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Les différences individuelles face au Burnout :

Chapitre III : Le Syndrome de Burnout

X- Les différences individuelles face au Burnout :

Les différences individuelles sont associées à la probabilité de rencontrer des stresseurs, de ressentir du Burnout, d’être captable de faire face à la situation stressante et / ou de souffrir plus ou moins longtemps des effets du Burnout (Truchot, 2004).

1- Les hommes et les femmes face au Burnout :

Au travail, les femmes ont-elles les mêmes niveaux de Burnout que leurs collègues masculins ? En fait la question n’a guère été abordée de façons systématiques. Dans bien des ouvrages consacrés ou stress professionnel et / ou Burnout, elle est traitée « en passant » (Truchot, 2004).

Pourtant au travail, il est probable que les deux sexes ne soient pas exposés au même type de stresseurs. Il est tout aussi probable que les modes de socialisation des rôles sexuels engendrent des différences quant au style de coping ou au support perçu. Autrement dit si différence il y a, elle est certainement due plus au aspects sociaux et culturels associés à la catégorisation biologique homme / femme, qu’aux caractéristiques biologiques elles mêmes (Greenglass, 1995).

Au siècle dernier, les femmes ont accédé massivement à l’emploi salarié, même si dans l’union européenne, le taux de participation à l’emploi est aujourd’hui inférieur à celui des hommes (l’écart moyen de participation entre les deux sexes et de 20 %) ; elles constituent la source de main d’œuvre potentielle la plus importante (commission européenne, 1999). Le conseil européen a pour objectif de porter leur taux d’emploi à 60 % en 2010. Mais une chose est évidente, c’est principalement sur les femmes que pèse le poids des tâches domestiques et de la prise en charge des enfants, ce qui les confronte davantage au conflit famille / travail, une source importante de Burnout.

Cette répartition inéquitable du travail domestique non rémunéré rend leur vie quotidienne plus difficile et plus stressante lorsqu’elles occupent un emploi.

D’après la fondation européenne (2002), cette double charge de travail a des conséquences dommageables sur la santé et la sécurité.

Price et Spence (1994) ont étudié l’impact des stresseurs professionnels et familiaux. Elles ont mené ce travail auprès d’un échantillon composé de cent vingt employés d’organisations proposant des services aux personnes souffrant d’alcoolisme ou de toxicomanie. Leurs résultats révèlent des différences marquées entre les deux sexes. Pour les femmes, si les problèmes liés à la vie familiale restent mineurs, l’épuisement augmente seulement de façon marginale quand les stresseurs professionnel deviennent important. Mais si la vie familiale est sources de problème, alors, le niveau d’épuisement émotionnel augmente significativement quand les tensions professionnelles s’intensifient. En revanche, chez les hommes, le niveau d’épuisement émotionnel augmente significativement quand les stresseurs professionnels augmentent et ceci indépendamment du niveau des stresseurs familiaux. Les autres observent le même type de résultats avec la dépersonnalisation.

Autrement dit, cette étude suggère que l’environnement familial joue, chez les femmes, un rôle déterminant dans l’apparition du Burnout (Truchot, 2004).

2- Différences de genre et valeurs sociales :

La participation des femmes au monde du travail les a conduit naturellement à développer les mêmes aspirations que les hommes (avancement, etc.,). Mais bien souvent elle se heurtent encore à des systèmes contrôlés par des valeurs masculines traditionnelles freinant leur promotion sociale et professionnelle.

Les statistiques concernant les positions hiérarchiques montrent que pour 63 % des actifs, le supérieur immédiat est un homme et pour 21 % une femme. Et quand les femmes occupent un poste de direction ou de supervision, elles dirigent habituellement d’autres femmes. Par conséquent, moins de 10 % des hommes ont une femme comme supérieure hiérarchique. On peut encore ajouter que dans une catégorie professionnelle donnée les femmes occupent moins que les hommes les spécialités prestigieuses. En contrepoint, elles sont sur représentés dans les catégories à faible revenu (fonction européenne, 2002).

