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Un nouveau rapport avec l’objet qu’est le livre

Chapitre II : Le nouveau rapport du lecteur au livre

C) Un nouveau rapport avec l’objet qu’est le livre

• Un outil qui prône la facilité

Comme nous venons de le dire, le lecteur s’est créé un nouveau lien et rapport avec l’objet numérique, cependant ce dernier ne se veut pas du tout charnel mais davantage un lien qui prône une certaine forme de facilité et de simplicité. C’est d’ailleurs ce que nous avons pu remarquer dans la totalité de nos entretiens, l’avantage du support numérique est la simplicité d’emporter un nombre incalculable d’ouvrages dans un seul support :

« Et que peuvent être selon vous, les avantages de ces supports ? Les avantages, de ce que j’entends, un avantage objectif ça peut être de stocker pas mal de livres, toute une bibliothèque en fait, dans sa liseuse, dans son ordinateur. Ouais, le stockage, c’est le seul que je vois.182 »

« La capacité c'est-à-dire un e-book comme une tablette, un e-book peut emmagasiner 2000 livres quelque chose comme cela, dans les appareils les plus récents, et cela augmentera encore sûrement, la quantité forcément ça n’arrête pas, et puis sinon la tablette et tout ce que vous voulez c’est l’accès à Internet donc ça ouvre à des ressources, pas infinies, mais considérables par rapport à l’encombrement du livre papier183. »

« Il peut stocker des centaines de livres au même endroit dans un truc qui tient dans la poche184. »

Force est de constater que l’individu préfère le confort du livre papier mais donne l’avantage sur la facilité, le stockage et la portabilité du support numérique. Ce dernier est un outil qui se veut de plus en plus facile d’utilisation et aussi intuitif,

181 Ibid., p.175.

182 Annexe V, Entretien lecteur n°1 Aurélien G.

183 Annexe VI, Entretien lecteur n°2 Daniel R., sur la question des avantages des différents supports

numériques.

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ainsi c’est une pratique rapide et facile car elle est entrée dans la norme culturelle de la société d’aujourd’hui.

L’individu entretient donc une relation autre qu’un rapport charnel avec ce genre d’outil. C’est une pratique quotidienne, un usage de l’outil qui se veut régulier et automatique car présent dans la vie de tous les jours et à porter de main.

« Pratique comme je disais c’est stocker beaucoup au même endroit pour pouvoir lire à n’importe quel moment de la journée. Mon téléphone je l’ai toujours sur moi, un livre je peux l’oublier ou ne pas penser à le prendre puis avoir un moment devant moi alors que mon téléphone je l’ai tout le temps. Et agréable, le toucher, pouvoir revenir en arrière plus facilement. Je ne sais pas, ça ne s’explique pas, c’est le feeling185. »

C’est donc un nouveau lien avec le support numérique qui se créé, la portabilité, la praticité sont vraiment les atouts premiers dans ce genre d’outil, néanmoins, on remarque qu’au travers des différents entretiens un nouvel élément s’ajoute : celui du design.

• Une attirance pour les nouveaux outils de communication

En effet, l’apparence de l’outil joue énormément dans le choix du support numérique, on observe que l’individu semble, toujours plus, attiré par la beauté de l’outil bien avant la praticité ou l’utilisation :

« Pensez-vous qu’on puisse comme avec l’objet papier, avoir un

rapport charnel avec ce genre d’outil, ce genre de support numérique ?

Avec Macintosh !

Et pourquoi du coup avec Macintosh ?

Oh ben Macintosh c’est l’aristocratie, y’a pas photo. Ca se caresse un Macintosh, c’est pas le même rapport à l’intelligence, c’est un rapport plus charnel plus précisément, c’est connu, c’est archi connu ça. C’est moins codifié, c’est moins mathématique, c’est plus du touché, et puis c’est beau. Cela dit, je ne suis pas passé à l’Iphone, parce que là je sens l’arnaque, et puis le système Apple tout ça, j’ai pas voulu mettre les pieds là dedans186. »

« Avant j’aurais dit non, mais depuis que j’en ai une ça a changé parce que mon Kobo je l’aime bien, le dos est tout doux, la manière de tourner les pages c’est agréable, l’écran ne va pas tourner quand je tourne le livre, et les livres quand je suis allongée on ne peut pas lire cette page là facilement quand on est allongé sur le côté alors

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Annexe VII, Entretien lecteur n°3 Manuelle R. sur la question « Qu’est-ce qui vous semble pour

vous le plus pratique et le plus agréable : le support papier ou le support numérique ? »

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qu’avec un Kobo on peut, c’est bête mais c’est très important pour moi qui aime lire dans toutes les positions possibles et imaginables. Finalement je l’adore aussi et je n’en changerai pas187. »

Ainsi, dans la société actuelle, l’individu semble toujours plus attiré par les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication et par ses nouvelles pratiques : Internet, l’ordinateur portable, les smartphones, les jeux en lignes ou encore les dernières consoles en sont vraiment l’illustration.

Dans le support numérique de lecture, ce n’est plus l’ouvrage qui intéresse mais l’outil lui-même. Le lecteur s’intéresse à la marque, au design et à l’ergonomie du support, plus ce dernier est pratique, beau et de qualité plus il sera acheté et utilisé. C’est exactement ce qui se passe avec l’Iphone de la marque Apple, bien sûr c’est un outil de qualité mais c’est surtout parce que la marque a de la notoriété, de la visibilité et un certain design qu’elle est appréciée et achetée…L’individu fait confiance en une marque et Apple est l’exemple parfait.

