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Les TIC comme champ de recherche en éducation en France : peu d’études intégrant

CHAPITRE 3. GENRE ET TIC DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF EN FRANCE

4. Les TIC comme champ de recherche en éducation en France : peu d’études intégrant

4.1. La polymorphie des TIC

Nous avons vu dans les paragraphes précédents que les TIC étaient étudiées par les chercheur- e-s en tant qu’outils ou instruments utilisés dans le processus d’enseignement - apprentissage, 210 LES EIAH sont ainsi présentés sur le site http://archivesieah.univ-lemans.fr/index.php. : « Le champ

scientifique des EIAH (Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain) correspond aux travaux sur la conception et réalisation d’environnements informatiques dont la finalité explicite est de susciter et d’accompagner l’apprentissage humain : questions scientifiques et technologiques soulevées par la conception, la réalisation et l’évaluation de ces environnements, ainsi que par la compréhension de leurs impacts sur la

de manière que nous qualifierons de secondaire, la didactique s’intéressant davantage aux situations, au sujet et aux contenus disciplinaires. Toutefois, des chercheurs en didactique, comme, pour ne prendre que l’exemple de la modélisation, Buty, Chauvet, Colin, Rebmann – et bien d’autres, la liste est loin d’être exhaustive – se sont intéressés aux apports spécifiques des TIC dans les situations d’enseignement – apprentissage, les TIC ou leur utilisation devenant alors un objet de recherche à part entière.

En Sciences de l’Education, les recherches se sont développées autour des dispositifs – par exemple ceux de Bruillard, Baron, Daguet, Wallet... - des usages par les étudiant-e-s et lycéen-ne-s - par exemple ceux de Baron, Bruillard, Barbel, Flückiger... - des communautés expertes, que ce soit celle des informaticien-ne-s – par exemple ceux de Collet - ou celle des ATice étudiée par Villemonteix et, plus récemment, des Environnements Numériques de Travail ou ENT – notamment ceux de Chaptal et Bruillard.

Le lien entre l’utilisation des TIC, la motivation et les émotions est au centre d’une approche dénommée « Affective Computing » (Picard, 1998). La définition en est ainsi donnée sur le site officiel de l’équipe :

« Affective Computing is computing that relates to, arises from, or deliberately influences emotion or other affective phenomena” (page d’accueil du site211).

Concernant le « gender », Picard s’appuie sur le « Myers-Briggs personnality indicator » pour argumenter les différences sexuées dans l’interaction avec l’ordinateur.

Un projet développé par l’équipe de Rosalind Picard212 exploite les TIC pour des analyses

réflexives :

« In this research, a proactive emotional health system, geared toward supporting emotional self- awarenesse and empathy, was built as a part of a long-term research plan for understanding the role digital technology can play in helping people to reflect on their beliefs, attitudes, and values. The system, G.I.R.L.S. (Gorls Involved in Real-Life Sharing), allows users to reflect actively upon the emotions related to their situations through the construction of pictorial narrative”.213

Mais d’autres approches ont été développées, notamment en France dans le champ des EIAH où les émotions sont de plus en plus prises en compte, tant dans la conception des systèmes tuteurs intelligents que dans l’analyse de la relation émotion / cognition en formation à distance. Un numéro spécial de la revue STICEF214 a été consacré en 2007 aux « dimensions émotionnelles de l’interaction en EIAH ». Certaines vont être brièvement évoquées dans la

211http://affect.media.mit.edu/index.php [Consulté le 3 septembre 2010]

212Une page la présente sur le site du Massachussets Institute of Technology (MIT):

http://web.media.mit.edu/~picard/index.php [Consulté le 3 septembre 2010]

213 Pour la présentation de ce projet, voir http://affect.media.mit.edu/projects.php?id=1564 214 Il s’agit du volume 14, mis en ligne en 2007.

partie qui suit et qui s’articulera autour de trois axes correspondant aux interrelations entre TIC et motivation.

Les relations entre les TIC et la motivation ont été étudiées dans les deux sens :

 comment l’utilisation des TIC crée-t-elle ou développe-t-elle la motivation des enseignant-e-s et des apprenant-e-s pour le processus d’enseignement - apprentissage?  quelles sont les motivations des enseignant-e-s et apprenant-e-s pour l’utilisation des

TIC ?

Il faut y ajouter une troisième voie :

 comment la motivation des élèves est-elle exploitée pour la conception et l’utilisation des TIC ?

