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Des processus en interaction: la construction du genre, des techniques et technologies

CHAPITRE 1. (NON-) USAGES DES « TIC » ET « GENRE », UNE DOUBLE

3. Des processus en interaction: la construction du genre, des techniques et technologies

Après avoir évoqué les différents obstacles et mis en évidence les écueils auxquels une telle étude nous a confrontée, nous allons présenter l'analyse que nous avons menée des approches adoptées dans différentes études. Cette recension ne prétend nullement être exhaustive, et a principalement pour objectif de clarifier notre compréhension du contexte de recherche afin de situer notre étude dans ce paysage. Pour clarifier, nous allons volontairement simplifier. Comme toute simplification, celle-ci est réductrice, nous en avons bien conscience. Mais elle nous a paru nécessaire pour faciliter la compréhension des questions soulevées.

Nous allons en premier lieu proposer un rapide survol de la conceptualisation du genre en France, puis nous nous attarderons sur les études qui se sont intéressées aux interrelations entre le genre et les technologies – nous verrons qu'elles peuvent être désignées comme TI, TIC ou TICE.

3.1. La polysémie du terme « genre »: de la traduction de « sexe » à la

conceptualisation en tant que processus

On ne peut, nous semble-t-il, traiter du « genre » en France sans ancrer l’histoire du mot et du concept dans l’histoire des institutions et celle de la société et de ses composantes. L’histoire 31Il s'agit de la déclaration rédigée lors de la polémique de 1984 par Georges Dumézil et Claude Lévy-Strauss.

du « genre » en France est en effet, entre autres, le reflet de l’influence grandissante des institutions supranationales d’une part et de l’ouverture d’accès aux recherches internationales grâce au développement des ressources en ligne et de l’accès à ces ressources. Quels liens, ou absence de liens, entre la pénétration du « gender » francisé en « genre » dans les politiques et celle du « gender » interprété par les chercheurs et chercheuses français-e-s ? comment débrouiller l’écheveau des interpénétrations? Il faudrait mettre en parallèle l’histoire institutionnelle et politique et celle de la recherche. Ce n’est pas l’objectif de notre travail. Cependant nous avons rencontré cette problématique à maintes reprises, et ne pourrons faire l’économie de l’évoquer quand cela sera nécessaire à la compréhension des phénomènes. Il ne nous paraît pas inutile de noter certains faits historiquement validés dans des publications scientifiques, concernant l’origine et l’évolution du concept. Nous les avons déterminés en croisant les informations de diverses sources.

Nous avons pris le parti de nous intéresser à la fois au « gender » et au « genre », dans la mesure où l’imbrication entre les deux termes devient de plus en plus forte, étant donné la prégnance toujours croissante de la langue anglaise dans la recherche. Nous reviendrons ultérieurement sur les problèmes que cela pose, concernant le « genre ».

3.1.1. « Sexe » et « genre », de l'opposition à la cohabitation

Aux Etats-Unis, la constitution des Gender Studies dans les années 70 donne une reconnaissance institutionnelle au champ, ce qui n’est pas le cas en France où le mot « sexe » continue à être utilisé, en particulier par le développement des recherches sur les « rapports sociaux de sexes» nés du « dialogue avec le marxisme » (Gardey & Löwy, 2000).

Nicole - Claude Mathieu s'est intéressée depuis les années 70 à des questions de méthode et d’épistémologie des sciences sociales concernant le traitement asymétrique qu’elles font des catégories de sexe32, et a évolué dans ses plus récentes recherches vers les « identités de

sexe/genre », expression que nous extrayons du titre d'un chapitre de son livre L'anatomie politique. Catégorisations et idéologies du sexe (Mathieu, 1991).

A l'opposition historique entre « sexe » et « genre » s'est substituée une cohabitation rendue possible par les définitions et délimitations de l'un et de l'autre.

Le mot « sexe » est utilisé dans des termes et expressions diverses, voire des néologismes. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous allons lister quelques-unes des expressions dans lesquelles nous trouvons ce terme.

