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2. La prise en charge du TDAH

2.2. La démarche diagnostique

2.2.1. L'examen psychologique

2.2.1.1.

La première prise de contact avec un pédopsychiatre

Diverses études ont été menées en France sur le repérage des enfants TDAH. Il en ressort que ces enfants sont adressés à un service de pédopsychiatrie à 24% par un médecin généraliste, 34% par un autre professionnel de pédopsychiatrie et 21% par les parents eux-mêmes [14].

L'objet d'une consultation chez un pédopsychiatre relève souvent d'une agitation motrice présente dès la maternelle et/ou de difficultés scolaires dès le CP avec notamment une mauvaise intégration sociale [14].

2.2.1.1.1. L'entretien avec les parents

L'entretien avec les parents permet d'analyser la vie quotidienne de l'enfant et notamment son comportement face à différentes situations. Le médecin évaluera aussi l'histoire développementale de l'enfant, ses antécédents médicaux et familiaux [14].

Il est également essentiel de recueillir des informations de la part de l'environnement scolaire de l'enfant concernant son comportement selon les variations de contexte ainsi que son fonctionnement en société.

2.2.1.1.2. L'entretien avec l’enfant

L'entretien avec l'enfant est une étape clé de la démarche diagnostique. Il permet d'évaluer le comportement de l'enfant, analyser la manière dont il ressent son trouble, ses difficultés au quotidien et ses attentes.

Selon l'AACAP (American Academy of Child and Adolescent Psychiatry), les modalités de cet entretien évolue selon l'âge de l'enfant. Pour des enfants dont l'âge est inférieur à 8 ans, il sera

préférable de les rencontrer avec leurs parents. A l'inverse, les enfants plus âgés seront vus seuls de préférence [14].

L'examen permet également d'évaluer le comportement social de l'enfant et notamment sa désinhibition, sa capacité à se concentrer et d'éventuels troubles du langage [55].

Notons que le TDAH ne peut être écarté même en absence d'agitation motrice lors de l'entretien. En effet, rappelons que ce trouble évolue en fonction de l'environnement de l'enfant et en particulier lors de situations inédites pour lui.

2.2.1.2.

Les outils de classification diagnostique

Il existe actuellement, deux grandes classifications diagnostiques des troubles psychiatriques à travers le monde : le DSM (Diagnostic and Statistics Manual of Mental Disorders) de l'American Psychiatric Association (APA), et la CIM (Classification Internationale des Maladies) de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Malgré l'existence de ces outils, la pose du diagnostic reste laborieuse. En effet, il demeure une part importante de subjectivité du diagnostic qui est en partie basé sur le ressenti de l'entourage.

2.2.1.2.1. Le DSM-V

Le DSM est une classification américaine basée sur le travail collectif de praticiens et d'experts. Il permet de classer les différents troubles mentaux grâce à une terminologie et des critères diagnostiques précis. Cette classification est régulièrement actualisée depuis sa première édition en 1952. Nous sommes actuellement à la cinquième version de ce manuel, parue en 2013 [56].

Selon le DSM-V (Annexe 1), 6 critères concernant l'inattention, l'hyperactivité et/ou l'impulsivité doivent être remplis parmi plusieurs pour pouvoir parler de TDAH. Les symptômes doivent être présents depuis plus de 6 mois dans au moins deux environnements différents et constituer une gêne dans la vie quotidienne de l'enfant aussi bien au niveau social qu'au niveau scolaire. Les nouveautés du DSM-V par rapport à ses versions précédentes sont tout d'abord un changement de catégorisation du TDAH. En effet, dans cette nouvelle version, le TDAH passe de

trouble psychiatrique de l'enfant à trouble neurodéveloppemental. Ainsi, de nouveaux critères sont désormais axés sur les grands enfants et les adolescents. L'avancée majeure de cette nouvelle version étant notamment que plusieurs symptômes peuvent apparaître avant l'âge de 12 ans contre 7 ans pour les précédents DSM. De plus, le nombre de symptômes chez les individus de 17 ans et plus sont fixés à 5 au lieu de 6 [57].

2.2.1.2.2. La CIM-10

La CIM-10 est une classification médicale internationale des différentes maladies et problèmes de santé connexes. Elle recueille différentes données sur les maladies, leurs symptômes et leurs circonstances d'apparition. Elle est utilisée dans le monde entier pour l'enregistrement des causes de mortalité et de morbidité des maladies. La dixième et dernière version de ce recueil date de 1993 mais des mises à jour sont apportées tous les ans.

