Dans ce qui suit,F désignera encore la fibre générale def (c’est donc une
courbe compacte lisse) ; on obtient alors une structure orbifolde induite sur F
(notée abusivement(F/∆)) provenant de celle deS. SiF
∗=F−(F∩ |∆|)et
S
∗=S−|∆|, l’inclusionF
∗,→S
∗donne alors un morphismeπ
1(F
∗)−→π
1(S
∗)
dont l’image est normale dans π
1(S
∗).
De plus,F étant générale, elle rencontre les composantes (de la partie
ho-rizontale) de|∆|transversalement ; un petit lacet (dansF
∗) autour d’un point
deF∩ |∆|est donc aussi un petit lacet autour d’une composante de∆dansS
∗.
Ceci signifie que le morphisme naturel :
π
1(F/∆)−→π
1(S/∆)
est parfaitement défini et on vérifie facilement que son image (que l’on notera
π
1(F/∆)S) est normale dans π
1(S/∆).
Pourx
l∈ |D
∗|, on note :f
−1(x
l) =P
αm
lαD
lα+P
βm
lβD
lβoù la somme
indexée par α correspond aux composantes de la fibre qui sont déjà des
com-posantes (verticales) de∆. On a alorsm
∗l
=pgcd
α,β(m
lαm(D
lα,∆), m
lβ). On
note :
- S
∗∗=S
∗−(S
lf
−1(x
l)),
- γ
lun petit lacet autour dex
ldansC
∗,
- λ
jun petit lacet autour des composantes de∆et
- γ
lβun petit lacet autour de D
lβ.
On a alors un diagramme :
1
²
²
1
²
²
hhγ
lβii
²
²
f∗//hhγ
lii
²
²
π
1(F
∗)
²
²
/
/π
1(S
∗∗)
²
²
f∗//π
1(C
∗) //1
π
1(F
∗) //π
1(S
∗)
²
²
1
On va montrer qu’on peut encore construire un morphisme :
π
1(S/∆)/π
1(F/∆)S −→π
1(C/D).
Pour cela il faut montrer que les différentes opérations de relèvement et d’image
directe sont cohérentes avec la structure orbifolde.
Soit donc un élément deπ
1(S/∆)/π
1(F/∆)S; on peut successivement lui choisir
des antécédents dansπ
1(S/∆), dansπ
1(S
∗)puis dansπ
1(S
∗∗). A chaque étape,
le choix du relèvement dépend successivement d’un élément dehhλ
djj
ii, deπ
1(F
∗)
et enfin d’un élément dehhγ
lβii. Or, les éléments de ces groupes ont une image
triviale dansπ
1(C/D):
1. siλ
jest un lacet autour d’une composante horizontale de∆, on af∗(λ
j) =1dansπ
1(C
∗);
2. siλ
jest un lacet autour d’une composante verticaleE
j=D
lαde∆, alors
f∗(λ
j) =γ
mlα ld’où f∗(λ
dj j) =γ
djmlα l=γ
m(Dlα,∆)mlα l∈ hhγ
m∗l lii car m
∗ ldivisem(D
lα,∆)m
lα;
3. dans le cas deγ
lβ, on af∗(γ
lβ) =γ
mlβ l∈ hhγ
ml liicarm
ldivisem
lβ;
4. pour finir, un lacet dans F
∗a toujours une image triviale dansπ
1(C
∗).
Ceci assure bien la cohérence au niveau des groupes fondamentaux orbifoldes.
Le morphisme ainsi construit
f∗:π
1(S/∆)
.
π
1(F/∆)S −→π
1(C/D)
est surjectif. En utilisant l’exactitude (partielle) du diagramme ci-dessus et le
théorème de Bezout (comme ci-dessus), on montre facilement qu’il est injectif.¤
Annexe C
Formule de l’indice L
2
Dans cette annexe, on souhaite redonner quelques précisions autour du
théo-rème de l’indiceL
2qui permet de comparer les invariants d’une variété compacte
avec les invariantsL
2de son revêtement universel. Comme on a pu le constater
dans les différentes parties du présent travail, ce théorème donne des
renseigne-ments très importants sur la géométrie du revêtement universel (par exemple
lorsqu’on dispose des théorèmes d’annulations adéquats). C’est entre autre pour
cette raison qu’il nous a semblé important de préciser les grandes lignes de la
démonstration de ce résultat (d’autant plus qu’à notre connaissance, hormis
l’article original d’Atiyah, peu de lignes ont été écrites à ce sujet).
