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Corrélation entre les chrétiens à Rome et ceux à la Chapelle

Nous avons pensé poursuivre pendant notre recherche une réflexion en utilisant dans notre cadre théologique l’Épître aux Romains1, principalement les péricopes de Rm 1,1-7 et 12,1-

13. Ces passages décrivent bien le vivre-ensemble et la participation à la vie communautaire au sein de plusieurs Églises à Rome. En Rm 1,5, il est écrit : « Par lui nous avons reçu la grâce d’être apôtre pour conduire à l’obéissance de la foi, à la gloire de son nom tous les peuples païens,2 » et en Rm 12,3 « Au nom de la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun

d’entre vous : n’ayez pas de prétentions au-delà de ce qui est raisonnable, soyez assez raisonnables pour n’être pas prétentieux, chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a donnée en partage3 ». Chacun des chrétiens a reçu sa part selon la grâce qui lui a été donnée de

participer, soit en prophétisant avec foi, soit en servant, en enseignant, en encourageant, soit en donnant généreusement, soit en dirigeant sincèrement … en étant solidaire de ceux dans le besoin et exercer l’hospitalité Rm 12,5-13. Nous avons développé le cadre théorique de la recherche en approfondissant les deux péricopes de l’Épître aux Romains et en identifiant le contexte des Églises à Rome au milieu du 1er siècle après Jésus-Christ.

Introduction de l’Épître aux Romains

Sa richesse, son authenticité, sa pertinence, son rôle dans l’histoire de l’Église, son contexte, les difficultés pour les Juifs et les Païens de vivre-ensemble et l’intérêt du chercheur sont les nombreuses raisons qui nous ont motivés à choisir cette Épître pour notre cadre théologique. L’auteur de l’Épître n’est pas contesté, il s’agit bien de Paul, aidé par Tertius (Rm 16,22) qui agit comme scribe. La date de rédaction est assez facile à identifier entre les années 56 et 594

1 À moins d’indication contraire, nous avons choisi la traduction œcuménique de la Bible. [s.a.], La Bible : Traduction oecuménique, Villiers-le-Bel, Bibli'O-Soc. Biblique française, 2010.

2 Ibid., p. 1824. 3 Ibid., p. 1835. 4 Ibid., p. 1821.

après Jésus-Christ et elle s’adresse aux chrétiens à Rome (Rm 1,7), et non à une seule Église5.

Certains problèmes sont traités par la critique textuelle, mais nous n’aborderons pas ceux-ci. Nous retenons l’intégralité de cette Épître pour notre recherche comme elle apparait dans le canon biblique. Notre objectif n’est pas de décrire minutieusement tout sur cette Épître, mais de résumer le contexte de celle-ci afin d’approfondir deux péricopes pour notre question de recherche.

Contexte de la communauté de Rome au milieu du 1

er

siècle

Données externes

Il y a plusieurs écrits qui mentionnent la présence de Juifs à Rome et cela depuis la période des Maccabées. Gignac écrit : « Bref, au milieu du 1er siècle, sous les règnes de Claude (41-

54) et de Néron (54-68) - dont le début de règne fut vécu comme une résurgence de l’âge d’or augustéen-, la communauté juive de Rome est active, florissante et bien implantée. On estime sa population entre 20 000 et 50 000 personnes, sur une population totale de 800 000 (Tobin, Rhetoric, 23)6 ». Sous le règne de Claude, les juifs ont été contraints de ne plus se

rassembler en l’an 41, « Les Juifs étant de nouveau devenus trop nombreux pour qu’on pût, attendu leur multitude, les expulser de Rome sans occasionner des troubles, il ne les chassa pas, mais leur interdit de s’assembler pour vivre selon les coutumes de leurs pères7 ».

Quelques années plus tard, l’empereur Claude a ordonné une expulsion de tous les juifs. Vers 49, Suétone, un érudit romain, le mentionne « Il chassa de la ville tous les juifs qui se soulevaient sans cesse à l’instigation d’un certain Chrestus8 ». Ce Chrestus était le Christ

« celui dont les fidèles, fraîchement gagnés au sein du Judaïsme ou parmi ses sympathisants ("craignant Dieu"), semaient le trouble dans les communautés juives de la capitale9 ».

