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Chapitre 2 : Revue bibliographique : L’intégration des TICE dans l’enseignement de la

1. Les TICE à l’école primaire : effets supposés et usages déclarés

1.2. Des travaux de recherche qui complètent et confirment des éléments

conclusions de recherche et d’enquêtes ministérielles des pays de l’OCDE, ils n’en restent pas

moins convaincus de la potentialité des TICE, potentialité qui ne peut s’exprimer qu’avec une

solide formation adéquate. Par ailleurs,

les chercheurs s’accordent sur la nécessité

d’accompagner les élèves dans cette révolution numérique, car il est du devoir de l’école

d’aider les élèves à appréhender le monde auquel ils sont d’ores-et-déjà confrontés (Chaptal,

2007, Karsenti et Collin, 2013).

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1.2.1. Des éléments complémentaires aux enquêtes ministérielles

Une recherche en particulier a démontré des résultats positifs de l’usage des TICE. Basée

sur une étude comparative, la recherche de Jean Heutte de 2008 met en évidence que les

résultats des élèves sont positivement influencés par les usages des TIC en classe. S’il n’en

reste pas moins prudent, les conclusions de ce chercheur vont dans le sens des préconisations

du ministère.

En ce qui concerne le TNI si fortement décrié, il n’en est pas moins massivement déployé.

Celui-ci favorise en effet les connexions entre savoir et savoir-faire (Baffico, 2009). Le

professeur qui utilise le TNI doit intégrer dans son approche pédagogique des compétences

disciplinaires et des compétences techniques (Baffico, 2009). Ce dernier aspect n’est pas

toujours mis en évidence dans les enquêtes précitées, pourtant, il s’agit là bien évidemment

d’un prérequis indispensable à l’usage des TICE au quotidien dans sa pédagogie.

Dans leur article « le tableau blanc interactif et son utilisation en classe », Philippe Dessus

et Patrick Soubrié (2010 modifié en 2012) décrivent à l’aide de recherches précises les

avantages et inconvénients de ce TNI. Sont cités pêle-mêle, la visibilité du grand écran,

l’intérêt du multimédia, les effets motivants et l’interactivité. Si le coût, le manque de

formation et la complexité de la préparation sont mis en avant, force est de reconnaître que le

TNI ouvre des perspectives pédagogiques intéressantes avec les fonctions de glisser/déposer,

de capture, d’annotation, de cache, de zoom, de stockage...

Enfin, rares sont les études ministérielles qui reconnaissent que l’organisation elle-même

de l’enseignement scolaire en France ne favorise pas l’épanouissement des TICE : examens

inappropriés (Chaptal, 2007, Fourgous, 2012), forme scolaire actuelle avec son cloisonnement

disciplinaire (Thibert, 2012). Pour reprendre Chaptal en 2007, l’institution éprouve des

difficultés vis-à-vis des nouvelles pratiques basées sur l’utilisation de classe-mobile (plus

propice à des approches socioconstructivistes)

alors qu’au contraire les technologies

rassurantes comme les TNI et les vidéoprojecteurs qui renforcent l’impact du professeur sont

valorisées. Isabelle Pybourdin dans son article de 2009, au titre explicite de « Politiques

publiques : Construction de la fracture par les usages dans l'enseignement » se veut plus dur.

Reprenant Dominique Bessières, elle constate que les enseignants se retrouvent en situation

« d’injonction paradoxale qui consiste à formuler des attentes ou des ordres contradictoires,

et/ou impossibles à réaliser » (p.213).

