• Aucun résultat trouvé

II.1. PREMIÈRE ÉTUDE

II.1.5 Discussion

À partir des résultats obtenus par l’analyse des TR moyens nous avons constaté que les sujets ont utilisé l’amorce pour préparer leur mouvant avant l’occurrence du SR. L’analyse des distributions des TR corrects (figure 23) a montré que le temps nécessaire à déprogrammer-reprogrammer la direction était plus long que celui nécessaire à déprogrammer-reprogrammer le côté ou la direction + le côté. La durée de la déprogrammation-reprogrammation du côté était proche de celle que prenait la déprogrammation-reprogrammation de la direction et du côté.

Ainsi l’analyse des delta plots entre les trois types de distribution invalide (figure 24) a montré que les delta plots de la distribution invalide sur le côté – la distribution invalide sur la direction et le côté s’approchaient de zéro, ce qui pouvait indiquer que les deux distributions étaient quasiment identiques. Les delta plots de la distribution invalide sur la direction – la distribution invalide sur le côté et les delta plots de la distribution invalide sur la direction – la distribution invalide sur la direction et le côté, avaient une origine commune pour les TR les

1983), un modèle partiel et parallèle, total et partiel ou parallèle. Si tel était le cas, on devait s’attendre à observer les résultats suivants :

Dans le premier modèle (déprogrammation-reprogrammation partielle et sérielle) : on devait attendre un effet sur les delta plots : (a) le delta plot de la distribution invalide sur la direction – la distribution invalide sur la direction et côté devait être supérieur au delta plot de la distribution invalide sur le côté – la distribution invalide sur la direction et le côté et la distribution invalide sur la direction – la distribution invalide sur le côté parce que selon les études de Quinn et Sherwood (1983), Vince et Welford, (1967), nous avons supposé que le temps nécessaire à déprogrammer-reprogrammer la direction était plus long que celui de côté et que ; (b) le delta de la distribution invalide sur le côté – la distribution invalide sur la direction et le côté devait être supérieur au delta de la distribution invalide sur la direction – la distribution invalide sur le côté. Dans le deuxième modèle (déprogrammation-reprogrammation partielle et parallèle) :

on ne devait observer aucune différence significative entre le delta de la distribution invalide sur la direction – la distribution invalide sur le côté et le delta de la distribution invalide sur le côté – la distribution invalide sur la direction et le côté parce que le temps nécessaire à déprogrammer-reprogrammer la direction était égale à celui de la direction et le côté. Par ailleurs, le delta de la distribution invalide sur la direction – la distribution invalide sur la direction et le côté devrait être proche de 0. Dans le troisième modèle (déprogrammation-reprogrammation totale et sérielle ou

parallèle) : on ne devait avoir aucun effet sur les delta plots, car la durée de déprogrammation-reprogrammation était la même quel que soit le nombre et la nature des paramètres erronés ; dans tous les cas l’ensemble des paramètres était reprogrammé.

Nos résultats ont montré que le temps de la déprogrammation-reprogrammation n’augmentait pas en fonction du nombre de paramètres à déprogrammer-reprogrammer comme Rosenbaum (1980, 1983) l’a prédit dans son modèle paramétrique sériel de la programmation du mouvement. Par contre, ces résultats étaient compatibles avec certains résultats montrés dans la littérature (Rosenbaum & Kornblum, 1982 ; Lépine et al., 1989). Dans cette étude nous avons dépassé les limites présentées dans les deux études précédentes en utilisant des paramètres de la même nature et nous avons manipulé les différentes conditions expérimentales dans le même bloc d’essais. Mais nous n’avons pas obtenu des

résultats compatibles avec le modèle paramétrique sériel de Rosenbaum (1980,1983) ou avec un modèle partiel et parallèle, ou total et sériel / parallèle.

