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Le travail comme source de stress et/ ou stress professionnel :

V- Les sources de stress :

3- Le travail comme source de stress et/ ou stress professionnel :

Le travail c’est la santé, rien n’est pourtant moins vrai. Le travail est sans aucun doute source de stress, et si dans certaines circonstances il permet l’épanouissement et l’accomplissement personnel, il est souvent à l’origine de tracas et de tensions et de conflits graves qui mettent en difficulté la santé du sujet (Bouderène, 2005).

De nombreuses législations, européennes notamment celles relatives à l’organisation du travail, reconnaissent les nuisances dues au stress professionnel et les répercussions de ce dernier sur la santé des sujets et celle de l’entreprise (Bouderène, 2005).

Les définitions qui se réfèrent au stress professionnel semblent d’emblée orientées vers l’idée d’une interaction entre l’individu et les conditions ou l’environnement de travail. En effet, Beehr et Newman (1978) proposent une définition du stress au travail qui

repend l’idée de cette interaction « Le stress au travail réfère à une situation où des facteurs reliés à l’emploi interagissent avec les travailleurs de manière à modifier les conditions physiologiques et / ou psychologiques, telle que l’individu est forcé de dévier du fonctionnement normal ». L’idée de l’interaction entre l’individu et l’environnement de travail s’illustre aussi dans la propension des définitions actuelles du stress à ne plus

le désigner par les agents qui le provoquent, mais par les réponses des individus aux différents facteurs qui y sont à l’origine (Leconte, Nathalie ; Patesson, et al ; 2006). Les définitions suivantes, empruntées à Shaufeli et Enzman (1998) et De Keyser &

Hansez (1996) ; illustrent cette tendance : « Le stress est un état transitoire de désadaptation fonctionnelle, dont les symptômes psychiques, et physiologiques et comportementaux manifestent une tentative d’adaptation non encore réussie, et se manifestant à court ou moyen terme ; cet état transitoire, s’il ne se traduit pas par une reconquête d’un nouvel équilibre psychique, évolue vers le Burnout ».

« Le stress psychologique dans le sphère du travail est une réponse du travailleur devant les exigences de la situation pour lesquelles il doute de disposer de ressources nécessaires, et auxquelles il estime faire face ».

Parmi les agents de stress professionnel, on trouve diverses situations de contraintes qui sont temporelles, organisationnelles, relationnelles... qui demandent une capacité d’adaptation excessive pour la personne qui y est soumise.

Selon Boudène (2005) les études qui se rapportent au stress au travail, sont unanimes pour dire que l’insatisfaction professionnelle et l’absence de motivation dans l’exercice de l’activité ruinent le sentiment de bien être et sont ainsi nuisibles pour la santé (D’hertefelt, 2002 ; Koukoulaki, 2002, Levy, 2002 cités par Boudarène).

L’insatisfaction, résulte du manque de soutien et de reconnaissance. D’autres auteurs comme Kyriakou (1989) dégagent plusieurs sources de stress professionnelles dans l’enseignement :

- La faible motivation des apprenants.

- Les actes et manifestations d’indisciplines vis-à-vis des enseignants. - La médiocrité des opportunités de promotion, et de rémunération. - Les carences en matériels, ou matériel vétustes.

- Les classes surchargées.

- La faible reconnaissance sociale.

- La nécessité d’adaptation des programmes aux changements de la société. - Des missions qu’il est de plus en plus difficile de remplir.

Ces facteurs sont générateurs de frustration et de désordres relationnels au sein de l’organisation.

Selon Schweitzer (2002, p. 119) diverses caractéristiques du travail seraient des stresseurs potentiels :

• Les caractéristiques relationnels (conflit et ambiguïté de rôle, non reconnaissance du travail accompli, responsabilité, etc.).

• Les caractéristiques de la carrière (début de carrière, absence de promotion, période de transition, retraite, licenciement, etc.).

Dans ce qui suit, nous allons exposer ces caractéristiques de façon plus détaillé.

3-1- La surcharge du travail : (travail trop long, trop dur, comportant trop de tâches différentes est associé selon Caplan et Jones (1975) à davantage de stress perçu et de plaintes somatiques.