L’impact d’un EIAH sur la motivation des apprenants peut être par exemple mesuré en termes de « motivation situationnelle », à partir d’une échelle, The Situational Motivation Scale (SIMS), créée et validée par Guay, Vallerand et Blanchard (Guay & al., 2000), comme l’ont fait Blanchard et Fresson (Blanchard & Frasson, 2007) à propos de l’expérimentation du prototype de MOCAS :

 motivation intrinsèque : « meilleur type de régulation, grand sentiment d’autonomie)  régulation identifiée : « bon type de régulation, sentiment d’autonomie élevée)  régulation externe : « mauvais type de régulation, sentiment d’autonomie faible)  amotivation : « aucune régulation »

Ils ont effectué une « comparaison en fonction du sexe » :

« Nous avons noté que la motivation initiale (au moment du pré test) était d’un peu moins bonne qualité chez les filles par rapport à celle des garçons (moyennes de la motivation intrinsèque généralement moins élevées et celles de la régulation externe légèrement plus élevées.

Cependant, suite à l’utilisation de notre prototype de MOCAS, un effet positif sur la motivation intrinsèque et la régulation identifiée a été mis en évidence quel que soit le sexe et ce, malgré le fait que les filles semblaient de prime abord moins intéressées par les jeux vidéo215 (…). La baisse

du sentiment de régulation externe de l’activité est par ailleurs sensiblement plus marquée chez les filles de notre groupe que chez les garçons ». (Blanchard & Frasson, 2007, 7.1.3.)

Ces chercheurs s’appuient sur la théorie de l’auto-détermination (Self Détermination Theory, SDT) développée dans le Département de Psychologie de l’Université de Rochester216 pour

définir les objectifs à atteindre dans la conception d’un environnement pour l’apprentissage, MOCAS :

 limitation des contraintes

215 Nous reviendrons sur cet exemple dans la partie consacrée aux jeux vidéo ; seules 5 des 17 filles avaient

déclaré y jouer régulièrement.

 définition d’un type d’encadrement pédagogique (attitude réactive favorisée, interaction proactive)

 recherche d’une mise en partage des expériences

Comme la motivation entre dans le domaine des « attitudes », elle est traitée de ce point de vue.

Les quelques exemples que nous venons de donner brièvement, sans prétendre à l'exhaustivité bien évidemment, montrent que les TIC constituent ainsi un champ multiforme, champ dont se sont emparées les différentes disciplines qui s’intéressent à l’éducation.

4.2. Présentation d'études récentes

Nous allons à présent nous arrêter sur quelques thèses et études en Sciences de l'Education qui traitent de ou simplement abordent la question du genre. Les unes portent davantage sur les enseignant-e-s, nous les présentons en premier. D'autres mettent l'accent sur les élèves, soit en se limitant au contexte scolaire, soit dans une vision plus large reliant le scolaire au non- scolaire.

4.2.1. Les enseignant-e-s et les TIC

A.Un exemple dans l'enseignement primaire: les ATICE

Villemonteix a mené une étude longitudinale sur les messages publiés grâce à une liste de diffusion par les ATICE (Villemonteix, 2007), ces enseignants du premier degré considérés comme experts en TICE et chargés de la formation de leurs collègues et d'un appui de spécialistes.

Le sens du terme « genre » dans la thèse peut être rapporté à celui de « sexe déclaré », comme le montre le passage suivant, qui concerne les caractéristiques de la population.

« Le repérage des prénoms à partir des adresses de messageries indiquées par la plupart des répondants (92% de l’effectif total), les nous a permis d’identifier une proportion de 90% d’hommes ce qui confirme bien que la mobilité vers les activités de formation, à fortiori à l’informatique, est une affaire de genre et ne concerne, on le voit, les femmes que d’une façon très marginale. Ce résultat contraste en premier lieu avec la répartition par genre dans le corps enseignants du premier degré public, où la part des femmes y est de 80,7% au 31 janvier 2007194. Il serait intéressant d’observer l’existence, d’attracteurs par genre dans les parcours de mobilité des enseignants. Sans approfondir cette question ici, qu’en est-il de la répartition par genre dans les fonctions enseignantes n’étant plus confrontées uniquement à la classe ? La question peut se poser pour les conseillers pédagogiques, par option, les directeurs d’école ou les inspecteurs de l’éducation nationale. Pour ces derniers, la composition du corps montre un renversement de tendance, puisque 70.2 % sont des hommes. » (Villemonteix, 2007, p.199)

La recherche avec les entrées « genre » et « femme », sur l'ensemble de la thèse, n'a abouti qu'à ce passage.

