12.5 Discussion autour des problèmes d’extensions
12.5.2 Un contre-exemple
Pour conclure cette discussion sur ces problèmes d’extension de formes
plu-ricanoniques, on se propose de montrer sur un exemple que les conditions de
positivité surLdans le théorème 12.2.1 ne peuvent être affaiblies. Sur l’exemple
en question, les fibrésLetL−Ssont mêmenef (en particulier pseudo-effectifs)
et l’application de restriction n’est en aucun cas surjective. Cette construction
est en partie extraite de [DPS94] :
Soit E une courbe elliptique et V l’unique fibré de rang 2 sur E obtenu
comme extension non scindée du fibré trivial par lui-même :
0−→OE −→V −→OE−→0.
En particulier,V est numériquement plat :c
1(V) = 0etc
2(V) = 0. Considérons
alors la surfaceX=P(V)et la sectionS=P(OE)⊂X du réglageπ:X −→E.
Il est aisé de vérifier queS satisfait aux égalités suivantes :
S
2= 0, OX(S) =O
P(V)(1), et OS(S) =OS.
D’autre part, le fibré canonique deX est donné par :
On choisit alors pourLle fibré en droites :L=OX(2S) =O
P(V)(2). CommeV
est numériquement plat, il estnef comme fibré vectoriel et ainsi
L−S=OX(2S)−OX(S) =O
P(V)(1)
est également nef. Or, comme
K
X+L+S=OX(−2S) +OX(2S) +OX(S) =O
P(V)(1)
K
S+L
|S= (K
X+L+S)
|S=OS(S) =OS,
l’application de restriction (pourm≥1) :
H
0(X,O
P(V)(m))'H
0(X, m(K
X+S+L))−→H
0(S, m(K
S+L))'H
0(S,OS)
est en fait l’application nulle. Elle n’est,a f ortiori, pas surjective.
Remarque 12.5.1
Dans [DPS94], le fibréLest un exemple de fibré en droitesnef qui n’est
cepen-dant pas hermitien semi-positif (i.e. Ln’admet pas de métrique lisse à courbure
positive ou nulle).
Annexe A
Deux lemmes de théorie des
groupes
Commencons par un premier résultat concernant les groupes presque
abé-liens ; on rappelle qu’un groupe est dit presque abélien (ou virtuellement abélien)
si il possède un sous-groupe d’indice fini qui est abélien.
Lemme A.0.1
Soit une suite exacte de groupes :
1−→F −→G−→
πH −→1
avecF un groupe fini,Gde type fini etH presque abélien. Dans cette situation,
Gest également presque abélien.
Démonstration :
On peut supposer queH 'G/F est abélien (et ceci n’affecte pas l’hypothèseG
de type fini). De plus, la conjugaison donne un morphisme c : G−→Aut(F)
de noyau d’indice fini dans G. Quitte à remplacerGpar Ker(c), on peut donc
supposerF abélien et central dansG. Si on poseN =card(F), on note
abusi-vement N : H −→ H la multiplication parN (H étant abélien, l’application
N est bien définie) ; soit alors :He =Im(N) =N·H. PuisqueGest de type fini,
H l’est également et ceci entraine en particulier queHe est d’indice fini dansH
et Ge=π
−1(He)est donc également d’indice fini dansG. Pour conclure, il suffit
de remarquer que l’application :
½
G×G −→ F
(x, y) 7→ [x, y] =xyx
−1y
−1est bien définie et passe au quotient (carF est central dansG) en :
cm : H×H −→F.
Or, si (g, h) ∈He, on a clairement : cm(g, h) = 0 (He =N·H). On en déduit
alors immédiatement que Geest abélien.¤
fon-condition suffisante de commensurabilité. Dans le lemme suivant, la
terminolo-gie groupe de surface désigne le groupe fondamental d’une surface de Riemann
compacte :
Lemme A.0.2
Si on a une suite exacte de groupes :1−→N −→G−→H −→1 avec N fini
etH un groupe de surface, alors Gest commensurable àH.
Démonstration :
Si on a une telle suite exacte :1−→N −→G−→H−→1avecN fini etH un
groupe de surface, on peut tout d’abord se ramener àNcentral dansG. En effet,
l’action par conjugaison de Gsur N définit un morphisme c:G−→ Aut(N);
G
1=Ker(c)est un sous-groupe d’indice fini de G(donc commensurable àG)
et en posantN
1=N∩G
1etH
1l’image deG
1dansH, on obtient une nouvelle
suite exacte : 1 −→ N
1−→ G
1−→ H
1−→ 1 et comme H
1est clairement
d’indice fini dans H, c’est encore un groupe de surface. On supposera donc
dorénavant l’extension1−→N −→G−→H −→1 centrale.
