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1 – UNE HISTOIRE SCANDEE PAR DES RYTHMES CATASTROPHIQUES

L ’EVENEMENT ET LE SYSTEME : CATASTROPHES, CRISES, CLIMAT

1 – UNE HISTOIRE SCANDEE PAR DES RYTHMES CATASTROPHIQUES

1 – UNE HISTOIRE SCANDEE PAR DES RYTHMES CATASTROPHIQUES

Travailler sur l’histoire des catastrophes et des risques naturels, c’est donc d’abord confectionner le canevas chronologique des événements, grands et petits, qui émaillent le quotidien des sociétés traditionnelles. C’est ensuite que pourront être mis en perspective de ce canevas toute une série d’axes de recherche : pratiques sociales en termes de prévention, de protection et de correction, dynamiques mises en évidence par cette trame, ressorts biophysiques et sociaux de cette dynamique…

Au commencement de nos recherches, rares étaient les chercheurs travaillant à l’établissement de ce type de chronologie. On ne relève guère que les travaux sur la sismologie historique, conduit généralement au cours des années 1980-1990 dans une dimension appliquée à la délimitation des zones à risque contemporaines, sous l’impulsion ou à la demande d’organismes d’état tel le BRGM en France, l’Instituto Nazionale de Geofisica en Italie, l’Observatoire Royal de Belgique, travaux conduits par le géomorphologue J. Vogt (1979, op. cité), la géologue E. Guidoboni (1994, op. cité) ou le médiéviste belge P. Alexandre (1990, op. cité). Ce genre scientifico-litteraire est pourtant loin d’être une nouveauté à cette époque.

Nous avons déjà évoqué la vague mémorielle des années 1880 à 1940 qui voit des émules de M. Champion reconstituer des chronologies historiques d‘inondations de divers cours d’eau français sur le modèle de ses six volumes sur les inondations en France (1862-1868, op. cité). On voit surtout dès la fin du XIXème siècle, les services de l’Etat (Ponts &

Chaussées essentiellement, Eaux & Forêts), d’une part s’attacher à produire des séries de mesures en continu et, d’autre part, chercher à reconstituer, à partir des documents et des archives de leurs propres services, les chronologies passées. Ainsi des séries hydrométriques qui débutent en France dès le début du XIXème siècle, et se généralisant dans les années 1880 sous l’impulsion d’ingénieurs tels A. Baumgarten (1808-1859), E. Belgrand (1810-1878) et L. Fargue (1827-1910), qui imposent l’installation progressive d’échelles graduées sur nombre de ponts et de quais en milieu urbain (J.-M. Antoine, F. Gazelle60, 2011b, à paraître). Autre exemple : les très précieux et très détaillés « carnets d’avalanches », imaginés dès 1899 par l'Inspecteur Général des Eaux et Forêts P. Mougin, tenus par les forestiers à partir de 1900 dans les Alpes et à partir des années 1950 dans les Pyrénées (L. de Crécy61, 1965). Y. Bravard (1990, op. cité) a analysé ces carnets pour la région de Chamonix et a montré tout l’intérêt des informations qu’ils contiennent. L’intérêt initial d’une connaissance historique et d’un archivage des phénomènes relève donc avant tout de l’aménagement du territoire et de la protection contre les phénomènes : des « carnets d’avalanches » a été tirée une cartographie précise des couloirs avalancheux dans les massifs français (cartographie EPA et CLPA du CEMAGREF), alors que des séries statistiques de débits sont issues les quantiles de crue et des crues de référence, utiles au dimensionnement des ouvrages ou à la réglementation de l’occupation du sol. Mais l’intérêt est aussi scientifique comme le montrent nos travaux mais aussi par exemple le renouveau contemporain des études sur la sismicité historique (G. Quenet, 2005, op. cité) ou sur l’histoire du climat (E. Garnier62, 2010).