B.Un exemple dans le secondaire: la thèse de Drot-Delange sur les forums d'enseignants

Béatrice Drot-Delange s'est intéressée aux outils de communication électroniques, et a étudié les échanges sur des forums d'enseignant-e-s dans trois disciplines scolaires: la technologie au collège, l'économie-gestion et les sciences économiques et sociales au lycée

Les témoignages cités dans la thèse de Drot-Delange (Drot-Delange, 2001), concernant le sentiment d'incompétence comme motif de non-participation aux échanges sur les listes d'Ecogest et de Pagestec217 proviennent tous d'abonnées: « pas suffisamment à l'aise », « bien

moins pro que d'autres », « trop incompétente », telles sont les expressions utilisées pour exprimer ce sentiment. Inversement, toutes les citations concernant les motivations des auteurs de sites proviennent de déclarations d'hommes, qui disent apprécier « la liberté » (3 occurrences, le fait que ce soit « plus simple à gérer qu'un site institutionnel », la « valorisation personnelle ».

Il est par ailleurs montré comment il a fallu un débat pour:

• re-découvrir la place des femmes dans l'histoire de la discipline « technologie »:

« En découvrant les messages de ces derniers jours, on redécouvre que ce sont ces dames qui nous ont précédé sur le chantier: à l'époque des Travaux Manuels Educatifs, elles étaient très majoritaires. Même chose au temps de l'EMT. » (387 DB 18/03/00, p. 276)

•donner « l'occasion pour des femmes silencieuses jusqu'alors de prendre la parole »:

•« Je suis une de ces dames (qui s'exprime pour la 1ère fois sur la LDT, mais qui aime bien la lire) qui a choisi la technologie par amour de la matière. » (421 VR 18/03/00, p.277).

 permettre à des femmes de retrouver leurs anciens réseaux:

« Nous sommes toujours dans la même galère même si nous ne nous sommes pas donné de nouvelles depuis 25 ans, nous étions au foyer de lycéennes ensemble... Cela fait si longtemps que nous avons l'impression d'avoir eu plusieurs vies » (386 MCH 16/03/00, P.277).

L'intérêt de cette thèse pour notre propos est ainsi de montrer d'une part des exemples de relations affirmées entre manque de confiance en soi et non-usages, et de sources potentielles de motivations à l'utilisation.

C.Les pratiques des professeurs de mathématiques de lycée: la thèse de Nathalie Sayac

La thèse de Nathalie Sayac (Sayac, 2003), dirigée par Aline Robert, porte sur « Les pratiques des professeurs de mathématiques de lycée : une approche croisée des influences du sexe, de l’âge et du cursus ». Elle présente une étude à la fois globale, à partir de 255 questionnaires, et locale, à partir de 5 professeurs.

L'idée de base est que des différences de sexe peuvent être perçues dans les pratiques des professeurs de cette discipline.

« «D’une manière très empirique, nous avons émis l’hypothèse que les pratiques des professeurs de mathématiques pouvaient se différencier selon leur sexe. » (p.28)

D'où la question :

« Quelle peut être l’influence d’une différenciation sexuée des professeurs sur leur pratique ? A quel niveau peuvent se situer ces différences potentielles ? » (p . 28)

Nous allons focaliser sur les informations recueillies lors de la lecture de cette thèse, concernant l'informatique et les TIC en relation avec le « sexe » - Sayac utilisant ce terme et non celui de « genre ».

44% des professeurs déclarent comme centre d'intérêt l'informatique, ce qui pousse l'auteure à poser la question en ces termes:

« « Nous pouvons [...] nous demander si l’intérêt que les professeurs interrogés portent à l’informatique se traduit par une implication plus grande de cet outil dans leur enseignement. » (p.77)

Des différences sont constatées en utilisant la méthodologie ainsi résumée:

« en considérant la modalité « femme » de la variable « sexe », un certain nombre de variables affectées de valeur-test significatives (en positif ou en négatif) ressortent. »

Elles concernent, outre des aspects pédagogiques, « l’intérêt porté à l’informatique »

« Les femmes s’intéressent beaucoup moins à l’informatique que les hommes. » (p.107)

