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D’après Dubreuil et al. (2003) [12], à l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement permettant d’éviter l’installation de la presbyacousie ni de traitement curatif. La lutte contre les traumatismes sonores et contre l’exposition aux

médicaments ototoxiques contribue à préserver le capital auditif sensoriel des sujets âgés.

4.7.1. Les traitements médicaux

Bouccara et al. (2005) [7] expliquent que de nombreux médicaments sont proposés afin d’améliorer les performances de patients presbyacousiques. Leurs sites d’action sont périphériques et/ou centraux.

Certaines molécules visent à piéger les radicaux libres produits lors de la destruction des cellules ciliées internes. D’autres molécules favorisent le phénomène de plasticité neuronale indispensable pour compenser le déficit sensoriel. Toutefois, selon Dubreuil et al. (2003) [12], leur efficacité sur le déficit auditif et sur son

évolution n’est pas établie.

4.7.2. L'appareillage audioprothétique

Le traitement adéquat de la presbyacousie suppose un appareillage

audioprothétique bilatéral précoce qui peut évoluer, en l’absence d’amélioration, vers une implantation d’oreille moyenne ou cochléaire.

Selon Bouccara et al. (2005) [7] « Les indications se posent dès que la gêne

fonctionnelle est patente et que le déficit moyen en audiométrie vocale dépasse 30 dB avec altération de l’intelligibilité en rapport avec l’audiométrie vocale ».

Les situations d’échec avec aides auditives conventionnelles conduisent à discuter l’indication d’une prothèse implantée d’oreille moyenne ou d’un implant cochléaire. Les résultats obtenus sembleraient satisfaisants et l’amélioration en termes de qualité de vie serait corrélée à celle des performances auditives (Bouccara et al. en 2005) [7].

Bouccara et al. (2005) [7] montrent que le suivi effectué conjointement par le médecin traitant, le médecin ORL et l’audioprothésiste avec (si l’indication se pose), le soutien d’une rééducation orthophonique et psychologique, contribue à vérifier la

entraînement auditif. L’information régulière de l’entourage est également nécessaire pour accompagner le patient dans son adaptation prothétique.

4.7.2.1. Limites liées à l'appareillage prothétique

4.7.2.1.1. Adaptation et utilisation de l'aide auditive

Malgré le suivi et les explications fournies par les professionnels sur

l’utilisation d’une prothèse auditive, le patient sourd âgé se confronte souvent seul aux difficultés liées à l’usage de celle-ci. On observe alors, dans certains cas, que l’appareil auditif n’est pas utilisé et finit « au fond du tiroir ».

En effet, la miniaturisation des prothèses est susceptible d’engendrer des difficultés de manipulation qui croissent évidemment avec l’âge et l’apparition de pathologies associées (telles que troubles de la sensibilité, troubles de la vision, arthrose et troubles cognitifs…). Ces difficultés sont d’autant plus présentes si l’appareillage est binaural puisque la personne devra savoir identifier la prothèse correspondant à l’oreille droite et celle s’introduisant dans l’oreille gauche.

L’entretien régulier de la prothèse auditive est un gage de son bon

fonctionnement. Ainsi, la personne malentendante devra procéder au changement de la pile, au nettoyage de l’appareil... Ceci nécessite des habiletés et des

connaissances pour lesquelles le patient peut rencontrer des difficultés et qui influencent donc un usage efficace de l’aide auditive.

Néanmoins, à l’issue de ces constatations exposant les risques liées au port d’une prothèse auditive par la personne âgée, il semble important de préciser que l’adaptation et l’utilisation de ce type d’aides est fonction de la formation et des services offerts par l’audioprothésiste à son patient mais également de la motivation et de l’engagement de ce dernier.

Il demeure également pertinent de souligner un autre point lorsque la personne âgée appareillée est placée dans une institution (maison de retraite, EHPAD…) et qu’elle demeure dépendante du personnel soignant. En effet, dans ce type d’établissement, les personnes soignantes qui gravitent autour de la personne âgée ne suivent pas ou peu de formations concernant les aides auditives dans leur cursus. Ainsi, on peut retrouver dans certains cas des appareils mal placés, dont la

Effets du vieillissement sur le système auditif et présentation de la presbyacousie

pile est usée ou encore un nettoyage non effectué, ceci réduisant ou anéantissant les apports de la prothèse sachant que la personne malentendante n’est pas en mesure de signifier qu’elle fonctionne mal ou pas du tout.

