2.2 Synth` ese de Lyapunov
2.2.3 Preuve du Th´ eor` eme 2.1
2.2.3.2 Une plus grande classe de feedback stabilisant
Pour d´emontrer le Th´eor`eme 2.1, nous avons propos´e deux lois de commande qui r´ealisent statiquement ou dynamiquement :
G(x1, x2, y, u)u ≤ 0, (2.73)
G(x1, x2,0,0) = 0 =⇒ G(x1, x2,0, u)u < 0 . (2.74) En fait d’autres lois de commande sont possibles. Pour les mettre en ´evidence, il faut en premier lieu remarquer qu’il est trop restrictif d’imposer (2.73). En effet, pareil choix ne tire pas profit de la n´egativit´e apport´ee par le terme −14κ(V(y))W(y), i.e. de la marge de stabilit´e du sous syst`eme en y.
Pour montrer comment ceci peut-ˆetre fait, reprenons le syst`eme (2.1) mais dans un contexte plus r´egulier que celui du Th´eor`eme 2.1. Ainsi, introduisons des versions plus r´eguli`eres des hypoth`eses B0, B1 et B3.2 :
Hypoth`ese B0’ : Les fonctions f0, f1, e1 et h1 sont continues, les fonctionsf2, e0, e2, h0 et h2 sont de classeC1 et h0, e0 etf0 sont z´ero `a l’origine.
Hypoth`ese B1’ : Les fonctionsQ, S et V satisfont l’hypoth`ese B1 et sont de classe C2.
Hypoth`ese B3.2’ : La fonction κ(V(y))∂V∂y(y)f2(x1, x2, y, u) est de classeC1 sur Rn×Rm1× Rm2 ×Rq.
Nous allons employer les notations suivantes :
⎧⎪
⎨
⎪⎩
Γv(x1, x2, y) = 73∂V∂y(y)f2(x1, x2, y,0), Γ(x1, x2, y) = l(Q(x1) +S(x2))
∂Q
∂x1(x1)h2(x1, x2, y,0) +∂x∂S
2(x2)e2(x1, x2, y,0)
. (2.75) Remarquons que Γv d´epend deV et que
Γv(x1, x2,0) = 0. (2.76)
La fonction Γ, en revanche, ne d´epend pas de V mais d´epend de l, fonction qui peut ˆetre d´etermin´ee, au moyen de (2.67), `a partir de la seule donn´ee du sous syst`eme en (x1, x2). Avec nos nouvelles hypoth`eses qui imposent plus de r´egularit´e, la fonctionG d´efinie en (2.70) est de classeC1 par rapport `au, pour tout (x1, x2, y). Plus pr´ecis´ement, il existe une fonction continue G(v´erifiant :
<G((x1, x2, y, u), u >= G(x1, x2, y, u)− G(x1, x2, y,0). (2.77) Avec de telles notations, (2.70) devient simplement :
G(x1, x2, y, u) = κ(V(y))Γv(x1, x2, y) + Γ(x1, x2, y)+<G(x( 1, x2, y, u), u > (2.78) et (2.71) :
U˙(x1, x2, y)(2.1) ≤ −12 l(Q(x1) +S(x2))T(x2) − 14κ(V(y))W(y) (2.79) +
κ(V(y))Γv(x1, x2, y) + Γ(x1, x2, y)+<G((x1, x2, y, u), u >
u .
Donc on peut obtenir la stabilit´e asymptotique globale comme dans la preuve du Th´eor`eme 2.1 lorsque on peut d´eterminer une fonction u continue satisfaisant :
|y| = 0 =⇒ −12l(Q(x1) +S(x2))T(x2) − 14κ(V(y))W(y) (2.80) +
κ(V(y))Γv(x1, x2, y) + Γ(x1, x2, y)+<G((x1, x2, y, u), u >
u <0 Γ(x1, x2,0)= 0 =⇒
Γ(x1, x2,0)+<G((x1, x2,0, u), u >
u(x1, x2,0)<0 (2.81)
Γ(x1, x2,0) = 0 =⇒ u = 0 . (2.82)
Nous avons :
Proposition 2.8 Supposons que le syst`eme (2.1) satisfait les hypoth`eses B0’ B1’, B2 et B3.1 et B3.2’. Alors pour tout u appartenant `a (0,+∞], l’origine peut ˆetre rendue globalement asymp-totiquement stable par un feedback d’´etat born´e par u et de la forme :
u(x1, x2, y) = −β(x1, x2, y) [α(x1, x2, y)κ(V(y))Γv(x1, x2, y) + Γ(x1, x2, y)] (2.83) o`uα et β sont des fonctions continues satisfaisant, lorsque cela est possible,
β(x1, x2, y) ≥ 0 , (2.84)
Γ(x1, x2,0) = 0 =⇒ β(x1, x2,0) > 0 , (2.85) W(y) ≥ 3β(x1, x2, y) [α(x1, x2, y)−1]2κ(V(y))|Γv(x1, x2, y)|2 , (2.86)
|G((x1, x2, y, u(x1, x2, y))|β(x1, x2, y) ≤ 1
3 , (2.87)
et β est tel que |u(x1, x2, y)| est born´ee par u.
