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LEUR ENVIRONNEMENT

1 – CATASTROPHES ET EXPLOITATION DES MILIEUX

Le débat sur le rôle des sociétés dans le déclenchement, l’exacerbation ou l’entretien des phénomènes hydrométéorologiques extrêmes est ancien, dérivé de celui concernant l’impact des sociétés sur leur environnement. On peut le dater de la controverse entre J.-J. Rousseau et Voltaire à propos du séisme de Lisbonne en 1755 (cf. 1ère partie, chapitre 2). Ce débat prend ensuite du corps après la Révolution sous l’impulsion des ingénieurs des Ponts & Chaussées et, surtout, des Eaux & Forêts. L’argumentation dominante fait des sociétés agropastorales le principal facteur des phénomènes et le débat débouche notamment sur la promulgation des lois sur le reboisement et la restauration des montagnes (1860, 1864, 1882, 1913). Les géographes se sont néanmoins souvent placés à contre-courant des idées dominantes en la matière, alimentant notamment des années 1920 aux années 1940, une controverse les mettant aux prises avec les ingénieurs forestiers sur la question des effets du déboisement des montagnes et le rôle de l’homme dans ce

déboisement (Ph. Arbos, M. Pardé et R. Blanchard en particulier). Après la Première Guerre Mondiale, le positivisme et le scientisme triomphants d’une société moderne prométhéenne ont quelque peu rendu ce débat accessoire… avant qu’il ne resurgisse, d’abord timidement dans les années 1970-1980, notamment à propos des risques naturels en milieu urbain et périurbain19, puis plus franchement avec la déferlante du changement climatique dans les années 1990 (E. Guidoboni20, 1998). L’approche historique de la problématique contribue-t-elle à argumenter dans ce débat ?

1.1 – Evolution du risque torrentiel dans les Pyrénées et les Andes vénézuéliennes

Dès nos premiers travaux (J.-M. Antoine et al.21, 1985), a été posée la question du rôle de l’homme dans l’exacerbation de la torrentialité, notamment par la mise en valeur des milieux et les défrichements, avec des éléments à charge et à décharge : parmi les premiers, la concomitance dans la seconde partie du XIXème siècle dans les Pyrénées mais aussi les Alpes, de l’exploitation maximale des milieux montagnards et de ce que J.-P. Métailié (1988, op. cité) n’hésitera pas à qualifier de « crise d’érosion » ; parmi les seconds, la multiplication à partir des années 1970 des catastrophes torrentielles, avalancheuses ou géomorphologiques dans ces mêmes montagnes (Val d’Isère en 1974, Haute-Ariège en 1982…), à un moment où l’argument précédent était devenu caduc.

Le bassin versant du Haut-Salat offrait l’opportunité de mesurer l’impact des activités humaines sur la torrentialité, notamment par ses effets sur la couverture des versants : sujet à de graves inondations torrentielles en 1875, 1907, 1937 quand l’exploitation des versants était à son apogée, il a paradoxalement essuyé une nouvelle crue catastrophique en novembre 1982, comme l’ensemble des hautes vallées pyrénéennes, des Nestes jusqu’à l’Ariège, alors que ses versants avaient connu un abandon massif des activités agro-pastorales. La comparaison des cadastres napoléonien et actuel (en 1984) a montré des évolutions parfois surprenantes (Fig. 25 et 26).

19 - Voir à ce sujet le n° spécial consacré par les Annales de Géographie en 1995 à cette question (Annales de Géographie, t. 104, n° 581-582), et notamment pp. 119-147, la contribution de M. Ghio, « Les activités humaines augmentent-elles les crues ? » ; voir aussi Leblois E. (éd.), 1999, L’influence humaine dans l’origine des crues, Lyon, CEMAGREF, 116 p.

20 - Guidoboni E., 1998, « Human factors, extreme events and floods in the lower Po plain (northern Italy) in the 16th century »,

Environment & History, n° 4, pp. 279-308.

