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Temps de réaction correct et taux d’erreurs de la session expérimentale

II.2. DEUXIÈME ÉTUDE

II.2.3.2 Temps de réaction correct et taux d’erreurs de la session expérimentale

Les TR corrects ont été analysés en fonction du type d’amorce comme facteur à trois modalités (valide, neutre, invalide). L’ANOVA a révélé un effet significatif du type d’amorce, F (2,22) = 231,011 ; p < 0,05. Des comparaisons de moyennes (Test de Newman- Keuls) ont montré que le TR moyen était plus court dans le cas d’une amorce valide (288 ms ; erreur-type = 8,3) que dans le cas d’une amorce neutre (396 ms, erreur-type = 8,4 ; p < 0,05) et d’une amorce invalide (439 ms ; p < 0,05). Les TR moyens dans ces deux derniers cas se différenciaient aussi significativement ; p < 0,05. Ces résultats ont montré que les sujets ont utilisé l’amorce pour préparer leur réponse.

Les TR corrects dans le cas d’une amorce invalide ont été également analysés en fonction des trois types d’amorce invalide (invalide sur le côté, invalide sur l’effecteur, invalide double). L’ANOVA a révélé un effet significatif du type d’amorce invalide, F (2,22) = 23,979 ; p < 0,05. Les comparaisons des moyennes (Test de Newman-Keuls) ont montré que les TR moyens dans le cas d’une amorce invalide sur le côté (455 ms ; erreur-type = 10,3) étaient plus longs que ceux observés dans le cas d’une amorce invalide sur l’effecteur (432 ms, erreur-type = 8,5 ; p < 0,05) et d’une amorce invalide sur le côté + l’effecteur (431 ms, erreur-type = 8,2 ; p < 0,05). Les TR moyens dans ces deux derniers cas ne se différenciaient pas significativement ; p = 0,7 (figure 31). Ces résultats ont montré que le TR était plus court dans le cas d’une amorce invalide sur les deux paramètres que dans le cas d’une amorce invalide sur le seul paramètre côté.

TR en fonction du type d'amorce

150 200 250 300 350 400 450 500

Valide Neutre Invalide Côté Invalide Effecteur Invalide Double

Type d'amorce T R m o ye n (m s)

Figure 31 : Temps de réaction moyen en ms (en ordonnée) en fonction du type d’amorce (en abscisse); (Amorce Valide, Amorce Neutre, Amorce Invalide Côté, Amorce Invalide Effecteur, Amorce Invalide Double), avec leurs erreurs types.

Le taux d’erreurs (après transformation angulaire, Winer, 1971) a été analysé en fonction du type d’amorce comme facteur à trois modalités (valide, neutre, invalide) (figure 32). L’ANOVA sur le taux d’erreurs en fonction du type d’amorce a révélé un effet significatif du facteur type d’amorce, F (2, 22) = 42,93 ; p < 0,05. Les comparaisons des moyennes (Test de Newman-Keuls) ont montré que le taux d’erreurs dans le cas d’une amorce invalide (1,8) était plus élevé que celui dans le cas d’une amorce valide (0,2, erreur-

Le taux d’erreurs dans le cas d’une amorce invalide a été analysé en fonction des trois types d’amorce invalide (invalide sur le côté, invalide sur l’effecteur, invalide double) (figure 32). L’ANOVA a révélé un effet significatif du facteur type d’amorce invalide, F (2,22) = 17,80 ; p< 0,05. Les comparaisons des moyennes (Test de Newman-Keuls) ont montré que le taux d’erreurs dans le cas d’amorce invalide sur le côté (0,74 ; erreur-type = 0,08) était plus important que celui dans le cas d’une amorce invalide sur l’effecteur (0,61, erreur-type = 0,1 ; p < 0,05) et dans le cas d’une amorce invalide sur le côté + l’effecteur (0,45, erreur-type = 0,09 ; p < 0,05). De plus, le taux d’erreurs dans le cas d’une amorce invalide sur l’effecteur était plus important que celui d’une amorce invalide double ; p < 0,05.