Fitzmyer précise:

5 Le chapitre 16 de Romains mentionne plusieurs Églises se réunissant dans les maisons. Nous en avons des références aux versets 5, 10, 11, 14 et 15.

6 Alain Gignac, L'Épître aux Romains, Paris, Cerf, 2016, p. 46-47.

7 Cassius, Étienne Gros et V. Boissée, Histoire romaine de Dion Cassius, Paris, 1866, p. 491.

8 Suétone, Jean-François de la Harpe et J. R. T. Cabaret-Dupaty, Œuvres de Suétone, Paris, Garnier frères, 1865, p. 290.

Suetonius, then, would have been referring to a conflict between Jews and Jewish Christians of Rome in the late 40s; the constant disturbances would apparently have been caused by Jews who opposed those who accepted Jesus as the Messiah or Lord, […]. These disturbances were happening so frequently (assidue tumultuantis) that they became the reason for the imperial banishment of Jews and Jews Christians from Rome10.

Ces informations nous renseignent sur un contexte particulièrement tendu et difficile pour les Juifs. Ils ont été forcés de quitter Rome pendant le règne de Claude. Les commentateurs ne s’attendent pas sur le sens de tous les Juifs, il semblerait qu’il s’agit plutôt des leaders de la communauté juive chrétienne et non de tous les Juifs. Gignac nous décrit le contexte de la communauté romaine :

Le christianisme a dû s’implanter très tôt à Rome, au tournant des années 40, quinze à vingt ans avant la rédaction de la lettre aux Romains, probablement par des chrétiens venus de Jérusalem. Il profite d’abord de l’organisation juive, décentralisée, mais bien établie (avec des maisons de prière) et reconnue par le pouvoir impérial. Des Juifs et des païens proches du judaïsme adhèrent au mouvement chrétien, jusqu’à provoquer des troubles internes aux communautés juives en 49, à propos de la messianiste de « Chrestos », ce qui suscite l’intervention romaine. Des leaders judéo-chrétiens comme Prisca et Aquila doivent alors quitter Rome, où ils reviendront après la mort de Claude – la politique de Néron prenant le contre-pied de celle de son prédécesseur. Lorsque Paul envoie sa lettre, ces leaders sont revenus – l’ordre d’expulsion et ses effets sont déjà anciens d’environ six ou sept ans11.

Brown écrit :

It would be more reasonable to assume that Claudius exiled those Jews who were the most vocal on either side of the Christ issue, an action that would explain the expulsion of Aquila and Priscilla whom we know later to have been vigorous Christian missionaries. (…) If we accept it as reasonable, we have persuasive information that by 49 the Christian mission had been in Rome long enough to cause serious friction12.

10 Joseph A. Fitzmyer, Romans : A New Translation with Introduction and Commentary, New York, Doubleday, 1993, p. 31.

11 Alain Gignac, L'Épître aux Romains, p. 49.

12 Raymond E. Brown et John P. Meier, Antioch and Rome : New Testament Cradles of Catholic Christianity, New York, Paulist Press, 2004, p. 102.

Bien que Gignac nous suggère quatre scénarios13 pour expliquer qui sont ces juifs expulsés

de Rome, nous considérons que l’édit d’expulsion a déstabilisé les communautés chrétiennes de Rome. Dunn écrit: « But it may also suggest some difficulty for returned Jewish Christians in regaining leadership roles they had previously been accorded within the house churches, now predominantly Gentile14 ». Nous retenons que les chrétiens d’origine païenne de Rome

ont eu à vivre le retour des Juifs chrétiens, ce qui a créé des tensions qui sont bien présentes dans l’Épître aux Romains.

Données internes, la Bible

Bien qu’il soit difficile de déterminer les circonstances des débuts de l’Église à Rome, nous sommes en mesure de penser que la communauté chrétienne devait être assez nombreuse pour que Paul prenne le temps d’écrire une lettre aussi longue et aussi bien construite. Nous avons plusieurs indices, particulièrement en Rm 1,16; 2,9-10; 3,9 et 10,12, nous permettant de penser que ces Églises étaient composées de chrétiens d’origine juive et d’origine païenne. Selon Ac 18,2, Paul a rencontré Aquilas et Priscille à Corinthe qui venaient d’arriver d’Italie, car l’empereur « Claude, en effet, avait décrété que tous les juifs devaient quitter Rome15 ».