Les chronologies détaillées sur lesquelles nous appuyons nos réflexions ont été élaborées à partir du début des années 1990 jusqu’au milieu des années 2000, essentiellement dans les Pyrénées et sur leur piémont, mêmes si des travaux ont pu être

60 - Antoine J.-M., Gazelle F., 2011b, à paraître, « L’apport des données historiques dans la connaissance des crues - Interprétation dans le Sud-Ouest de la France », Historiens-Géographes, 10 p. dactyl., 7 fig., 22 réf. bibli.

61 - Crécy L. de, 1965, « Cadastre et statistique d‘avalanches », Revue Forestière Française, n° 1, pp. 28-33. 62 - Garnier E., 2010, Les dérangements du temps : 500 ans de chaud et de froid en Europe, Paris, Plon.

conduits ailleurs et servir de points de comparaison (affluents garonnais du Massif Central, rivières du Lannemezan, rivières méditerranéennes languedociennes…) (Fig. 39).

Bordeaux Bordeaux Bordeaux Bordeaux Tull e Tulle Tulle Tull e Mon tde -Marsan Mon tde -Marsan Mon tde -Marsan Mon tde -Marsan Périgueux Périgueux Périgueux Périgueux Pau Pa u Pa u Pau Biarritz Biarritz Biarritz Biarritz Cahors Cahors Cahors Cahors Albi Albi Albi Albi Auch Auch Auch Auch Agen Agen Agen Agen Marmande Marmande Marmande Marmande Montauban Montauban Montauban Montauban Toulous e Toulous e Toulous e Toulous e Foix Foix Foix Foix Tarbes Tarbes Tarbes Tarbes Mende Mende Mende Mende Carcassonne Carcassonne Carcassonne Carcassonne Béziers Béziers Béziers Béziers Pampelun e Pampelun e Pampelun e Pampelun e Huesca Huesca Huesca Huesca Adour Adour Adour Adour Lot Lot Lot Lot Tarn Tarn Tarn Tarn Aveyro n Aveyro n Aveyron Aveyron Hérault Hérault Hérau lt Hérau lt Aude Aude Aud e Aud e Garonne Garonne Garon ne Garon ne Ge rs Ge rs Ge rs Ge rs A riè ge A riè ge A rièg e A rièg e Dordogne Dordogne Dordogne Dordogne Ga ronn e Ga ronn e Ga ronn e Ga ronn e 0 50 100 km 0 50 100 km 0 50 100 km 0 50 100 km Perpigna n Perpigna n Perpigna n Perpigna n Rode z Rode z Rode z Rode z (1990) 1992 1992 1994 1997 2003 2003 2003 2004 1994 1994 2000 2002 1995 1993 2000 Années 1990 1993 Années 1998 2001 Années 2002 2005 Années 1994 1997

Années

2002

2005

Sorgue Héra ult Sorgue Héra ult Sorgue Héra ult Sorgue Héra ult

Figure 39 – Progression de l’établissement des chronologies de crues sur les rivières du grand Sud-Ouest (les travaux sont, soit signés de l’auteur, soit avec sa participation, soit issus de mémoires dirigés par l‘auteur)

Ces chronologies sont issues d’abord de nos propres travaux : thèse, rapports scientifiques dans le cadre de programme financés par le CNRS et les Ministères, ou encore rapports d’étude pour les services déconcentrés de l’Etat. Elles sont aussi issues de travaux menés par les membres du laboratoire CIMA URA-366 devenu GEODE UMR-5602 CNRS, à l’image par exemple de la thèse de B. Desailly soutenue en 1990 sur les inondations en Roussillon (B. Desailly, 1990, op. cité). Elles ont enfin été complétées par des mémoires universitaires de master 1 & 2 que nous avons dirigés. Dès 1993, une première publication (J.-M. Antoine et al., 1993, op. cité) tentait de faire le point sur la question, posant notamment les questions cruciales de l’objectivité et de la critique des sources, de la dynamique des phénomènes visiblement rythmée par des « crises », de son

homogénéité spatiale à l’échelle des Pyrénées. Elle fut suivie par des analyses plus pointues concernant des périodes-clés de la dynamique des phénomènes, identifiées dans les Pyrénées comme ailleurs en Europe, telles la fin du XVIIIème siècle (J.-M. Antoine et

al.63, 1995) ou le XVIème siècle (R. Brazdil et al.64, 1999). L’ensemble des données a finalement été synthétisé à l’occasion du programme ECLIPSE INSU-CNRS « Y-a-t-il eu un Petit Age Glaciaire dans les Pyrénées ? » (2001-2004), sous la forme d’un tableau au format Excel de Microsoft (Fig. 40).