Le taux d'erreurs en fonction du type d'amorce

0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9

Valide Neutre Invalide Côté Invalide

Effecteur Invalide Double Type d'amorce ta u x d' er re u rs

Figure 32 : Taux d’erreurs (en ordonnée) en fonction du type d’amorce (en abscisse) (Amorce Valide, Amorce Neutre, Amorce Invalide Côté, Amorce Invalide Effecteur, Amorce Invalide Double), avec leurs erreurs types.

Les résultats obtenus sur le taux d’erreurs suivaient le même pattern que les résultats obtenus sur les TR corrects, ce qui valide l’absence d’un changement de stratégie au niveau du compromis vitesse-précision.

II.2.3.3

Temps de réaction erroné dans le cas où la réponse exécutée

correspondant à la réponse amorcée

Sur un total de 734 réponses erronées (les essais anticipés et les essais très lents étaient exclus des essais erronés), la majorité des réponses erronées (66,5% réponses erronées) correspondaient aux cas où les sujets exécutaient la réponse amorcée. Ce qui montre que les sujets ont utilisé l’amorce pour préparer leur mouvement avant l’arrivée du SR. L’exécution de cette réponse préparée était plus fréquente lorsque l’amorce était invalide sur l’effecteur

(52% d’erreur effecteur) que lorsque l’amorce était invalide sur le côté (25% d’erreur côté) ou sur les deux paramètres (23% d’erreur double) (tableau 3).

Type d’amorce Nombre et % d’erreurs Type d’erreur

Invalide Côté 122 (25%) Erreur Côté

Invalide Effecteur 252 (52%) Erreur Effecteur

Invalide Côté + Effecteur 114 (23%) Erreur Double

Tableau 3 : Trois types d’erreur et le nombre d’erreurs obtenues en fonction du type d’amorce invalide. Les TR ont été analysés en fonction du type d’essai. Le type d’essai était une variable à quatre modalités : essais corrects (TR correct dans le cas d’une amorce valide) et trois types d’essais incorrects (TR erronés dans le cas de trois types d’amorce invalide) (figure33). L’ANOVA sur les essais erronés et corrects lorsque les sujets exécutaient la réponse préparée a révélé un effet significatif du facteur type d’essai, F (3, 30) = 25, 02 ; p < 0,001. Les comparaisons des moyennes (Test de Newman-Keuls) ont indiqué que les TR corrects dans le cas d’une amorce valide (288 ms ; erreur-type = 8,2) étaient plus longs que les TR erronés dans les trois types d’amorce invalide ; amorce invalide côté (211 ms, erreur-type = 9,2 ; p < 0,05), amorce invalide effecteur (220 ms, erreur-type = 11,3 ; p < 0,05), amorce invalide côté + effecteur (199 ms, erreur-type = 4 ; p < 0,05). Par contre, les TR erronés ne se différenciaient pas significativement entre eux p = 0,2.

TR Valide et TR erroné en fonction du type d'amorce

150 200 250 300 350

Valide Invalide Côté Invalide Effecteur Invalide Double

Type d'amorce TR m o ye n (m s)

II.2.4

Discussion

Le but de cette deuxième étude était de vérifier si les résultats obtenus dans notre première étude étaient dus au statut particulier du paramètre direction. Dans l’étude précédente nous avons observé que le temps nécessaire pour changer deux paramètres erronés était plus long que celui nécessaire pour changer le seul paramètre direction. En effet, le changement du mouvement utilisé dans l’étude précédente était indispensable pour expliquer ce qu’on a obtenu et pour confirmer l’une des hypothèses suivantes : la déprogrammation- reprogrammation est partielle et sérielle (Rosenbaum, 1980, 1983), partielle et parallèle, ou totale et partielle ou parallèle (non testable).