Ce décret a été publié vers l’an 49. Après la mort de Claude, les chrétiens d’origines juives sont retournés à Rome. Ce retour des juifs a dû causer plusieurs difficultés dont celle de l’intégration16 des chrétiens juifs à des communautés composées de chrétiens non-juifs. « Le

leitmotiv "Juifs (d’abord), mais aussi Grecs" (1,16; 2,9.10; 3,9; 10,12) suppose une tension ethnique, voire un conflit, ce que confirmeraient le ton diplomatique et le caractère oblique et imprécis de la discussion de Rm 1417 ». L’Introduction au Nouveau Testament conclut :

« Cependant, il est quasi certain que les pagano-chrétiens constituaient une majorité suffisamment importante pour qu’il soit justifié que Paul intègre la communauté chrétienne de Rome à la sphère des païens auxquels s’adressait tout particulièrement son ministère18 ».

13 Alain Gignac, L'Épître aux Romains, p. 49-50.

14 James D. G. Dunn, Romans 1-8, vol. 38A, Grand Rapids, Zondervan, 1988, p. liii. 15 [s.a.], La Bible : traduction oecuménique ; TOB, p. 1803.

16 [s.a.], Bible d'étude : version du semeur 2000, Charols, Excelsis, 2011, p. 1696. 17 Alain Gignac, L'Épître aux Romains, p. 50-51.

18 Donald Arthur Carson, Douglas J. Moo et Christophe Paya, Introduction au Nouveau Testament, Cléon- d'Andran, Excelsis, 2007, p. 365.

À peine moins de dix années se sont écoulées depuis le décret de Claude. Paul écrit sa lettre aux Romains alors que les chrétiens juifs dispersés effectuent un retour à Rome après la mort de l’empereur Claude.

Péricopes choisies

Nous avons choisi l’introduction Rm 1,1-7 et la conclusion Rm 16, 25-27 de l’Épître aux Romains ainsi que les 13 premiers versets du chapitre 12. Nous commencerons par explorer l’introduction qui est composée de 7 versets. Cette péricope est considérée comme une ouverture du même type que le genre littéraire « épistolographie antique », incluant une présentation de l’auteur, les destinataires et les vœux du verset 1 à 7, sans les Actions de grâce qui se poursuivent aux versets 8 et 919.

Introduction Romains 1,1-7

1 Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’Évangile de Dieu. 2 Cet Evangile, qu’il avait promis par ses prophètes dans les Ecritures saintes, 3 concerne son Fils, issu selon la chair de la lignée de David, 4 établi, selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection d’entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur. 5 Par lui nous avons reçu la grâce d’être apôtre pour conduire à l’obéissance de la foi, à la gloire de son nom, tous les peuples païens, 6 dont vous êtes, vous aussi que Jésus Christ a appelés. 7 A tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, aux saints par l’appel de Dieu, à vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ20.

Verset 1 Παῦλος est le premier mot de la lettre. Saul est son nom avant la rencontre sur le chemin de Damas (Ac 7,58 ; 8,1-3 9,1-20). Il approuve le meurtre d’Étienne, il cherche à détruire l’Église et il demande au grand-prêtre une lettre de recommandation afin d’arrêter et amener les chrétiens à Jérusalem. Paul est juif, un pharisien et un citoyen romain. Il a probablement écrit 13 des 27 livres du Nouveau Testament qui sont des lettres adressées à des Églises ou des responsables d’Église. Il est né à Tarse, capitale de la province romaine de Syrie-Cilicie.

19 Odette Mainville, Un plaidoyer en faveur de l'unité : La lettre aux Romains, Montréal, Médiaspaul, 1999, p. 19.

Nous définirons le nom δοῦλος comme une référence de la relation de l’être humain avec Le Christ. N. T. Wright suggère que: « Paul announces himself with the word that, above all others in his world, carried overtones of social degradation. Slaves had no rights, no property, and no prospects; they were simply there to do what they were told. Modifying this to "servant", as though Paul were a free agent who happened to have a job as a cleaner or butler misses the point21 ». Nous verrons plus loin avec l’expression εἰς ὑπακοὴν πίστεως que l’idée

de Wright se confirme de toute évidence.