En effet, dans le cas d’une amorce invalide sur la direction et le côté, nous avons demandé aux sujets d’exécuter une réponse complètement différente de celle qu’ils avaient préparée. Ce qui était similaire au cas d’une amorce invalide sur le côté, où la réponse demandée devait être exécutée par la main controlatérale à l’effecteur préparé. Dans ce cas les sujets inhibaient (inhibition aspécifique) tous les paramètres qu’ils avaient préparés, puis ils reprogrammaient à nouveau les paramètres (la direction et le côté) du mouvement désiré. Par contre, dans le cas d’une amorce invalide sur la direction, les sujets devaient exécuter une réponse qui se différenciait de ce qu’ils avaient préparé par la direction ; ils ont exécuté la réponse avec la main préparée, mais dans la direction opposée. Dans ce cas les sujets déprogrammaient la direction préparée (déprogrammation des muscles agonistes impliqués dans la réponse préparée), puis ils reprogrammaient la bonne direction (reprogrammation des muscles antagonistes impliqués dans la réponse désirée). Cette compétition entre les muscles agonistes et antagonistes, impliquée dans le cas d’une amorce invalide sur la direction, prenait un temps plus long que les processus d’inhibition et les processus de reprogrammation impliqués dans le cas d’une amorce invalide sur la direction et le côté (Larish & Frekany, 1985). Donc on pouvait supposer que les processus qui se déroulaient dans le cas d’une amorce invalide sur la direction (processus de déprogrammation-reprogrammation) étaient différents de ceux impliqués dans le cas d’une amorce invalide sur le côté ou sur la direction + le côté (processus d’inhibition, reprogrammation).

L’analyse des erreurs a montré que les erreurs commises ont laissé les traces d’un programme moteur correspondant à l’amorce. Plus précisément l’analyse des CAF a montré que pour les TR les plus rapides, la réponse erronée correspondait à la réponse amorcée et que ce type d’erreur diminuait d’autant plus que le TR était important. Ce qui a indiqué que pour les TR les plus rapides les mécanismes de la suppression de la réponse activée par l’amorce n’ont pas le temps de se mettre en place. Par contre, plus le temps passe plus ces mécanismes arrivent à inhiber la réponse préparée.

L’analyse des distributions et l’analyse des delta plots pour les essais erronés ont montré que les sujets ont adapté des stratégies différentes pour chaque catégorie d’erreurs :

Dans le cas des erreurs de direction, nous avons supposé que les sujets n’ont pas traité complètement le SR.

Dans le cas des erreurs de côté, nous avons supposé la présence des deux populations présentées précédemment : pour les essais donnant lieu aux TR les plus courts, les sujets ont utilisé le SR comme un simple signal de déclenchement, alors que pour les essais donnant lieu aux TR les plus longs l’erreur proviendrait d’un traitement incomplet du SR.

Ces interprétations qui se basaient sur l’aspect perceptif (erreurs d’un traitement incomplet du signal de réponse) ne permettaient pas d’expliquer pourquoi le sujet réagissait différemment lorsqu’il avait exécuté une réponse erronée dans le cas d’une amorce invalide sur le côté ou sur la direction. Cette différence pouvait être due à un effet attentionnel qui joue dans ce type de tâche (ce point était détaillé dans la discussion générale).

En résumé, les résultats issus de l’analyse des TR corrects et de l’analyse des distributions de TR étaient en contradiction avec le modèle paramétrique de Rosenbaum (1980, 1983). Ces résultats ont montré que les processus qui se déroulaient dans chaque type d’amorce invalide étaient différents (inhibition, déprogrammation-reprogrammation). Ainsi nos résultats n’ont pas confirmé le concept de la réduction dimensionnelle. D’ailleurs, nous avons comparé certains résultats de la troisième expérience réalisée par Lépine et al. (1989) avec nos résultats.

Dans l’étude de Lépine et collaborateurs, la condition où le paramètre amplitude est valide correspond à la condition d’une amorce invalide côté et direction dans notre étude (figure 14). Le TR dans la condition d’une amorce valide sur l’amplitude (invalide côté et direction) (399 ms) était plus court que le TR dans le cas d’une amorce invalide sur la direction (439 ms). Ce résultat observé dans l’étude de Lépine et al. était identique à ce qu’on a obtenu dans notre étude. En effet, le point commun entre l’étude réalisée dans ce travail et l’étude de Lépine et al. (1989) est le dispositif de réponse et le mouvement utilisé (extension et flexion des poignets droit et gauche). Ce qui nous a permis de poser la question suivante : est-ce que les résultats obtenus étaient dus au type de mouvement réalisé. Autrement dit, est- ce que le statut particulier du paramètre direction qui provoque l’allongement du temps de déprogrammation-reprogrammation dans le cas d’une amorce invalide direction par rapport au cas d’une amorce invalide double ? Ayant pour objectif de répondre à cette question, nous avons mis en place notre deuxième expérience.