Figure 40 – Extrait du tableau de recensement des phénomènes naturels vecteurs de risques dans les Pyrénées (1200-2000)

(J.M. Antoine, B. Desailly, A. Peltier, publié in J.-M. Antoine, 2010, op. cité)

Ce tableau comptabilise 2431 événements hydro-climatiques divers survenus entre le IXème siècle et 2001 : inondations, grêles, tempêtes, avalanches, vagues de froid/gel, mouvements de terrain. Ils sont recensés et classés selon trois échelles spatiales : bassins

63 - Antoine J.-M., Desailly B., Métailié J.-P., 1995, « Les grands aïgats du XVIIIe siècle dans les Pyrénées », pp. 243-260 in Les

catastrophes naturelles dans l'Europe médiévale et moderne, Actes des XVèmes Journées Internationales d’Histoire de Flaran, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail.

64 - Brazdil R., Antoine J.-M., Barriendos M., Camuffo D., Deutsch M., Dobrovolny P., Enzi S., Glaser R., Guidoboni E., Kotiza O., Pfister C., Rodrigo F.S., 1999, « Floods events of selected european rivers in the sixteenth Century », Climatic Change, vol. 43, n° 1, pp.239-285.

hydrographiques, pays pyrénéens, grands secteurs de la chaîne. Chaque fois que la qualité des sources l’a permis, les « événements courants » ont été distingués des « événements remarquables » (c’est-à-dire ayant détruit ou fortement endommagé des bâtiments, ou bien ayant fait des victimes, ou encore sensibles dans au moins deux vallées pyrénéennes). Avec 1270 événements recensés sur la période, les inondations et les crues torrentielles représentent plus de 50% du total des événements. On notera cependant au préalable que ce n’est qu’à partir des XVIème-XVIIème siècles (soit pour 1241 événements valléens correspondant à 817 événements « pyrénéens ») que l’on peut esquisser une analyse statistique de l’évolution historique des inondations et des crues torrentielles dans les Pyrénées. Avant cette date, l’exhaustivité des informations est en effet très variable selon les vallées, et même pour les mieux pourvues, l’effectif n’est en outre pas assez abondant pour avoir une signification statistique. La succession historique de ces événements, analysée dans deux publications (J.M. Antoine, 2009, op. cité ; J.-M. Antoine et al., 2011a,

à paraître), montre d’abord une évolution purement quantitative, relative à la fréquence des phénomènes (Fig. 41).

Toutes inondations (817 événements)

0 10 20 30 40 50 60 1500 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850 1900 1950

Inondations remarquables seules (117 événements)

0 2 4 6 8 10 1500 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850 1900 1950

Figure 41 – Recensement des inondations et des crues torrentielles dans les Pyrénées (1500-2000) (Nombre d’événements par décennie et moyennes mobiles tri-décennales)

(J.M. Antoine, 2009, op. cité)

Il est devenu aujourd’hui banal de constater que la marche des phénomènes n’a pas été linéaire au cours de l’histoire. Mais ce constat était plus inédit à la fin des années 1980, dans le contexte d’une vision manichéenne et convenue des relations des sociétés à leur environnement, insistant sur les « agressions » continues et croissantes des sociétés depuis le Néolithique, avec pour terme l’état – présenté comme alarmant –, de dégradation

contemporain de l’environnement. « La notion de catastrophe, de crise, est devenue une

des question-clés de l’histoire de l’environnement, mettant en relief le rôle du temps court, des discontinuités – effets de seuil ou ruptures brutales – dans des dynamiques considérées jusqu’alors comme linéaires et progressives sur le temps long » (J.-P. Métailié65, 1993).

