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I. 1.2.1.2.c. Les différences entre les utilisations collectives et les utilisations privatives

II.2. La méthode

II.2.2. LE TYPE

Le type est lié à l’idée de classement (la typologie) ; dans le domaine de la nature on classe des animaux ou des plantes, on le fait selon certains critères. Le critère peut être celui de la taille, de la couleur ou autre. Quand on détermine un critère, il est tellement pertinent à la réalité qu’il devient instrumental, on le rend positif. Les critères d’apparence ou d’effet ne sont, généralement, pas opératoires, on doit utiliser un critère qui est dans l’essence de la réalité.

La typologie ne se confond pas avec la recherche des archétypes ou des prototypes, objets uniques par nature. Elle vise au contraire à identifier des catégories qui permettent d’ordonner la masse confuse du réel par le repérage de régularités pouvant s’appliquer aux individus. Cependant, pour celui qui veut comprendre la signification du type, il est nécessaire de lever la confusion fréquente entre le type et le modèle. En effet, on propose de revoir les définitions données par Quatremère de Quincy.

II.2.2.1. Le type et le modèle selon Quatremère de Quincy :

"Type" : « En tout pays, l’art de bâtir régulier est né d’un germe préexistant. Il faut un antécédent à tout ; rien, en aucun genre, ne vient de rien ; et cela ne peut pas ne point s’appliquer à toutes les inventions des hommes. Aussi voyons-nous que toutes, en dépit des changements postérieurs, ont conservé toujours visibles, toujours sensible au sentiment et la raison, leur principe élémentaire. C’est comme une sorte de noyau autour duquel se sont agrégés, et autour duquel se sont coordonnés par la suite les développements et les variations de formes dont l’objet était susceptible. Ainsi nous sont parvenus mille choses en tout genre ; et une des principales occupations de la science et de la philosophie, pour en saisir les raisons, est d’en chercher l’origine et la cause primitive. Voilà ce qu’il faut appeler type en architecture, comme dans toute autre partie des inventions et des institutions humaines.

Il y a, pour remonter au principe originaire et au type de la formation de l’architecture en divers pays, plus d’une route qui y conduit. Les principales seront dans la nature de chaque région, dans les notions historiques et dans les monuments mêmes de l’art développé. »80. Le

type selon Quatremère de Quincy est donc le principe et l’origine d’une forme adaptée à un

usage. Comment peut-on ne pas croire que la forme du dos de l’homme doive être le type du

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dossier d’une chaise ? Issu d’une sorte de déterminisme fonctionnel, le type est ensuite transmis par l’histoire. Quoique le type pour Quatremère de Quincy est autre chose que le

modèle.

"Modèle" : « Le modèle, entendu dans l’exécution pratique de l’art, est un objet qu’on doit répéter tel qu’il est, le type est, au contraire, un objet d’après lequel chacun peut concevoir des ouvrages qui ne se ressembleraient pas entre eux. Tout est précis et donné dans le modèle ; tout est plus ou moins vague dans le type »81

Quatemère de Quincy définit le modèle comme étant quelque chose à imiter et cette chose est précise. Mais ça dépend toujours de notre regard ou de notre intention de vouloir imiter le modèle. D’autre part, Quatemère de Quincy définit le type comme étant le modèle mais flou, c'est-à-dire, si deux personnes se mettent à l’imiter, chacune va l’interpréter à sa façon, et ça aussi est de l’intention, car cela dépend de la façon dont on regarde l’objet.

II.2.2.2. Le type comme consensus :

L’acception du "type" que nous voulons soutenir est que ceci est le concept lui-même en tant que solution à un problème que se pose une société. Les sociétés évoluent, et au moment où elles évoluent, elles perdent les éléments significatifs de la solution à ce problème et elles doivent la reconstituer, ainsi, elles engagent un chantier, et durant cette période, il y a de la gêne. On fait évoluer la solution, qui est codifiée et qui est collective, car elle n’a pas d’auteur ; cette solution qui, à chaque fois, est soumise aux exigences de développement, correspond au type. Le type ne peut pas être un schéma ou un modèle, qu’il soit clair ou pas clair ou plus ou moins vague ; le type est la solution totale, synthétique de tous les aspects d’un problème donné. Le type n’est pas une abstraction ni le produit d’un « jeu intellectuel », le type renvoie, authentiquement, vers ce que est la réalité.

Le type, qui s’applique à tout ce qu’une culture peut produire, est un concept, il est dans l’esprit sous une forme abstraite. Mais il n’est pas uniquement une abstraction, il est aussi la réalité, c’est un fait concret. Il existe à travers ses variations et résume tout les aspects d’un produit culturel, car il n’est pas la représentation d’un des aspects de la réalité, mais plutôt de tous ses aspects qui constitueraient des valeurs interdépendantes pour la formulation de quelque chose qui serait un idéal au point de devenir un concept qu’on reproduit, de ce fait

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le type est synthétique. D’autre part, le type existe dans l’esprit, lors de sa reproduction, avant qu’il n’existe dans la réalité. En résumé, le type est un concept synthétique à priori. Enfin, le type est un fait historique, il est localisable dans le temps et dans l’espace ; si on détruit la civilisation dans un peuple, il restera toujours de la culture pour la reconstruire. La culture est l’ensemble de tous les concepts synthétiques à priori. La culture est l’ensemble de tous les types.

Le type « indique le produit culturel aussi bien matériel qu’immatériel codifié collectivement pour répondre à un besoin partagé, ‘il’ n’est pas une représentation schématique, mais bien la représentation conceptuelle de l’intégralité de l’objet-réponse dans l’esprit de celui qui s’apprête à le réaliser. Partagé collectivement, le « type » se présente comme un entendement sur ce qu’il convient de faire. Il est l’objet à travers lequel est assurée la cohésion culturelle, et qui de fait garantit la cohésion, la cohérence et l’unité de la production culturelle. »82.

II.2.2.3. Le processus typologique :

Le fait que le type est lié à l’histoire et soumis à une évolution, il est, ainsi, possible de retracer l’histoire de cette évolution et qu’on appelle « le processus typologique ». Le processus typologique est dû à la nécessité d’ajuster les composantes d’un type entre elles, ce qui exerce une certaine contrainte sur l’invention de la forme. Le type ne se trouve qu’après un certain nombre d’essais et de corrections. Le processus typologique ou le processus de typisation est activé, en premier lieu, par une exigence interne à l’objet, relative à la coordination de ses parties. Cette coordination évolue par rapport à une autre, inhérente à un autre objet précédent, ce qu’on appelle dérivation.

D’autre part, le processus typologique est lié à des contraintes externes engendrées par le fait que l’objet en question ne se trouve pas seul, mais qu’il est en relation avec d’autres objets, de même nature ou de nature différente. Ainsi le processus typologique est soumis à la coexistence. Coexistence et dérivation sont les deux conditions du processus typologique, ou tout simple, les deux conditions de l’histoire.

82 OUAGUENI Yassine, « Les valeurs sociales et culturelles de l’habitat traditionnel », in « Architecture traditionnelle méditerranéenne, I. Réhabilitation, Ville et territoire », Méthode RehabiMed, 2007, p. 129.

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II.3. LECTURE TYPO-PROCESSUELLE DU MILIEU ANTHROPIQUE (LE MODÈLE