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1. . . Les poi ts d’a o d

Si le bien-fondé des conclusions sur l’impact positif des TICE en termes de réussite des

élèves est souvent remis en cause, les recherches et les enquêtes ministérielles s’accordent

cependant massivement sur certains points. Par exemple, tous citent l’aspect motivationnel

des TICE et en particulier du TNI (Macedo-Rouet, 2006, Dessus et Soubrié, 2010, Karsenti,

T., Collin et S., Dumouchel, G., 2012, Thibert, 2012, rapports Fourgous de 2010 et 2012),

même si certains auteurs émettent des doutes sur cette motivation dans la durée ou sur

l’aspect chronophage de l’outil (Karsenti, T., Collin, S. et Dumouchel, G., 2012, Thibert,

2012). Le TNI permet également une meilleure présentation des éléments théoriques,

notamment de façon magistrale (Dessus et Soubrié, 2010, Karsenti, T., Collin, S. et

Dumouchel, G., 2012).

Par ailleurs, il est noté que les innovations technologiques se succèdent à rythme effréné et

qu’il est difficile d’en voir une s’installer durablement (Thibert, 2012, Chaptal, 2007). L’effet

de mode de ces technologies a par ailleurs longtemps nui à la réflexion sur les usages et n’en a

pas facilité l’appropriation (Mériaux et Genevois, 2007). Bien souvent, il y a eu « absence de

réflexion réelle sur la plus-value pédagogique » des outils, pour étendre l’exemple des outils

cartographiques cité par Mériaux et Genevois, 2007, p.124. A cet égard, les IGEN pensent

qu’il faut déjà se tourner vers les smartphones et les tablettes alors que le déploiement des

ENT n’est même pas terminé (IGEN, 2012). En cela, cependant, le déploiement du TNI est

une réponse, car même s’il n’est pas la panacée, il permet de s’installer sur un temps plus long

que le rythme des innovations en pleine révolution numérique.

Tous s’accordent aussi sur le fait que les enseignants utilisent massivement les TIC dans

leur préparation de classe mais très peu directement avec les élèves dans les apprentissages,

que les usages pédagogiques restent limités (voir par exemple, les enquêtes Profetic cités

précédemment ; Chaptal, 2003 et 2007, Thibert, 2012). Le manque de formation initiale et

continue est bien évidemment systématiquement pointé du doigt (rapport Fourgous, 2012,

Thibert, 2012, et IGEN, 2012).

D’un point de vue général, on peut aussi avancer que les discours sur l’introduction des

nouvelles technologies n’est pas nouveau et que la clé de la pédagogie réside toujours dans

l’idée que le pédagogue est un accompagnateur de celui qui apprend (Authier, 1998) et pas

uniquement un présentateur d’un « savoir déjà-là ». La pédagogie reste donc au centre des

préoccupations, puisqu’il s’agit bien de s’appuyer sur les nouvelles technologies pour s’ancrer

dans les théories socioconstructivistes, en les opposant aux pratiques dites traditionnelles

(Chaptal, 2003 et 2007, Baffico, 2009, rapports Fourgous, 2010 et 2012, Thibert, 2012,

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Karsenti, T., Collin, S., Dumouchel, G., 2012). Les TICE relèvent bien d’un enjeu majeur de

l’école de demain car elles touchent aux fondamentaux du métier du métier d’enseignant dans

la mesure où elles permettent de modifier les pratiques pédagogiques et la façon d’enseigner

(Baffico, 2009). C’est donc bien, sur l’aspect pédagogique des TICE qu’il faut insister.

Thibert (2012) parle même du « primat de la pédagogie » (p.14). Au-delà du ratio

élèves/ordinateurs et de la numérisation des pratiques existantes, c’est sur la construction de

nouvelles compétences des enseignants, une meilleure prise en compte des capacités

individuelles des élèves, bref sur une pédagogie centrée sur l’apprenant que tout se joue

(Thibert, 2012, Fourgous, 2012). Pour Heutte (2008), c’est sur l’ « humanware » qu’il faut

compter (p.42)

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. Les TICE permettraient « une révolution pédagogique annoncée mais pas

observée » et un « nouveau « paradigme » pédagogique » (Chaptal, 2007, p.94).

1.3. La difficile question de l’appropriation de ces technologies par les