Les données chiffrées montrent qu'il y a ainsi 35,4% de femmes et 60% d'hommes qui déclarent cet intérêt. La recherche d'explications met en avant le phénomène du « bricolage »: « Si nous tentons d’expliquer ce phénomène, nous pouvons envisager l’hypothèse de « bricolage de cols-blancs »

« En effet, l’informatique peut être envisagée comme une certaine façon de faire du bricolage tout en gardant les mains propres, et il est socialement reconnu que le bricolage est l’apanage des hommes. » (p.126)

Toutefois, les chiffres sont différents en fonction de l'âge. Sayac a réparti les professeurs en trois classes d'âge, en fonction de l'histoire de l'introduction et de la disparition des mathématiques modernes dans les programmes scolaires. Elle distingue ainsi les professeurs de moins de 36 ans, qui ne les ont pas connues, celles et ceux de 36 à 46 ans, qui ont vécu cette histoire comme élèves, celles et ceux de plus de 46 ans, qui l'ont vécue comme professeurs. Ce ne sont pas les plus jeunes qui expriment le plus leur intérêt pour l'informatique, mais les plus âgé-e-s: respectivement 42,3%, 38,6% et 57,1% des professeurs déclarent s'y intéresser.

« Les réticences de ces professeurs d’un certain âge ne sont donc nullement plus grandes que celles de leurs collègues plus jeunes »

Or, les enseignantes les plus âgées déclarent plus d'intérêt pour l'informatique que les plus jeunes.

68,3% des enseignantes les plus âgées déclarent cet intérêt et 66,7% de la classe d'âge intermédiaire, alors qu'il n'y a plus que 51 % des plus jeunes.

L'informatique n'étant pas l'objet de cette thèse, l'auteure ne va pas plus loin dans la démonstration. Toutefois, si nous rapprochons ces constats d'autres résultats apportés par l'étude, nous pouvons nous demander si cet intérêt n'est pas en rapport avec les aspects pédagogiques soulignés, et notamment le fait que les professeures218 utilisent des ressources

plus nombreuses et variées (80% des femmes contre 55% des hommes). Nous pouvons aussi les mettre en relation avec les récits biographiques obtenus lors d'entretiens que nous avons effectués, dans d'autres études, avec des enseignantes de mathématique et d'informatique.

4.2.2. Les élèves et les TIC

Les études focalisant sur les élèves sont nombreuses, et nous en avons déjà traité lorsque nousa vons évoqué l'entrée par les attitudes, qui est une des plus fréquente. Les typologies d'élèves se font le plus souvent à partir des critères « niveau » (élémentaire, secondaire, post- secondaire ou universitaires – on parle alors d'étudiants), plus rarement, d'âge – que l'on réserve davantage à la sphère non-scolaire, ou encore de filière. Nous ne nous intéresserons pas ici aux élèves de l'enseignement élémentaire - voir sur ce point, par exemple, Baron & Giannoula concernant les élèves de CM2 (Baron & Giannoula, 2002), et allons présenter des travaux qui portent sur les collégiens (Metton-Gayon et Flückiger) et sur les lycéens (Aoudé et Baron).

A.Les travaux de Metton-Gayon

Bien qu'elle n'ait pas été soutenue en sciences de l'éducation, mais en sociologie, et qu'elle n'ait pas concerné que les TIC, la thèse de Metton-Gayon (Metton-Gayon, 2006) traite en partie de la problématique du genre et des TIC – nous l'avons déjà évoquée pour l'état de l'art qu'elle présente.

En effet, en étudiant « le rôle des outils de communication dans la socialisation des collégiens », dans la lignée des travaux de Pasquier (Pasquier, 2005) elle traite entre autres de la communication médiée par les technologies de l'information et de la communication. 218La féminisation du terme est une norme depuis la publication de la circulaire du 18 mars 1986 JO de la

L'auteure a poursuivi dans cette lignée, avec notamment des publications consacrées à la communication électronique (Metton-Gayon, 2007), au téléphone portable et à Internet (Metton-Gayon, 2009) , au chat et à msn (Metton-Gayon, 2009). C'est plus particulièrement par rapport à la communication électronique qu'elle s'est intéressée à « la construction du genre » (Metton-Gayon, 2007).

Avec Delaunay-Tetrel, elle différencie les modes de communications selon le sexe, en étudiant les blogs des adolescent-e-s.