Le sexe est donc une variable confondue avec le type de rôle occupé et avec la position hiérarchique. Les scores de dépersonnalisation sont la plus part du temps plus élevés chez les hommes, ceci s’explique en partie par une forte différenciation des

prescriptions liées aux rôles sociaux masculins et féminins, et par les stéréotypes qui leur sont associés. Les hommes ont des attitudes plus instrumentales, les femmes des attitudes plus émotionnelles, plus empathiques.

Mais dans certains cas, les valeurs sociales peuvent jouer contre les hommes. En effet on sait que la réussite professionnelle est un moyen de nourrir sa masculinité, en conséquence, plus un homme occupe longtemps le même emploi, c'est-à-dire est privé de promotion, plus son estime de soi diminue, et parallèlement, plus son accomplissement personnel est faible. Ceci est d’autant plus vrai que les hommes évoluent dans un champ professionnel traditionnellement féminin comme l’enseignement (Green glass et al, 1998).

3- L’âge et l’ancienneté professionnelle :

Selon Truchot (2004), contrairement à une conception assez répandue dans le public, le Burnout ne progresse pas nécessairement avec l’âge ou l’ancienneté professionnelle. Les années accumulées n’aboutissent pas obligatoirement à un Burnout élevé. Tout dépend des conditions de travail que l’on rencontre. On observe cependant dans certaines études une pointe de Burnout au cours des trois premières années d’insertion professionnelles. Dans ses premiers travaux Maslach (1982) rapporte que le Burnout apparaît après une année et demie d’exercice chez les infirmières psychiatriques, entre la deuxième et la quatrième année chez les travailleurs sociaux.

L’écart entre les attentes, parfois idéalisées des jeunes professionnels et la réalité quotidienne du travail est une des explications souvent avancées. Tâches routinières, clients peu coopératif, agressifs, climat organisationnel conflictuel, entravent souvent les espoirs initiaux ou déboussolent les novices qui n’ont pas encore mis en place les stratégies de coping adoptées.

Selon Canoui (2004) l’âge mérite une discussion particulière. Il semble exister une relation statistiquement significative entre l’âge et deux dimensions du Burnout, l’épuisement émotionnel et la déshumanisation de la relation, les personnes plus jeunes sont plus vulnérables.

En effet l’étude de Rodary et Coll, met en évidence que les infirmiers (e)s qui se plaignent d’une formation insuffisante, d’acharnement thérapeutique sont en moyenne plus jeunes que les autres,alors que ce sont les plus âgés qui se plaignent d’un manque de soutien. Ainsi selon Canoui & Maurange (2004) l’âge est un facteur de

4- Les variables professionnelle :

Les variables professionnelles considérées sont les titres (grades), la formation, et le nombre d’années d’expérience. Selon Canoui, on ne peut retenir de corrélation entre ces variables et le Burnout car ce syndrome est multifactoriel. Si les résultats sont vérifiés par des travaux ultérieurs, il faut en conclure, que les grades et l’expérience ne sont pas garant d’une solidité face à l’épuisement professionnel, dans la mesure où il s’agit d’un problème d’abord émotionnel et psychologique, lié aux conditions de travail et que les formations à visé préventive doivent être pensées en fonction d’une évaluation en situation.

4- Le statut marital :

Comparativement à celles qui vivent en couple, les personnes seules ont parfois des scores de Burnout plus élevés (Gold, 1985 chez les enseignants ; Raquepax & Miller, 1989, chez des thérapeutes), ceci est particulièrement vrai chez les hommes.

Le statut marital selon truchot, est une variable qui se confond avec d’autres, par exemple l’âge, (les plus jeunes vivent moins en couple), ou avec des difficultés psychosocial.

Peut être le statut marital a-t-il un effet bénéfique sur le bien être, effet qui s’étend entre autres au Burnout.

Ainsi dans leurs célèbre étude longitudinale, Berkman et Simes (1979) trouvent que le fait de vivre en couple est chez les hommes (mais pas significativement chez les femmes) associé à une plus grande espérance de vie.

Truchot pense que le Burnout et le statut marital peuvent être affectés par une troisième variable, par exemple, l’affectivité négative, le caractère dépressif qui pourrait conduire à la fois au Burnout et à la dépression.

Dans ce cas, Burnout et statut marital sont deux effets d’une même cause et leur lien et artificiel. Mais vivre en couple et avoir des enfants est plutôt gage d’un faible Burnout.