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CHAPITRE 1. INTRODUCTION

1.5 Traitements des déficits de contrôle moteur

Les recherches qui ont tenté de caractériser les déficits associés aux tendinopathies de la coiffe des rotateurs s’inscrivent dans un processus dont le but ultime est d’améliorer les résultats des traitements de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs.

Parmi les traitements retrouvés dans la littérature afin de traiter les tendinopathies, on dénombre la chirurgie, les modalités électrothérapeutiques, les exercices thérapeutiques, la thérapie manuelle, l’acupuncture, les médicaments anti-inflammatoires non-stéroïdiens et les injections de corticostéroïde[106]. À l’exception de la chirurgie, tous les autres traitements sont considérés comme étant des traitements conservateurs. Dans une revue systématique portant sur les traitements des tendinopathies de la coiffe des rotateurs, les auteurs avancent qu’il n’existe aucune évidence démontrant que les traitements chirurgicaux offre des résultats supérieurs aux traitements conservateurs[106].

Les traitements de la tendinopathie, conservateurs et chirurgicaux, ont progressé dans les dernières décennies. Le volume d’études couvrant les traitements des tendinopathies en réadaptation est très important. Les modalités de réadaptation recensées lors d’une revue Cochrane en 2003 couvre une panoplie d’approches incluant les modalités électro- analgésiques, l’ultrason, les exercices, la massothérapie, la mobilisation et la manipulation articulaire ainsi que le laser[107]. À noter qu’aucune mise à jour de cette revue n’a eu lieu

depuis. Les conclusions de cette revue démontraient des résultats positifs suite à des exercices thérapeutiques. De plus, les résultats aux exercices thérapeutiques étaient améliorés par l’ajout de mobilisations. Aucun effet supérieur au placebo n’a été observé lors d’interventions au laser ou à l’ultrason dans le cas des tendinopathies. Depuis cette revue, des études ont évalué d’autres modalités thérapeutiques : le kinesiotaping[108] et la thérapie par ondes de choc radiales[109]. Les options thérapeutiques sont nombreuses et la revue de toutes ces modalités dépasse l’objectif de ce mémoire; donc l’accent sera dirigé vers les approches qui ont démontré un succès clinique.

Une revue systématique effectuée par Hanratty et al. en 2012, regroupant 1162 participants sur 16 études, a conclu que les exercices thérapeutiques permettaient de diminuer la douleur et d’améliorer la fonction de l’épaule chez les gens souffrant de tendinopathie. Généralement, les exercices thérapeutiques consistent en des exercices de renforcement de la coiffe des rotateurs et des étirements ciblant la capsule postérieure ou le muscle petit pectoral. Une méta-analyse de 6 des 16 études incluses a permis de conclure à un petit effet des exercices à court terme sur la force et à long terme sur la fonction. Vue l’hétérogénéité des programmes d’exercices, aucune conclusion n’a pu être tirée sur les protocoles associés à de meilleurs résultats[110]. Deux revues systématiques[111, 112] et trois études[113-115] ont démontré que l’ajout de thérapie manuelle à un programme d’exercice augmentait les bénéfices de l’intervention en physiothérapie. Malheureusement, parmi les trois études citées plus haut, aucune n’a décrit adéquatement l’intervention, ni utilisé des mesures d’incapacités validées. Quelques autres études ont combiné avec succès la thérapie manuelle et les exercices dans le traitement des tendinopathies[84, 116, 117]. L’étude présentée dans ce mémoire se distingue de ces études en incluant une composante d’entrainement au mouvement en plus d’un programme d’exercice et une composante de thérapie manuelle.

Tel que mentionné précédemment, plusieurs déficits moteurs ont été décrits chez les personnes souffrant de tendinopathie de l’épaule. Il a également été avancé que ces déficits pouvaient être la conséquence d’une perturbation dans l’activation des muscles scapulaires et GH, menant à un changement dans le contrôle moteur de l’épaule. Il serait donc attendu que des traitements en réadaptations tentent de corriger les déficits moteurs à l’aide d’entrainement moteur visant directement les déficits observés. L’entrainement moteur se

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veut une rééducation du recrutement musculaire dans le but d’améliorer l’activation des muscles de la coiffe, maximiser la coordination des couples musculaires scapulaire et GH et optimiser l’orientation scapulaire lors des mouvements du membre supérieur. À ce jour, seules deux études ont axé leur intervention sur la correction des déficits moteurs à l’aide de l’entrainement moteur[84, 118]. Ces deux études, qui étaient axées sur la rééducation motrice, ont eu des effets positifs sur la douleur et les incapacités mais présentaient des cohortes limitées (n= 8 et n=16). De plus, il est important de noter que plusieurs autres études présentaient aussi des composantes adressant le contrôle scapulaire, mais rarement dans un contexte d’entrainement moteur et de correction de dyskinésie de la scapula et ou de contrôle de la tête humérale. Historiquement, la majorité des interventions se limitaient à l’étirement des tissus mous et au renforcement des muscles de la coiffe de rotateurs.

En se basant sur des études effectuées auprès de populations souffrant de blessures musculosquelettiques, il est attendu que l’entrainement au mouvement soit en mesure de corriger certains des déficits centraux liés à de la douleur. À la région lombaire, une normalisation des paramètres centraux, en l’occurrence de l’asymétrie du centre de gravité du muscle transverse de l’abdomen, a été observée à la suite d’un programme d’entrainement au mouvement durant lequel les patients devaient faire des contractions volontaires du muscle[71]. Toutefois, l’évaluation de la progression des paramètres centraux ne figure pas dans les objectifs de ce projet.

À ce jour, aucune étude n’a étudié l’efficacité d’un programme combinant entrainement moteur, exercices de renforcement, et thérapie manuelle. Concernant la DAH, il existe à ce jour qu’une seule étude ayant étudié l’évolution de cette mesure suite à une intervention en physiothérapie, cependant cette étude ne comptait que 7 sujets et aucun groupe témoin. Ainsi, ce mémoire permettra d’évaluer l’efficacité d’un tel programme sur les symptômes, les limitations fonctionnelles et sur la DAH de personnes présentant une tendinopathie de la coiffe des rotateurs. La section suivante présente les objectifs spécifiques de ce mémoire.