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CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE

3.4 Critères de scientificité

3.4.2 Transférabilité

La transférabilité, ou validité externe en recherche quantitative, est le critère de scientificité qui suscite l’adhésion de toute la communauté de recherche (Mukamurera et al., 2006). Il vise à vérifier si les conclusions auxquelles le chercheur arrive peuvent s’étendre à d’autres contextes sociaux qui possèdent des caractéristiques semblables à celui étudié (Pourtois et Desmet, 1997). L’une des principales critiques que les tenants des méthodes quantitatives formulent à l’endroit des chercheurs qualitatifs est leur incapacité à généraliser, c’est-à-dire à inférer leurs résultats, avec un certain degré de probabilité, à la population de référence (Desrosiers, 1989). Il va s’en dire que la recherche qualitative ne peut pas établir d’inférences statistiques ni même décrire quantitativement des ordres de grandeur, déterminer sa fréquence, sa distribution, etc. Toutefois, comme le souligne Mukamurera et al. (2006), la véritable question de la transférabilité en recherche qualitative/interprétative est la capacité de l’étude (ses conclusions) à avoir un sens dans un autre domaine. Dans cette perspective, la recherche qualitative procède à d’autres types d’inférences en cherchant dans des cas concrets les propriétés constitutives qui leur sont essentielles pour, ensuite, généraliser ces caractéristiques communes, présumant que, parce qu’elles sont essentielles, elles s’appliquent à d’autres cas similaires (Desrosiers, 1989; Miles & Huberman, 1994; Pires, 1997). C’est donc grâce à un ensemble de caractéristiques communes, particulières à chaque groupe, que le chercheur peut dégager certaines tendances et généraliser à l’ensemble des individus en semblables situations. La transférabilité est possible moyennant certaines conditions. Tout d’abord, la première relève de la constitution même de l’échantillon et de sa représentativité en termes de processus sociaux (Mukamurera et al., 2006). Les précautions prises pour assurer une plus grande crédibilité ont, en quelques sortes, rempli cette condition. La transférabilité de nos résultats peut être défendue par la stratégie échantillonnale qui a permis de produire un maximum d’informations (Deslauriers, 1991; Fernet, 2005; Huberman et Miles, 1994). En effet, par opposition à la représentativité statistique qui prévaut dans les approches quantitatives (Laperrière, 1997; Mukamurera et al., 2006), la diversification systématique des cas couverts par l’échantillon, indépendamment de leur fréquence statistique, a permis d’augmenter le

est aussi un indice du potentiel de transférabilité des résultats ; aucune nouvelle donnée n’a suffisamment ressortie des entretiens pour justifier une augmentation du matériel empirique (Pourtois et Desmet, 1997). Notre échantillon apparaît donc représentatif des processus sociaux observés dans le cadre de cette étude.

La deuxième condition trouve appui dans une bonne description interne de chaque cas (site) et dans la subséquente comparaison avec les autres cas (sites) sur lesquels on voudrait transférer les conclusions (Pires, 1997; Pourtois et Desmet, 1997). Pour cette étude, la description détaillée du groupe étudié, des procédures d’échantillonnage et des étapes d’analyse, a permis à d’autres chercheurs de juger du degré de similitude du contexte de réception et du contexte d’origine (Deslauriers, 1991; Fernet, 2005; Laperrière, 1997).

La dernière condition permettant d’évaluer le critère de transférabilité est le niveau d’abstraction atteint par l’analyse. Un bon niveau d’abstraction exige que l’analyse dépasse la spécificité des comportements, des événements ou des situations singulières des sujets (Mukamurera et al., 2006). De ce fait, comme cette étude s’inscrit en conformité avec les étapes d’analyse proposées par la théorisation ancrée (Glaser et Strauss, 1967), nos résultats, sans offrir une théorie formelle, proposent des concepts génériques qui rendent intelligibles, au-delà de l’ici et maintenant, les processus humains et sociaux qui sont en jeu (Mukamurera et al., 2006). En effet, l’une des stratégies d’interprétation des données a permis de classer les événements singuliers sous un ensemble de caractères communs à des individus et de former un groupe (Mukamurera et al., 2006). Elle a aussi permis d’analyser l’action, les événements ou les significations de façon à les arrimer à des catégories plus abstraites (Fernet, 2005; Mukamurera et al., 2006; Paillé, 1994; Paillé et Mucchielli, 2003; Strauss et Corbin, 1990a).

