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Le Trottibus, c’est comme un autobus mais comment on gère les

6.   RÉSULTATS : LE PROGRAMME TROTTIBUS DANS LE REGARD DES

6.5  Les enfants du Trottibus 116 

6.5.2   Le Trottibus, c’est comme un autobus mais comment on gère les

Les enfants les plus chanceux voient le Trottibus passer devant chez eux. Les autres doivent le rejoindre à un point de rencontre prédéfini, à une heure très précise. Dans certains cas, le parent peut surveiller son enfant qui marche jusqu’è ce point, sans quitter le domicile ; le parent aura parfois seulement à s’assurer qu’il n’y ait pas de problème si l’enfant doit traverser la rue. Dans d’autres cas, le parent doit marcher avec l’enfant jusqu’au point de rencontre et attendre que le groupe arrive. Cette obligation peut être une contrainte pour les familles où les horaires du matin sont compliqués.

Quelqu’un qui a un petit bébé comme moi, habiller le bébé, tout ça, pour aller reconduire [ma fille] à deux rues ou mettre [les enfants] dans l’auto, puis partir, à part l’hiver, il n’y a pas une grosse différence. Il fallait être à l’heure pour le Trottibus parce que si on n’est pas à l’heure, il est parti. En même temps, je comprends qu’on ne peut pas servir tout le monde. Mais dans notre trajet, ça aurait été possible que l’arrêt soit plus proche. Dans les faits, c’était le fun, c’était bien fait, il n’y avait pas vraiment de problème. C’était juste… le petit inconvénient, c’était ça. (Caroline, Montréal)

Une répondante rappelle par ailleurs que c’est parfois un enfant plus âgé de la famille qui se charge de la responsabilité d’amener les plus jeunes au point de rencontre. La plupart des participants à l’enquête ont affirmé que le fonctionnement des trajets était très efficace ; une seule répondante a mentionné que le groupe était souvent en retard. Une autre dira plutôt que c’est sa famille qui doit faire beaucoup d’efforts le matin pour ne pas rater le passage du groupe. Tous ont confirmé que les trajets Trottibus fonctionnent bien comme un autobus : le groupe passe et s’y joignent les enfants présents aux points de rencontre. Les parents des enfants marcheurs n’ont donc pas à prévenir de leur absence.

Nous avons eu une feuille qui indique toutes les minutes à quel point il faut se trouver. Par exemple, si on partait à 7 h 30 au coin de ma rue, les gens savent qu’on va être à 7 h 35 à l’autre coin. Les gens savaient que si l’enfant n’est pas présent à l’arrêt, on continue notre route. On attendait toujours un petit peu autour des maisons. C’était très bien organisé. En moyenne, les enfants étaient assez assidus. C’est sûr qu’il y avait un peu de gestion à faire, mais c’était surtout de la discipline. (Annie, petite ville)

C’est un peu la règle de fonctionnement qui fait que ça donne de la flexibilité aux parents, ça les contraint pas trop à aviser et c’est ce que la Société canadienne du cancer nous avait dit : ‘ils s’inscrivent pas une journée, deux journées, trois jours. Quand ils sont là, quand ils sont pas là…’ On attend un petit peu, on leur dit ‘si t’es pas là à cette heure, nous on s’en va’. Le parent a besoin de s’en occuper, de faire une entente avec son enfant pour dire : ‘si tu les vois pas au loin, tu les as manqués, tu reviens’, c’est un peu les façons de faire. (Véronique, Montréal)

C’était très bien organisé, je dois dire. Nous attendions environ une minute à l’arrêt du Trottibus pour s’assurer de partir avec un enfant qui serait peut-être en retard. Les enfants étaient à l’heure, donc ce moyen était fiable. (Philippe, petite ville)

Quand les bénévoles sont tous des parents des enfants marcheurs, il demeure possible de prévenir des absences. Un répondant rappellera aussi que, sur son trajet, tout le monde se connaît et qu’il est facile de faire circuler l’information sur les absences potentielles, que ce soit celles des bénévoles ou des enfants marcheurs.

Comme on est toujours habitués d’être exactement la même gang, des fois ils s’avertissent entre voisins, puis ils nous le disent : ‘Oh ben finalement, les [enfants de cette famille] sont déjà à l’école, aujourd’hui il fallait qu’ils partent plus tôt’. (Valérie, banlieue de Québec)

Une répondante a mentionné le fait que lorsque le groupe arrive à un point de rencontre, il manifeste bruyamment sa présence, ce qui permet de prévenir les retardataires potentiels.