Le théorème de l’indiceL
2à proprement parler concerne les indices des
opé-rateurs elliptiques sur les variétés riemanniennes compactes (et leurs revêtements
galoisiens) ; nous nous plaçons ici volontairement dans la catégorie analytique
complexe (et même kählérienne) et l’énoncé que nous en donnons portera sur
les caractéristiques d’Euler de fibrés vectoriels holomorphes. La démonstration
dont nous présentons les grandes lignes repose sur les méthodes de l’équation
de la chaleur : après en avoir dégagé les idées essentielles, nous donnerons les
précisions nécessaires sur les quelques points les plus retors.
Notations
Si F −→ X est un fibré vectoriel holomorphe sur une variété kählérienne
(X, ω)de dimensionnet si on munitFd’une métrique hermitienneh, on notera :
L
2p,q(X, F) =L
2(X,Λ
p,qT
X∗⊗F) et
L
20,•(X, F) =⊕
nq=0L
20,q(X, F)
les espaces de sections L
2correspondants et de même pour les sectionC
∞. De
plus,<·,·>désignera toujours le produit scalaire dans les espacesL
2.
Si∂désigne la connexion (canonique) de type(0,1)sur F, on note∂
∗l’adjoint
formel de∂ et :
∆
00= [∂, ∂
∗] =∂∂
∗+ ∂
∗∂
le laplacien anti-holomorphe (agissant sur les formes à valeurs dans F). Comme
on ne considérera parfois que l’action sur les(0, q)formes, on notera∆
00ql’opé-rateur ainsi obtenu.
C.1 Enoncé du théorème et schéma de la
démons-tration
SoitF −→ X un fibré vectoriel holomorphe sur (X, ω) variété kählérienne
compacte de dimension n. On considère de plus π : Xe −→ X le revêtement
universel de X. Si on munit F d’une métrique h, on considérera les métriques
˜
ω eth˜ (surXe et Fe) obtenues par relèvement,Fe désignant le fibréπ
∗Fe :
(F ,e ˜h)
²
²
/
/(F, h)
²
²
(X,e ω˜)
π//(X, ω)
D’après la théorie de Hodge, on sait que les formes harmoniques permettent
de calculer la cohomologie (sur X à valeurs dans F) ; on s’intéresse donc aux
espaces suivants :
H
p,q(2)(X,e Fe) ={(p, q)−formes harmoniquesL
2}
={u∈L
2(X,e Λ
p,qT
∗ e X⊗Fe)|∆f
00u= 0}.
L’action deG=π
1(X)surXe (et donc surFe) permet de définir une
dimen-sion renormalisée prenant en compte la structure additionnelle de G-module
pour des sous-espaces de formes L
2, cette G-dimension ayant la
particula-rité d’être à valeurs réelles positives. La compacité de X entraîne que les
es-paces H
(2)p,q(X,e Fe) sont de G-dimension finie ; on peut donc considérer une G
-caractéristique d’Euler :
χ
G (2)(X,e Fe) =
nX
q=0(−1)
qdimG
³
H
0(2),q(X,e Fe)
´
.
On peut alors énoncer le théorème de l’indiceL
2[Ati76] sous la forme suivante :
Théorème C.1.1 (M.F. Atiyah, 1976)
Dans la situation décrite ci-dessus, on dispose de l’égalité
χ
G(2)
(X,e Fe) = χ(X, F).
Remarque C.1.1
Comme le montre l’exemple des tores, l’égalité se produit pour la somme alternée
mais il n’y a en général pas de lien entre h
0,q(X, F)et h
0(2),q(X,e Fe). En effet, si
X est un tore etF =OX est le fibré trivial, on a alorsXe =C
net
∀0≤q≤n, h
0,q(X) =C
nqet h
0(2),q(Xe) = 0.
