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5. Considérations stratégiques et recommandations finales

5.2 Gouvernance et responsabilités opérationnelles

Concrètement, mettre en œuvre une stratégie de gestion des coûts de la publication native en Open Access implique selon nous les actions suivantes :

Nous recommandons à l’Université et la Bibliothèque cantonale et universitaire de

Fribourg :

• D’établir la vision stratégique poursuivie selon les orientations décrites au chapitre 5.1 ;

• D’allouer les ressources financières et humaines nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie, en anticipant notamment ces besoins dans les planifications budgétaires pluriannuelles et en les qualifiants d’enjeux stratégiques importants ;

• De réfléchir à la possibilité d’investir dans des initiatives de soutien à l’Open Access l’argent potentiellement économisé avec les accords transformants en tant qu’institution à faible volume de publication ;

• De clarifier la situation en matière de processus décisionnels concernant les accords incluant des frais de publication en Open Access, et de déterminer si d’autres parties prenantes doivent être inclues ou non par rapport au processus décisionnel concernant la conclusion d’abonnements traditionnels ;

• D’établir des critères de décision propres aux contrats incluant les frais de publication en Open Access, garantissant dans la mesure du possible une maîtrise des coûts et considérant les remarques exprimées dans notre chapitre 5.3 ;

• De définir les responsabilités propres à chaque institution dans la réalisation des nouvelles tâches courantes, par exemple dans le contrôle des affiliations souvent nécessaire dans le cadre des accords transformants ; le cas échéant, d’adapter les cahiers des charges des employés ; de coordonner les tâches entre les différents services et d’assurer la coordination et la circulation de l’information parmi ces derniers ;

• De définir les besoins en termes d’infrastructures, par exemple dans le cadre du futur système d’information de la recherche de l’Université ;

• De collecter et de traiter les données qui font actuellement défaut pour la prise de décisions ; dans un monde où les prix seront conditionnés au volume et au prix individuel des publications, un monitoring local de la publication Open Access et des coûts associés grâce à des données financières fiables semble hautement souhaitable ;

• De réfléchir à un concept commun de formation et d’information interne, compte tenu de l’importance des choix entrepris par les chercheurs dans le respect de leur liberté académique ; de mieux promouvoir des formes plus responsables et éthiques de l’Open Access, associées à des frais moins élevés ; de planifier un calendrier d’actions ponctuelles et récurrentes à l’intention de la communauté académique, comme des formations courtes, des cafés- rencontres, des campagnes de sensibilisation en partenariat avec des chercheurs fribourgeois identifiés comme « champions de l’Open Access » ; de réfléchir au ciblage de ces offres et de prendre en compte les nombreuses particularités disciplinaires ; de réfléchir à des moyens d’engagement tels que la signature d’une charte d’éthique en matière de publication ;

• De définir des arbitrages dans le cas où des prestations sont à mettre en concurrences dans les options proposées par les éditeurs (par exemple : coûts plus élevés si inclusion des frais d’Open Access ; perte d’accès aux archives en cas de conclusion d’un accord transformant43 ; etc.) ;

• De réfléchir à l’extensibilité des solutions choisies pour anticiper une augmentation attendue du taux de publications natives en Open Access. Nous recommandons en particulier à l’Université de Fribourg :

• D’exprimer ses besoins en matière de financement de la publication native en Open Access en ayant en permanence à l’esprit ses cinq Facultés et leurs pratiques de publication très différentes ; d’assurer en fonction de cela une certaine équité dans les moyens alloués aux financements des différentes initiatives existantes ;

• D’anticiper les futurs besoins de ses chercheurs, notamment dans l’hypothèse d’une adaptation de la politique du FNS en matière de financement des APC ; de collecter en amont des données financières fiables, qui permettent le cas échéant une prise de décision rapide et appuyée par des chiffres précis ; d’entamer un dialogue sur ce sujet avec son Service financier ;