Il n’y a donc pas de rapport sentimental avec l’outil de lecture numérique. Le support est un support cependant ce n’est pas n’importe lequel. En fonction de chaque lecteur, l’outil est important, mais ne l’est pas forcément pour les mêmes raisons. Ainsi, ce peut être parce que c’est la marque à acheter, une autre parce que l’outil est beau et facile dans la pratique, ou encore cela peut être parce que l’utilité première n’est pas d’être un support de lecture, l’individu l’utilise car c’est un objet utile au quotidien, tel que le téléphone par exemple. L’individu a donc un rapport qui lui est propre avec l’outil numérique qu’il utilise, cependant le but commun est le même : la lecture.

Ainsi, chaque individu est associé – en fonction de son outil numérique – à une activité, lui permettant d’être inclus à un groupe, une communauté.

• Appartenir à une communauté

L’outil de lecture numérique est un support moderne grandissant, nous pouvons constater que de plus en plus d’outils sont crées chaque jour à cet effet. L’engouement pour ces derniers est dû comme nous l’avons dit précédemment à un intérêt grandissant pour les nouveaux moyens et outils technologiques de l’information et de la communication. Cet intérêt est dans un premier temps un signe de curiosité mais aussi – et même majoritairement – un signe d’imitation. L’être humain est curieux de ces outils car il voit d’autre membres et individus les utiliser. C’est donc un usage par imitation qui lui permet de pouvoir être inclus dans une communauté, un groupe défini.

L’individu pour exister et se faire respecter en tant que tel a besoin de faire partie d’une communauté pour pouvoir communiquer avec d’autres. Ainsi, le support numérique permet d’entretenir cette relation avec l’extérieur et de pouvoir partager sa ou ses lectures.

Cependant, pour être membre d’une communauté telle que les outils numériques, ce dernier doit avoir les mêmes connaissances et aptitudes sur le sujet et la pratique car sans ces dernières il ne peut être intégré à un groupe. Ainsi, l’outil numérique

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dessine un aspect négatif quant à l’appartenance au sein d’une communauté car contrairement au support papier, la connaissance du support électronique – malgré son omniprésence – dans notre société n’est pas encore connue de tous. Le support papier, malgré son désintérêt du fait de l’avènement du numérique permet à n’importe quel individu – du moment que ce dernier sache lire – de faire partie d’un groupe. La lecture est alors une connaissance commune à tous, à l’inverse du support numérique. C’est d’ailleurs ce que nous avons pu constater dans certains de nos entretiens : à partir d’un certain âge, la connaissance informatique diminue, non pas que cette dernière soit interdite à ces individus mais parce que la différence de génération fait que cette connaissance numérique n’est pas forcément courante.

« Avez-vous connaissance de l’évolution et du développement de

la numérisation du livre ?

Nan pas trop.

Pouvez-vous m’expliquer ce que vous en savez ?

Je n’en sais que très peu de choses. Je sais qu’il y a des livres en ligne qui vont s’étendre de plus en plus je pense mais c’est tout188. » A l’inverse, on constate que chez les jeunes, la connaissance et la pratique littéraire par le biais du support papier n’est pas forcément une pratique quotidienne :« Ca peut être un support intéressant pour les jeunes générations parce que justement c’est difficile de faire lire quelque fois les jeunes189 […] » Ainsi, le support numérique pourrait permettre un attrait et un intérêt de la lecture par le biais d’outils numériques – telles que les tablettes ou les liseuses – qui se veulent davantage ludiques et interactifs que le support papier.

« […] justement dans mon domaine dans l’éducation spécialisée, j’ai pu travailler sur des supports numériques en lecture avec des jeunes, c’est vrai que des fois pour certains le fait que ce soit numérique devient pour eux ludique alors que ça va être le même texte que sur du papier mais ça paraît ludique190. »

De ce fait, le manque d’information chez l’un et le manque d’intérêt chez l’autre pourrait par le biais du support numérique être alors intégré au sein d’une communauté, chacun apportant son intérêt et sa connaissance à l’autre. On pourrait alors imaginer une « entraide » d’apprentissage : l’un donnant ses connaissances et son intérêt pour la littérature à l’autre qui lui apporterait sa pratique numérique.

188 Annexe XI, Entretien lecteur n°7 Pascale B.

189 Annexe XI, Entretien lecteur n°7 Pascale B. sur la question « Quel est votre point de vue sur le

sujet ? » en lien avec la question sur la connaissance de l’évolution et du développement de la numérisation du livre.

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Sommes-nous utopistes ?

Peut-on réellement vivre dans une communauté qui pourrait allier l’ancien et le moderne ? Cela peut-il être réellement possible ?

Il ne faut négliger aucune possibilité car ne l’oublions pas la fin du livre papier cannibalisé par l’outil numérique n’est peut être pas impossible…

III) Vers une cohabitation possible du papier et du numérique ?

Cette dernière partie de notre chapitre nous amène à nous poser la question de l’avenir du livre papier. En effet, comme vu tout au long de notre recherche, le support et l’outil numérique se veulent de plus en plus importants dans la vie quotidienne des individus. Nous pourrions alors nous demander s’il est réellement envisageable que ces derniers se substituent au livre papier et qu’une lecture numérique unique soit possible.