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Marcher vers l’école après la fin de la participation au Trottibus 74

5.   RÉSULTATS : L’EXPÉRIENCE FAMILIALE DU TROTTIBUS 29

5.7  Les impacts de la participation au Trottibus 63 

5.7.6   Marcher vers l’école après la fin de la participation au Trottibus 74

Dans l’EQ, l’évolution de l’activité physique est mesurée sur une période de six mois. Même si l’EE n’avait pas pour objectif d’établir des mesures semblables, cette enquête a toutefois permis de savoir si les enfants continuent de marcher vers l’école quand ils quittent le Trottibus. Dans le cadre de l’EE, la moitié des enfants concernés avaient cessé de marcher avec le Trottibus, soit parce que le trajet n’était plus actif ou pour des raisons personnelles. Que se passe-t-il après le Trottibus ?

Les enfants qui marchent avec le Trottibus vieillissent. S’amorcer tout ou tard, une discussion entre l’enfant et ses parents sur la possibilité de quitter le Trottibus et de marcher seul ou avec ses amis vers l’école. La question de l’autonomie est citée dans plusieurs entretiens lorsque les parents commentent la baisse d’intérêt de la part de leur enfant pour le Trottibus, la fin de sa participation ou l’anticipation que, dans l’année qui suit, l’enfant cessera de marcher avec le Trottibus.

La plus vieille est rendue en 4e année, elle va commencer à aller à l’école

toute seule. Donc, je ne pense pas qu’elles vont participer nécessairement au Trottibus, elle va plutôt partir en même temps que moi, puis elles vont aller à l’école toutes seules. (Marie-Ève, Québec)

Je pense que la journée où elle va me dire, je ne veux plus aller dans le Trottibus, je vais commencer à la laisser aller avec son frère au début. (Sandra, Montréal)

Mon garçon a commencé à y aller de façon autonome en 3e année à l’école.

Tranquillement là, c’est en processus, c’est pas du jour au lendemain. (Hélène, Montréal)

Dans les familles où subsiste une plus grande certitude que l’enfant va poursuivre sa participation au groupe, on note plusieurs cas où l’enfant marche en famille (avec le

parent bénévole ou d’autres enfants plus jeunes), sans compter, bien entendu, ceux où les amis ont eux-mêmes confirmé leur participation future.

Quand les plus vieux du Trottibus vont quitter, peut-être qu’il va vouloir, lui aussi, quitter. Mais pour l’instant, il est tellement content d’être avec ses amis, il a tout le temps des affaires à leur raconter. Il est très leader, il aime ça faire rire, donc l’esprit de groupe l’intéresse trop pour qu’il ait envie de lâcher, je pense. (Nicole, Montréal)

Quitter le Trottibus ne signifie cependant pas que les enfants cessent de se rendre à l’école en transport actif : tous les enfants des familles participantes à l’EE qui ne

marchent plus avec le Trottibus continuent d’utiliser le transport actif pour aller à l’école. Certains délaissent la marche pour le vélo, d’autres marchent avec leurs amis

ou leur frère ou sœur plus âgés, en suivant parfois le groupe du Trottibus. Dans le cas où il n’y a plus de trajet, des groupes informels de marcheurs, comprenant des parents et des enfants peuvent subsister. Quelques parents ont, pour leur part, recommencé à aller reconduire leur enfant à pied.

En 2e année, je la trouvais assez correcte pour traverser les rues avec son

frère et le petit voisin. Elle était capable de traverser les rues, les périodes de chicanes avec le frère s’étaient finies, il n’y avait pas une grosse responsabilité sur ses épaules à lui, elle était rendue assez mature pour savoir qu’il y a certains comportements à adopter. Si son frère n’était pas là, elle aurait continué. Parce qu’en 2e année, se rendre jusqu’à l’école toute seule,

ça n’aurait pas marché, mais comme elle était avec son frère de 5e année, là

j’étais confortable. (Caroline, Montréal)

Sa petite amie qui habite deux rues plus loin, elle est en grand besoin d’autonomie et elle disait – elle le disait, je pense, tous les jours – ‘moi je marcherai plus l’année prochaine’. Là, on a reçu les feuilles et ma fille m’a dit : ‘maman il va falloir que tu m’inscrives parce qu’il n’y a personne qui marche finalement.’ Je me dis que si elle y va avec son amie, elles vont être cinq mètres en avant ou après le Trottibus, parce qu’à l’heure où elles sortent, le Trottibus est là. Elle va finir par juste marcher un petit peu en arrière pour ne pas dire qu’ils sont dedans. (Lucie, Montréal)

Ils veulent être grands, ils veulent être autonomes, puis ils veulent faire leurs affaires tout seuls. Souvent, la plus vieille, elle me dit : ‘Je ne veux pas y aller, je ne veux pas faire le Trottibus, je veux partir toute seule.’ Puis finalement, ça arrive qu’elle marche avec nous autres. Elle part en avant de nous puis, d’un coup, elle ralentit et elle se joint au Trottibus. (Catherine, banlieue de Montréal)

Ce n’est que dans un seul entretien où le transport motorisé paraît continuer d’exercer un certain attrait dans la famille, même si les enfants marchent avec le Trottibus.

Je les envoyais 5 jours/semaine [avec le Trottibus], mais les fois où ils sont allés en voiture, l’année passée, c’est à cause de circonstances où on doit partir plus tôt, exceptionnellement ou des journées où il ne fait pas super beau, puis je le sens que ça lui ferait plaisir. Tu lui dis : ‘OK, aujourd’hui je te

fais plaisir’, dans ces temps-là, on n’y va pas à pied ensemble, je vais le porter en voiture, parce que c’est sûr que pour moi, ça reste facilitant. Si on était à un coin de rue, c’est une chose, mais on est quand même à 7-8 coins de rue. (Véronique, Montréal)

La distance entre la résidence et l’école demeure une contrainte à la marche qui peut en réduire l’attrait. Quelques répondants qui sont aussi parents bénévoles rappellent d’ailleurs que, pour les plus jeunes surtout, ce n’est pas toujours facile de marcher de longues distances, d’autant plus qu’ils doivent amener avec eux les effets dont ils ont besoin à l’école.

Ils ont été très, très enthousiastes, encore aujourd’hui. C’est juste par petites périodes, le creux de vague, à un moment donné, ils sont épuisés : ‘traîne le sac à dos, traîne la boîte à lunch’. Mon fils est en deuxième année, il ne pèse pas 40 livres. Lui était épuisé des fois, c’est sûr que je prenais un peu ses choses, mais je lui disais, ‘Quand maman n’est pas là, tu ne peux pas demander qu’on charrie ta boîte à lunch et ton sac.’ (Véronique, Montréal)

Le fait que les enfants ont une charge trop lourde à porter pour aller à l’école est d’ailleurs considéré comme un obstacle à l’usage de la marche vers l’école [31]. Dans l’enquête sur le Trottibus publié par MIRE en 2013, les parents avaient d’ailleurs suggéré d’utiliser un charriot pour les sacs d’école des enfants [38].

Dans l’ensemble, le fait que tous les enfants des répondants de l’EE continuent de marcher pour aller à l’école permet de dresser un bilan positif de leur participation au programme, en particulier sur le maintien de saines habitudes de vie. Comme le rappellent certains auteurs, les habitudes acquises dans la jeunesse sont le plus souvent conservées à l’âge adulte [6, 30].

5.7.7 Le bilan des impacts de la participation au Trottibus, selon les répondants