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LE

DYSFONCTIONNEMENT

LE DYSFONCTIONNEMENT De la causalité aux conséquences

INTRODUCTION

Le dysfonctionnement est l'état de trouble d'un ordre statique ou dynamique.

Un mauvais fonctionnement forme une situation indésirable, inhabituelle et parfois illogique au sein d'un organe, un mécanisme, un phénomène ou un système donné.

A travers l'observation et la méditation, on pourrait sentir et vivre le dysfonctionnement en notre quotidien. Il fait signe de malaise et de perturbation et s'impose comme événement refusé. Un encombrement en circulation, une difficulté de repérage, un mauvais paysage ou une accessibilité gênante forment tous des images de dysfonctionnements vécus. Le dysfonctionnement, comme il pourrait être provocant de situations de trouble et de perturbation, il pourrait être aussi résultant d'un dysfonctionnement moteur (le dysfonctionnement du système nerveux engendre un dysfonctionnement de tout le corps humain).

L'espace vie est en réalité le produit de l'intelligence humaine (Ibn Khaldoun, 1377). Il est soumis aux propres logiques de l'homme et à sa manière de voir les choses. Il ne peut être en dysfonctionnement que suite à un acte perturbant, ou à une conception "illogique" (dans le sens large du mot). Dans les deux cas, une seule image peut être résultante, récapitulative et déterminante des dysfonctionnements vécus: le trouble des fonctions de l'entourage de l'homme dû à ses interventions conjuguées en processus, outils et stratégies de développement, producteurs d'espaces et de vies.

L'histoire de l'homme était marquée par ses productions spatiales qui transmettaient, en images concrètes et vivantes, son comportement envers son environnement et racontaient les aventures de leur genèse. Toutefois, pour des raisons de continuité et de survie, il façonnait l'espace, qui l'enfermait, dans un ordre fonctionnel qui lui permettait de s'installer, se nourrir et se défendre. Ces principales fonctions étaient à l'origine des premières organisations humaines qui formaient dans le temps les établissements humains du hameau à la ville (Fig 114-115).

Fig 115 : Ville de Paris (France) Fig 114 : Hameau de Agnels

(France)

Dans ce chapitre, on focalisera les aspects du dysfonctionnement et on marquera ses causes. Ainsi, et dans les limites de la thématique, le concept prendra l'image des troubles des fonctions urbaines et du système de développement local.

I- LE DYSFONCTIONNEMENT: Nature et Simulation

Tout d'abord, le dysfonctionnement demeure un état jugé anormal par rapport à la logique adoptée par l'homme. Il pourrait avoir lieu en toute discipline en relation avec notre vie et projeter ses influences en nos pratiques et sur notre espace. Et encore, c'est humain. « Il n’y a rien d’inhumain dans la ville, sinon notre propre humanité » (Perec, 1974).

Dans le temps, l'homme mécanisait son environnement dans des buts de satisfaction. Il mettait en réaction le don de la nature afin de produire ce qui répondait à ses besoins vitaux. Cet acte, bien qu'il soit évolutif en ses qualités, reste une des caractéristiques signifiantes et déterminantes de l'intelligence de l'homme. L'homme primitif utilisait les palmes et les branches d'arbre, les mettait en ordre, pour produire un abri (espace de vie), celui d'aujourd'hui met en réaction l'atome pour la même raison.

La nature du dysfonctionnement semble être donc le résultat évident et logique d'un acte non maturé de l'homme dans la mesure où son comportement se limite à la mise en réaction d'un nombre d'éléments pour des fins utiles. Autrement dit, la qualité de vie que mène l'homme est le produit de son progrès. Cette relation de subordination et de dépendance met en ordre une chaine de production des fonctions dont la perfection de la machine assure la perfection du produit (Fig 116).

Cette simulation simplifie l'ordre général de la production spatiale qui réfléchi l'image concrète de la fonction urbaine.

DYSFONCTIONNEMENT MOTEUR

MATIERE PREMIERE

DYSFONCTIONNEMENT RESULTANT

ACTIONS NON MATUREES DE DEVELOPPEMENT

MOYENS ET PROCEDURES

INTERACTIVITE

VIE PERTURBEE:

TROUBLE DES FONCTIONS URBAINES

REACTION

M A C H I N EP R O D U I T

Fig 116 : Simulation du dysfonctionnement

II- LA FONCTION URBAINE: Métamorphose et évolution

La fonction urbaine est l'activité qu'exerce l'homme en son territoire. Elle pourrait être économique, sociale, culturelle, politique ou autre. Pratiquement, c'est l'ensemble des fonctions urbaines qui cernent et forment la ville. Celle-ci est définie par l'impacte et l'influence de ces fonctions en situations d'équilibre ou de défaillance.

« D’un côté les fonctions paraissent déterminer le contenu social, le mode de vie de la ville ; d’un autre côté elles délimitent des aires d’influence, expliquant la place de la ville dans l’organisation spatiale » (Roncayolo M, 1997).