On observe en effet une incontestable et singulière rythmicité de la dynamique historique des phénomènes, qui fait visiblement alterner périodes d’exacerbation et périodes de moindre activité, s’étalant sur une à quelques décennies. Apparaissent ainsi particulièrement actives les décennies 1750-1780, 1850-1910 et, dans une moindre mesure, 1570-1590, 1620-1640 et 1700-1720. On pourrait opposer ici l’influence du volume fluctuant des sources d’information : avant le XVIIIème siècle, en raison de sources d’information plus rares et moins précises, tous les phénomènes n’ont sans doute pas été recensés, alors que, pour des raisons inverses, ils l’ont été dans leur quasi-exhaustivité au XXème siècle. Cependant, l’examen des seules inondations remarquables – i.e. particulièrement dommageables ou ayant touché au moins deux vallées et pour lesquelles, par conséquent, on peut imaginer qu’il n’y a pas de lacune documentaire –, ne remet pas fondamentalement en cause le constat établi sur la base de tous les événements. Malgré quelques distorsions et décalages dans le temps (période de recrudescence de la fin du XIXème siècle qui commencerait avec la décennie 1850 pour les événements courants et avec la décennie 1870 pour les événements remarquables par exemple), l’évolution des phénomènes reste scandée par des rythmes comparables : on retrouve une aggravation certaine des phénomènes à partir des années 1580 et, surtout, l’individualisation de trois des quatre périodes de recrudescence précédemment évoquées (1710-1720, 1760-1780 et 1870-1910). Par contre, contrairement à ce que montre la dynamique des événements courants, la péjoration des grandes crues de la fin du XVIIIème siècle semble plus marquée que celle de la seconde partie du XIXème siècle.

On notera par ailleurs que, venant en quelque sorte valider les tendances pyrénéennes, cette évolution rythmée a été observée ailleurs, même si c’est avec des bornes chronologiques parfois discordantes : par nous-mêmes dans les Cévennes gardoises (J.-M. Antoine, B. Desailly, 1996, op. cité) (Fig. 42), mais aussi en Catalogne espagnole

65 - Métailié J.-P., 1993, « De La Géographie des forestiers à la géographie contre les forestiers : la diffusion et l’extinction du concept de dégradation des montagnes, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle », in P. Claval ed., Autour de Vidal de La Blache : la

(M. Barriendos Vallvé66, 1993 ; M. Barriendos Vallvé, J. Martin-Vide67, 1998), sur le Rhône (G. Pichard68, 1995 ; G. Arnaud-Fassetta, M. Provensal69, 1999), la moyenne Durance (C. Miramont, X. Guilbert70, 1997), les cours d’eau italiens (M.P. Pavese et al.71, 1995) ou encore d’Europe Centrale (R. Brazdil et al, 1999, op. cité).

Figure 42 – Recensement des crues survenues dans le Gard entre 1290 et 1980 (Cèze, Gardons, Vidourle, Vistre) (Nombre d’événements par décennie et moyenne mobile tridécennale)

(D’après J.M. Antoine, B. Desailly, 1996)

Au-delà des aspects quantitatifs, la dynamique historique des inondations pyrénéennes présente aussi des particularités qualitatives. On entend par là, d’une part les saisons de survenance des phénomènes auxquelles on s’intéressera plus loin et, d’autre part, leur plus ou moins grande intensité apparente. On vient de l’évoquer, certaines époques apparaissent peu touchées par les phénomènes, même si elles peuvent être le siège de grandes inondations : ainsi de la période 1710-1750, pourtant marquée sur la Garonne pyrénéenne par les crues de juin 1712 et du 12 septembre 1727 (54 morts et 448 maisons détruites à Toulouse), des crues torrentielles de juillet 1834 sur la Neste d’Aure à Saint-Lary (Hautes-Pyrénées) ou du Tech (Pyrénées-Orientales, 18 victimes) en août 1842, des

66 - Barriendos Vallvé M., 1993, « Les inundacions al Pla de Barcelona (segles XIV-XIX). Aspectes paleoclimatics del fenomen »,

Actes du IIIe Congrès d’Histoire de Barcelone, Ajuntament de Barcelona, pp. 275-280.