21 - Antoine J.-M., Audoux-Mallaviale Ch., Soula C., 1985, Evolution morphologique, historique et actuelle en montagne. Le cas de la

On observe d’abord, à l’échelle du bassin, que le phénomène de déprise agro-pastorale ne se traduit pas de façon homogène sur l’évolution de la couverture végétale (voir les classes d’occupation du sol sur la figure 26). La figure 25 montre par exemple que les 2/3 supérieurs des versants connaissent une dynamique d’enfrichement modérée, alors qu’immédiatement en dessous, une frange médiane enregistrerait au contraire, certes de façon également modérée, une dynamique de défrichement. On aurait là la traduction d’une dynamique de défrichement postérieure à 1848, plausible compte-tenu du maximum démographique atteint en 1861 et de la localisation de la zone concernée au sein du finage agro-pastoral, au contact des terroirs cultivés et de la forêt ou des estives. Malgré leur abandon actuel, les versants conserveraient la trace de cette courte période de mise en valeur accélérée, en raison d’une vitesse de reconquête végétale faible ou d’un effet de latence entre action anthropique et réponse phytogéographique.

Pic de Montaud (2456 m) Pic de Portanech Pic de Moustiry Mont Rouch d’Espagne Mont Rouch de France Pic des Rouges Pic de Montareing Cap de Ruhos Pic de Soubirou Soulane des Cougnets ESPAGNE ESPAGNE Dynamique d’enfrichement Dynamique de défrichement

Sections étudiées séparément Couverture végétale inchangée

4 3 2 1 0 1 2 3 0 500 1000 m Salau

Figure 25 – Le phénomène de « déprise » agro-pastorale dans le bassin versant du Haut Salat entre 1848 et 1984 (commune de Couflens, hameau de Salau ; comparaison des cadastres de 1848 et 1984)

A une autre échelle, au niveau de la frange altitudinale la plus basse du finage et la plus proche du noyau villageois, les évolutions sont toutes différentes (Fig. 26). Sur la soulane du ruisseau des Cougnets, les surfaces labourées qui occupaient par exemple environ 30% de l’espace en 1848 ont quasiment disparu en 1984, de même que les prés de fauche (de 50% à moins de 10%). En 1984, bois, taillis et landes occupent plus de 90% de la soulane, traduisant une fermeture quasi-totale des paysages. On a là une évolution de

l’occupation de l’espace et des milieux plus cohérente, liée à une démographie tendant vers l’abandon total de cette haute vallée par les hommes et les activités agro-pastorales.

Labours Prés de fauche Pâture Landes Broussailles ou taillis Bois

1848

1984

N

Torrent des Cougnets

Salau Le Sa lat 0 100 200 m 0 100 200 m Torrent des Cougnets

Salau

Le Sa

la t

Figure 26 – Evolution de l’occupation du sol sur la soulane des Cougnets entre 1848 et 1984 (commune de Couflens, hameau de Salau ; comparaison des cadastres de 1848 et 1984)

Plusieurs conclusions peuvent être tirées de cette comparaison à un siècle et demi d’intervalle. Les grandes crues torrentielles ayant affecté ce bassin versant à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle peuvent être mises en relation avec une mise en valeur agricole et pastorale des milieux ayant débouché sur une plus grande sensibilité des versants à l’érosion, en liaison avec une ouverture extrêmement rapide, en quelques décennies, de certains secteurs. Pour autant, ce facteur ne peut être convoqué lors de la forte crue torrentielle de novembre 1982 qui s’est développée dans des milieux au contraire en voie de reforestation et de fermeture avancées. Enfin, la déforestation et la sur-exploitation des milieux maintes fois évoquées, notamment dans les discours des forestiers, n’auraient été visiblement que ponctuelles, localisées, ne concernant que certaines franges altitudinales, voire certains secteurs précis (soulanes). Elles peuvent expliquer l’état de délabrement de certains versants pyrénéens (Vicdessos en Ariège, Haute vallée de la Pique en Haute-Garonne…), en proie à une érosion accélérée et sièges de phénomènes torrentiels

parfois catastrophiques. Mais il est plus difficile de les impliquer dans les très grandes crues survenues entre 1850 et 1900 dans les bassins des principaux cours d’eau du piémont pyrénéen (Ariège, Salat, Garonne, Nestes, Adour, Gaves…).