32Voir le site qui présente ses travaux et ses publications http://las.ehess.fr/document.php?id=217 [Consulté le 3

Il nous paraît en premier lieu nécessaire de souligner le(s) jeu(x) entre l'utilisation du « singulier » et du « pluriel » du mot. Ainsi, une lecture de la bibliographie de Nicole Mosconi sur le site du CNRS fait apparaître qu'elle utilise le pluriel dans les expressions « égalité des sexes » (Mosconi, 1998), « inégalité entre les sexes » (Mosconi, 2001), mais le singulier dans la notion de « rapports sociaux de sexe » (Mosconi, 2008). Pfefferkorn, dans l'analyse qu'il conduit sur la substitution de « genre » à « rapports sociaux de sexes » (Pfefferkorn, 2007) emploie pour sa part le pluriel pour défendre la place de cette notion indispensable, selon lui, à l'analyse des structures sociales et à la mise en évidence de l'aspect dynamique de ces rapports.

Révélateurs d'un parcours de pensée sur l'histoire de la controverse des sexes, les titres de certaines des oeuvres de la philosophe Geneviève Fraisse sont ainsi construits autour des « sexes »: « La Différence des Sexes » (Fraisse, 1996), «La Controverse des Sexes » (Fraisse, 2001) et « Le Mélange des Sexes » (Fraisse, 2006). Françoise Héritier, en anthropologie sociale, a conceptualisé la « valeur différentielle des sexes » (Héritier, 1996). Colette Guillaumin crée le terme « sexage », pour désigner la réduction d’une personne à son sexe. (Guillaumin, 1992), terme qui a été repris par Michèle Causse qui l'utilise dans le titre même d'un de ses ouvrages (Causse, 2000). Cependant, l’attribution d’un sexe, liée au biologique, est elle-même réfutée (entre autres par Gardey & Löwy, 2000, p.25) :

« On peut ainsi avoir un sexe anatomique différent du sexe chromosomique ou génomique, et une impressionnante richesse de situations intermédiaires »

La remise en cause scientifique des faits biologiques qui ont permis jusqu’alors une bi- catégorisation sexuée, la remise en question de l’évidence du lien genre – sexe – sexualité, et des analyses de type structuraliste et/ou marxiste ont fait évoluer le concept dans différentes directions, que nous allons tenter de clarifier en faisant le point sur la théorisation du « genre » en France.

Ce n’est qu’en 1991, selon Claude Zaïdman (Zaïdman, 2003), que le concept de « genre » est introduit ouvertement, à l’occasion du Colloque Sexe et Genre du CNRS. Quant à l’adjectif « genré », nous n'en avons trouvé une première trace que onze ans plus tard, en 2002, chez Christine Delphy (Delphy, 2002).

Cette année 2002 est une année marquante pour ce qui a trait au « genre » en France , comme l'avait été l'année 2000, au cours de laquelle a été signée la Convention pour l'égalité des chances entre les filles et les garçons, le femmes et les hommes, dans le système éducatif –

convention interministérielle qui a été suivie d'une seconde en 200633, a été publié un livre,

Les enseignantes-chercheuses à l'université, présentant l’enquête menée en 2000 Les femmes dans l’enseignement supérieur (Delavault, Hermann, Boukhzoba & Konrad, 2002).

3.1.2. Le « genre » comme traduction de « gender » et quasi-équivalent de « sexe »

Le sème « genre » est employé pour désigner le sexe auquel une personne, lors d’une enquête, quelles qu’en soient les modalités, s’est déclarée ou a été déclarée soit de « sexe masculin » ou « sexe féminin », dans le sens courant de ces expressions, soit « fille » ou « garçon », « femme » ou « homme », ce qui est désigné comme « sexe d'assignation ». Il peut être utilisé comme variable démographique, croisée ou non avec d’autres. Dans ce cas, deux genres sont considérés, correspondant chacun à une des deux cases, virtuelles ou réelles, dans lesquelles s’inscrivent ou sont inscrits les individus concernés, depuis leur naissance – voire avant, en fonction des possibilités offertes par l'échographie.

Cette acception est utilisée dans les enquêtes de type statistique, y compris dans les recherches dont la problématique concerne une différence entre ce qui est dès lors considéré comme deux catégories distinctes, les « femmes » et les « hommes », les « filles » et les « garçons » - notons que la transition entre « filles » et « femmes », « garçons » et « hommes » est le plus souvent reliée à une autre variable descriptive, à savoir l’âge.