Quand on arrive, on fait du bruit, il y avait un klaxon pour faire du bruit, puis un sifflet pour faire du bruit, donc c’était comme : ‘on est là ! Là on est là, tu embarques !’ On attendait un petit peu sur le coin, pas tout à fait une minute. (Stéphanie, banlieue de Québec)

Les bénévoles et responsables de trajet ont dit que, dans la plupart des cas, les parents des enfants marcheurs et les bénévoles n’avaient pas de contacts continus. Deux répondantes ont cependant mentionné que les responsables de trajet communiquent par texto avec les parents pour leur rappeler la veille s’il y a un congé pédagogique ou les prévenir de l’absence imprévue d’un bénévole. « Des fois elle envoie un courriel à toute la liste de parents surtout en début d’année quand il y a plus de nouveaux [enfants] : ‘n’oubliez pas demain c’est pédagogique, il n’y en a pas’. » (Lucie, Montréal)

[S’il manque un bénévole], j’appelle les parents de l’autre coin, je leur envoie un message texte leur disant ‘demain matin il n’y aura personne à votre arrêt. Soit vous accompagnez votre enfant jusqu’au prochain arrêt, soit vous le mettez dans l’autobus’. Les parents, ils prennent la décision, mais au moins ils savent. 'Merci de m’avoir avisé qu’il n’y aura personne demain, je vais lui dire de prendre l’autobus'. Parce qu’il y a ça, si je ne suis pas là, puis l’autre bénévole non plus, l’autobus va passer, ils n’embarqueront pas. Ils vont dire ‘non, on attend le Trottibus’, mais il n’y a personne qui vient. Il n’y a personne pour les faire traverser, c’est dangereux. Les parents ont beaucoup apprécié ça, ce qu’on n’avait pas l’année passée. Ils aiment ça être capables de nous rejoindre facilement puis d’avoir l’heure juste. ‘OK, aujourd’hui il n’y a personne’ ou ‘Il fait tempête, est-ce qu’il y a un Trottibus ?’ ‘Ben oui il y a un Trottibus, bonne chance’. (Catherine, banlieue de Montréal)

Ces contacts ponctuels avec les responsables de trajet sont très appréciés des parents. On se rappelle ce cas de la mère qui voulait prévenir le bénévole de l’organisme

communautaire qu’il pouvait éventuellement rester chez lui par grand froid. Mais elle n’est pas la seule à demander une forme plus continue de contacts entre bénévoles et parents. Certains parents demeurent inquiets de ne pas savoir à l’avance s’il y aura bien un trajet Trottibus ce matin-là. Dans leur évaluation des pédibus implantés en Nouvelle- Zélande, Kingham et Ussher mentionnent que l’un des problèmes soulignés par les parents est l’incertitude de savoir si les trajets vont fonctionner par mauvais temps [18]. Des bénévoles de l’EE ont aussi exprimé leur crainte que des enfants soient laissés en plan parce que le groupe serait déjà passé.

Je trouvais que la logistique n’était pas super, dans le sens que nous, les parents utilisateurs, on n’avait pas les coordonnées de qui marchait avec nos enfants. Je ne pouvais communiquer avec personne. J’ai fini par leur demander leurs coordonnées, mais si ma fille est malade ce matin-là, j’avise qui pour leur dire : ‘attendez-la pas au coin de la rue, elle ne sera pas là’. Si un des bénévoles ne fait pas la marche ce matin-là, si personne ne pense à nous aviser par courriel, c’est arrivé. On est sur le coin de la rue puis bon, ils ne viennent pas. Bon ben je vais marcher avec toi jusqu’à l’école. Ça j’ai trouvé ça bien plate. S’il y avait quelque chose à améliorer, moi, ce serait ça. Ça serait important que les parents aient les coordonnées des bénévoles pour qu’on puisse mieux s’organiser. (Hélène, Montréal)

Un matin, je suis partie avec mon pad puis j’ai pris tous les numéros de téléphone. Je les ai tous rentrés sur mon cellulaire. Le nom des parents, le nom de l’enfant. C’est sûr que moi, au début, les inquiétudes que j’avais c’était : ‘si les enfants ne sont pas là, si on part et qu’ils arrivent après, qu’est- ce qu’on fait ?’ Mais ça ne s’est pas vraiment présenté, moi c’est de cela que j’avais peur. (Catherine, banlieue de Montréal)