Preuve de la proposition 2.8 : Remarquons tout d’abord qu’en raison de B0’ B1’ et B3.2’, la fonctionκ|Γv|2 est continue et que (2.76), (2.85) et (2.87) impliquent (2.81) et (2.82). Donc reste `a ´etablir seulement (2.80). Puisque, pour tout r´eelsα,β,b etcnous avons :
−(b+c)(αb+c) = (α−1)2 4 b2−
α+ 1 2 b+c
2
, (2.88)
avec (2.83) pour lois de commande, (2.80) est impliqu´ee par :
|y| = 0 =⇒ (2.89)
−14κ(V)W +β
(α−1)2
4 |κ(V)Γv|2−α+1
2 κ(V)Γv+ Γ2
+β2|G| |( ακ(V)Γv+ Γ|2 <0 . La fonction κ(V)W ´etant d´efinie positive en y et (2.84) et (2.86) ´etant suppos´ees, (2.89) est v´erifi´ee si :
|y| = 0 =⇒ −18[α−1]2κ(V)2|Γv|2 − α+ 1
2 κ(V)Γv+ Γ
2 + β|G| |( ακ(V)Γv+ Γ|2 ≤ 0. (2.90) Puisque (2.87) implique que cette forme quadratique en κ(V)Γv et Γ est semi-d´efinie n´egative,
la conclusion s’en suit. 2
Une des caract´eristiques importantes de l’expression (2.83) est que, s’il est possible de prendre α≡0, la loi de commande devient simplement (voir (2.75)) :
u(x1, x2, y) = −β(x1, x2, y)l(Q(x1)+S(x2)) Il n’est donc pas n´ecessaire de connaˆıtre explicitement V pour obtenir une loi de commande s’il est possible d’obtenir une expression pour β ind´ependante de V. D’apr`es la proposition 2.8, cette fonction β doit satisfaire (2.84)-(2.87). Avec (2.85)-(2.86) et α = 0, une condition n´ecessaire pour qu’existe une telle fonctionβ est :
Γ(x1, x2,0) = 0 =⇒ lim inf
y→0
W(y)
κ(V(y))|Γv(x1, x2, y)|2 > 0 (2.92) qui, avec la d´efinition (2.75), est garantie si :
lim inf
y−→0
W(y) κ(V(y))∂V∂y(y)2
> 0. (2.93)
En fait cette derni`ere condition est ´egalement suffisante lorsque f2,h2, e2 sont Lipschitz en la variable u sur un voisinage de l’origine. Pour voir cela, prenons deux r´eelsR et u strictement positifs et introduisons deux fonctions ind´ependantes deV :
1. Soit ϕRune fonction continue positive `a valeur dans [0,1] telle que :
ϕR(0) = 1 , ϕR(|y|2) = 0 ∀y : |y| ≥ R . (2.94) 2. Soit ψR,uune fonction continue satisfaisant :
ψR,u(x1, x2) ≥ max
|u| . Une telle fonction existe car les fonctions f2, h2,e2 sont de classe C1.
Nous avons :
Proposition 2.9 Supposons que le syst`eme (2.1) satisfasse les hypoth`eses B0’, B1’, B2, B3.1 et B3.2’ et que f2, h2, e2 soient localement lipschitzienne `a l’origine en la variable u. Alors si de plus κ est telle que :
il existe pour tout uappartenant `a(0,+∞)un r´eel positifμ appartenant `a(0, u]tel que l’origine du syst`eme (2.1) est globalement asymptotiquement stabilis´e par un feedback d’´etat born´e par u et de la forme :
u(x1, x2, y) = − μ ϕR(|y|2) Γ(x1, x2, y)
ψR,u(x1, x2) (1 +|Γ(x1, x2, y)|) (1 +|f2(x1, x2, y,0)|2) (2.98) o`uμ est un r´eel appartenant `a (0, μ]et Γ est la fonction d´efinie en (2.75).