Voici le « personnage » central de sa lettre Χριστοῦ Ἰησοῦ, Jésus-Christ. Paul le mentionne 4 fois dans les 7 premiers versets. Dunn est un des rares commentateurs à écrire : « The naming of "Jesus Christ" four times in seven verses indicates the centrality of Christ to Paul's whole thought and endeavor22 ». Pour N. T. Wright, le sens du mot Χριστοσ évoque la royauté de

Jésus sur Israël « And the overtones of "Christ"–i.e., "Messiah"–are, as we shall presently see, clearly royal : The Messiah is the anointed king of Israel who in Scripture was supposed to be the ruler of all other earthly monarchs (see, e.g., Pss 72 :8-11 ; 89 :27 ; Isa 11 :1-4)23 ».

κλητὸς ἀπόστολος, l’adjectif verbal klètos doit être traduit non pas par appelé apôtre, mais plutôt par appelé à être apôtre24. Il s’agit d’un appel à un service, à un ministère pour Dieu.

Dans la littérature ancienne, on utilisait ce mot pour inviter quelqu’un à un repas ou à un service25. Paul se considère un apôtre au même titre que les douze premiers apôtres, il serait

le « treizième ». L’appel sur le chemin de Damas et la rencontre avec Ananias ont bouleversé sa vie tels que Luc le rapporte : « Alors il m’a dit : Le Dieu de nos ancêtres t’a choisi d’avance pour te faire connaître sa volonté, pour que tu voies le Juste et que tu entendes sa voix, car tu seras son témoin devant tous les hommes pour leur annoncer tout ce que tu as vu et entendu », en Ac 22,14-15. Sa vie ne sera plus jamais la même, d’autant plus qu'il avait déjà pensé être mis à part par Dieu en étant pharisien (le sens du mot pharisien est séparé, mis à part). Le

21 N. T. Wright, « Letter to the Romans », dans The New Interpreter's Bible : Acts of the Apostles,

Introduction to Epistolary Literature, Letter to the Romans, First Letter to the Corinthians, vol. 10, Nashville, Abingdon Press, 2002, p. 415.

22 James D. G. Dunn, Romans 1-8.

23 N. T. Wright, « Letter to the Romans », p. 415.

24 Samuel Bénétreau, L'Épître de Paul aux Romains, vol. 1, Vaux-sur-Seine, Édifac, 2002, p. 43-44. 25 William Arndt et F. Wilbur Gingrich, A Greek-English Lexicon of the New Testament and Other Early Christian Literature, Chicago, University of Chicago Press, 1979, p. 436.

verbe ἀφωρισμένος poursuit la même idée, celle d’être mis à part. La version du Semeur l'a traduit par choisi pour proclamer la Bonne Nouvelle, en conservant l'idée d'être nommé, Rm1,1. Paul était un pharisien et il a surement volontairement choisi la même racine pour le verbe que pour pharisien26. Cette nomination est pour εἰς εὐαγγέλιον θεοῦ, la Bonne Nouvelle

de Dieu. Plusieurs commentateurs font mention de Galates 1,15-16 et nous le citerons comme appui à ce que nous avons déjà écrit : « Mais Dieu m’avait mis à part dès avant ma naissance et, dans sa grâce, il m’a appelé à le connaître. Aussi, dès qu’il a plu de me révéler son Fils pour que je l’annonce aux non-juifs, je n’ai consulté personne ». Cette Bonne Nouvelle est le point central de cette péricope, elle parle de Jésus-Christ. Il n’a pas de définition de celle- ci, mais le texte en est manifestement une référence.

Le verset 2 nous parle toujours de cette εὐαγγέλιον θεοῦ. Paul tisse un lien entre la nouvelle, Bonne Nouvelle et l’annonce de celle-ci prédite bien des années avant par les prophètes. Il y a une suite, une continuité pour Paul et surtout pour Dieu. Au verset 2, le verbe proepaggellesthai a pour sujet l’euaggelion, comme l’écrit Simon Legasse : « Jouant sur une même racine, Paul signale que l’Évangile, loin d’être une innovation qui bouleverserait l’ordre divin, est en fait la réalisation de ce que Dieu a promis par avance par ses prophètes dans les saintes Écritures27 ». Cette promesse de Dieu transmise par ses prophètes avait été