D’abord, l’analyse des TR corrects a montré que la différence du TR moyen entre les trois types d’amorce (valide, neutre, invalide) a signifié que les sujets ont bien utilisé l’amorce afin de préparer leur réponse avant l’occurrence du SR ; le TR donnait lieu au temps le plus court lorsque la réponse requise par le SR correspondait à l’amorce et il donnait lieu au temps le plus long dans le cas où la réponse demandée ne correspondait pas à l’amorce. Le TR donnait lieu au temps intermédiaire par rapport aux deux cas présentés précédemment, lorsque l’amorce ne portait aucune information concernant la réponse à exécuter. De façon plus importante pour l’objectif de l’étude, les comparaisons ont indiqué également que le temps nécessaire pour dé-spécifier et re-spécifier les deux paramètres (côté et effecteur) était inférieur au temps nécessaire pour dé-spécifier/ré-spécifier le seul paramètre côté. Ce qu’on a obtenu dans cette étude était dans le même sens que les résultats obtenus dans la première étude. C’est-à-dire, le temps nécessaire pour modifier un seul paramètre était plus long que celui nécessaire pour modifier deux paramètres. Dans l’étude précédente c’était le paramètre direction qui a pris le temps le plus long à déprogrammer-reprogrammer. Dans cette deuxième étude, c’était le paramètre côté qui a pris le temps le plus long à déprogrammer- reprogrammer.

Nous pouvons donc conclure que la différence des TR moyens entre les trois types d’amorce invalide dans la première étude n’était pas due aux contraintes biomécaniques relatives au changement des muscles agonistes aux muscles antagonistes lors de la déprogrammation-reprogrammation du paramètre direction. Cependant, ces résultats n’ont validé aucun des trois modèles de la déprogrammation-reprogrammation proposés dans cette étude ni ceux de l’étude précédente ; la déprogrammation n’était ni partielle ni totale et la reprogrammation n’était pas faite de façon sérielle ou parallèle. Encore une fois nos résultats

ont montré que le TR n’augmentait pas en fonction du nombre des paramètres à programmer comme prédit le modèle paramétrique sériel de Rosenbaum (1980). Mais ces résultats ont confirmé l’hypothèse de « réduction dimensionnelle » proposée par Lépine et al. (1989) ; lorsque plusieurs paramètres de même nature (e.g., le côté, et l’effecteur sont des paramètres discrets) doivent être déprogrammés-reprogrammés, ces paramètres se combinent dans un seul paramètre. Le temps nécessaire pour déprogrammer-reprogrammer ce dernier est inférieur à celui nécessaire pour déprogrammer-reprogrammer un de ces paramètres seul.

Ainsi dans cette deuxième étude nous avons analysé les essais erronés dans la mesure où nous avons supposé que si les sujets préprogrammaient la réponse amorcée alors on devait trouver une trace de ce programme moteur dans les essais erronés. Les résultats ont monté que la plupart des essais erronés correspondaient à la situation où la réponse erronée était la réponse amorcée. Ces résultats suggèrent que les sujets se préparaient pour exécuter la réponse amorcée et dès qu’ils détectaient le SR, déclenchaient la réponse préparée. Ceci est confirmé par le fait que les essais erronés portaient des traces de la pré-programmation des paramètres amorcés.

La différence de TR entre les essais erronés et les essais corrects dans le cas d’une amorce valide a montré que les sujets, dans le cas d’une réponse erronée exécutaient la réponse amorcée dès qu’ils détectaient le SR « sans l’avoir traité ». Ils considéraient sans doute le SR comme un signal go pour déclencher leur réponse préprogrammée. Par contre, dans le cas d’une amorce valide, il se déroulait vraisemblablement des processus de vérification qui comparaient la réponse demandée avec la réponse amorcée afin de permettre aux sujets d’exécuter correctement la réponse requise.

En résumé, la modification portant sur la nature du mouvement utilisé n’a pas fondamentalement changé le pattern des résultats obtenus dans la première étude. Donc ces résultats n’étaient pas dus aux contraintes biomécaniques liées au statut particulier du paramètre direction. Le pattern de nos résultats est toujours en contradiction avec l’additivité du modèle paramétrique sériel (Rosenbaum, 1980, 1983). Aucune de nos hypothèses n’a été confirmée. Par contre, les résultats issus de l’analyse des essais erronés dans le cas où l’erreur correspondait à l’amorce ont montré que ces erreurs portaient des traces de la pré- programmation des paramètres amorcés.