La traduction française de « gender divide » en « fossé » ou « fracture » « numérique de genre » a au départ exploité cette ambiguïté, dans la mesure où souvent son constat s’appuyait sur des données statistiques à partir de deux catégories correspondant au sexe déclaré à l'état- civil.

Historiquement, ce fut un des premiers sens du mot dans les recherches scientifiques qui intégrèrent le concept.

3.1.3. Le « genre » comme processus dynamique

Le genre est conçu comme un processus dynamique dont les études tendent à montrer les facteurs et/ou les étapes dans les perspectives constructivistes.

33Cette convention, d'une durée de 5 ans, a été signée le 29 juin 2006 par (dans l'ordre des signatures officielles):

le Ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, Jean-Louis Borloo; le Ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Gilles de Robien; le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Pascal Clément; le Ministre des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer, Dominique Perben; le Ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Dominique Bussereau; le Ministre de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, la Ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité, Catherine Vautrin; le Ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, François Goulard.

« C'est le tournant constructiviste des années 1990 qui a permis de mettre en

évidence les processus de construction sociale du féminin et du masculin autour de la binarité du genre (...) » (Gilbert, 2005)

Ce processus implique « des mécanismes d'inclusion et d'exclusion ».

Emmanuelle Latour, dans le même colloque, le met ainsi en lien avec l'étude des rapports sociaux de sexe.

« Le concept de genre, à la fois riche dans sa perspective constructiviste des identités de sexe et dans son appréhension des changements sociaux, nous permettra d’éprouver la pertinence d’une expérience sociale sexuée et de savoir s’il y a lieu d'opérer une distinction dans les stratégies des acteurs selon le sexe. Étudier des rapports sociaux tels que les rapports sociaux de sexe au sein d’une organisation professionnelle pose le défi d’analyser un véritable processus dynamique. » (Latour, 2006)

Cette acception se retrouve au travers de sa déclinaison lexicale: « genrer » et surtout son passif « genré », voire « post-genré », souvent utilisé dans les études sur le corps, que l'on façonne pour en contruire le genre. Ce fut par exemple le titre d'un récent colloque qui s'est tenu à Tours le 18 juin 2010 « Contraintes du genre sur le corps: corps genrés / corps monstrueux »34.

Il existe un autre verbe construit à partir de « genre »: « engendrer », qui est substantivé en « engendrement ». Une nouvelle acception leur a été donnée par Chabaud-Rychter et Gardey (Chabaud-Rychter & Gardey, 2002), en lien avec la conceptualisation du genre.

Un tel phénomène de construction de néologismes à partir du « genre » n'est pas propre au français, comme l'illustre le passage suivant qui traite de la langue portugaise, extrait d'un texte non daté de Virginia Ferreira, de l'université de Coimbra, en ligne sur le site du RING35.

« D'autres auteur-e-s ont créé des néologismes construits soit comme anglicismes, en "portugaisant" le gender, soit créant des mots nouveaux à partir de "genre". Directement de

gender, je pense que la sociologue Maria José Magalhaes a été celle qui, pour la première fois, a

utilisé un néologisme de ce type, quand elle s'est référée à des stratégies "degendérisatrices". Helena Costa Araújo emploie également des expressions comme "subjectivités gendérisées" ou "sujets gendérisés". Nous trouvons aussi des expressions comme "contextes, formes, vies, identités et comportements gendérisés" ou "gendérisation de la psychologie organisationnelle", respectivement usitées par Maria da Conceiçao Nogueira et Lígia Amâncio, toutes deux psychologues sociales ; dans le même type d'opération, mais optant pour une autre stratégie de « portugaisation » , Fátima Perurena, sociologue brésilienne, parle d'êtres humains " gendrés ". À partir de " genre ", enfin, nous trouvons le verbe " genrifier ", par exemple, utilisé par Tania Fonseca, sociologue brésilienne (...). »

La démarche que nous avons menée pour appréhender l'introduction de ce terme en France a mis en évidence une complexité liée à son insertion dans ou son dialogue avec les systèmes et

34Présentation en ligne sur la page http://www.crimic.paris-sorbonne.fr/lettresredal/intersites.pdf 35http://www.univ-paris8.fr/RING/activites/rencontres.euro/ferreira.portugal.html

idéologies socio-politiques et culturels, avec une variabilité extrême en fonction des lieux et des temps.

