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De la sériellité à l’organicité

V. Le projet urbain

V.2. LE PROJET URBAIN DE RECONQUETE DES ESPACES PUBLICS DE LA VILLE DE

V.2.2. L’organisme urbain

V.2.2.1. De la sériellité à l’organicité

Les différents booms d’urbanisation que la ville de Djelfa avait connue lui ont fait perdre la compacité et la densité. L’implosion devrait lui faire récupérer cette caractéristique. Les opérations que le projet urbain doit conduire concernent spécialement les zones de contact, les poches, les zones dégradées ou à l’abandon, les vides et les interstices urbains.

Le projet urbain se décrit de cette façon, concrète et opératoire, grâce à la lecture de la réalité bâtie, à travers l’outil le plus fiable, à savoir le plan cadastral. Ceci consiste à arpenter la ville et la quantifier en discernant ses unités de mesure ; celles-ci correspondent aux modules de base et aux super-modules que nous avons présentés dans la planche 08. Ces unités sont de natures diverses : délimitées les unes des autres par rapport à la nature de leurs

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tissus, à la structure géométrique propre à chaque partie du plan et formant un ensemble distinct du reste du plan, en fonction d’un ordre géométrique interne, et une différence avec l’environnement. Cette différence peut prendre la forme d’une limite nette ou d’une frange, plus ou moins, épaisse.

Les éléments qui déterminent cet ordre interne sont, parfois facilement repérables, comme un maillage ou un parallélisme et une orthogonalité du tracé ; parfois ils correspondent à des figures plus complexes, comme une disposition symétrique autour d’un axe (cas du centre ville). Ces unités de plan renvoient à une mise en forme, plus ou moins, organisée de l’espace. On a vu que le discernement de ces unités ou modules de base s’appuie, dans un premier lieu sur l’observation des espaces publics, notamment les parcours, car ces derniers sont les systèmes les plus stable de l’organisme urbain.

Dans l’ascension qui nous fait passer de la distinction de ces unités aux interactions qu’elles nouent réciproquement, nous donne accès à un niveau de compréhension plus élevé ; elle nous donne accès à la compréhension, asymptotique, du type de l’organisme urbain. Dans les différentes potentialités de connexions que chaque organisme de base doit établir avec les autres organismes de base contigus, résident les « "ressources" ‘jusque là’ cachées, inexplorées ou omises »27 qui peuvent instaurer des nombreuses situations déclenchantes pour le projet urbain.

Il s'agit d'opérations capables de transformer structurellement des zones urbaines, en introduisant de nouveaux pôles, de nouveaux centres-villes pourvus des qualités morphologiques et spatiales, demandées et réalisables aujourd'hui encore. Il s'agit d'un modèle de réaménagement structurel qui peut être défini comme pluricentrisme distribué. Car, au fond, la ville de Djelfa souffre, principalement, de son caractère mono-centrique, qui a fait perdre au centre historique ses caractères propres. Il s’agit de passer d’une ville sectorielle et fragmentée à une ville intégrée et recomposée.

La ville de Djelfa est, aujourd’hui, le résultat de la spécialisation et de la sectorisation des interventions, où les éléments forts de la structure urbaine sont assemblés essentiellement par des rapports d’accessibilité et, occasionnellement, de simple contigüité. La ville se

27 BOUCHAREB Abdelwahab, « Projet urbain : la face cachée du processus ? », http://pro-urb.over-blog.fr/article-projet-urbain-la-face-cachee-du-processus-72814467.html

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présente comme un ensemble de lots de grandes et moyennes dimensions, s’ajoutant les uns aux autres par simple juxtaposition, les espaces publics se résument, dans ce cas à un réseau de service d’accès aux lots. Edifices, services, équipements publics et privés, mêmes les ensembles résidentiels, tout est conçu et construit à l’intérieur d’un lot et aucune intervention ne va au-delà de ses confins.

Les principales conditions requises pour le Projet Urbain afin de reproduire les valeurs "permanentes" de la ville intégrée concernent, premièrement la structure urbaine exprimée dans l'espace public. La structure urbaine de la ville intégrée est, essentiellement, une structure en forme de tissu, dont les caractéristiques sont celles de la compacité, de la continuité, de la cohésion d'ensemble, de l'étroite relation spatiale entre édifices et espaces publics, de la forte articulation, de la complexité et de la variation interne qui requiert que les lots et les édifices aient des dimensions restreintes. La structure en forme de tissu est formée à travers le projet par l'espace public, qui est essentiellement un espace crée et délimité par les parois et les éléments naturels.

Deuxièmement, le projet urbain doit chercher l'intégration des fonctions ; non seulement les activités mais aussi les usages auxquels l'espace urbain est destiné ; elle comporte une complexité typologique au niveau des édifices et de l’espace public. Mélange de fonctions, étroite contigüité spatiale et superposition sont les critères généraux qui réclament la cohabitation d'activités directionnelles et commerciales, de services publics, d'équipements, des habitations ; il faut en outre réintégrer la complexité de la rue comme lieu urbain.

L'espace public (les parcours, les places, les jardins et les parcs publics) est l'élément ordonnateur et structurant du tissu, celui qui, à travers le placement et les séquences d'espaces de types différents, permet le contrôle de la cohésion de l'ensemble et l'articulation interne du tissu.

V.2.2.2. Hiérarchie des parcours urbains :

De l’observation du processus historique de hiérarchisation et de spécialisation des voies publiques, on peut tirer un certain nombre de règles générales pour l’aménagement de la structure fonctionnelle de la ville :

154 et circulation.

2) On ne peut pas affecter deux voies parallèles et adjacentes à une vocation spécialisée similaire : particulièrement à la fonction commerciale.

3) Les voies spécialisées pour le commerce, notamment pour les services de proximité - les axes unificateurs - doivent être localisées au centre des quartiers ; les voies spécialisées pour le trafic - qui agissent au contraire comme des axes diviseurs - doivent normalement être situées aux confins des quartiers.