• Aucun résultat trouvé

Chapitre I : Les nouvelles formes d’écriture, vers un changement du statut

D) Situation future de l’écrivain ?

La mutation du statut de l’écrivain amène réellement à se questionner sur sa situation future. Ainsi, les nouvelles technologies donnent lieu à une reconsidération totale de son statut et amènent réellement à le redéfinir.

• Une reconsidération du statut d’écrivain

La partie ci-dessus nous a présenté une nouvelle forme d’écriture prenant en compte et présentant un nouveau profil d’écrivain : l’internaute. Ce constat reconsidère la place et l’importance du statut d’écrivain dans notre société future.

106 SCHMITT Amandine, « Ecrire pour Twitter, c’est comme faire des mots croisés » dans,

LE NOUVEL OBSERVATEUR, [http://tempsreel.nouvelobs.com/vu-sur-le-web/20140313.OBS9639/ecrire-pour-twitter- c-est-comme-faire-des-mots-croises.html], 13 mars 2014, consulté le 25 mai 2014, non paginé.

107 Annexe III, Entretien auteur n°2 Benoît Conort, sur la question « Pouvez-vous me donner une

Va-t-on réellement vers une disparition du statut de l’écrivain ?

Cette notion de collaboration, de partage d’information et d’un accès à l’investissement de la langue peut-elle être reconsidérée ?

Cette partie nous amène à nous poser de nombreuses questions sur le devenir de cette profession. Même si cette réflexion ne touche pas directement notre problématique générale sur les nouvelles formes d’écriture, il nous semble important de pouvoir exposer notre point de vue car on constate que le problème est réellement lié à la question des nouvelles technologies.

Ainsi, tout au long de notre recherche, nous avons pu remarquer que l’internaute est de plus en plus présent sur la sphère littéraire, à travers les blogs, les différents sites dédiés à la littérature ou tout simplement en étant présent sur les réseaux sociaux, en partageant de l’information littéraire.

Les nouvelles technologies permettent alors de faciliter cet accès à la littérature et surtout à l’écriture donnant alors une chance et une opportunité aux internautes de pouvoir aussi s’exprimer dans leur écriture au travers de l’avènement du numérique.

Peut-on alors envisager que tout le monde puisse devenir un jour ou l’autre écrivain ? Le numérique facilite-t-il un accès à cette profession ?

On peut alors se questionner réellement sur ce point là, puisqu’il semble que le numérique nous amène vers une fin du statut d’écrivain.

Cette figure est-elle en train de disparaître au profit d’une nouvelle situation ? Comme une sorte d’ouverture de la profession à tous ?

• Vers un statut de l’écrivain fonctionnaire ?

Force est de constater que de plus en plus de personnes – et notamment un public jeune – veulent avoir une expérience de et dans l’écriture. Cependant, cette situation de l’écrivain n’est pas forcément la meilleure condition professionnelle qu’il y ait dans notre société française. C’est d’ailleurs ce que nous explique Benoît Conort :

« Je pense que c’est un très grand courage d’obtenir cette identité très floue de l’écrivain je pense à des gens comme Valerie Rouzeau, Jean-Michel Espitallier, Franck-André Jamme, qui ont parfois eu un métier et qui l’ont quitté, ils se sont consacrés à écrire, et vivent difficilement, même quand ils ont du succès108. »

Peut-on alors envisager un nouveau statut de l’écrivain ? Un statut d’écrivain fonctionnaire ?

108

En effet, la question du renouvellement du statut de l’écrivain semble être importante dans notre société d’aujourd’hui. L’écrivain est en pleine reconsidération et il semblerait que le projet d’un statut « écrivain fonctionnaire » puisse connaître le jour : des études pour devenir écrivains sont alors envisagées. Nous pourrions alors émettre l’hypothèse qu’en créant ce statut, la situation dans le monde littéraire pourrait alors évoluer et se développer. Nous pourrions alors être face à une profession qui serait assurée et qui permettrait et laisserait – aux professionnels littéraires – la possibilité de pouvoir exercer leur métier normalement, et non en ayant une autre activité à côté.

Mais en réalité cela est-il vraiment possible ?

Peut-on donner un statut d’écrivain à quelqu’un qui n’a encore jamais écrit ?

L’activité d’écriture est la seule qui n’ait jamais été touchée par la professionnalisation, comme si l’écriture n’était pas accessible à tous. Ainsi, elle est un métier d’apprentissage où il n’existe aucun enseignement. Seule l’écriture forge à l’écriture.