Un autre exemple de cet effet tout relatif des modes de mise en valeur des versants dans la dynamique torrentielle nous est donné par le cas de la haute vallée du Chama, dans les Andes de Merida au Venezuela (J.-M. Antoine22, 2011, à paraître). Au-delà de 1600 m – limite altitudinale de la caféiculture –, et jusque vers 3500 m, les versants des Andes vénézuéliennes ont été, à partir de la colonisation espagnole et malgré leur raideur, voués à la pomme de terre et aux pâturages, mais ont surtout constitué pendant près de quatre siècles la riche ceinture du blé (P. De Robert23, 2001). Au cours du XXème siècle, ces versants ont été en grande partie réaffectés à la culture fourragère (pasto) et au pâturage extensif après que les céréales et les farines étrangères aient fatalement concurrencé le blé local. Mais à partir des années 1980, parallèlement au développement de l’irrigation gravitaire et d’une demande intérieure urbaine très forte, ces versants sont à nouveau investis par des cultures à haute valeur ajoutée : fleurs et surtout légumes de type tempéré. Les versants anciennement à blé qui étaient retourné à l’état de pelouses (pastizales), de friches (chirividales) ou de landes arbustives (pajonales) plus ou moins pâturées, ont été à nouveau cultivés et remplacés par des terroirs maraîchers parfois jusqu’à plus de 3000 m (Fig. 27). On aurait pu imaginer qu’un tel changement d’affectation, induisant de longues périodes où le sol n’est pas ou peu couvert par un tapis végétal, aurait pu se traduire, en contexte climatique tropical de montagne, par des manifestations d’érosion superficielle. Or, cela ne semble pas être le cas, les soucis environnementaux de ces changements culturaux résidant plutôt dans la disponibilité de la ressource eau et dans la dégradation de la qualité des eaux et des sols liée à l’emploi massif d’intrants phytosanitaires.

22 - Antoine J.-M., 2011, à paraître, « L’homme et la pente en montagne ou la contingence d’une ressource », in J.-M. Antoine, J. Milian éd., 2010, La ressource montagne, entre potentialités et contraintes, à paraître chez L’Harmattan.

Figure 27 – Evolution de l’occupation des versants à Mucumpate entre 1985 (en bas) et 2005 (en haut) (La Toma, haute vallée du Chama, Andes vénézuéliennes)

(d’après des clichés de J.-C. Tulet-1985 et J.-M. Antoine-2005)

La région a bien connu une catastrophe majeure en février 2005 (vallée du Mocotiès, affluent du Chama situé plus à l’ouest dans la chaîne), mais il se trouve que les dégâts les plus importants ont été observés dans une zone où justement le maraîchage bien que présent est peu développé, et où les versants sont occupés en grande partie par la forêt, les pâturages et d’anciennes parcelles caféières aujourd’hui à l’abandon (E. Thévenin24, 2009) (Fig. 28).

24 - Thévenin E., 2009, Risque torrentiel et occupation du sol à Santa Cruz de Mora, Andes vénézuéliennes, mémoire de Master 1 de Géographie, J.-M. Antoine dir., Université de Toulouse-Le Mirail.

Figure 28 – L’occupation des versants dans la région de Santa-Cruz-de-Mora (bassin versant de la quebrada Mejia et versant rive gauche du Mococtiès) (E. Thévenin, 2009, op. cité)

Ces deux exemples (Pyrénées ariégeoises et Andes vénézuéliennes) montrent que, dans des contextes écologiques et socio-économiques pourtant très différents, le rôle des sociétés agropastorales dans le déclenchement des crues par leur action sur la couverture végétale au sol, doit être pareillement relativisé et nuancé, notamment en fonction des échelles spatiales considérées et de l’intensité des phénomènes hydrogéomorphologiques.