A ce sujet, certaines actions ont été crées. Nous pouvons prendre l'exemple du Service d'Aide aux Malentendants Institutionnalisés ou Dépendants (SAMID) mis en place en 1997 par les Laboratoires Renard à Lille [48]. Un professionnel intervient directement auprès des établissements gériatriques ou spécialisés afin de former les équipes soignantes sur la prise en compte du problème auditif chez les résidents et sur la gestion quotidienne d'un appareil auditif. Cette action s'étend également aux personnes dépendantes bénéficiant d'un maintien à domicile (via les services d'aide à la personne).

Les objectifs de ce service sont:

• de mettre en place les moyens d'un suivi audioprothétique individualisé soumis à des contrôles réguliers avec l'audioprothésiste pour chacun de ces patients appareillés, les accompagner et les soutenir dans le port efficace de leur appareillage auditif afin de favoriser leur communication et leur vie sociale.

• d'aider les équipes soignantes de ce type d'établissement en les formant à assurer la gestion quotidienne des appareillages auditifs des patients équipés (mise en place, entretien, changement des piles...) et leur permettre de réagir efficacement en cas de problème (aide auditive en mauvais état de

fonctionnement, réglages inadaptés...).

La personne presbyacousique a bénéficié, au cours de sa vie, d’une éducation auditive culturelle relative à la structure de notre langue. Lorsque ce type de surdité apparaît et évolue, elle voit son champ auditif se modifier du fait du vieillissement de son système auditif. Le port de prothèses auditives vient pallier aux difficultés

rencontrées mais n’est parfois pas suffisant. C’est dans ce cadre que l’orthophoniste intervient afin de stimuler les fonctions psycho-acoustiques perturbées ou perdues dans le but de rétablir un confort auditif et de permettre à la personne malentendante de s’adapter et d’apprécier un nouvel environnement sonore. Cependant, la prise en charge orthophonique d’un patient presbyacousique n’est pas encore connue et légitimée et donc pas prescrite par les médecins ORL, ceci limitant l’adaptation du

4.7.2.1.2. Paradoxe concernant ce handicap

Lorsqu’on met en relief la notion d’aide dans le port d’aides auditives dans le cadre d’une presbyacousie, celle-ci n’a pas la même connotation que dans le port de lunettes lors d’une presbytie, par exemple.

En effet, le fait d’utiliser des lunettes est accepté par tout le monde, soumis à un effet de mode et même associé à une image intellectuelle voire une marque d’élégance. Les troubles de la vision nécessitant la prescription de « prothèses visuelles » ou autrement dit lunettes n’est pas considéré comme un handicap. A contrario, le fait d’avoir recours à des prothèses auditives suggère, aux yeux de la plupart des gens, une notion de handicap et admet également l’idée de vieillissement qui n’est pas flatteuse. Ainsi, cette aide est la plupart du temps dissimulée par la personne malentendante malgré les efforts d’esthétisme de la part des fabricants d’appareils auditifs.

La déficience auditive devient donc un handicap invisible du fait de son expression clinique, des tentatives de dissimulation de celle-ci et de la miniaturisation des prothèses. Un problème se pose alors quant aux conditions de communication essentielles à un échange adapté avec les personnes sourdes telles que se placer dans la lumière, être face à face, parler avec un débit légèrement ralenti… En effet, de par l’image négative de son handicap, la personne malentendante ne fait pas forcément part à son interlocuteur des conditions idéales pour le bon déroulement d’une conversation, ce dernier ne peut donc pas ajuster son comportement.

L’idée d’un paradoxe peut être exprimée étant donné qu’à cause des connotations négatives qui se dégagent de la déficience auditive, la personne cherche à dissimuler son handicap. Ceci ne permet donc pas de réunir toutes les conditions favorables à une compréhension satisfaisante du message.

La personne âgée

5. La personne âgée