Les écueils et les risques sont nombreux pour le lecteur qui « navigue » entre les deux langues. C'est pourquoi nous nous attarderons parfois sur la sémantique dans la partie suivante, consacrée à une revue de quelques méta-analyses.

3.2. Les interrelations « genre » et « TIC »: présentation de quelques méta-

analyses

« Les deux grands paradigmes d'opposition de la sociologie contemporaine » tels que distingués par Fougeyrollas-Schwebel (Fougeyrollas-Schwebel, 2003) situent de facto des approches différentes de l'étude des interrelations « genre » et « TIC », en les ancrant, pour l'un, dans une approche structurelle et transversale et, pour l'autre, dans des « processus de socialisation saisis dans les situations d'interaction ». Nous n'entrons pas dans ces débats de fond, mais nous contentons de situer les points de rencontre des études sur les technologies de l'information (et de la communication) (en éducation) et le genre.

3.2.1. Approches féministes et sociologie des usages (Jouët, 2003)

Lorsqu’en 2003, Josiane Jouët effectue une recension des études francophones sur la thématique « technologies de communication et genre» (Jouët, 2003), elle dénonce une rareté de celles-ci, malgré l’ouverture de focale des recherches effectuées : le « questionnement théorique des relations qui se nouent entre les TIC et le genre », et « la double approche du genre et de la technologie, conçus respectivement comme un construit social ».

« Il n’y a pas de courant de recherche constitué, en sciences de l’information et de la communication, ni en sociologie d’ailleurs, sur le thème du genre et de la communication. (…) Seul le téléphone se dégage comme la communication la plus étudiée sous l’angle de la problématique du genre, car il a bénéficié des travaux menés en histoire et en sociologie des techniques ou en sociologie de la famille ».

C’est par voie de conséquence vers « la littérature anglo-saxonne » qu’elle se tourne pour présenter une «généalogie (…) des principaux courants de recherche », qu’elle qualifie de « succincte ». Il nous paraît intéressant de présenter de manière synthétique l'analyse qu'elle en fait pour situer la sociologie des usages.

Pour ce faire, nous distinguons, pour chaque courant, la conception du genre, celle de la technologie et l'interrelation entre les deux.

 Courant universaliste. Le genre est conçu comme un « processus de socialisation qui définit les rôles des deux sexes par des prescriptions de comportements, de normes et de

valeurs sexués ». La technologie n'est pas questionnée en tant que telle. L'interrelation est axée autour de l'idée de l'adaptation des femmes (promotion, parité).

 Féminisme différencialiste ou essentialiste. Partant du principe qu'il existe une différence entre les deux sexes, différence à préserver, la technologie est présentée comme produite et conçue par les hommes, appartenant à l'univers masculin, et porteuse de valeurs contraires à celles du genre féminin

 Féminisme constructiviste. Genre et technologie sont tous deux des « produits évolutifs des relations sociales », en interaction selon un phénomène de construction mutuelle. Jouët montre comment se rejoignent peu à peu les approches des féministes anglo-saxonnes et européennes et du courant francophone de la sociologie des usages. Les premières ont commencé à « réintroduire la problématique des TIC comme objets de consommation et outils symboliques » et « s'orientent ainsi de plus en plus vers l'étude des rapports sociaux de sexe à travers l'usage des technologies de communication » . Elles posent le genre comme «problématique centrale », ce qui n'est pas le cas de la sociologie des usages. L'usage est « un construit social qui met en jeu des phénomènes d’appropriation, d’identité, de lien social et de rapports sociaux où se repèrent à chaque fois les marques du genre construit social qui met en jeu des phénomènes d’appropriation, d’identité, de lien social et de rapports sociaux où se repèrent à chaque fois les marques du genre ». Dans ces « processus complexes d’interrelation entre l’innovation technique et l’innovation sociale », « la dynamique du genre est étroitement imbriquée ».

