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Troubles liés à l’usage d’une substance

L’adolescent et le jeune adulte

F. Agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement.

4. Troubles liés à l’usage d’une substance

4.1 Alcool

4.1.1 Définition de l’usage d’alcool

Selon Fouquet (1951) une personne alcoolique est « tout homme ou femme qui a, en fait, perdu la liberté de s’abstenir de consommer de l’alcool ». Toujours selon ce même auteur, l’alcoolisme comprend l’interaction de trois facteurs : un facteur psychique, un facteur de tolérance et un facteur toxique (as cited in Varescon, 2005, p.56).

Il existe, de plus, différents stades de consommation d’alcool qui constituent un continuum entre un usage « simple » d’alcool et les troubles liés à un usage d’alcool. Aussi, nous distinguons : le « non- usage » qui se définit par l’absence de consommation d’alcool ; « l’usage simple » qui se veut asymptomatique et inférieur aux seuils mentionnés par l’Organisation Mondiale de la Santé ; « le mésusage » définit les consommations d’alcool qui peuvent causer des conséquences négatives. En France, le seuil est fixé pour les femmes à 14 verres par semaine, et pour les hommes, à 21 verres par semaine. Le mésusage comprend différents paliers dont l’usage à risque, l’usage nocif et l’usage avec dépendance. Alors que pour l’usage à risque il n’existe pas encore de conséquences négatives, l’usage nocif et l’usage avec dépendance entrainent de graves conséquences sur le fonctionnement global d’un individu. Enfin, les troubles liés à l’usage rassemblent l’usage nocif et l’usage avec dépendance qui se caractérisent par un ensemble de symptômes cognitifs, comportementaux et physiologiques. Dans ce cas-là, l’individu continue de consommer malgré les conséquences négatives associées directement à sa consommation. C’est également dans ce cadre-là que nous retrouvons l’ensemble des symptômes des classifications internationales.

Figure 1. Les différents stades de la consommation d’alcool

(Aubin, Gillet, & Rigaud, 2015)

La consommation de l’alcool a, de tout temps, une connotation joyeuse et de convivialité. Les effets de l’alcool sur un individu sont de plusieurs ordres. Dans un premier temps, nous observons que l’alcool facilite les échanges interpersonnels par un effet de désinhibition ; l’alcool par ailleurs calme les affects négatifs en réduisant les mouvements d’anxiété et permet une certaine fuite d’une réalité difficile (l’expression « boire pour oublier » représente bien l’effet recherché, parfois, par un individu). Toutefois, au-delà des effets euphorisants et hédoniques de l’alcool, une consommation excessive d’alcool peut avoir des conséquences sur le plan somatique : troubles gastroentérologiques (hépatites, cirrhose, pancréatites, etc.) ; nous relevons également des troubles au niveau de la sphère Oto-Rhino- Laryngologiste (ORL) ; des troubles neurologiques sont également soulignés. Une consommation excessive d’alcool a également des conséquences sur le plan psychologique avec des troubles de l’humeur voire des troubles psychiatriques plus structurés.

Dépendance Usage nocif Usage à risque Usage simple T roubl es li és à l’ usa ge Mé su sa g e

Enfin, des troubles mnésiques peuvent apparaître. Pour nuancer un peu le propos, toute personne consommant de l’alcool ne devient pas, pour autant, alcoolo-dépendante. Toutefois, chez les jeunes consommateurs, en l’absence de dépendance, la manière actuelle de consommer a des conséquences immédiates sur leur comportement (Le Berre & Kerjean, 2012).

Aujourd’hui, nous assistons à des consommations excessives sur un temps restreint comme le Binge

drinking, en anglais et d’autre part le phénomène de necknomination (pour rappel : cela consiste à se

filmer en buvant un verre d’alcool d’un coup avant de mettre au défi trois autres personnes). L’émergence de ces comportements entraine des conséquences irrémédiables directes telles que des décès par intoxication éthylique aigue par la necknomination et enfin conduire en ayant bu est la première cause de mortalité chez les 18-24 ans1.