De leurs côtés, la musique, le chant, le théâtre ou encore la danse, sont des professions artistiques – tout comme l’écriture – qui sont présentes dans diverses écoles et qui sont ainsi enseignées à des personnes qui souhaitent en faire leur métier.

Pour que subsiste la littérature et qu’elle ne disparaisse pas au profit des nouvelles technologies, ne peut-on pas envisager un diplôme d’écrivain ? C’est d’ailleurs le pari de certaines écoles en France qui souhaitent pouvoir former des étudiants à cette profession. Ainsi, en septembre 2013 l’Université Paris 8 a lancé le Master « création littéraire109 » qui forme toute personne voulant travailler sur le projet d’une création littéraire.

Le constat est tel : le numérique est responsable de cette mutation, ce dernier permet une plus grande visibilité et agrandit ainsi la famille d’écrivain. Nous nous retrouvons avec divers auteurs qui ont tous, plus ou moins, des niveaux d’apprentissage d’écriture.

Mais à l’heure du numérique peut-on encore réellement donner une définition de ce qu’est l’écriture professionnelle et donc de juger ce qui semble l’être ou non ? Sommes-nous réellement en train de perdre cette profession du fait de l’avènement du numérique ou au contraire le numérique peut-il améliorer la situation ?

109

• Le numérique peut-il améliorer la situation ?

Le numérique semble être un outil d’amélioration de la situation de l’écrivain, non pas en supprimant le papier et les écritures traditionnelles mais il se doit d’apporter ce que le papier ne peut faire.

Le papier et le numérique doivent alors se compléter pour que le statut de l’écrivain puisse continuer d’exister.

Comme Internet permet une meilleure diffusion des écrits, on peut émettre l’hypothèse de la création d’une nouvelle situation de l’écrit et de son maître. Ainsi, les nouvelles technologies peuvent alors apporter un nouveau profil d’écrivain – davantage basé sur les nouvelles technologies – qui peut alors se compléter à la figure traditionnelle.

Il ne faut donc pas voir le numérique et les nouvelles formes d’écriture comme une zone d’ombre et pessimiste dans l’univers littéraire. Il faut pouvoir puiser dans les ressources de ces nouvelles technologies ce qui permettrait à l’écrivain de se moderniser et de rester présent dans le milieu..

Le livre est un objet vecteur d’innovation, il est en perpétuelle évolution et ne peut donc être considéré comme un objet figé. Le numérique est alors un des outils qui permet la mutation de l’objet traditionnel et c’est donc pour cela que nous pouvons dire qu’il permet une amélioration de la situation.

Amélioration ?

Il est sans doute encore trop tôt pour le dire mais ce qui est sûr c’est que les nouvelles technologies sont une aide précieuse et réelle quant au statut de l’écrivain et des nouvelles formes d’écriture qui l’accompagnent.

Ainsi, le numérique a pris une place considérable et importante dans l’univers de l’écriture littéraire et est aujourd’hui une partie intégrante de ce secteur.

Les nouvelles technologies sont omniprésentes et interviennent dans l’ensemble de la production littéraire, on ne peut donc les dissocier du statut de l’écrivain…

En guise de conclusion, nous pourrions donc faire le constat que l’avènement du numérique et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication dans le milieu littéraire apportent au statut de l’écrivain des modifications.

Modifications dans un premier temps de son écriture : l’omniprésence des nouvelles technologies reconsidère en tout point le rapport que l’écrivain a avec son texte. D’une écriture solitaire et silencieuse notre professionnel passe à une écriture interactive et publique, le numérique lui servant d’outil prégnant.

Entouré de ces nouvelles technologies, son rapport aux pratiques d’écriture et à son savoir se voit muté, modifiant à leur tour son statut…

Le web et ses nombreux supports et formats d’écriture amènent à reconsidérer le statut et la situation de l’écrivain dans notre société actuelle. Force est de constater que de nouveaux profils se dessinent redéfinissant de ce fait la profession.

Les différents entretiens réalisés durant notre recherche anthropologique nous ont amené à constater que l’écrivain est en pleine évolution et que sa situation future est alors à repenser. De par ces nouvelles écritures, nous pouvons alors nous demander où en est le support de lecture.

Que doit-on penser de l’objet livre connu de tous ?

Si l’écriture se voit modifiée, pouvons-nous dire la même chose de la lecture ?

C’est ce que nous tenterons de voir dans un second et dernier chapitre : « le nouveau rapport du lecteur au livre. »