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2. La prise en charge du TDAH

2.5. Les thérapeutiques complémentaires

En complément des prises en charge psychoéducative et médicamenteuse, il peut être intéressant de se tourner vers des thérapeutiques dites alternatives, permettant une meilleure prise en charge globale du TDAH [96].

2.5.1.

Les adaptations alimentaires

L'alimentation est sans conteste un des premiers pivots permettant au corps humain de fonctionner correctement et l'une des composantes sur lesquelles on peut aisément intervenir.

Différents régimes d'éviction ont été étudiés dans la prise en charge du TDAH. Parmi eux on peut nommer le régime Feingold, correspondant à un régime sans salicylates et sans additifs. Les salicylates, composés apparentés à l'aspirine, sont présents dans de nombreux fruits et légumes tels que les fraises, les prunes, les tomates ou encore les raisins. Cet allergologue américain conseille également de supprimer tout aliment à base de colorant, conservateur, édulcorant (comme l'aspartam) et arôme artificiel. Grâce à son régime, Feingold a mis en évidence que les symptômes du TDAH pouvaient être réduits à hauteur de 50%, les signes reprenant dès lors que les additifs étaient réintroduits [97]. Cependant, des travaux complémentaires ont montré que les résultats n'étaient pas constants et restaient majoritairement liés à la subjectivité des parents [98].

Diverses études ont également mis en relief le lien entre TDAH et allergies alimentaires, notamment chez les enfants atopiques. L'éviction des aliments comme le lait, les noix, le soja, a montré des résultats significatifs sur la réduction des symptômes du TDAH [99]. De même, l'intolérance au gluten et la maladie coeliaque sont régulièrement corrélées au TDAH, les symptômes attribués à ce dernier étant souvent retrouvés chez les patients coeliaques non traités [100]. Cela serait dû au fait que le gluten entraînerait une hypoperfusion des régions frontales du cerveau, régions qui, comme nous l'avons vu, sont également impliquées dans le TDAH [101].

Un groupe de chercheurs français a étudié l'implication du magnésium1 et de la vitamine B62 (permettant au magnésium d'entrer dans la cellule) dans le TDAH. Il serait davantage question d'une déficience intracellulaire en magnésium, qui affecterait alors la transmission nerveuse. Le déficit en magnésium étant par ailleurs connu pour entraîner des troubles du sommeil, une fatigue et une irritabilité. D'après leurs résultats, une amélioration significative des symptômes du TDAH (diminution de l'hyperactivité et de l'agressivité, amélioration des capacités d'attention en classe) est observée suite à la complémentation en magnésium-vitamine B6 [102].

Les acides gras polyinsaturés à longues chaînes (AGPLC) comme les omégas 33 ou les omégas 6 sont des AG dits essentiels, c'est-à-dire que notre corps ne synthétise pas et ils doivent être apportés par l'alimentation. Ces AG sont indispensables au bon fonctionnement du cerveau, en prenant notamment part à la fluidité des membranes cellulaires et donc à la bonne transmission des informations [40]. En 2002, une étude anglaise a montrée une amélioration significative des symptômes du TDAH lors d'une complémentation en AGPLC [103].

La carence en AGPLC pourrait également être liée à un déficit en zinc, ce dernier étant un co- enzyme de leur anabolisme [104]. Comme nous l'avions déjà indiqué, les enfants souffrant de TDAH sembleraient présenter une carence en zinc. Une étude en double aveugle a montré qu'une supplémentation en zinc4 à hauteur de 55mg/j de sulfate de zinc améliorait les effets du traitement par le méthylphénidate [105].

Enfin, comme vu précédemment, une supplémentation en fer5 pourrait se révéler intéressante dans la prise en charge des enfants souffrant de TDAH.

2.5.2.

L'homéopathie

L'homéopathie est basée sur le principe de similitude. Cela correspond à l'utilisation thérapeutique chez le malade de doses infinitésimales de principes actifs d'origine végétale, animale ou minérale, qui, eux-mêmes utilisés à des doses pondérales, engendrent, chez l'être humain sain, des symptômes.

1 Aliments riches en Magnésium : chocolat noir, céréales complètes, fruits secs 2

Aliments riches en Vitamine B6 : volailles, poissons

3

Aliments riches en Oméga-3 : poissons gras (hareng, maquereau, sardine), huile de colza, huile de lin

4 Aliments riches en Zinc : huîtres, cacao en poudre, germes de blé, oeufs, produits laitiers, lentilles 5

Une étude a montré qu'un traitement homéopathique de 10 jours à base de Stramonium, Cina et Hyoscyamus niger permettait une amélioration des symptômes du TDAH chez 57% des patients [106].

Le Stramonium (souche végétale issue du Datura stramoine) est utilisé en cas d'humeur changeante ou de forte agitation à hauteur de 3 à 5 granules de Stramonium 9CH au coucher [107].

Le Cina (souche végétale issue d'une astéracée) est utilisé lors de troubles du comportement tels qu'une nervosité, une anxiété, une aversion pour les contradictions, etc. Dans ce cadre, le Cina s'utilise en dilution 9 CH à hauteur de 3 granules par jour [108].