3.4.3

Fiabilité

La fiabilité (ou fidélité dans les approches traditionnelles) est le critère de scientificité qui permet de juger si les résultats d’une recherche ne sont pas le fruit de circonstances accidentelles ou de l’imagination du chercheur. En d’autres mots, les données, les interprétations et les propositions émergentes doivent être issues du projet, tout en étant retraçables jusqu’à leurs sources empiriques (Gendron, 2001; Laperrière, 1997). Pour évaluer

la fiabilité d’un devis, les chercheurs qualitatifs s’intéressent à la congruence des résultats. Ils proposent donc un ensemble de mesures permettant la révision et l’évaluation, par d’autres chercheurs, de la démarche particulière de recherche et, plus spécifiquement, de son analyse des changements observés et des justifications qu’elle apporte aux réorientations théoriques survenues au cours du processus (Laperrière, 1997). La fiabilité du devis repose donc sur la capacité de chercheur à faire preuve de transparence, notamment en ce qui concerne l’origine des données et leurs procédures d’interprétation.

Dans cette étude, l’origine des données a, tout d’abord, été vérifiée, par moi-même et l’autre analyste en charge de la codification, par un processus simultané d’écoute des enregistrements audio et de lecture des transcriptions des verbatim. Ensuite, lors de l’analyse des données, pour chaque interprétation proposée, les co-chercheurs avaient accès aux citations s’y référant, incluant le nom fictif de la participante, le numéro de l’entrevue ainsi que l’unité textuelle des citations attribuée par le logiciel Atlas/ti. Enfin, les catégories conceptuelles finales représentant la synthèse de nos analyses ont été confrontées par les co-directrices de cette thèse, pour finalement faire l’objet d’une production commune.

La fiabilité de l’analyse effectuée a posteriori a été atteinte par la présentation explicite de nos présupposés théoriques et conceptuels sur lesquels reposait l’interprétation des données (Guba et Lincoln, 1994). De plus, tous les mécanismes privilégiés lors des étapes de l’analyse des données ont été validées par les co-directrices de la thèse. Les interprétations découlant de ces étapes ont été révisées par trois chercheurs de l’équipe et par des informateurs clés issus des milieux cliniques et communautaires. La convergence des résultats entre les chercheurs et entre les co-directrices et les informateurs clés a alors été considérée comme un signe de fiabilité (Deslauriers, 1991; Fernet, 2005; Gendron, 2001). Enfin, le logiciel Atlas/ti a facilité le suivi du mouvement de l’analyse, tout comme la conservation des points de vue (Mottet, 2005), ce qui permet, selon Pourtois et Desmet (1997), d’assurer un bon contrôle de « fiabilité ». À la lumière de cet ensemble de considérations, nous estimons que la présente étude propose des résultats crédibles, transférables et fiables.

3.5

Considérations éthiques

La participation à l’étude s’est faite sur une base strictement volontaire. Lors du recrutement, aucune sollicitation ou pression n’a été exercée sur les FVVIH. Au moment de l’entretien, un consentement éclairé a été obtenu de manière écrite, après que la participante ait relu la lettre explicative qui lui avait été transmise lors du recrutement. La participante pouvait se retirer de l’étude en tout temps sans aucun préjudice. Le VIH étant un sujet délicat à aborder, elle pouvait également compter sur des services adéquats de références pour toute inquiétude quant à son bien-être physique ou mental. Les procédures de gestion des données assuraient la confidentialité des données. Les bandes magnétiques et tous les documents retranscrits ont été placés sous clé dans le bureau de la chercheure principale. La base de données a été sécurisée sur un ordinateur central dans un local du Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal. Seuls les chercheurs principaux impliqués ont accès à l’ensemble du matériel de l’étude et ces données ne serviront qu’à des fins de recherche. Le matériel et les données recueillies seront détruits à la fin du projet de recherche dans lequel s’insère la présente étude. Le matériel ne contenait aucune information nominale mais seulement des codes préservant l’identité de la répondante. Dans le cadre de cette recherche, à travers tous les documents transcrits, aucune information nominale n’est présentée, qu’elle concerne la répondante elle-même ou les personnes qu’elle a nommées ou citées ainsi que les lieux mentionnés. Un premier formulaire de consentement provient du projet initial de recherche « Les expériences de vie des femmes séropositives depuis l'avènement des nouvelles thérapies contre le VIH/sida » (FQRSC) (Trottier et al., 2002-2005). Ce projet a reçu l’approbation du comité d’éthique de CHU Ste-Justine ainsi que celle du comité d'éthique de la recherche de l'Université Laval (CÉRUL). Le comité éthique de la recherche en santé (CERES) de l’UdeM a reconnu que les autorisations de l’étude principale s’appliquaient à l’analyse secondaire des entrevues effectuées dans le cadre de cette thèse. Les formulaires de consentement éclairé et d’approbation des comités éthiques se retrouvent aux annexes II et III.