Cet historique des courants de recherche sur la place des femmes et de la technologie, présenté en 2003 dans un numéro spécial de la revue Réseaux intitulé Une communication sexuée ?, synthétise les interrelations entre la conception du genre, celles de la technologie et l’approche qui sera adoptée pour établir une relation entre les deux dans la problématisation d’une recherche sur ce thème.

3.2.2. « Le genre des technologies de l'information » (Morley, 2004)

En 2004, dans un article intitulé « Le genre des technologies de l'information », Chantal Morley recense les différents courants, leurs postulats et parfois les méthodologies produites. Après avoir présenté la problématique du « sexe » et du « genre », elle aborde ainsi successivement:

 Le point de vue essentialiste, qui met en évidence la nature masculine des technologies. C'est lui qui prévaut dans le modèle d’acceptation technologique TAM36.

 Le point de vue socio-culturel, qui met en lumière les stéréotypes dans la formation informatique, l'inégalité d’accès à l’ordinateur familial, le phénomène jeux / garçons.  Le point de vue interactioniste : il existe « une interaction entre l'image de la technologie

et l'image de soi-même comme masculin et féminin » (Gill & Grint, 1995)

« D’un côté, la technologie apparaît comme porteuse d’attributs masculins. D’un autre côté, l’attitude envers la technologie permet d’affirmer son identité masculine ou féminine. » (Morley, 2004)

C'est dans cette perspective qu'elle situe la construction du genre (« doing gender ») au sens de West et Zimmerman (West & Zimmerman, 1987)

« Utiliser ou rejeter les technologies est donc une façon d’affirmer son genre, doing gender selon l’expression de West et Zimmerman (1987), signifiant par là que le genre relève peut- être davantage des comportements – du faire – que de la nature – de l’être (Gill,1995 ; Gisler, 1997). » (Morley, 2004)

 La perspective anthropologique, dans laquelle se situe notamment les travaux de Bem qui visent à casser la dichotomie rigide dans laquelle se trouvent coincées certaines approches méthodologiques.

« Bem, dans ses recherches sur l’androgynie psychologique, a cherché à démontrer deux hypothèses. D’abord, un individu peut être à la fois masculin et féminin, selon les situations. C’est pourquoi elle a proposé non pas une échelle bipolaire, mais deux échelles non exclusives. Ensuite, un individu fortement typé (masculin ou féminin) a un comportement plus rigide et moins adaptatif qu’un individu plus androgyne qui peut choisir son genre de comportement selon les cas (Bem, 1974). » (Morley, 2004)

Elle cite abondamment Françoise Héritier, dans son développement sur les interrelations entre technologie – mot au singulier et employé seul – et technologies – au pluriel et complété - de l'information et genre. En effet, le concept de « valence différentielle des sexes » initié par Héritier (Héritier, 1996), présenté par Fine (Fine, 1998) comme « une découverte majeure, un peu accablante », place la « maîtrise » du côté des hommes et l'incompétence technique du côté des femmes (Hirata & Kergoat, 1998).

3.2.3. « Sciences, technologie et genre », dans la thèse de Collet (Collet, 2005)

En 2005 a été soutenue une thèse en sciences de l'éducation, portant sur « la masculinisation des études d'informatique », dans laquelle est démontrée comment s'est effectuée cette masculinisation (Collet, 2005).

Elle remarque notamment en parcourant l'histoire combien la culture était attribuée à l'homme alors que la nature l'était à la femme, et, selon la perspective anthropologique adoptée par Tabet (Tabet, 1979), inscrit l'ordinateur dans un système de division du travail, comme « le dernier-né d’une filiation d’outils qui ont permis de marquer, de reproduire et de justifier les divisions sexuées du travail. » (ibidem, p.43)

Le stéréotype du scientifique présente de nombreuses similitudes avec le stéréotype masculin:

« Ambitieux, combatif, audacieux, froid, indépendant, esprit logique, rationalité, obsession de l’objet au détriment de la relation, exclusion de la sensibilité(...) »/

En fait, la description du scientifique-type s’apparente pour de nombreux traits au stéréotype masculin, et on la retrouve dans de nombreuses enquêtes, que cette description émane d’un garçon