La démonstration que nous allons en donner repose sur la méthode de la
chaleur : elle consiste à examiner les équations d’évolution associées aux
opéra-teurs auto-adjoints positifs∆
00surX et∆f
00surXe et, plus particulièrement, les
noyaux des semi-groupese
−t∆00et e
−t∆g00. En effet, ces opérateurs vérifient les
propriétés suivantes :
STr(e
−t∆00) :=
nX
q=0(−1)
qTr(e
−t∆00q) = cste (indépendante det)
et STr
G(e
−tg∆00) :=
nX
q=0(−1)
qTr
G(e
−t∆g00q) = cste,
où Tr
Gdésigne la trace renormalisée. Or, lorsquet→ ∞, on montre que :
e
−t∆00−→P
H(resp.e
−tg∆00−→gP
H),
où P
Hdésigne la projection sur l’espace des formes harmoniques (resp. gP
H).
L’idée sous-jacente est, bien sûr, que siuest un vecteur propre de ∆
00pour la
valeur propre λ ≥ 0, alors e
−t∆00u = e
−tλu et donc que e
−t∆00u → 0 quand
t→+∞siλ >0 tandis quee
−t∆00u=usiλ= 0(i.e. uest harmonique).
On en déduit donc la très importante formule de McKean-Singer :
∀t∈R
∗+
, STr(e
−t∆00) = STr(P
H) = χ(X, F) (C.1)
(la dernière égalité étant une conséquence de la théorie de Hodge) et son
homo-logue surXe :
∀t∈R
∗+, STr
G(e
−tg∆00) = STr
G(gP
H) = χ
G(2)(X,e Fe). (C.2)
Comme il a été mentionné ci-dessus, les opérateurse
−t∆00ete
−tg∆00sont des
opérateurs à noyaux C
∞(notésk
t(x, y)et ke
t(˜x,y˜)) ; les égalités (C.1) et (C.2)
se réécrivent alors en :
∀t∈R
∗ +, χ(X, F) =
Z
Xstr(k
t(x, x))dx, (C.3)
∀t∈R
∗+, χ
G(2)(X,e Fe) =
Z
Ustr(ke
t(x, x))dx, (C.4)
où U désigne un domaine fondamental (ouvert) pour l’action de G et où str
désigne la trace alternée dans la fibre au dessus dex.
Les égalités (C.3) et (C.4) ayant été obtenues en étudiant les asymptotiques
de l’équation de la chaleur quand t−→+∞, il est naturel d’examiner le
com-portement du noyau de cette équation quand t −→ 0
+. Or, il s’avère que les
noyaux k
tet ke
tadmettent (au moins sur la diagonale de X ×X et celle de
e
X×Xe) des développements asymptotiques de la forme :
k
t(x, x) ∼
t→0+1
e
k
t(x, x) ∼
t→0+1
(2πt)
n(αf
0(x) +αf
1(x)t+· · ·+αf
n(x)t
n+· · ·).
En intégrant ces développements asymptotiques et en utilisant (C.3) et (C.4),
on obtient :
χ(X, F) ∼
t→0+1
(2πt)
n¡
a
0+a
1t+· · ·+a
nt
n+· · ·¢ (C.5)
oùa
j= R
Xstr(α
j(x))dxet :
χ
G (2)(X,e Fe) ∼
t→0+1
(2πt)
n¡
e
a
0+ae
1t+· · ·+af
nt
n+· · ·¢ (C.6)
oùae
j= R
Ustr(fα
j(x))dx. Comme le membre de gauche est constant dans (C.5)
et (C.6), on obtient par identification :
χ(X, F) = 1
(2π)
na
n= 1
(2π)
nZ
Xstr(α
n(x))dx (C.7)
et
χ
G (2)(X,e Fe) = 1
(2π)
naf
n= 1
(2π)
nZ
Ustr(αf
n(x))dx. (C.8)
Pour conclure il ne nous reste plus qu’à remarquer que les termes du
dé-veloppement (α
j(x) et fα
j(x))) sont des expressions algébriques locales en les
coefficients des métriquesω et het de leurs dérivées ; les métriques considérées
sur Xe et Fe vérifiant ω˜ = π
∗ω et h˜ = π
∗h, on a nécessairement αf
n= π
∗α
n.
Comme U est un domaine fondamental, on déduit de (C.7) et (C.8) l’égalité
annoncée du théorème C.1.1.
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Déformation de variétés kählériennes compactes : invariance de la $\Gamma$-dimension et extension de sections pluricanoniques
(Page 158-163)