L’action négative de la mise en culture des versants est une réalité, mais une réalité locale qui influence peu la réponse hydrologique globale des bassins versants. Par ailleurs, il est admis aujourd’hui que les interventions humaines sur le couvert végétal ou les cheminements hydrauliques (déforestation, remembrement, drainage…) ont une influence certaine sur l’augmentation des crues de faible à moyenne intensité, mais que cette influence est quasi nulle sur les événements de grande intensité (V. Andréassian25, 1999).

25 - Andréassian V., 1999, « Analyse de l’action de l’homme sur le comportement des bassins versants et le régime des crues », pp. 47-65 in Leblois E. éd., 1999, op. cité).

Il est par contre indiscutable que l’occupation du sol influence grandement le risque global en augmentant les enjeux et la vulnérabilité dans les zones exposées. C’est ce que montre par exemple le cas de Saint-Béat (Fig. 29), dans la haute vallée de la Garonne pyrénéenne (P.A. Ayral26, 2000).

Figure 29 – L’évolution de l’occupation du sol dans le lit majeur de la Garonne à Saint-Béat (Haute-Garonne) (P.A. Ayral, 2000, op. cité)

L’habitat, et donc les vies humaines, les bâtiments commerciaux, touristiques ou agricoles, les infrastructures diverses (routières et touristiques) se sont ainsi multipliés dans la zone inondable entre le début du XIXème siècle et la fin du XXème. Malgré un niveau d’aléa sans doute moins élevé aujourd’hui face à une torrentialité qui s’est assagie sur les versants, le risque y est tout aussi fort que par le passé face à l’augmentation des richesses et des enjeux exposés. Au contraire, l’évolution de la couverture végétale et du risque avalancheux dans les couloirs dangereux des Pyrénées ariégeoises, nous montre l’influence certaine du mode de mise en valeur du territoire sur l’aléa avalanche.

26 - Ayral P.-A., 2000, Le SIG, un outil pour la gestion des risques naturels. Inondations, crues torrentielles et chutes de blocs à Lèz et

1.2 – Evolution du risque avalancheux dans les couloirs historiquement meurtriers des Pyrénées ariégeoises

Les Pyrénées ariégeoises ne sont pas le secteur le plus avalancheux de la chaîne. Elles ont néanmoins été le théâtre au cours de l’Histoire de plusieurs événements meurtriers, notamment lors des grands hivers avalancheux de 1770, 1895, 1853, 1877, 1906, 1939… Depuis plus d’un siècle, et contrairement par exemple aux sites torrentiels, ces couloirs ne se sont plus manifestés, tout au moins pas de façon aussi dramatique. Il semblerait qu’ici, le retour, au cours du XXème siècle, à la pelouse, la lande ou à la forêt de versants anciennement cultivés ou fauchés, ait pu réduire significativement, voire éliminer le risque avalancheux… et donc en négatif, que l’exploitation maximale des versants aux XVIIIème et XIXème siècles avait pu exacerber ce risque (M. Cazenave27, 2004).

Parmi ces sites, deux exemples permettent d’analyser l’évolution de la couverture sur les versants et de son impact éventuel sur les avalanches : le couloir du Remoul à Auzat (Fig. 30a), et celui de Carol sur la commune du Port (Fig. 30b). Ces deux sites présentent beaucoup de similarités :

des événements meurtriers : 2 mars 1853 (9 morts et 3 maisons emportées) au Remoul), 1858 (9 morts) et 1877 (14 morts) à Carol ;

une déforestation totale des versants occupés par des pâturages, des prés et des cultures au XIXème siècle ;

l’absence d’avalanche importante depuis le début du XXème siècle ;

un enfrichement et une reforestation déjà bien engagés dans les années 1940 sur les hauts versants, et gagnant 80 à 90% du versant à la fin du XXème siècle.

27 - Cazenave M., 2004, Que sont devenus les anciens couloirs d’avalanches dangereux dans les Pyrénées Ariégeoises ?, Mémoire de maîtrise de Géographie, J.-M. Antoine dir., Université de Toulouse-Le Mirail.