• D’ouvrir une réflexion sur la transformation de la production académique locale, c’est-à-dire les publications pour lesquelles des membres ou des organes de l’Université contribuent activement au travail éditorial44 ; d’encourager cette transformation dans l’esprit de la stratégie nationale Open Access ;

• De réfléchir à des incitatifs favorisant une publication en Open Access responsable de la part de sa communauté scientifique, qui pourraient éventuellement aussi être utilisés pour promouvoir la voie verte de l’Open Access ; ces incitatifs peuvent en particulier être liés à la manière de mener l’évaluation interne de la recherche ;

• De réfléchir à la cohérence de ses différents fonds de soutien à la publication45, dans l’optique de l’horizon 2024 censé conduire à un environnement entièrement Open Access.

• Compte tenu du faible volume global de publication de l’institution, de réfléchir à un moyen de sensibiliser par un contact direct les chercheurs choisissant de publier chez les éditeurs considérés comme problématiques du point de vue de la gestion des coûts ;

• D’assurer un certain leadership vis-à-vis de la pertinence d’accords avec des éditeurs entièrement Open Access, où l’intérêt prédominant, financièrement en tous cas, est moins celui de la bibliothèque que celui de l’Université.

Nous recommandons en particulier à la Bibliothèque cantonale et universitaire de

Fribourg :

• De reconsidérer la pertinence de certains Big Deals à la lumière des exemples récents d’annulations s’étant soldées par des économies substantielles sans porter préjudice aux missions de la bibliothèque ; une analyse systématique à

43 Une telle possibilité de perte d’accès aux archives en cas d’accord transformant est une

option actuellement sur la table dans le cadre de la renégociation d’un accord avec un éditeur. L’accès au contenu est donc mis en concurrence avec l’offre de publication.

44 Voir par exemple l’étude de Ochandiano et al. (2020) au sujet du site du site Lyon-Saint-

Étienne.

l’aide des statistiques détaillées et des prix d’abonnements des revues à l’unité mériterait d’être entreprise, y compris dans l’éventualité de retours à des accords globaux intégrant la publication en Open Access et en partie basés sur les coûts historiques d’abonnements des années précédentes ;

• De se préparer concrètement à l’éventualité d’une rupture de certains contrats et des conséquences de celle-ci à l’échelon institutionnel, dans le contexte d’accords traditionnels en désaccord avec la stratégie nationale et d’accords transformants difficiles à conclure dans des conditions acceptables ;

• Tout comme l’Université, de réfléchir à la cohérence de son discours global, en étendant la politique d’ouverture souhaitée de la part des éditeurs scientifiques à la diffusion de son propre contenu de manière ouverte et gratuite, notamment en matière de documents patrimoniaux ;

• De réfléchir à son positionnement et à son avenir de bibliothèque universitaire dans un monde académique où l’Open Access prédominerait et de réfléchir à la prise en charge de nouvelles prestations de services, notamment dans l’aide à la publication ; de réfléchir à ce positionnement vis-à-vis d’autres organes comme le Service Promotion Recherche de l’Université (SPR) pour définir les zones de complémentarités et de redondance ; de valoriser le savoir bibliothéconomique tout en anticipant les besoins en formation continue ; • De garantir une visibilité optimale de l’Open Access responsable, notamment

au travers de son nouvel outil de découverte ;

• De favoriser la bibliodiversité également dans la prise en charge des frais de publication en Open Access, afin de lutter autant que possible contre une concentration plus grande du marché ;

• D’anticiper les options susceptibles de se présenter suite à la négociation de nouveaux accords par le consortium, comme par exemple les cas de réduction ou d’économie de coûts potentiellement non négligeables réalisées sur certains accords, mais aussi la possibilité de rejoindre des accords transformants vis-à- vis d’éditeurs avec lesquels l’institution n’avait jusqu’ici pas conclu de Big Deals au sujet de l’accès au contenu ;

• De favoriser autant que possible l’action collective afin d’atteindre une masse critique à même d’obtenir des conditions de transformation favorables, en particulier via un consortium comme le CSAL.