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Thèmes-clés psychosociaux ITraumatismes

Un bon entrepreneur se caractérise par son assurance, sa sociabilité, sa créativité et sa disposition à prendre des risques et à se projeter dans l’avenir. Or il s’agit là de caractéristiques que ne partagent généralement pas les personnes qui ont vécu des événements traumatiques: si elles ont appris à se débrouiller dans des cir-constances extrêmes, à utiliser au mieux leurs ressources et à s’adapter en permanence à de nouvelles situations, elles souffrent souvent d’un manque d’assurance, se méfient de tout le monde et évitent les contacts; elles aspirent à la sécurité et sont défaitistes; elles ne peuvent s’imaginer que leur situation puisse s’améliorer un jour Fiche 2: L’approche psychosociale). Les différents groupes cibles sont traumati-sés pour diverses raisons et les thèmes centraux à traiter varient en conséquence (Fiches 8 à 14). Mais toutes ces personnes ont en commun d’apporter leurs problèmes avec elles dans un programme de promo-tion des revenus.

I Rupture et continuité

Quelle formation considère-t-on comme judicieuse dans un contexte économique donné, et comment l’organiser au mieux

DDC/Dino

Beti

(Photo

Emploi et revenus

pour préparer les participants à trouver un emploi ou à faire prospérer une petite entreprise? Cette question se pose dans tout programme de promotion des reve-nus, indépendamment du contexte, mais elle acquiert une acuité particulière dans les zones de conflit ou de crise, où elle se place sous le signe de la rupture qu’ont provoquée des événements dramatiques pour l’individu comme pour l’économie du pays. Les gens qui ont tout perdu ou qui doivent repartir à zéro, essaient toujours de retrouver le fil de leur savoir et de leurs expériences d’avant-guerre. Mais cette démarche s’avère souvent difficile, car les conditions de l’époque n’existent plus. On en arrive parfois à un déni de réalité caractérisé. Au cours du processus de «guérison», il s’agit de s’adapter aux nou-velles conditions de vie et de travail tout en protégeant et en utilisant l’identité issue de sa propre histoire. Négliger son expé-rience personnelle ou exclure l’identité héritée du passé est inévitablement syno-nyme d’échec économique. Il faut donc que les personnes à former aussi bien que les organisateurs du programme sachent à

la fois accepter la réalité de la rupture et renouer les fils de l’expérience passée, afin de rétablir la continuité.

I Contradictions et résistances rencontrées par les femmes

Dans les régions en conflit, les femmes sont généralement amenées à prendre davantage de responsabilités économiques et il n’est pas rare qu’elles s’engagent alors pour la première fois dans une activité extérieure à leur foyer. Elles ont toutefois des obstacles considérables à surmonter sur cette voie, depuis la résistance de leur propre famille jusqu’aux discriminations juridiques en passant par l’attitude sexiste des bailleurs de fonds.

Mais quand elles réussissent, elles gagnent en assurance et éprouvent une grande fierté: elles constatent que leur tra-vail et leurs compétences dépassent large-ment ce que véhicule l’image tradition-nelle de la femme dans leur société. Elles nourrissent en même temps des sentiments de doute et de culpabilité, ainsi qu’un mépris ouvert ou latent pour le mari qui n’est plus capable de faire ce qu’on attend de lui. Ces sentiments découlent

Un exemple négatif:

En Bosnie, beaucoup d’ateliers furent ouverts pendant et après la guerre. Presque chaque ONG qui travaillait avec des femmes forma des couturières. Les femmes trouvaient cette formation intéressante et l’associaient à leur rêve d’un monde meilleur. Avant la guerre, l’industrie textile était une branche économique importante qui avait fourni du travail à beaucoup de femmes. Mais ces infrastructures avaient été détruites par la guerre, et les entreprises internationales faisaient depuis longtemps fabriquer leurs vêtements dans des pays où l’on pratique des salaires nettement plus bas et qui offrent des conditions plus stables. Ces ateliers textiles s’apparentaient d’emblée à une utopie, mais cela n’empêcha pas les responsables d’ONG et leurs clientes de les défendre en dépit du bon sens économique. Les organisations étrangères participèrent financièrement à ce déni collectif.

Un exemple positif:

Près de Sarajevo, après la guerre, un ancien ouvrier sidérurgiste refusa l’offre faite par une ONG de l’aider par un don généreux à se lancer dans l’agriculture. Au lieu de cela, il ouvrit avec deux anciens collègues une forge installée dans une vieille grange. Ils ferraient des chevaux, et développèrent en outre un procédé de fabrication pour une pièce métallique particulière qui était très demandée pour la construction de maisons. Ces ouvriers ont su réagir de façon créative à une situation nouvelle en tirant parti de leurs compétences d’avant la guerre.

Emploi et revenus

des rôles traditionnellement dévolus aux femmes et aux hommes; il s’agit là d’images fortement ancrées dans les esprits, qui survivent des années ou des décennies à un bouleversement de la réalité extérieure. L’image que les femmes ont de leur rôle et leur expérience professionnelle effective exercent une grande influence sur l’offre et la demande de cours de formation. Dans toute zone en crise, on forme des milliers d’esthéticiennes, de coiffeuses et de couturières. C’est souvent absurde du point de vue économique, mais tout à fait compréhensible en ce sens que les femmes adaptent leur activité à leurs ressources. À l’échelle mondiale, la grande majorité des femmes salariées travaillent dans les secteurs suivants: production et trans-formation alimentaires, habillement, santé et beauté, artisanat, tourisme, commerce et éducation.

Un programme de promotion des revenus destiné aux femmes doit donc s’interroger sur les moyens de tirer parti des ressources disponibles sans tomber dans les stéréotypes sexistes; il doit aussi aborder les sentiments contradictoires que leur nouveau rôle ins-pire aux femmes, de telle sorte que les participantes puissent vraiment saisir les nouvelles possibilités et responsabilités qui se présentent à elles. Simultanément, un tel programme doit toujours chercher – directement ou avec l’aide d’autres acteurs – à infléchir les conditions sociales et juridiques qui empêchent les femmes d’exercer une activité lucrative. DDC/Silvia Voser

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Perspectives d’empowerment