Figure 30a – L’évolution de l’occupation du sol dans le couloir avalancheux du hameau de Remoul (Auzat, Ariège) (M. Cazenave, 2004, op. cité)

Figure 30b – L’évolution de l’occupation du sol dans le couloir avalancheux du hameau de Carol (Le Port, Ariège) (M. Cazenave, 2004, op. cité)

Il semblerait donc bien que sur ces sites, l’accroissement du couvert forestier ait joué sur la fréquence, l’intensité et la nature des événements avalancheux. Les avalanches catastrophiques passées étaient généralement des avalanches de poudreuse, favorisées par

l’absence de frein végétal et surtout la présence de grandes zones d’accumulation sur des versants présentant peu d’aspérités (cultures, prés, pelouses). Aujourd’hui, ces surfaces se sont réduites, ne subsistant que sur les parties hautes des versants, les parties médianes et basses étant occupées par la forêt. Des coulées sont toujours observées mais elles sont la plupart du temps de neige lourde, mobilisant des volumes bien moins importants que par le passé. Elles empruntent les thalwegs au printemps ou lors d’un redoux marqué en hiver, et ne débouchent que rarement sur les cônes d’avalanche de fond de vallée.

Dans le cas du couloir du Remoul, on pourrait mettre en avant le succès de l’opération de reboisement conduite à partir de 1860 dans le cadre du périmètre RTM d’Auzat : les deux tiers supérieurs du versant sont ainsi couverts par des reboisements composés de pins sylvestres, mélèzes, épicéas et pins à crochets, qui se mêlent progressivement au boisement mixte de feuillus (hêtres, bouleaux, chênes rouvres…) du tiers inférieur. Le versant ne présente ainsi plus que quelques lambeaux de milieux ouverts : clairières infra-forestières, prés et landes à proximité du hameau. L’action humaine a donc directement contribué ici à la réduction de l’aléa.

Le cas du couloir de Carol est différent car, même si il a été entrepris en 1886, le périmètre RTM du Port a été abandonné en 1906. Le versant s’est pourtant beaucoup reboisé. Les deux tiers inférieurs sont occupés par une hêtraie et un bocage agro-pastoral rélictuel qui se ferme progressivement, alors que le tiers supérieur est occupé aujourd’hui par des landes denses. L’aléa avalanche s’en trouve ici aussi sensiblement réduit, surtout face aux avalanches de neige lourde, les avalanches de poudreuse étant toujours possibles, même si les volumes mobilisables sont plus faibles que par le passé compte tenu de la progression de la forêt vers les crêtes. L’action humaine a donc également contribué ici à la réduction de l’aléa, mais de façon indirecte, non par une intervention délibérée de reboisement mais par l’abandon des activités agro-pastorales.

On peut donc conclure que, dans le cas des avalanches, les pratiques de mise en valeur des territoires influencent donc sensiblement l’aléa : le réduisant au XXème siècle par des reboisements directs (périmètres RTM) ou spontanés et, on peut l’avancer avec quasi-certitude, l’exacerbant localement par une mise en valeur agro-pastorale exacerbée aux XVIIIème et XIXème siècles.

Les modes d’occupation du sol et d’exploitation des milieux ont donc des influences contrastées, selon l’aléa considéré, son intensité, les échelles spatiales prise en compte dans l’analyse. Dans le cas du risque torrentiel, la mise en valeur des versants peut localement avoir un impact sur la dynamique torrentielle, même si ses paroxysmes dépendent peu de cette mise en valeur. Dans le cas du risque avalancheux, l’impact est plus évident, et on peut considérer que, dans les Pyrénées, les grandes catastrophes passées du genre résultent, au moins en partie, d’une sensibilisation des versants par l’exploitation agro-pastorale. D’ailleurs, ne serait-ce qu’en Ariège, on peut avancer que de nombreux sites ayant connu des événements meurtriers ne posent plus aujourd’hui de problèmes, certains parce qu’il n’y a plus d’enjeux permanents, mais d’autres aussi parce que intensité et fréquence de l’aléa ont sensiblement diminué voire disparu face à la fermeture des milieux (sites d’Orlu, du versant de la ferme Laurens à Ax-les-Thermes, des hameaux de

Centraus à Siguer et de Faup à Seix…).