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Présentation du corpus d’analyse : quel objet analyser ?

4.1. La récolte de données

4.1.3. Un web corpus : le site du ministère de l’immigration français

Le corpus est un construit obéissant à un choix opéré dans la masse des textes existants. Ces textes existent mais leur nombre nous astreint à un choix difficile mais raisonné. Nous nous limitons aux énoncés publiés par le site du ministère de l’Immigration

français (www.débatidentitenationale.fr) .Un tel choix reposant sur le discours numérique a été privilégié au vu de l’abondance de la matière , le débat ayant suscité l’intervention de la quasi-totalité de la presse française .

Dans un premier temps, nous avons pris l’initiative de recueillir les données publiées dans les sites des principaux journaux français tels que (Le Monde, Libération, L’Humanité, Le Figaro).Par le biais du moteur de recherche Google, nous avons rentré le nom de chaque journal sélectionné afin d’obtenir l’adresse de son site. Par la suite, nous avons introduit les mots clés tels : français, débat identité , être français…Il fallait , pour nous , retrouver les articles concernant le débat sur l’identité lancé par le ministère de l’immigration.64

Figure 4.1 : Page du moteur de recherche Google consacrée au débat sur l’identité

Confrontés, dès le début, à la non-gratuité des articles de presse consultés, nous dûmes renoncer à poursuivre la collecte que nous avons déjà entamée, d’autant plus que la plupart des articles concernant le débat sur l’identité ne consistaient qu’à en décrire le contexte sociopolitique sans aborder le contenu sémantique relatif à notre étude. S’il est vrai

64 Cf.13.1

89

qu’un espace était réservé aux commentaires des lecteurs par quelques journaux 65sa taille

négligeable ne répondait pas aux préoccupations qui étaient les nôtres. Il faut rappeler que l’objet de notre analyse était le discours métalinguistique corollaire de la question posée par les initiateurs du débat « que signifie pour vous être français ? » Donc, il importait de recueillir le maximum de définitions de la notion « être français » et en étudier le fonctionnement discursif. De plus, la diversité des lignes éditoriales inscrites dans le paysage médiatique français induisait une forte subjectivité quant à la modération relative à la publication des avis des internautes66.Il aurait été judicieux de multiplier les sources discordantes du fait des positionnements et attitudes idéologiques des journaux pour toucher un large spectre de locuteurs comme il est d’usage dans certaines analyses : Thierry Guilbert (2005), E.Née (2007) , F.Hailon (2009). Ce traitement orienté des énoncés produits par les lecteurs de journaux et les internautes dans les multiples sites dédiés au débat n’apportait rien de nouveau par rapport au site officiel du ministère. La lecture des commentaires publiés par certains journaux en version électronique fait ressortir peu ou prou les mêmes opinions quant aux critères de la francité retenus par les internautes. Par exemple « Lepost.fr »67 publie le 26 janvier 2012 dans un article intitulé « qu’est-ce qu’être français » les réactions des lecteurs dont voici deux exemples :

65Cf. Supra et infra

66cf. en Annexe pages de journaux. 67Devenu depuis le Huffingtonpost.fr

Que des lois interdisent cela est indispensable. Cela fait 18 siècles que l'on fête Noël en FRANCE, je ne vois pas pourquoi on devrait supporter que des "importé" ou même des envahisseurs se permettent d'imposer leur idées et nous interdire nos traditions. Si les traditions judéo-chrétiennes ne leur plaisent pas qu'ils retournent d'où ils viennent.Naître en FRANCE ne fait pas de vous un Français! Ils finiront par nous interdire jambon, saucisson, cassoulet,

choucroute.En France on parle Français, on a des lois républicaines, les femmes ont des droits égaux aux hommes on peut si on le désire avoir ou ne pas avoir de religion, on peut si l'on le désire en changer sans courir le risque de se faire

Figure 4.2 : Page du journal électronique (Lepost.fr)

Dans l’extrait n°1 , on relève deux champs lexicaux opposés , celui de la religion chrétienne et ses valeurs et de la laïcité républicaine qui ont toujours fait la France ,et de l’autre celui d’une « culture d’importation » de valeurs étrangères se manifestant par

« Mariages forcés, excision, polygamie, asservissement de la femme ».C’est la définition du droit du sang opposée à celle du droit du sol qui laisse deviner l’appartenance politique de

son auteur.