« La culture masculine du « faire ensemble » et celle, féminine, du « parler avec » engendrent des distinctions nettes dans le contenu affiché sur le blog. » (Delaunay-Tetrel & Metton-Gayon, n.d., p.4)

B.Les travaux de Flückiger

La thèse de Flückiger (Flückiger, 2007) a été soutenue, elle, en sciences de l'éducation219. Il a

travaillé sur « l'appropriation des TIC par les collégiens dans les sphères familiales et scolaires », en menant des observations en environnement scolaire sur une durée d'un peu plus de deux ans, de novembre 2004 à décembre 2006. Cette méthodologie longitudinale lui a permis de dégager des évolutions, notamment dans les usages des TIC.

« Des élèves connus en classe de cinquième se trouvaient donc en classe de troisième à la fin des observations. Entre temps, leurs jeux, les rapports entre filles et garçons, leurs préférences musicales, leur manière de s’habiller, leur autonomie au sein du foyer, leurs projets scolaires et professionnels, etc. avaient connu un profond bouleversement.

Leurs usages des TIC s’étaient également profondément modifiés, passant d’usages liés à la sortie de l’enfance à ceux de jeunes adolescents, certains se destinant à entrer dans la vie active dans les mois suivants, d’autres au contraire se préparant à entrer au lycée, ayant parfois en tête de longues études universitaires. » (Flückiger, 2007, p. 109)

Les constats de différences effectués en fonction du sexe, avec toute la prudence apportée au regard de la taille de l'échantillon), concernent:

– les jeux: les Sims pour les filles, Counter Strike pour les garçons . Une fratrie est prise comme exemple, où chacun des quatre frères possède sa propre console de jeu dans sa chambre.

– la communication: les relations suivies, en utilisant msn (filles), le courrier électronique (filles)

– les craintes liées aux « rencontres » médiées par Internet (filles):

« Les filles mettent souvent en avant la crainte de rencontrer des « pervers » ou des internautes qui se font passer pour plus jeunes qu’ils ne sont (des « mythos » dans le langage adolescent).

Cette expérience est très largement partagée par les adolescentes, qui ont toutes des anecdotes

sur le sujet. » (Flückiger, 2007, p.163)

D'autres différences sont relevées, « dans les jeux préférés, l'intensité de l'usage de la console de jeu ou l'habitude de jongues conversations sur MSN de certaines filles » (ibidem, p.239) Cependant, pour l'auteur, la majorité des usages sont partagés.

« (…) ces différences nous apparaissent secondaires au regard des usages partagés. » (ibidem, p.240)

L'estompage des différences pour mettre en avant les points communs transparaît également dans le passage concernant l'appropriation.

« Mais il semble que malgré ces différences, les motifs généraux de l’appropriation sont communs aux deux genres. » (ibidem, p.197)

A cette forme d'homogénéité, il oppose une « appropriation générationnelle » et le concept de « capital informatique ».

C.Une analyse secondaire des résultats de l'étude DidaTab par Aoudé et Baron

Aoudé et Baron ont effectué une analyse secondaire des résultats de l'étude DidaTab, avec l'appui de François-Marie Blondel (Aoudé & Baron, 2009). Une analyse fine des compétences mises en oeuvre dans l'utilisation du tableur a été menée par l'équipe de recherche DidaTab. L'intérêt du tableur est argumentée par l'inscription de son utilisation dans le curriculum de l'enseignement secondaire français (Blondel & Bruillard, 2006) et par sa proximité avec la programmation (Blondel & Tort, 2007). Les outils ainsi conçus ont été utilisés dans des études sur les usages scolaires et extrascolaires du tableur par des collégien-ne-s et lycéen-ne-s. L'analyse porte sur une étude auprès de 288 répondant-e-s à un questionnaire diffusé dans des classes de 8 lycées – les auteurs notent la répartition très inégale des filles et des garçons dans les divers types de classe, majorité de filles en Sciences Médico-Sociales et en Gestion des Ressources Humaines, majorité de garçons en Technique et en Sciences de l'Ingénieur. Les principaux résultats concernent:

 la fréquence d'usage de l'ordinateur, plus importante chez les garçons

 la « découverte de l'ordinateur », plus tardive et plutôt liée au contexte scolaire pour les filles et au contexte extrascolaire pour les garçons

 l'utilisation de proxys, davantage le fait de filles

 l'auto-évaluation des compétences, et principalement l'affirmation de l'expertise, plus