Selon Repetti (1993), un travail trop contraignant correspond à un accroissement de la réactivité de certains systèmes (neuro- endocriniens, cardio - vasculaire) qui à moyen terme peut accroître le risque de cardiopathie. Selon une étude de House et al (1986), des employés ayant un travail très exigeant, présentent plus de symptômes et ont une probabilité plus forte de décéder dans les dix années suivantes que les autres employés. La relation entre la charge de travail et les horaires de travail, d’une part, et des problèmes de santé d’autre part, est positive (Herzog et al ; 1991). Plus que la charge du travail en elle-même c’est la conjonction entre un travail très contraignant (qui exige beaucoup d’efforts, de temps, d’attention etc.), et une faible marge d’autonomie individuelle (décision, pouvoir, contrôle, etc.) qui serait pathogène (Karazek & Theorell, 1990).

En effet de nombreuses études s’inspirant de ce modèle de Karazek, ont montré qu’un travail à la fois très exigeant et peu contrôlable a des effets nocifs sur le bien être psychique (dépression, Burnout), et sur la santé physique (Davis et al., 1995).

3-2- Les problèmes relationnels :

D’après Schweitzer (2002) ces problèmes sont fréquent dans le milieu de travail et sont de types divers. Le conflit de rôle est provoqué par des demandes contradictoires émanent de divers partenaires (collègues, supérieurs, subordonnés).L’ambiguïté de rôle, est l’absence de définition claire du rôle de l’individu dans son travail ; des objectifs qu’il doit réaliser et de l’étendu de ses responsabilités. Selon Caplan et Jones (1975), Le conflit de rôle et l’ambiguïté de rôle sont des précurseurs de la maladie, leur permanence induit chez le salarié une élévation chronique de la pression artérielle et du rythme cardiaque.

Ces auteurs pensent que le stress peut être relié à la qualité des rapports humains entretenus avec le supérieur hiérarchique, les subordonnés et les collègues de travail.

relations au sein d’un groupe de travail, sont un facteur primordial pour la santé de l’individu et de l’organisation.

Le supérieur hiérarchique : Buck (1975) dans une enquête utilisant un questionnaire sur la personnalité du Leader dans sa relation avec ses subordonnés, découvrit que le manque de considération du supérieur à l’égard de ses subordonnés, se traduit chez ces derniers par un sentiment de plus grande tension sur le lieu de travail. La considération est un sentiment associé avec un comportement révélant une certaine amitié, un respect mutuel, et une certaine chaleur dans les relations humaines.

Les subordonnées : Selon le même auteur (1975), la fonction la plus délicate d’un manager réside dans la façon dont il contrôle ses subordonnés. En effet, l’incapacité de déléguer, est l’un des problèmes auquel il faut ajouter le management par participation. L’introduction de cette méthode a causé, beaucoup d’anxiété et de ressentiment chez des managers incapables de déléguer.

L’auteur pense que le déséquilibre entre le pouvoir formel et le pouvoir réel, la perte de statut, l’érosion de son autorité, le refus des subordonnés de participer, sont des sources potentielles de stress, surtout pour les managers ayant une formation scientifique et technique ; ceux-ci sont plus encluns à se consacrer au tâches, problèmes, procédures et processus de décision qu’aux interactions humaines.

Les collègues : D’après Buck (1975), la compétition et la rivalité entre collègues sont des sources bien connues, mais le stress peut être causé non seulement par la pression des relations professionnelles, mais aussi par le manque de soutien des collègues dans des situations difficiles. La crainte de montrer des « faiblesses » en partageant avec ses collègues, ses problèmes et ses appréhensions, est une source de stress révélée par une enquête sur les dirigeants d’entreprise en France, cette crainte isole les cadres de haut niveau et cause d’importants troubles somatiques (maladies cardio-vasculaires). Un autre problème fréquent dans les organisations, et la responsabilité vis-à-vis d’autrui. Lorsque cette responsabilité implique des vies humaines, elle peut mener à l’usure professionnelle ou Burnout, fréquent chez certains professionnels de l’enseignement et de la santé. En effet certaines études placent l’enseignement en tête des 10 emplois les plus stressant et cela de par son haut niveau d’interaction sociale.

