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Stratégies de coping et conduites addictives à l’adolescence

L’ajustement aux situations stressantes

Chapitre 3 Stratégies de coping et conduites addictives à l’adolescence

Plusieurs auteurs se sont intéressés à évaluer les stratégies de coping utilisées par les adolescents. De manière assez systématique les études portant sur cette question introduisent celle-ci en insistant sur le fait que la période de l’adolescence est un moment particulier où d’emblée des facteurs de stress s’imposent, tels que : les changements physiques dus au développement pubertaire, l’autonomie et la construction de l’identité. De plus, l’ensemble des études montre une variété des stratégies de coping utilisées par les adolescents avec notamment une flexibilité de celles-ci suivant les situations rencontrées. Une étude s’est intéressée a examiner les composantes développementales susceptibles de contribuer aux capacités d’adaptation chez les adolescents (n=535) âgés de 11 à 15 ans (Thomsen & Greve, 2013). L’adaptation des adolescents était significativement liée aux compétences cognitives (pensées divergentes, imagination et pensées abstraites), aux variables parentales (adaptation des parents et relation mère-enfants) et au fait de pardonner facilement aux autres. Cet ensemble de variables prédisait également l’adaptation des jeunes. Les stratégies de coping ont également été évaluées selon les niveaux de symptômes anxieux et dépressifs ainsi que selon le genre chez les adolescents (n=982) (Herres, 2015). Dans l’ensemble, les adolescents étaient plus susceptibles de chercher un soutien émotionnel et instrumental. Aussi, les filles déclaraient utiliser dans l’ensemble une gamme plus vaste de stratégies de coping en comparaison aux garçons dans la mesure où elles traverseraient davantage d’événements stressants. Les filles ont ainsi déclaré des scores moyens et significativement plus élevés que les garçons aux échelles suivantes : recherche de soutien émotionnel et instrumental, coping actif (coping centré sur le problème), coping religieux et la ventilation émotionnelle (venting). Enfin, les adolescents utilisant la recherche de soutien social et les stratégies orientées vers la solution étaient plus susceptibles de présenter davantage de symptômes anxieux. Toutefois, d’autres auteurs ont montré que le style de coping actif était un facteur de protection contre la dépression (Rodríguez-Naranjo & Caño, 2016).

Enfin, dans la population adolescente, il a été montré que les stratégies d’évitement et de répression des émotions étaient des facteurs de risque de difficultés d’adaptation émotionnelle et comportementale (Flouri & Mavroveli, 2013).

Concernant les consommations de substances, deux études ont montré que les adolescents consommant du cannabis (population de patient étudiée) présentent une moins bonne estime de soi que les adolescents tout-venants et utilisent davantage un coping centré sur les émotions. Enfin, les scores de satisfaction de soutien social (disponibilité perçue et satisfaction) sont significativement plus faibles chez les patients. Il existerait également chez les adolescents dans la population clinique, un déficit des ressources personnelles ainsi que dans la perception subjective des ressources environnementales (Dorard, Bungener, Corcos, & Berthoz, 2014). Aussi, les mêmes auteurs ont montré que l’estime de soi et le soutien social perçu jouent un rôle important dans le fonctionnement d’un individu ; ils peuvent être considérés comme des facteurs de protection. Ainsi, une faible estime de soi affecterait la capacité à s’adapter. Les auteurs ont également souligné comme la consommation de substances représente le développement d’une stratégie de coping inefficace pour faire face au stress. Toutefois, les auteurs ont mis en avant trois fonctions des stratégies de coping liées à l’usage de substances psychoactives. Il s’agit de la régulation émotionnelle (réduire les affects négatifs et augmenter les affects positifs), la distraction (attention portée provisoirement sur autre chose) et enfin la stimulation, c'est-à-dire le fait de doper les performances d’un individu. Enfin, le coping évitant était significativement associé à une escalade de l’usage de cannabis. Par ailleurs, une étude longitudinale a révélé chez des adolescents âgés de 14 ans, que ceux présentant une symptomatologie anxieuse élevée sont 1,8 fois plus à risque de présenter des problèmes liés à la consommation de substance deux ans plus tard. Aussi, de façon générale, les résultats montrent que l’anxiété prédit des problèmes de consommations ultérieurs et que les adolescents présentant des symptômes anxieux consommeraient selon un mécanisme d’automédication (Fallu, Charron, Brière, & Janosz, 2012).

Ces résultats vont également dans le sens d’une étude plus ancienne, montrant que les troubles anxieux généralisés, ainsi que d’autres troubles psychiatriques associés (syndrome de stress post-traumatique, personnalité antisociale, TDAH), prédisaient des problématiques d’alcoolisme et de toxicomanie, chez les jeunes individus âgés de 18 à 23 ans (Lopez, Turner, & Saavedra, 2005). Concernant la théorie de l’automédication, celle-ci s’applique pour comprendre les individus qui ont recours aux substances psychoactives afin d’atténuer les affects négatifs (Gualano et al., 2015 ; Khantzian, 1997).

Les études portant sur les stratégies de coping utilisées par les adolescents dans la population générale mettent en avant que les jeunes cherchent à être étayés à la fois sur le plan pratique (conseil, informations) et également sur le plan émotionnel (soutien moral). La littérature établit des liens entre les stratégies de coping et la présence de symptomatologie anxio-dépressive. Les auteurs soulignent ainsi que la recherche de soutien social et la recherche de solution sont en lien avec une symptomatologie anxieuse alors que le coping actif, pour d’autres, serait un facteur de protection contre une symptomatologie dépressive. Enfin, les stratégies d’évitement seraient en lien avec une difficulté d’adaptation émotionnelle.

Concernant les conduites addictives liées aux stratégies de coping dans la population adolescente, les auteurs soulignent que l’absence de soutien social perçue ainsi que les stratégies de coping centrées sur les émotions sont liées à la consommation de cannabis. Enfin, les auteurs soulignent que l’utilisation de consommation est une stratégie inefficace contre le stress ; cela s’explique par le fait que l’utilisation en elle-même d’une substance peut être un facteur de stress par son indisponibilité, par exemple.

Les études portant sur ces questions ont été réalisées auprès de la population générale, bien souvent représentée par des étudiants. Nous allons par la suite entrer dans le cœur de notre sujet en abordant plus précisément la question des adolescents et des jeunes adultes dans le milieu somatique.