4.1.2 Modes de consommation d’alcool chez les jeunes et comorbidités

Avant de préciser les comorbidités psychiatriques associées à l’alcool, nous distinguons l’alcoolisme primaire de l’alcoolisme secondaire. L’alcoolisme primaire se définit par une ingestion régulière et excessive d’où en découle une pathologie mentale qui est directement liée à cette consommation accrue. A contrario, l’alcoolisme secondaire se définit par l’existence, en amont, d’une pathologie mentale, qui viendrait majorer et précipiter une consommation excessive d’alcool (Varescon, 2005). Plusieurs études se sont intéressées à la consommation d’alcool chez les jeunes. La consommation des jeunes pourrait s’expliquer par le fait de faciliter l’entrée dans un groupe de pairs, mais aussi de pouvoir accéder à un statut d’adulte et d’affirmer son identité. D’autre part, la consommation d’alcool peut aussi être envisagée comme un rite de passage avec la « première cuite », encouragée par le groupe de pairs. Toutefois, une consommation abusive chez l’adolescent est très souvent associée à une pathologie psychiatrique. Nous approfondirons les comorbidités psychiatriques plus loin. En fait, il

s’aigrirait pour cette population de comprendre le sens qu’ils mettent derrière leur consommation : serait-ce la recherche de la « défonce » ? La recherche d’une certaine euphorie dans le cadre de festivité ? Ou pour pouvoir pallier certains affects négatifs ? Il existe différents modes de consommation d’alcool chez les jeunes. À travers les études portant sur ce sujet, nous pouvons relever dans un premier temps un mode de consommation à connotation festive ou de l’ordre de l’initiation, et de l’autre côté nous relevons un mode de consommation plutôt sur un mode réactionnel et/ou d’automédication (Chavagnat & Lévy-Chavagnat, 2015 ; Le Berre & Kerjean, 2012). Le premier versant correspondrait alors à un phénomène d’intégration dans un groupe de pairs, ou de recherche de sensations. Dans tous les cas, l’alcool permettrait ici de favoriser les liens sociaux et d’asseoir également sa nouvelle identité en s’affranchissant des règles familiales, et notamment parentales. Le second versant de mode de consommation semblerait être une fonction palliative, voire réactionnelle. Ce mode de consommation serait lié à un certain ennui, mais aussi à des difficultés personnelles ou encore à un état de stress intense. De plus, l’alcool permettrait de mettre à distance une réalité trop difficile et ainsi apaiser les angoisses.

Par ailleurs, l’expérience de traumatismes dans l’enfance et l’existence d’une carence affective importante seraient associées à une consommation précoce et excessive (Chavagnat & Lévy- Chavagnat, 2015 ; Le Berre & Kerjean, 2012 ; Picherot & al, 2010). Dans ce sens et pour éclaircir les liens entre la présence de symptomatologie anxio-dépressive et la consommation d’alcool, des études ont été réalisées sur des populations d’étudiants. Ainsi, dans leur étude, Vaysse, Gignon, Zerkly, et Ganry (2014) cherchent à évaluer les niveaux de consommation, entre autres, d’alcool ainsi que les niveaux d’anxiété et de dépression. L’objectif était de mesurer le lien éventuel entre le fait de consommer et de présenter une symptomatologie anxio-dépressive. Sur un échantillon de 207 étudiants en deuxième année de médecine, 12 étudiants (environ 6%) ont déclaré ne jamais avoir consommé d’alcool au cours de leur vie. D’autre part, la fréquence de consommation était plus élevée chez les garçons que chez les filles.

Toutefois, une consommation à risque était relevée chez les femmes par rapport aux hommes et inversement concernant la proportion de dépendance. Aussi, les consommateurs à risque représentaient environ 32% de l’échantillon. Concernant le score au questionnaire Hospital Anxiety Depression scale (HAD), pour mesurer la symptomatologie anxio-dépressive, les résultats montrent dans l’ensemble que les femmes avaient un score plus élevé que les hommes concernant les symptômes anxieux. Pour environ 65% de l’échantillon, aucune symptomatologie anxieuse n’était révélée. Concernant le score à la HAD pour la symptomatologie dépressive, la grande majorité de l’échantillon (96%) ne présentait pas de symptomatologie dépressive. Pour cette étude, les auteurs n’ont pas trouvé de liens entre la présence d’une symptomatologie anxio-dépressive et la consommation d’alcool ; toutefois, ils ont pu mettre en avant le phénomène de polyconsommation. En effet, les participants déclarant une consommation à risque voire une dépendance d’alcool étaient plus susceptibles de présenter une consommation à risque de cannabis.