écrite afin de se souvenir que Dieu est le maître de l’histoire. Il s’agit peut-être aussi d’un simple appel à se rappeler de la présence de Dieu, à ne pas penser qu'Il les avait oubliés, sachant qu’il y avait eu un long silence près 400 ans de la part de Dieu. Comme le souligne S. Bénétreau : « En écrivant à une Église qui compte des croyants d’origine juive et dans la pensée d’atteindre, voire de désarmer, toute la section judéo-chrétienne de l’Église, il tient à souligner l’enracinement vétérotestamentaire de l’Évangile du Fils. Cet Évangile n’est pas une nouveauté imprévisible, une initiative divine déconcertante28 ». L’histoire de Dieu,

l'unique créateur, avec les êtres humains se poursuit avec la venue annoncée du Fils de Dieu. Stott résume l’idée de la Bonne Nouvelle en écrivant : « Paul now proceeds to give a six- points analysis of the gospel, to which he was been set apart. 1. The origin of the gospel. […]

26 John R. W. Stott, The Message of Romans : God's Good News for the World, Leicester, Inter-Varsity Press, 1994, p. 47.

27 Simon Légasse, « Fils de David et fils de Dieu », Nouvelle Revue Théologique 122/4 (2000), p. 565. 28 Samuel Bénétreau, L'Épître de Paul aux Romains, p. 44.

2. The attestation of the gospel is scripture. […] 3. The substance of the gospel is Jesus- Christ. […] 4. The scope of the gospel is all the nations. […] 5. The purpose of the gospel is the obedience of faith. […] 6. The goal of the gospel is the honour of Christ’s name29 ».

Les versets 3 et 4 forment une entité, est-ce un écrit théologique, un credo, un texte pré- paulinien qui a été utilisé par Paul? L’a-t-il modifié, copié ou en est-il le véritable auteur? Sans aller dans trop de détail, le commentaire en bas de page de S. Bénétreau nous semble pertinent : « Déterminer les limites de cet éventuel credo, qui pourrait être d’origine palestinienne, n’est pas chose aisée, et les avis restent partagés. La proposition de Barrett, p. 18 avec son sens strict parallélisme, nous semble la plus attrayante : […], texte simple auquel Paul aurait fait des adjonctions30 ». Comme le mentionne Mainville en note en bas de page :

« Paul présente cette confession comme garante de sa propre foi. Elle s’apparente beaucoup par sa structure et son contenu, à la Christologie primitive de l’Église palestinienne31 ».

La structure de cette confession aurait deux parallèles32.

Son Fils A Issu

B De la lignée de David C Selon la chair

Jésus-Christ notre Seigneur

A' Établi

B' Fils de Dieu avec puissance

C' Selon l’Esprit Saint, par sa résurrection d’entre les morts

Cet Évangile concerne son Fils, issu de la lignée de David. Le Christ est un descendant de David selon la chair. Continuons avec l’expression « selon la chair » qui a été interprétée de façon différente. Sans entrer dans bien des détails, nous opterons pour la suggestion de N. T.

29 John R. W. Stott, The Message of Romans, p. 48-53. 30 Samuel Bénétreau, L'Épître de Paul aux Romains, p. 45. 31 Odette Mainville, Un plaidoyer en faveur de l'unité, p. 21.

Wright qui comprend celle-ci dans le sens d’être le descendant de la filiation de David, jamais dans le sens d'être de nature humaine pécheresse et mauvaise, mais comme un être humain bon et un don de Dieu qui a été démontré, confirmé et affirmé par la résurrection de Christ33.

Tout compte fait, le Christ est un être humain, tout comme Jn 1,14 le mentionne dans son Évangile : « Celui qui est la Parole est devenu homme et il a vécu parmi nous ».

Nous retrouvons, en 2 Tm 2,8, la même expression ἐκ σπέρματος Δαυὶδ, il est écrit : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, descendant de David, conformément à l’évangile que j’annonce ». Ce texte est très semblable à notre péricope. La filiation et la descendance de David sont aussi prophétiques. Paul a probablement été inspiré, entre autres par Es 9,5-6, pour écrire la suite de l’histoire de Dieu par la venue de son Fils Jésus issu de la lignée davidique. Luc écrit en Ac 2,29-36 un texte faisant référence à David qui peut aussi nous aider à reconnaître la descendance du Christ :

29 Mes frères, permettez-moi de vous parler franchement: le patriarche David est bel et bien mort et enterré. Son tombeau existe encore près d'ici aujourd'hui.

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