Dans la CIM-10 (Annexe 2), le TDAH appartient au groupe des troubles hyperkinétiques (section F90)[58]. Les critères de sélection y sont plus restrictifs que ceux du DSM. En effet, selon le CIM-10, il faut au moins 6 critères d'inattention, 3 d'hyperactivité et 1 d'impulsivité pour faire émerger un diagnostic de TDAH. De plus, contrairement au DSM, cette classification ne différencie pas de sous-types dans le TDAH mais distingue 2 groupes selon une association ou non à des troubles des conduites [56].

2.2.1.3.

Les échelles d’évaluation comportementale

Ces échelles permettent de recenser les symptômes en fonction de leur intensité et de leur retentissement. Elles permettent de préciser le diagnostic mais ne sont en aucun cas autorisées à le poser.

Parmi elles, nous pouvons citer les questionnaires de Conners. Il en existe trois versions : l'une pour les parents (48 items), l'une pour les enseignants (28 items ; Annexe 3) et une dernière dite simplifiée (10 items) majoritairement axée sur l'évolution des symptômes sous traitement [2].

Chaque question possède 4 types de réponses ("pas du tout", "un peu", "beaucoup", "énormément") correspondant respectivement aux scores de 0, 1, 2 ou 3. Un score global supérieur à 1,5 sur l'ensemble des items peut faire évoquer des indices d'hyperactivité.

2.2.1.4.

Le bilan neuropsychologique

A la suite de cette évaluation comportementale, un bilan neuropsychologique peut être mené. Il permet notamment de pouvoir lever le doute quant à une éventuelle déficience intellectuelle pouvant y être associée.

Cependant, gardons en tête que le TDAH reste un trouble fluctuant et peut s'interrompre dans des situations vécues comme inédites et donc plus intéressantes pour l'enfant. Il n'est donc pas rare de retrouver dans ce genre de tests des faux négatifs. Une étude menée par Barkley avait ainsi mis en évidence un recoupement diagnostique entre le bilan clinique et le bilan neuropsychologique dans à peine 2 cas sur 3 [59].

2.2.1.4.1. Le calcul du quotient intellectuel

Devant tout enfant présentant des difficultés scolaires, il convient d'évaluer son quotient intellectuel, notamment grâce au WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children)[2]. Cette échelle d'intelligence, actuellement à sa cinquième version, permet d'évaluer les capacités cognitives des enfants âgés de 6 à 16 ans.

Globalement, la courbe d'intelligence des enfants hyperactifs se superpose à celle des enfants de la population générale. Elle peut cependant se différencier sur certains points comme par exemple des scores plus faibles pour l'IVT (Indice de Vitesse de Traitement) et l'IMT (Indice de Mémoire de Travail)[2].

Il est donc très important de diagnostiquer un enfant TDAH et de le différencier d'un enfant ayant un déficit intellectuel. En effet, l'attitude à adopter n'est pas la même et de cela découle une meilleure orientation et prise en charge par la suite.

2.2.1.4.2. Les autres tests

Il existe également d'autres tests plus spécifiques des composantes du TDAH [2].

Les tests évaluant les fonctions d'attention

Le test de Stroop permet d'apprécier les troubles de l'attention sélective, encore nommée la distractibilité. Ce test consiste à lire des mots représentant des couleurs inscrits dans d'autres couleurs. Les résultats de ce test montre un taux significativement plus élevé d'erreurs et d'hésitations chez les enfants hyperactifs par rapport au groupe de contrôle.

Le test d'activité continue permet d'explorer l'attention sélective ainsi que l'attention soutenue représentant la capacité à maintenir cette dernière dans la durée. Le principe de ce test est une longue succession de lettres dans lequel le sujet doit reconnaître un élément donné.

Enfin, le test des deux barrages de Zazzo ressemble au précédent mais il met en jeu des signes. Les erreurs par omission ou par substitution et la vitesse d'exécution sont comptabilisées et comparées à des groupes témoins.

Les tests évaluant l'impulsivité

Cette notion d'impulsivité est étudiée par le test d'appariement des figures familières. Ce test permet de composer 2 groupes de répondants : d'une part, les "réflexifs" qui prennent leur temps mais font peu d'erreurs et d'autre part les "impulsifs" qui répondent rapidement et font davantage d'erreurs. Sans grande surprise, les enfants hyperactifs se classent majoritairement dans le second groupe.

Les tests évaluant l'agitation

L'agitation motrice peut être évaluée grâce à des appareils appelés actigraphes ou actimètres. Ils peuvent être fixés à l'enfant tout au long de la journée et permettent donc de rendre compte d'une agitation importante et surtout de la rareté des temps de pause.