Chapitre 4 : la méthodologie de recueil et de traitement des données
1. Le choix d’une méthode de recherche permettant à la fois de décrire l’activité et
1.4 Présentation du dispositif de production de données
Dans le cadre de notre recherche, nous mobilisons des données suscitées, la forme et le
contenu dépendant autant du sujet qui est libre d’élaborer une réponse que du chercheur qui
adapte ses questions aux réactions de son sujet lors de l’entretien. Il y a donc des interactions
sujet/étudiant-chercheur (Van der Maren, 1996).
L’enseignant volontaire pour cette recherche ne disposait pas d’un emploi du temps fixe à
l’année. Il avait essentiellement travaillé en histoire jusqu’à présent et préférait finir une leçon
qu’elle soit d’histoire ou de géographie avant d’en commencer une nouvelle. Il a été convenu
donc de ne pas changer ses habitudes et de s’approcher le plus possible des temps habituels
d’enseignement de cette discipline, à savoir en début d’après-midi de 14h à 15h, juste avant la
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récréation et après un premier temps de travail utilisé pour terminer les éléments de français
ou de mathématiques de la matinée. Il avait été demandé de pouvoir filmer une séquence
habituelle et complète de géographie (afin de se concentrer sur les temps de tissage et de
construction de la trace écrite) où le TNI intervient à un moment ou un autre de celle-ci, libre
à l’enseignant de l’utiliser lors des moments qui lui semblent pertinents. Il est à noter par
ailleurs que tous les temps de la séquence ne se prêtent pas nécessairement à l’utilisation du
TNI.
Cette séquence ne devait pas dépasser les trois séances, un temps qui nous semblait
raisonnable pour finaliser une leçon au regard de la complexité des programmes officiels.
L’enseignant devait réaliser la séquence qui suivait sa programmation. Après une première
prise de contact téléphonique et une seconde sur place, les dates des enregistrements furent
fixées à l’avance, l’étudiant-chercheur arrivant avant 13h20 (heure d’arrivée des élèves dans
l’école) pour installer le dispositif et quittant l’école pendant la récréation (de 15h à 15h15).
Les élèves étaient bien évidemment prévenus de la démarche globale et les autorisations de
prise de vue avaient été recueillies. Enfin, afin de se représenter au mieux le dispositif
d’enregistrement des séances, on peut se référer au schéma page 67.
L’entretien d’auto-confrontation, quant à lui, a eu lieu 5 semaines après le dernier
enregistrement. Il aurait pu être réalisé juste avant les congés, soit 3 semaines après le dernier
enregistrement, mais il n’a pas été jugé opportun de le faire. Il nous semblait en effet
nécessaire de laisser souffler l’enseignant auprès duquel au final nous sommes « intervenus »
finalement 4 fois, tout comme nous souhaitions lui permettre de prendre le temps de
visionner une première fois seul et en globalité, ce qui fut globalement fait grâce aux quinze
jours de vacances dont l’enseignant a ainsi pu bénéficier.
AC-E10 : […] j’ai isio u e pa tie des DVD ue ous ’a iez e is es de ie s te ps.
Durant ce laps de temps, un synopsis
62fin fut élaboré, permettant ainsi au regard de la
problématique de sélectionner 4 extraits parmi les plus significatifs de 3 minutes chacun. Les
critères de sélection sont essentiellement liés aux éléments de la problématique : moment de
tissage et de construction de la trace écrite, pratiques instrumentées du TNI dans ces moments
et lors de l’utilisation de cartes et de construction d’un schéma. L’entretien effectif fut réalisé
en classe afin que l’enseignant reste dans son contexte professionnel. Cet entretien a suivi une
trame préétablie (voir annexe 6). Pour élaborer ce guide nous nous sommes appuyés sur nos
questions de recherche. Dans un premier temps, nous avons permis à l’enseignant d’entrer
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Les éléments relatifs au synopsis sont évoqués par la suite en partie 3.1 de ce chapitre. Nous nous sommes inspirés pour son élaboration des travaux de Dolz et Toulou, (2008).
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dans l’entretien par des questions d’ordre général autour du fait d’être enregistré et sur les
objectifs de la séquence.
Dans un second temps, il s’agissait après avoir proposé à
l’enseignant de visionner et de commenter un extrait de son choix de regarder chacun des
extraits. Pour chacun de ceux-ci, l’enseignant peut à tout moment l’interrompre, s’exprimer,
faire des retours. Il s’agit de permettre au praticien de produire un discours sur la situation
professionnelle qu’il se remémore grâce à l’enregistrement et générer ainsi une activité sur
son activité (Clot et Faïta, 2000). De fait, le chercheur n’a pas eu vraiment besoin d’ouvrir par
une question large invitant aux commentaires, mais a dû plutôt user de relance ou de
reformulation afin de s’assurer de sa bonne compréhension ou afin d’amener le praticien à
s’exprimer plus avant sur des éléments identifiés lors de la sélection de l’extrait. Afin
d’illustrer cette démarche, on peut se référer aux extraits suivants.
AC-QR ’- ’ C44 : d’a o d, et là ’est do gale e t fa ilit a e le ta leau la u i ue i te a tif ia la ise e oi e, ’est e ue ous disiez …
E61 : ’est e ue j’e pli uais tout à l’heu e, au d ut, pa e u’o i agi e ie , alo s o aurait pu, o pou ait i agi e ue je pose u e g a d feuille al ue ue j’au ai i stall e su u e a te de F a e lassi ue o a di e, papie , et puis e utilisa t des feut es et d’aut es l e ts de ouleu s pour la conserver.
AC-QRp4 C12 (relance) : do ’est l g e e t odifi pa appo t à d’ha itude ? E12 : un petit peu quand même.
C13 : un petit peu, un petit peu stressé ?
E13 : oui je pense. En fait peut- t e ue je e fais pas diff e e t de d’ha itude, ais oi je e mettais plus de pression.
C14 efo ulatio : ais alg tout u d oupage u peu plus i po ta t aussi u’e te ps normal.
E14 : oui, oui, je pe se, j’ai u petit peu s a is ou j’ai u peu plus is e s e a s a e, u peu plus.
AC- E26 : M : […] Je relance ?
C : oui, ’est t s ie , ’est t s i t essa t. C’est e a te e t la d a he.
Le chercheur a volontairement pris une position très en retrait dans le dialogue, tout en
exprimant « sa satisfaction » afin d’encourager le professionnel à s’exprimer au maximum.
Enfin, le dispositif de visionnage schématisé ci-dessous a permis au praticien d’user de la
pause aussi souvent qu’il l’a jugé nécessaire, ce qui fut très largement le cas et qui lui a
permis de s’exprimer et de décrire son activité très aisément.
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