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5- Topologie de la densité électronique

CHAPITRE I : DIFFRACTION DES RAYONS X PAR UN MONOCRISTAL ET

I- 5- Topologie de la densité électronique

L'analyse topologique de la densité électronique a été développée par Bader et elle est connue sous le nom de la théorie quantique de l’atome dans une molécule (Quantum Theory of Atoms in Molecules) [43-45]. La topologie de la densité électronique est basée sur : la densité totale 𝜌(𝑟), le gradient de cette densité ∇𝜌(𝑟) et son Laplacien ∇2𝜌(𝑟). Le gradient de la densité permet de trouver les points critiques c.à.d. les points ou le gradient

s’annule, points extrema de 𝜌(𝑟). La nature de l’extrémum est déterminée par les dérivées

secondes de la densité totale (matrice Hessienne). La trace de la matrice Hessienne est le

Laplacien. La diagonalisation de la matrice Hessienne donne les courbures principales 𝜆𝑖 et

les directions associées. Un point critique est caractérisé par le nombre de valeurs propres non-nulles 𝑤 (le rang) et la somme des signes des valeurs propres 𝜎 (la signature). Le point critique est donc caractérisé par le couple (𝑤, 𝜎). Comme la densité électronique est tridimensionnelle, le rang de la matrice Hessienne est généralement 𝑤 = 3, tandis que la

signature 𝜎 pourra prendre quatre valeurs correspondantes à quatre types de points

critiques :

- 𝜎 = −3, densité maximale localement (𝑤, 𝜎) = (3, −3) renvoie à l’attracteur

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- 𝜎 = −1, 𝜌(𝑟) est maximale dans un plan et minimal dans la direction

perpendiculaire au point selle. Généralement situé entre 2 atomes, il correspond au point critique de liaison;

- 𝜎 = +1𝜌(𝑟) est maximale dans une direction et minimale dans un plan ce qui

correspond au point critique de cycle ;

- 𝜎 = +3, 𝜌(𝑟) est minimale dans les trois directions ce qui correspond au point

critique de cage.

Les calculs des propriétés topologiques peuvent être réalisés à l’aide des codes numériques tels que NEWPROP [45, 46] et MOPROViewer [47] écrits par Souhassou et Guillot respectivement. Dans le cadre de cette thèse, c’est le code NEWPROP qui est utilisé.

 Le point critique de liaison

Des quatre points critiques cités ci-dessus, celui correspondant à un point selle de type (3,-1) appelé point critique de liaison est situé entre deux atomes à l’échelle moléculaire ou cristalline. Le Laplacien peut être :

- Négatif, associé à une densité forte indiquant une concentration d’électron. Il s’agit donc d’une interaction à couches ouvertes qui correspond à une liaison covalente ;

- Positif, associé à une densité faible correspondant à une dilution d’électron. Il s’agit plutôt d’une interaction à couches fermées comme pour des liaisons ioniques.

A partir des grandeurs topologiques il est possible dans le cas d’interactions faibles de calculer l’énergie totale au point critique et de donner ainsi plus d’informations sur la nature de la liaison étudiée. Grace à la formule d’Abramov [48] reposant sur le théorème du Viriel local [49], les densités d’énergies cinétique G et potentielle 𝑉 au point critique des liaisons faibles sont données par :

𝐺 =103 (3𝜋2)2 3⁄ (𝜌(𝑟))5 3 +162𝜌(𝑟) (I-38) 𝑉 =142𝜌(𝑟) − 2𝐺 (I-39) Pour les interactions à couches fermées, en particulier les liaisons hydrogènes, il a été montré que les valeurs des énergies cinétique et potentielle expérimentales calculées par cette méthode sont assez proches de celles obtenues par des méthodes Hartree-Fock de

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type MP2 (Moller-Plesset Perturbation theory) [49]. Afin de faire des comparaisons directes entre les interactions en se basant sur la densité, son Laplacien, et les énergies cinétiques, potentielles et totales au point critique, une approche consiste à normaliser les énergies cinétique et potentielle par rapport à la densité au point critique, et d’apprécier le quotient entre les énergies ainsi obtenues : (|𝑉| 𝐺⁄ ) [50]. Ce paramètre permet d’établir la classification entre les interactions et permet de faire la distinction entre les interactions à couches ouvertes pures (|𝑉| 𝐺⁄ < 2), les interactions à couches fermées pures (|𝑉| 𝐺⁄ < 1) et les interactions intermédiaires (1 < |𝑉| 𝐺⁄ < 2). En plus de ces paramètres normalisés à la densité électronique, il faut ajouter le rapport entre la densité d’énergie totale 𝐻𝑐 et la densité totale au point critique 𝜌, 𝐻𝑐⁄𝜌, qui représente le degré d’interaction dans la liaison. Si la condition (𝐻𝑐⁄ < 0)𝜌 , est satisfaite, c’est de la covalence qui est observée avec un degré dépendant du signe du Laplacien. Dans le cas contraire, il sera plutôt question d’interactions ioniques, de liaisons hydrogènes, des liaisons chalcogènes ou même halogènes [51].

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