Les fonctions urbaines caractérisent l'espace urbain par l'intensité de leurs forces et permettent de suivre sa dynamique. Ainsi on distingue des villes industrielles, marchandes ou de commandement.

L'histoire des fonctions urbaines témoignent leur passation de la simplicité issue de l'adaptation à la complexité résultante de la mondialisation et la technologie.

Néanmoins le verbe "Fonctionner" indique un même ordre des choses.

1. LA VILLE: Organisation et articulation des fonctions

La ville définie par l'effervescence de ses fonctions urbaines est distinguée par rapport à la compagne par leur force de présence et sa qualité de fonctionnement.

Ceci renvoie directement à la mise en disposition des infrastructures relatives, qui assurent et mettent en scène la diversité des activités. La question de l’organisation et de l’articulation des fonctions urbaines ne fait pas uniquement référence à une offre en infrastructures et en services « nécessaires à la vie sociale, professionnelle et extra-professionnelle » (Rémy & Voyé, 1992:1970). Mais touche également à l’usage effectif de ces activités et l’articulation des territoires associés avec l’ensemble de l’aire urbaine.

Prise pour phénomène social et spatial organisé, la ville des temps anciens n'avait pas le sens profond et les signes de la diversité fonctionnelle. De la ville romaine à la ville médiévale, l'espace urbain constituait un espace de refuge et de protection.

a- La ville ancienne:

Image de la fonction de commandement et de pouvoir Les villes anciennes se caractérisent généralement par la dominance d'une de leurs fonctions. Elles sont prises pour aires à fortes échanges commerciales, ou pour des forts militaires et de commandement. Pour l'époque d'avant 410, la ville romaine constituait l'exemple de la ville ancienne. En réalité elle formait un centre politique, administratif et religieux.

La création d'une ville romaine consacre la présence et la puissance de Rome dans les pays conquis. Dans les villes siégeaient l'administration romaine et

éventuellement des garnisons militaires. Elles étaient donc des moyens de contrôler les territoires conquis (Fig 117). Les signes de la fonction de refuge et de défense s'imposent en remparts pour se protéger des invasions barbares : à Rome, le Mur d'Aurélien, construit dans les années 270, vient renforcer la défense urbaine.

Etant donné une ville construite par les romains sur des terres, aussi différentes que leurs populations, l'intégration de ces dernières dans la vie urbaine avait enrichi les fonctions de la ville même en valeurs moins importantes que la fonction administrative et de défense.

La culture romaine issue de la religion chrétienne, était derrière le tracé général de la ville romaine (Fig 118).

Autrement dit, la répartition des fonctions urbaines, à travers l'affectation spatiale et la mise en place des éléments structurants de la ville, en une phase avancée du processus de sa construction, pré-organisait ses aires d'influences et mettait en valeur ses points forts.

Le tracé général de la ville, initié par un prêtre, dessinait un maillage composé par l'orthogonalité du Décumanus et du cardo (Fig 119), et une composition en parallèle des voies secondaires, puis l'emplacement du forum qui comportait des bâtiments de type basilique qui servaient alternativement pour le commerce, la justiceet les réunions publiques.

Fig 117 : Arles au Ier siècle ap.J.C

(France)

Fig 118 : Jublains (Mayenne) : plan schématique de l’agglomération antique (France)

Fig 119 : Cardo maximus d'Apamée (Syrie)

La ville est ainsi marquée par la centralité d'une fonction administrative et de commerce.

La fonction de loisir et de distraction était fortement marquée, non pas uniquement par l'introduction des amphithéâtres et des thermes pour des fins de confort et de détente, mais par leur présence autant que constituants de la ville romaine (Fig 120).

Les habitations de la population aisée (domus), qui occupaient une grande partie de la ville, venaient se placer en retrait des ruelles constituant des masses de constructions collées les unes aux autres (Fig 121).

La ville (urbs), où l’entendent les Romains, se définit, donc, essentiellement par son statut juridique et c’est seulement sa fonction politique qui la distingue d’une simple agglomération. Mais, en dehors du fait qu’elle regroupe les fonctions politiques, administratives, judiciaires, elle possède aussi les organes religieux, commerciaux et ludiques de toute la cité. La ville est aussi la zone de concentration d’un habitat dense où se mêlent les foyers des riches et ceux des plus humbles. Ces différentes fonctions s’expriment par la construction des monuments publics et privés qui vont s’agencer selon un plan plus ou moins régulier, conditionné par deux rues principales, le Cardo (N.-S.) et le Décumanus (E.-O.)

L'ordre des fonctions urbaines dans la ville romaine faisait d'elle une ville vivante: l'intensité des activités, l'échelle de leur rayonnement, l'équilibre des aires d'influence marquaient et argumentaient sa fonctionnalité.