Chapitre 2 : Management et santé au travail
2.1. Travail, santé, émotions : d’une approche pathogénique des risques à un processus
Travail, santé et émotions entretiennent des rapports mettant en jeu le bien-être
physique et psychique du professionnel, ainsi que la qualité de service. Afin de traiter des
rapports entre ces trois notions, une approche pathogénique
5, par les RPS, peut se combiner
avec une approche « salutogénique », par la QVT et le bien-être au travail.
2.1.1. Analyse du rapport entre travail et santé
Le professionnel, par le travail qu’il fournit à l’organisation, met en mouvement son
corps, son esprit, sa conscience. Ainsi, travail et santé, deux concepts multidimensionnels, se
lient de manière inextricable. Pour saisir la question de la santé au travail, et du travail « en
santé », il importe de considérer une ou des situation(s) de travail par rapport aux activités
réelles et réalisées par le(s) professionnel(s), au-delà de l’activité prescrite et des conditions
de travail officielles.
2.1.1.1. La relation entre travail et santé
Selon la définition du Bureau International du Travail (BIT), la santé correspond à la
promotion et au maintien du niveau le plus élevé possible de bien-être. Considérée en tant
qu’état, la santé relève d’un bien-être physique, psychique et social, avec absence de
pathologies avérées. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) la définit en 1946 lors de la
Conférence internationale pour la santé, à New York, et intègre cette définition dans la
Constitution de l’OMS : la santé correspond à un état alliant non seulement une absence de
maladie ou d’infirmité, mais aussi un état de complet bien-être physique, mental et social.
Une bonne santé mentale signifie être capable d’établir un équilibre entre tous les aspects de
sa vie : physique, psychologique, spirituel, social et économique
6. La santé se définit donc
comme l’absence de manifestations négatives et la présence de manifestations positives
(Dejours, 1995). L’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE)
considère que la santé mentale recouvre le bien-être et la capacité à faire face à l’adversité
7.
Keyes et Lopez (2002) précisent que la santé mentale complète combine un niveau élevé de
symptômes de bien-être émotionnel, psychologique et social, avec une absence de maladies
mentales récentes. Ce concept multidimensionnel se rapporte à un processus dynamique ne
relevant pas d’un don de la nature (Valette, 2005).
Travail et santé sont étroitement liés (Lachmann & al, 2010), le travail apparaissant
comme un facteur de santé et de réalisation personnelle. Le travail, en tant qu’activité
professionnelle, joue un rôle déterminant dans le développement et la construction de la
santé (Debout & al, 2009). Construire la santé au travail implique de « construire du sens »
(Detchessahar, 2011), la santé résultant d’une construction individuelle, culturelle et sociale
(Clergeau & al, 2006). La santé au travail constitue un « enjeu majeur de santé publique
mais aussi de GRH, dans les organisations » (Barel & Frémeaux, 2012 : 70). Cependant, la
santé et la sécurité au travail (SST), représentent un thème isolé dans les sciences de gestion et
la GRH (Abord de Chatillon & Bachelard, 2006).
Travail et santé ont historiquement été considérés par la psychopathologie du travail,
ou étude du rapport entre travail et santé mentale, dans les années 1950. Cette discipline tend
à trouver l’origine des troubles nés de l’activité, dans les conditions de travail (Loriol &
Caroly, 2008). Puis, dans les années 1970, il fut question de psychodynamique du travail,
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OMS (2001), Organisation Mondiale de la Santé - Atlas : mental health resources in the world, Genève,
World health organization, department of mental health and substance dependence.
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