Une autre étude met en avant les différences de comportement de consommation d’alcool entre les filles et les garçons. Ainsi, sur un échantillon de 354 étudiants, il a été montré que les garçons seraient davantage attirés par l’alcool, qu’ils consommeraient davantage de l’alcool et qu’ils présenteraient une dépendance plus accrue par rapport aux filles (Idier, Décamps, Rascle, & Koleck, 2011). Il existe un certain consensus entre les études sur les modes de consommations propres aux filles et aux garçons ; toutefois, les liens entre la symptomatologie anxio-dépressive et l’usage d’alcool chez les jeunes ne sont pas encore très clairs.

Cependant, quelques signes pourraient alerter l’entourage afin d’orienter vers une prise en charge adaptée. Nous retrouvons comme signes annonciateurs d’une problématique liée à l’alcool dans un premier temps, les répétitions des consommations excessives, des difficultés scolaires nouvelles (absentéismes, résultats moins

bons, etc.), des plaintes corporelles (céphalée, fatigue, etc.), des troubles du comportement et des troubles sociaux (repli sur soi, agitation, violence, etc.) (Chavagnat & Lévy-Chavagnat, 2015 ; Le Berre & Kerjean, 2012). Il s’agit, bien sûr, d’être prudent concernant la présence de ces symptômes et de les différencier de la survenue d’un événement majeur qui pourrait expliquer la rupture dans le comportement d’un individu.

4.1.3 Facteurs de risque et vulnérabilité chez les adolescents a) Caractéristiques des consommations à risque

Il existe certaines modalités de consommation et de facteurs de vulnérabilité pour expliquer comment un abus d’alcool voire une dépendance peut s’installer. Dans un premier temps, les auteurs s’accordent à dire que l’âge de l’expérimentation d’alcool est un indice pour le développement, plus tard, d’un abus ou d’une dépendance à l’alcool (Battaglia & Gierski, 2014 ; Karila & Reynaud, 2006 ; Le Berre & Kerjean, 2012 ; Picherot et al., 2010 ; Varescon, 2005). En effet, plus l’expérimentation est précoce plus l’individu sera susceptible de développer une consommation à risque d’alcool, d’abus voire de dépendance. De plus, le fait de consommer par automédication ou auto-thérapie serait un facteur de plus pour prédire une dépendance à l’alcool. Dans ce cadre-là, il s’agit d’identifier les moments où l’alcoolisation survient : est-ce le matin ? avant d’aller en soirée ? lors d’affects négatifs ? pour aider à s’endormir ? La recherche d’excès ou de sensation constitue un élément supplémentaire d’explication. Il s’agit ici de consommer afin d’atteindre les effets secondaires induits par l’alcool, plutôt bien tolérés (ivresse cannabique par exemple). Enfin, la répétition de la consommation ainsi que la polyconsommation constituent des signes prédicteurs d’un mésusage d’alcool.

b) Facteurs de risque environnemental : la place de la famille et des pairs

Le fait de consommer précocement de l’alcool pourrait être en lien avec l’exposition précoce à de l’alcool au sein de sa famille. Chaque occasion festive peut en être la cause : réunions familiales, fêtes

d’anniversaire etc. De ce fait, la consommation d’alcool peut être banalisée, car, a priori elle a une connotation conviviale. Des études mettent en avant qu’au-delà de l’aspect festif de l’alcool, initié au sein de la famille, des caractéristiques plus éducatives et socioéconomiques peuvent expliquer l’entrée dans la consommation d’alcool et son maintien chez les adolescents.

En effet, un faible niveau socioéconomique, le mésusage d’alcool des parents, le style d’éducation de type négligeant ou présentant une grande tolérance aux transgressions des règles, ainsi que des carences affectives et des tensions au sein même de la famille, constituent des éléments prédictifs dans le mésusage d’alcool des adolescents. De plus, un manque de soutien social familial perçu, des traumatismes ou maltraitances (violences physiques et/ou verbales, abus sexuels) durant l’enfance sont également des facteurs de risque pour le mésusage de l’alcool (Beitchman et al., 2005 ; Bellon- Champel & Varescon, 2016 ; Karila & Reynaud, 2006; Le Berre & Kerjean, 2012 ; Lee et al., 2012 ; Picherot et al., 2010 ; Varescon, 2005 ; Wendland, Lebert, de Oliveira, & Boujut, 2016). D’autre part, le groupe de pairs à cette période de vie est très important. Comme nous l’avons vu précédemment, consommer de l’alcool est l’une des motivations pour s’intégrer dans un groupe de pairs à l’adolescence. Aussi, la consommation du groupe de pairs est également un indicateur pour le mésusage de la consommation. Enfin, la situation sociale propre à l’individu est également un signe : le fait d’être au chômage, d’être en échec scolaire voire déscolarisé, d’être en rupture avec sa famille sont également des facteurs de risque concernant l’abus d’alcool (Karila & Reynaud, 2006 ; Le Berre & Kerjean, 2012 ; Picherot et al., 2010).

