurs (42,07 %).

Ces données confirment au niveau local la concentration du marché de l’édition scientifique, tout en laissant entrevoir une part encourageante de publication native en Open Access, sans compter les voies hybrides et vertes. Outre le « Big 3 », le Top 10 des éditeurs favorisés par les chercheurs fribourgeois se compose d’APS, RSC, Nature Publishing Group (qui, depuis, appartient au même groupe que Springer), ACS, Taylor&Francis, Frontiers – premier éditeur entièrement Open Access de ce classement – et enfin IOP. L’étude a pu distinguer 124 éditeurs différents pour Fribourg, ce à quoi s’ajoutent toutes les publications à éditeur indéterminé.

Parmi les 220 articles spécifiquement publiés dans des revues Gold Open Access, quatre éditeurs regroupent 29,54 % des articles, témoignant là aussi une concentration du marché déjà bien amorcée. Il s’agit de Nature Publishing Group et des éditeurs entièrement Open Access que sont Frontiers, BMC et PLOS.

35 Voir par exemple le projet OAUNI, des universités de Bielefeld et Göttingen :

https://www.uni-bielefeld.de/i2sos/bibliometrie/projects/oauni.html [Consulté le 2 août 2020].

36 Pour éviter toute confusion, il faut signaler que cette étude est disponible sous deux

versions, l’une de 2016 qui inclue le rapport de 39 pages suivi de certaines données en annexe (MPDL et al. 2016), et l’autre datée de 2018 où le rapport de 39 pages est accompagné, à part, du jeu de données complet disponible en téléchargement (MPDL et al. 2018a et 2018b). Tous les chiffres qui suivent sont tirés de ces documents.

L’étude de la MPDL offre ainsi une vision synoptique tout à fait intéressante afin d’identifier les forces en présence et les acteurs commerciaux à cibler pour tenter de maîtriser les coûts futurs en matière de publication. La vue synoptique permet de constater que malgré une augmentation de production de plus de 250% en l’espace de 16 ans pour l’Université de Fribourg, cette dernière n’est pas pour autant une institution très productive, dans la mesure où les 725 articles publiés en 2016 ne représentent que 2% de toute la production académique suisse (32'918), contre 16% de publications produites par l’ETH de Zurich par exemple. Il s’agit là d’une indication cruciale. En effet, dans la perspective d’un basculement de certaines licences dans un modèle entièrement tourné vers les frais de publication, l’Université de Fribourg, qui publie proportionnellement moins que la plupart des autres universités, peut s’attendre à payer dès lors moins que ces dernières.

L’étude a cependant également ses limites : ainsi, les 725 articles associés à l’Université de Fribourg sont ceux qui contiennent au moins une affiliation fribourgeoise ; en d’autres termes, cela ne correspond pas au nombre d’articles dont l’auteur correspondant était fribourgeois, dont le total s’avère largement inférieur. Cette affirmation logique est vérifiée par les chiffres internes du consortium CSAL, élaborés en vue des négociations concrètes avec certains éditeurs.

Bien que reproduire une étude d’une telle ampleur et d’une telle finesse d’analyse ne soit pas envisageable dans le cadre de ce travail, nous pouvons constater, à l’aide de Web of Science et de son champ « Organisation-enhanced » utilisé notamment par Delhaye et Lutz (2017), que la production d’articles a continué d’augmenter ces dernières années. De l’année 2016, dernière concernée par l’étude MPDL, à l’année 2019, la production d’articles fribourgeois aurait augmenté de 14% en 4 ans, soit une moyenne de 3,5% par année légèrement en deçà de la croissance moyenne des publications si on en croit les études consacrées à ce sujet.

Si les chiffres absolus entre Web of Science et l’étude fine de MPDL ne coïncident évidemment pas, on peut observer que pour l’année 2019, Web of Science référence 998 publications de l’Université de Fribourg, dont 833 articles, parmi lesquels 473 sont disponibles en Open Access. Seule une partie de ces publications ont généré des APC, dont seule une partie a été à la charge d’un auteur fribourgeois : ce genre d’analyse ne permet nullement de se prononcer sur les frais de publication en Open Access, mais tout au plus d’attester de l’existence toujours plus grande du phénomène.

4.4.2 Une tentative de capter les APC in the Wild : enquête APC 2018-