Mais les extensions centrales de H parN sont classifiées par le groupe de
cohomologieH
2(H, N)et une telle extension est représentée par la donnée d’un
élémentξ∈H
2(H, N). Si on peut exhiber un sous-groupeH
0d’indice fini dans
H tel que ξk
H0soit trivial, l’extension correspondante à H
0sera scindée et, a
fortiori,Gsera commensurable àH. De plus, comme on a supposéNabélien (et
fini), on sait queN est un produit direct de groupes cycliques et pour simplifier,
on supposera désormais que N =Z
mest cyclique d’ordre m. On a alors une
suite exacte courte :
0−→Z−→
·mZ−→N−→0
qui donne une suite exacte longue en cohomologie :
· · · //H
2(H,Z)
·m//H
2(H,Z) //H
2(H, N) //H
3(H,Z) //· · ·
Mais H = π
1(C) (où C est une courbe de genre ≥ 1) et comme C est un
espace K(H,1), on en déduit que : H
∗(H,Z) 'H
∗(C,Z) e de même pour la
cohomologie à valeurs dans N; en particulier,H
2(H,Z)'Zet H
3(H,Z) = 0.
Comme on peut également écrire cette suite longue pour C
0revêtement deC
de degrém(ça existe), on obtient le diagramme suivant :
· · · //H
2(C,Z)
²
²
·m//H
2(C,Z)
²
²
/
/H
2(C, N)
²
²
/
/0
· · · //H
2(C
0,Z)
·m//H
2(C
0,Z) //H
2(C
0, N) //0
Mais comme C
0−→ C est un revêtement (étale) de degré m, l’application
H
2(C,Z)−→H
2(C
0,Z)est clairement la muliplication parm, d’où :
· · · //Z //
·m²
²
Z
·m²
²
/
/H
2(C, N)
²
²
/
/0
· · · //Z
·m//Z //H
2(C
0, N) //0
et de l’exactitude de ce diagramme, on tire facilement que la flèche :H
2(C, N)−→
H
2(C
0, N) est identiquement nulle. Si H
0= π
1(C
0), on a donc bien : ξ
kH0et
l’extension correspondante est scindée.
On constate également que cette démonstration s’adapte au cas oùN est un
groupe abélien fini. En effet,N est alors un produit direct de groupes cycliques
et il suffit alors de remplacerZparZ
r(oùrest le nombre de facteurs dans la
décomposition de N) et d’effectuer les opérations facteur par facteur.¤
Annexe B
π
1
-orbifolde d’une fibration
Nous donnons en appendice les démonstrations des énoncés concernant les
groupes fondamentaux orbifoldes.
B.1 Démonstration de la proposition 5.3.1 :
Les notations sont celles de la section 5.3. Dans la suite, on notera Y
∗=
Y\ |∆|etX
∗=f
−1(Y
∗); siD
jest une composante de|∆|, on notera :
f
∗(D
j) =X
km
jkD
jk+R
jetγ
jkdésignera encore un petit lacet autour deD
jk. On a alors :f∗(γ
jk) =γ
mjkj
.
On a alors un diagramme commutatif :
π
1(F)
k∗//π
1(X
∗)
j∗²
²
f∗//π
1(Y
∗)
²
²
/
/1
π
1(F)
i∗//π
1(X)
f∗//π
1(Y) //1
où les flèches verticales sont induites par les inclusions et oùkest l’inclusion de
F dansX
∗. De plus, la première suite horizontale est maintenant exacte :
π
1(F)X
∗=Ker(π
1(X
∗)
f∗→π
1(Y
∗)).
Pour vérifier que l’on peut bien définir un morphisme
f
∗:π
1(Y /∆
∗(f))−→π
1(X)/π
1(F)X,
il suffit de montrer que tout relèvement de γ
m∗jj
dans π
1(X) est en fait dans
π
1(F)X. On va tout d’abord exhiber un relèvementα∈π
1(X
∗)deγ
m∗jj
vérifiant
j∗(α) = 1dansπ
1(X). En effet, commem
∗j
=pgcd
k{m
jk}, on sait (théorème de
Bezout) qu’il existeu
jk∈Ztels que :P
ku
jkm
jk=m
∗j
. En posantα=Q
kγ
ujk jk,
on a alors :
f∗(α) =Y
kf∗(γ
jk)ujk=γ
P kujkmjk j=γ
m∗j j.
Or, chaqueγ
jkest un petit lacet dans X
∗donc peut être contracté dansX et
on a donc bienj∗(α) = 1dansπ
1(X).
Soit alorsβ ∈π
1(X
∗)un autre relèvement deγ
m∗jj
; on a donc :
f∗(β) =γ
mjj
=f∗(α).
L’exactitude de la première suite horizontale dans le diagramme ci-dessus
en-traîne que βα
−1∈ π
1(F)X
∗d’où : βα
−1= k∗(²) avec ² ∈ π
1(F). En
appli-quant j∗, on a alors : j∗(β) =j∗(k∗(²)) =i∗(²), ce qui signifie exactement que
j∗(β)∈π
1(F)X.
Pour constater que le morphismeπ
1(Y /∆
∗(f))−→π
1(X)/π
1(F)X est
sur-jectif, il suffit de remarquer queπ
1(X
∗)−→π
1(X)est lui-même surjectif.
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Déformation de variétés kählériennes compactes : invariance de la $\Gamma$-dimension et extension de sections pluricanoniques
(Page 150-157)