c) Facteurs de risque individuels

Les facteurs de risque individuels viennent s’ajouter aux facteurs de risque liés à l’environnement et aux modes de consommation. Les facteurs individuels regroupent les traits de personnalité, les troubles psychiatriques et également les événements de vie. Certaines études ont mis en avant un lien entre le fait de présenter un mésusage d’alcool et le fait de présenter un niveau d’impulsivité élevé, une certaine désinhibition, une recherche de sensation et de présenter une personnalité antisociale (Braham et al.,

2015 ; Carlson, Johnson, & Jacobs, 2010 ; Guillem, Arbabzadeh-Bouchez, Vorspan, & Bellivier, 2015 ; Lagrange & Legleye, 2007 ; Palmer et al., 2013).

Dans ces études, nous remarquons que les jeunes consommant de l’alcool rapportent également des troubles du comportement de type externalisés (agression, transgression des règles, hyperactivité). Au- delà des troubles du comportement, nous relevons également des troubles de l’humeur avec la présence de symptomatologie anxio-dépressive et des d’antécédents psychiatriques notamment des tentatives de suicide. Dans ce sens, certaines études soulignent l’expression de violences physiques et verbales chez des jeunes consommant de l’alcool, ceci étant le fait plus particulièrement des hommes (Carlson et al., 2010 ; Guillem et al., 2015 ; Lagrange & Legleye, 2007). Bien souvent nous retrouvons une polyconsommation ; il s’agit donc de ne pas attribuer directement l’impulsivité au seul fait de consommer de l’alcool mais probablement de la conséquence d’une polyconsommation. Toutefois, ces résultats peuvent être nuancés selon le mode de consommation des jeunes. En effet, les personnes consommant de l’alcool avec des attentes élevées concernant la recherche de sensations présenteront plus d’impulsivité que les personnes n’ayant pas d’attentes élevées concernant leur consommation. Ceci est également en lien avec le niveau de dépendance. Aussi, les personnes présentant une dépendance plus structurée à l’alcool auront des attentes élevées concernant l’alcool, et ainsi des comportements plus impulsifs (Carlson & Johnson, 2012).

4.2 Tabagisme

4.2.1 Facteurs de risque du tabagisme

Le tabac est le produit le plus addictif et qui comporte de lourdes conséquences sur la santé. La prévalence de l’intensité de la consommation de tabac est prédite par l’âge d’initiation au tabac. En effet, plus un individu fera l’expérimentation tôt plus il y a un risque de dépendance avec l’âge (Battaglia & Gierski, 2014). Certaines études se sont intéressées à observer et évaluer les facteurs de risque pour l’initiation au tabac et les facteurs de maintien dans la poursuite de la consommation. Ainsi,

l’étude de Dierker et al. (2015) évalue si les symptômes de dépression sont associés à l’émergence de la dépendance à la nicotine, après vérification de l’exposition au tabac et ce à travers les âges : de l’adolescence à l’âge adulte. L’échantillon a été tiré de l’étude Social and Emotional Contexts of

Adolescent Smoking Patterns (SECASP 2010) qui a été réalisée à Chicago dans une école secondaire