67 - Barriendos Vallvé M., Martin-Vide J., 1998, « Secular climatic oscillations as indicated by catastrophic floods in the spanish mediterranean coastal area (14th-19th centuries) », Climatic Change, 38, pp. 473-491.

68 - Pichard G., 1995, « Les crues sur le bas-Rhône de 1500 à nos jours. Pour une histoire hydro-climatique », Méditerranée, n° 3-4, pp. 105-116.

69 - Arnaud-Fassetta G., Provensal M., 1999, « High frequency variations of water flux and sediment discharge during the Little Ice Age (1586-1725 AD) in the Rhône Delta (Mediterranean France). Relationship to the catchment basin », Hydrobiologia, 410, pp. 241-250. 70 - Miramont C., Guilbert X., 1997, « Variations historiques de la fréquence des crues et évolution de la morphogenèse fluviale en moyenne Durance (France du Sud-Est) », Géomorphologie : relief, processus, environnement, n° 4, pp. 325-338.

71 - Pavese M.P., Banzon V., Colacino M., Gregori G.P., Pasqua M., 1995, « Three historical data series on floods and anomalous climatic events in Italy », in R.S. Bradley, P.D. Jones (éd.), Climate since AD 1500, London, Routledge, pp. 155-170.

avalanches de Fontpédrouse (Pyrénées-Orientales) en janvier 1728 (14 maisons détruites, 9 victimes). Ainsi encore de la période 1780-1850 au sein de laquelle surviennent néanmoins sur la Garonne deux des plus grandes inondations répertoriées par le SMEPAG72 (1989), les 21 mai 1827 (4ème rang historique) et 30 mai 1835 (2ème rang), les avalanches de 1810 à Fontpédrouse (27 morts) ou de 1803 à Barèges (11 morts)… Mais ces événements restent isolés, malgré le bruit de fond des événements courants, et contrairement à ce que l’on observe lors des périodes de grande activité hydrologique et torrentielle (1750-1780 et 1870-1910), qui conjuguent à la fois plus grande fréquence, on l’a vu, mais aussi plus grande intensité des événements, donnant lieu à de véritables crises torrentielles.

Leurs caractères et leur déroulement ont été décrits (J.-P. Métailié, 1987, op. cité ; B. Desailly, 1990, op. cité ; J.-M. Antoine, 1992, op. cité ; J.-M. Antoine et al., 1993, 1995,

op. cités…), et récemment remis en perspective (J.-P. Métailié, 2006, op. cité ; J.-M. Antoine et al., 2011a, à paraître). Elles combinent des événements hydrologico-torrentiels de faible fréquence – généralisés à la chaîne pyrénéenne ou plus localisés –, la permanence d’une activité torrentielle plus courante, et enfin, d’autres phénomènes hydro-climatiques extrêmes (avalanches, glissement de terrain, grands froids et sècheresses…). Ces phénomènes se succèdent sur quelques décennies et se concentrent même parfois sur certaines années particulièrement funestes. Si on prend l’exemple de la crise de la fin du XVIIIème siècle, courant des années 1750 aux années 1780, elle est ainsi le siège :

- d’inondations catastrophiques généralisées à toute ou partie de la chaîne, telles celles de juin 1765 (du gave d’Aspe à la Têt et au piémont), d’avril 1770 (du gave d’Oloron à l’Ariège et au piémont) ou de septembre 1772 (du Gave d’Oloron à la Têt et au piémont)(73)

72 - SMEPAG, 1989, Monographie des crues de la Garonne (du Pont du Roy au Bec d’Ambès), 2 tomes.

73 - Sur bon nombre de cours d’eau du bassin de la Garonne, les inondations de 1770 et 1772 se placent souvent en 2ème position, généralement après celle de juin 1875, voire sont les plus catastrophiques connues. On notera aussi pour les bassins méditerranéens, ou sous influence méditerranéenne, que la fin du XVIIIème siècle est aussi le siège d’inondations parmi les plus grandes observées : celle d’octobre 1763 en Conflent et Vallespir (Pyrénées-Orientales) se place juste après celle d’octobre 1940, alors que celle de novembre 1766 sur le Tarn vient juste après celle de mars 1930.