Preuve : Puisque (2.98) est obtenu `a partir de (2.83), en prenant :
α(x1, x2, y) = 0 , (2.99)
β(x1, x2, y) = μ ϕR(|y|2)
ψR,u(x1, x2) (1 +|Γ(x1, x2, y)|) (1 +|f2(x1, x2, y,0)|2) , (2.100) il suffit de v´erifier qu’on a (2.84)-(2.87). Les conditions (2.84)-(2.85) sont satisfaites, par d´efinition, et nous avons :
|u(x1, x2, y)| ≤ u . (2.101)
Pour voir que (2.86) est ´egalement v´erifi´ee, nous utilisons le lemme suivant :
Lemme 2.10 Si (2.97) est v´erifi´ee, il existe un r´eel strictement positiveξW tel que : W(y)
κ(V(y))|Γv(x1, x2, y)|2 ≥ ξWϕR(|y|2)
1 +|f2(x1, x2, y,0)|2 . (2.102) Preuve : Nous d´eduisons imm´ediatement de (2.97) que :
|yinf|≤R
W(y) κ(V(y))∂V∂y(y)2
= ξW > 0. (2.103)
Donc :
|yinf|≤R
W(y)
κ(V(y))∂V∂y(y)f2(x1, x2, y,0)2 ≥ ξW
1 +|f2(x1, x2, y,0)|2 , ∀y : |y| ≤ R . (2.104) Grˆace `a la d´efinition deϕR, l’in´egalit´e (2.102) s’en suit. 3 Alors, puisque (2.100) implique que β(x1, x2, y) est nulle quand |y|est plus large que R, il s’en suit que :
3β(x1, x2, y)κ(V(y))|Γv(x1, x2, y)|2 ≤ 3μ
ξW W(y) . (2.105)
Par cons´equent (2.86) est v´erifi´ee lorsqueμ < 13ξW. Pour obtenir (2.87), un lemme est n´ecessaire :
Lemme 2.11 Il existe une constante strictement positive ξG(telle que :
|y| ≤ R =⇒ ψR,u(x1, x2) ≥ ξG(|G((x1, x2, y, u(x1, x2, y))| . (2.106)
Preuve : De la d´efinition de G(, de (2.77), (2.70), (2.67), (2.95) et de (2.101), nous d´eduisons que pour tout |y|plus petit que R :
|G((x1, x2, y, u(x1, x2, y))| ≤
κ(V(y)) ∂V
∂y(y) + 1
ψR,u(x1, x2) . (2.107) L’implication (2.106) est obtenue avec :
ξG( = min
|y|≤R
⎧⎨
⎩
1
κ(V(y))∂V∂y(y)+ 1
⎫⎬
⎭ (2.108)
3
Pout tout (x1, x2, y), nous avons donc maintenant :
ψR,u(x1, x2)β(x1, x2, y) ≥ ξG(|G(x( 1, x2, y, u((x1, x2, y)))|β(x1, x2, y). (2.109) Mais par (2.100), nous obtenons :
ψR,u(x1, x2)β(x1, x2, y) = μ ϕR(|y|2)
(1 +|Γ(x1, x2, y)|) (1 +|f2(x1, x2, y,0)|2) ≤ μ . (2.110) Par cons´equent, une constanteμ satisfaisant :
μ ≤ 13ξG( (2.111)
est suffisante pour que (2.87) soit v´erifi´ee.
Finalement, en prenant :
0 < μ ≤ μ = min
$1
3ξW,13ξG(, u
%
, (2.112)
les hypoth`eses de la proposition 2.8 sont toutes v´erifi´ees ce qui implique que la conclusion de la
proposition 2.9 l’est ´egalement. 2
Remarque 2.12 :
1. Comme nous l’avons d´ej`a pr´ecis´e, l’int´erˆet de la loi de commande (2.98) vient de ce qu’elle ne d´epend pas des fonctionsV et k. Par contre, elle fait intervenir le param`etreμ `a r´egler.
Nous savons qu’en le prenant suffisamment petit, nous aurons une solution •
2. Si l’approximation lin´eaire du sous syst`eme eny de (2.1), est asymptotiquement stable, alors V peut ˆetre choisie de fa¸con que∂V∂y soit du premier ordre et queW soit born´ee inf´erieurement par une forme quadratique d´efinie positive sur un voisinage de z´ero (voir Lemme 6.2 en Annexe G). En ce cas, la condition (2.97) est satisfaite •
3. Si les fonctions f2,e2 eth2 ne d´ependent pas de u, alorsG(est 0 et (2.98) se simplifie en : u(x1, x2, y) = − μ ϕR(|y|2) Γ(x1, x2, y)
(1 +|Γ(x1, x2, y)|) (1 +|f2(x1, x2, y)|2) • (2.113)