Quant à la seconde définition dont le locuteur (cipria 33) décline une origine étrangère mal acceptée par la société d’accueil. Sa conception de la francité par le droit du sol s’inscrit en creux dans le discours développé dans cet énoncé.

cipria33 le 06/11/2009 à 10:54

Née en France il y a 37 ans, et d'origine marocaine, de nationalité française, on me rappelle de temps à autre qu'une carte d'identité française ne fera jamais de moi une française !!!!! C'est ce que beaucoup de gens typés vivent au quotidien, par les contrôles policiers , la discrimination à l'embauche ...Ce débat ne changera rien dans les mentalités, car tout ce qui est différent n'est pas réellement français !!!!!!!!

Ces extraits sélectionnés parmi tant d’autres reprochent à la France son intolérance. D’autres sites tels l’institut Montaigne,la Ladh de Toulon pour ne citer que ceux-là ne dérogent pas à la règle.

Un autre journal en ligne, le Parisien datant du le 2 novembre 2009, aborde le thème de l’identité réservant un espace pour les réactions de ses lecteurs en publiant un article intitulé : « Identité nationale : le cyber-débat est lancé ».

Figure 4.3 : Commentaires des lecteurs du journal « Le Parisien » sur la notion d’identité.

Le locuteur n° 1 sous le pseudonyme « Cro-Magnon68 » , « Marc » et « Pat » sont pour une définition de l’identité fondée sur le jus sanguini (droit du sang) .Pour « Cro- Magnon » être français , c’est avoir des ancêtres français qui ont payé leur dettes vis-à-vis de la patrie par leur sang versé « se sont battus pour la France » et par leur labeur « verser les

impôts ». Cette définition dessine en creux le portrait du nouveau débarqué qui ne contribue

en rien à la grandeur du pays d’accueil.

Avec la devise « Travail, Famille, patrie 69» Marc marque tout de suite son penchant pour les valeurs la droite française. Quant à Pat, elle définit le Français par défaut puisqu’elle esquisse le portrait de l’anti-français , celui qui n’aime pas la France en adoptant la double nationalité et ne sait pas chanter la marseillaise .Ce type d’énoncé que nous avons classé dans la catégorie « formation discursive de la droite » dans notre analyse se retrouve de façon récurrente dans notre corpus.

Le locuteur n°2 « un passant » tout comme « Serge » discute de l’opportunité du débat sur l’identité. Son énoncé constitué d’un ensemble d’interrogations rhétoriques semble répondre aux appréhensions de ceux qui s’opposent au débat. Ce type de positionnement se retrouve dans les textes déposés dans le site gouvernemental où les locuteurs se prononcent sur l’opportunité du débat et que nous avons traité dans la partie pratique (Partie III).

Il aurait été préférable d’opter pour d’autres sites afin de s’assurer un minimum de neutralité, mais après avoir consulté deux grands sites consacrés au débat ( L’Institut Montaigne et le site de la LADH de Toulon) 70, il s’avéra que notre souci d’objectivité se heurtait à l’engagement politique et au positionnement idéologique de leurs promoteurs. En effet , le site de l’Institut Montaigne qui a organisé un débat des personnalités publiques définissent l’identité publie un ouvrage collectif diversement accueilli par les critiques selon leur obédience politique. Par exemple, dans l’extrait suivant relevé dans le blog « lesorbonnard », l’ouvrage publié par l’Institut Montaigne est critiqué pour son manque d’objectivité :

69Devise officielle du gouvernement de Vichy qui a remplacé durant un temps la devise de la République

« Liberté, égalité, fraternité » sur les pièces de monnaie (loi du 10 juillet 1940) .

Figure 4.4 : Blog commentant les résultats du sondage effectué par l’Institut Montaigne. Figure 4.3 : Commentaires des lecteurs du journal « Le Parisien » sur la notion d’id De plus, les énoncés publiés par les sites consacrés au débat dénotent une hétérogénéité du discours que nous retrouvons dans le site même du ministère de l’immigration français. Ainsi, opter pour un corpus hétérogène ouvert puisés dans d’autres sites , n’apporterait guère de nouveaux éléments pour l’analyse .