où il était demandé aux élèves de remplir une enquête sur le tabac afin d’évaluer leur comportement tabagique. Cette étude était une étude longitudinale en mesure répétée : les participants étaient suivis régulièrement afin d’évaluer les fluctuations du comportement tabagique. Le tabac, la dépendance à la nicotine, les symptômes dépressifs, ainsi que d’autres formes de tabac fumé, étaient évalués. Les résultats montrent dans l’ensemble que les symptômes de dépression ont été associés significativement aux scores de dépendance à la nicotine, après avoir contrôlé les variables de sexe, d’âge, l’origine ethnique, la variable du temps, le tabagisme quotidien et d’autres produits fumés en dehors du tabac (cigarillos, little cigars). Aussi, les résultats de cette étude montrent que la relation tabac-dépression ne varie pas dans le temps contrairement à la relation tabac-genre. En outre, les personnes ayant des niveaux élevés de symptômes dépressifs quel que soit le moment de l’évaluation, présenteront des signes plus élevés de dépendance à la nicotine. Dans l’étude de McKenzie, Olsson, Jorm, Romaniuk, et Patton (2010), il s’agissait d’examiner l’association de symptômes anxio-dépressifs chez les adolescents avec un tabagisme quotidien et la dépendance à la nicotine chez les jeunes adultes. Par une étude de cohorte prospective (n=1943), les adolescents ont été interrogés à six reprises, de 1992 à 1995 (tous les 6 mois), alors que les jeunes adultes ont eu deux évaluations de suivi, de 1998 à 2003. En tout, l’étude porte sur huit vagues d’évaluation en suivi longitudinal de l’échantillon. En moyenne, les jeunes commençaient à être interrogés à l’âge de 14 ans, puis terminaient l’étude à l’âge de 24 ans. L’objectif de cette étude était d’examiner si les adolescents présentant des symptômes anxio-dépressifs étaient plus à risque de développer un tabagisme quotidien et de tendre vers une dépendance à la nicotine par rapport à la population des jeunes adultes. Il s’agissait, en fait, de mettre en lumière la relation temporelle entre les symptômes anxio-dépressifs et la dépendance à la nicotine et ainsi

d’observer les mécanismes sous-jacents. De nombreuse données ont été recueillies chez les participants concernant leur état de santé (comorbidités psychiatriques, entre autres), l’usage de produits licites et illicites, la présence de troubles de conduites alimentaires, de comportements antisociaux, ainsi que le style d’attachement. Les résultats statistiques de cette étude prospective montrent dans l’ensemble qu’il n’y a pas d’association significative entre la présence de symptômes axio-dépressifs chez les adolescents et le tabagisme quotidien, une fois qu’ils deviennent de jeunes adultes. De même, cette relation demeure non significative à l’âge adulte, chez les adolescents déclarant n’avoir jamais fumé, et ce quel que soit le niveau de symptomatologie anxio-dépressive chez l’adolescent. Parmi les adolescents qui présentaient un usage quotidien moindre, et un niveau de symptomatologie anxio-dépressive modéré, il n’y avait pas de risque important qu’ils développent, à l’âge adulte, une dépendance à la nicotine. Toutefois, chez ce même groupe de fumeurs, mais présentant un niveau élevé de symptomatologie axio-dépressive, il existait un risque qu’ils développent plus tard une dépendance à la nicotine. Aussi, le groupe d’adolescents déclarant fumer quotidiennement et présentant une symptomatologie anxio-dépressive modérée ne présentait pas, à l’âge adulte, une dépendance à la nicotine. A contrario, ce même groupe de fumeur présentant un niveau élevé de symptômes anxieux et dépressifs présentait, à l’âge adulte une dépendance à la nicotine. D’après ces résultats, il semblerait que ce soit le niveau de symptomatologie anxio-dépressive qui prédise le développement de dépendance à la nicotine dans le temps. Cette étude longitudinale montre bien combien la temporalité entre l’adolescence et l’âge adulte peut être facteur de modification sur le comportement tabagique et la santé psychique. Par ailleurs, une étude montre que les expériences défavorables de l’enfance sont un facteur de risque pour l’usage de la cigarette à l’âge adulte, et notamment chez les femmes (Strine et al., 2012). Ainsi, la cigarette viendrait pallier une faille dans le développement psycho-affectif. La place de la parentalité (autorité et éducation) semble être un facteur de risque dans l’initiation du tabac chez les jeunes. Un style parental négligeant génèrerait un comportement tabagique précoce (Courtois et al., 2007 ; Hastier, Quinque, Bonnel, Leménager, & Le

Roux, 2006). Aussi, comme vu précédemment, l’environnement familial a un rôle important dans le tabagisme des jeunes. Les ruptures familiales notamment, et le fait que les parents soient eux-même fumeurs prédiraient l’initiation précoce du tabac chez les jeunes.

4.2.2 Tabagisme et stratégies de coping

Une autre étude, plus récente, s’interroge sur le lien entre le fait de fumer à l’adolescence et de développer des styles de coping dysfonctionnels à l’âge adulte, en fonction du sexe (McGee, Williams, Nada-Raja, & Olsson, 2013). L’inclusion des participants (n=961) s’est faite par une étude longitudinale The Dunedin Multidisciplinary Health and Development Study (DMHDS). Différentes variables étaient mesurées : le tabagisme, le style de coping, le stress et l’inquiétude, la catégorie socioéconomique familiale. Les stratégies de coping dites fonctionnelles étaient les suivantes : coping