Certaines aspects et certaines étapes de la carrière professionnelle peuvent selon Schweitzer (2002) avoir des effets défavorables sur l’apparition du stress, tel qu’une promotion professionnelle inadéquate (trop lente, trop rapide ou sans rapport avec les

performances de l’employé). D’après Catalo et al (1996) l’insécurité professionnelle, l’impossibilité de réaliser ses objectifs et ses ambitions, sont associés à la détresse et à davantage de consultations pour des problèmes psychologiques et cardio-vasculaires.

En ce qui concerne le déroulement de la carrière professionnelle on peut avec Row (1973) identifier deux grandes sources de stress dans ce domaine :

• Le stress lié aux différentes étapes de la carrière.

• Le stress causé par les frustrations induites par le statut professionnel.

3-2- La carrière professionnelle : Selon Row (1973), à chaque étape de sa carrière, un individu est soumis à des tensions et des épreuves qu’il franchit avec plus ou moins de difficultés psychologiques. En effet, le début de carrière dans les sociétés industrielles, pousse les personnes dans une compétition intense afin de gagner rapidement plus d’argent et d’acquérir un statut social plus élevé ; tous ceux et toutes celles qui « échouent » de même que ceux et celles qui réussissent, payent un prix élevé. Le milieu de carrière est accompagné d’un cortège de déception, tels que ralentissement ou frein des progressions, rétrécissement des opportunités, constat d’avoir atteint « le plafond » ; ces constatations peuvent conduire à l’isolement des individus.

La fin de la carrière et la retraite, c'est-à-dire la fin de la vie professionnelle active, et donc la conversion de l’énergie psychique et son travail vers d’autres activités, est encore selon Stora (1991) une source possible de frustration plus ou moins surmontée par les individus, comme l’on prouvé certaines études, les décès sont fréquents dans les deux à trois années suivant la retraite.

Le statut professionnel : Il dépend des procédures de promotion dans les entreprises et des changements sociaux et culturels de la société (Stora, 1991). Une entreprise peut favoriser les formations exceptionnelles de certains de ses cadres, employés et ouvriers, en ignorant les conséquences émotionnelles et somatiques de celle-ci, qui sont la surcharge et l’excès de travail, sentiment croissant d’insécurité et d’isolement de son entourage de travail, plusieurs études portant sur les grandes cités industrielles, insistent sur les risques de maladies coronaires, chez les individus ayant acquis un statut social plus élevé que leur statut d’origine, le stress causé par les modifications rapides de statut social ou professionnel est devenu un des problèmes cruciaux des sociétés industrielles occidentales.

Les sources de stress liées à l’environnement physique de travail, ont été longuement étudiées depuis plus d’un siècle, par les médecins de travail et les ergonomes (Boudarène, 2005).

En effet ces sources ont rapport avec le travail lui-même, à ses spécificités et aux conditions dans lesquelles il s’exerce.

L’aménagement des conditions de travail, de l’espace, mais surtout des équipements de façon à les adopter au mieux aux possibilités de l’homme est une exigence (Boudarène, 2005).

L’ergonomie est le terme utilisé pour qualifier l’étude des conditions d’exercice de l’activité professionnelle. En effet les nuisances physiques (bruit, éclairage, pollution, produits chimique etc.) représentent le volet le plus important des préoccupations des services de santé et de la médecine du travail. Les maladies organiques dont elles sont responsables, occultent largement le problème du stress et ses répercussions sur la vie psychique, bien que des données actuelles établissent un lien étroit entre la survenue de maladies psychiques et les nuisances en question. 4- Les répercussions du stress sur le travail et l’entreprise :

Le stress professionnel ne va pas sans répercussions sur l’entreprise et le travail d’une façon générale. Ces répercussions sont résumées dans les points suivants :

1- Augmentation du taux d’absentéisme en raison de congés répétés. 2- Le manque de ponctualité (comme stratégie d’évitement).

3- Une disponibilité réduite pour le travail entraînant une forte rotation des effectifs. 4- Baise de la productivité du fait que la performance au travail est insuffisante. 5- Taux de fluctuation élevé par suite de congés.

6- Insatisfaction de la clientèle.

Connaître le stress permet de mieux comprendre en quoi la vie en générale et la vie professionnelle en particulier peuvent avoir une influence sur l’équilibre de l’individu, sa santé et son rendement (Boudarène, 2005).