Le Hyosciamus niger (souche végétale issue de la jusquiame noire), est utilisé pour calmer l'état nerveux, notamment chez les jeunes enfants souffrant d'insomnies associées à une nervosité et à une agitation. Cette souche s'utilise alors à hauteur d'une dose de 15CH 2 fois par semaine, éventuellement associée à la prise de 3 granules de Hyosciamus niger 9CH au coucher [109].

D'autres souches homéopathiques peuvent également être utilisées dans le cadre de troubles du comportement.

Le Kalium bromatum (souche minérale à base de bromure de potassium) permet notamment la prise en charge spécifique des agitations psychomotrices à une posologie de 5 granules matin et soir de Kalium bromatum 7CH pendant une durée de 3 mois [110].

Le Tarentula hispana (souche animale issue de la tarentule) est indiqué dans la prise en charge de l'anxiété et de l'agressivité et également en cas de troubles du sommeil chez les jeunes enfants [111].

Enfin, des dilutions homéopathiques de Dopamine 5CH (5 granules le matin) peuvent permettent de limiter le recours aux traitements chimiques, voire de le remplacer, notamment lors de la fenêtre thérapeutique des vacances scolaires par exemple [112].

Une publication de 2016 a montré que l'homéopathie pouvait donc représenter une alternative complémentaire, efficace et sécuritaire, au traitement pharmacologique du TDAH [113].

2.5.3.

L'aromathérapie

L'aromathérapie correspond à l'utilisation thérapeutique des huiles essentielles (HE). Ces composés, très concentrés en principes actifs, sont soumis à des règles d'utilisation strictes. Ainsi,

étant pour la plupart des molécules au tropisme neuronal, leur utilisation est à éviter chez les femmes enceintes, les enfants de moins de 7 ans, les épileptiques ou encore les asthmatiques.

Dans le cadre du TDAH, les HE que nous allons citer ci-dessous sont utilisées dans un but de relaxation [114].

L'huile essentielle calmante de référence est l'HE de camomille romaine, Chamaemelum nobile (L.) All.. Elle contient des esters monoterpéniques permettant de diminuer le stress, favoriser

les capacités de concentration et le sommeil. De plus, la grande concentration en angélate d'isobutyle lui apporte des propriétés anti-spasmodiques permettant de freiner les mouvements involontaires dont font preuve les patients hyperactifs [115]. Elle peut être utilisée par inhalation ou par voie cutanée en massage sur le plexus solaire, le long de la colonne vertébrale, sous la plante des pieds et au niveau des poignets [116].

L’huile essentielle de Petit Grain Bigaradier (PGB), Citrus aurantium L.ssp amara Engl., peut être utilisée pour ses propriétés calmantes et apaisantes apportées par la présence d’acétate de linalyle et de linalol dans ses feuilles d’où est extraite l’huile essentielle. En effet, le linalol stimule le système nerveux central via son action sur les récepteurs à l'acétylcholine. Il en découle alors une augmentation de l'éveil et de la concentration [115]. Elle peut être utilisée par voie orale, cutanée ou en diffusion. Dans la prise en charge de l’anxiété et de la nervosité, la posologie est de 1 à 2 gouttes 3 fois par jour par voie orale sur un comprimé neutre ou de la mie de pain pour les enfants de plus de 7 ans. Elle peut également être diffusée dans le bain à raison de 10 à 15 gouttes dans une cuillère à soupe de poudre de lait ou de base neutre puis mélangée à l'eau chaude du bain [117].

L’huile essentielle de lavande officinale, Lavandula officinalis Chaix, trouve également sa place dans la prise en charge des troubles de l’attention avec agitation. En effet, elle possède des propriétés calmantes et antispasmodiques grâce à la présence d’acétate de linalyle, de linalol et d’ocimènes dans ses fleurs dont est extraite l’huile essentielle. Elle peut s'utiliser par voie cutanée en massage au niveau du plexus solaire (2 gouttes pures), en inhalation ou en diffusion dans l'eau du bain [118].

D'autres HE peuvent également être utilisées pour leurs vertus apaisantes comme le basilic commun (Ocimum basilicum L.), la marjolaine (Origanum majorana L.) ....

2.5.4.

L'hypnothérapie

L'hypnothérapie permet à l'enfant d'effectuer un travail d'introspection et de contrôle de lui- même, ceci lui permettant alors d'améliorer son estime de soi et ses capacités de concentration.

Des études ont ainsi montré une réduction significative des symptômes du TDAH suite à des séances d'hypnothérapie individuelles chez des enfants présentant ce trouble [119]. De plus, une efficacité a également été retrouvée dans le contrôle des problèmes annexes au TDAH, comme les troubles du sommeil et les tics [120].

2.5.5.

Une thérapie particulière : le neurofeedback

Le neurofeedback, ou thérapie par rétrocontrôle négatif, permet, tout comme l'homéopathie à laquelle elle peut être complémentaire, un apprentissage et un apprivoisement de soi. Cette technique a été validée par des études cliniques dans le cadre de la prise en charge du TDAH mais également dans un but de relaxation [121][7].

Cette thérapie consiste à placer sur le crâne du patient, à des endroits spécifiques, trois électrodes permettant à celui-ci de percevoir les variations des signaux cognitifs de son cerveau et ainsi d'améliorer le sentiment d'autocontrôle [122].