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II.1. PREMIÈRE ÉTUDE

II.1.1 Introduction

La première étude présentée dans ce travail de thèse était basé sur le modèle paramétrique proposé par Rosenbaum (1980, 1983) et sur la méthode d’amorçage du mouvement proposé par Rosenbaum et Kornblum (1982). L’objectif de cette étude était de déterminer comment une réponse déjà planifiée et préparée pouvait être modifiée ou reprogrammée avant son exécution lorsqu’elle était différente de la réponse demandée. Autrement dit, on a tenté de définir la nature des processus de déprogrammation- reprogrammation impliqués dans le cas où le sujet est face à une situation différente de celle qu’il avait prévue.

Les approches expérimentales largement utilisées dans le domaine de la programmation du mouvement sont les méthodes de pré-signalisation et d’amorçage (pour plus de détails voir respectivement les sections .4.2. et .4.3). Par exemple, Rosenbaum (1980, 1983) a utilisé la méthode de pré-signalisation et manipulé trois paramètres d’un mouvement manuel (main, direction et amplitude) pour tenter d’expliquer comment ces paramètres étaient spécifiés avant l’exécution du mouvement. Il a montré que le sujet utilisait l’information pré-signalée pour pré-spécifier (préprogrammer) son mouvement avant l’occurrence du SR. Ses résultats ont montré que le TR, dans la condition où il faut spécifier la main, était plus long que celui nécessaire pour spécifier la direction. Le TR de ce dernier cas était plus long par rapport à celui nécessaire pour spécifier l’amplitude. Les résultats aussi ont montré que le TR augmentait avec le nombre des paramètres à spécifier ; le TR était plus long lorsqu’il restait trois paramètres à spécifier que lorsqu’il restait deux paramètres et ce dernier TR était plus long que lorsqu’il restait un seul paramètre à spécifier (le TR était additif avec le nombre de paramètres à spécifier). La différence du TR entre les différentes conditions manipulées était attribuée au temps nécessaire pour programmer les paramètres restant du mouvement. Rosenbaum a proposé le modèle paramétrique de la programmation du mouvement. Dans son modèle, l’information pré-signalée affectait la durée des processus de programmation et les différents paramètres étaient spécifiés de façon sérielle.

Différentes études dans la littérature ont montré des résultats pour et contre le modèle paramétrique sériel de Rosenbaum (1980, 1983). Par exemple, Rosenbaum et Kornblaum (1982) avec la méthode d’amorçage ont utilisé un mouvement de pression sur des boutons avec le doigt (index ou majeur). Leur mouvement comprenait deux paramètres : la main

(droite, gauche) et le doigt (index, majeur). Dans leur étude, quatre conditions ont été manipulées :

La condition « s (en anglais ; same) ; amorce valide » où le SR correspondait à l’amorce dans 75% des cas ;

La condition « f (en anglais ; finger) ; amorce invalide doigt » dans laquelle le sujet devait changer le doigt ;

La condition « h (en anglais ; hand) ; amorce invalide main » dans laquelle le sujet devait changer la main ;

La condition (fh ; amorce invalide double) dans laquelle le sujet devait changer les deux paramètres.

Chacune de ces conditions était manipulée dans un bloc indépendant. Leurs résultats ont montré que les sujets ont utilisé l’amorce pour préprogrammer leurs mouvements parce que le TR était plus court dans la condition (s) par rapport aux trois autres conditions. Par contre, la condition (f) a donné le TR le plus long en comparaison avec les deux autres conditions (h) et (fh). Ces derniers résultats ont montré que le temps nécessaire pour changer le seul paramètre doigt de la même main (f) était plus long que celui nécessaire pour changer le même paramètre, mais de l’autre main (h) ou les deux paramètres à la fois (fh). Ils ont interprété ces résultats fortuits en se basant sur un rapport introspectif fait par les sujets ; les sujets disaient que dans un bloc d’essais, si les deux réponses possibles devaient être effectuées avec deux mains différentes (h, fh), il était possible de préparer les deux réponses jusqu’à la présentation du SR (préparation multiple), mais lorsque les deux réponses possibles utilisaient la même main, seulement la réponse amorcée pouvait être préparée (f). Ces résultats ont montré que le TR n’augmentait pas en fonction du nombre des paramètres à dé- spécifié et re-specifier. Autrement dit, le TR n’était pas une relation linéaire du nombre des paramètres à spécifier (Fitts, 1954). Les procédures utilisées dans l’étude de Rosenbaum et Kornblaum (1982) nous ont permis de supposer que les résultats observés par ces auteurs pouvaient être dus à la raison suivante : le type de mouvement utilisé pouvait provoquer une préparation multiple de plusieurs réponses en un même temps. De plus, le fait que les différentes conditions expérimentales aient été manipulées dans un bloc indépendant pouvait inciter les sujets à suivre cette stratégie de préparation multiple dans la condition inter-

lesquelles la compatibilité spatiale (stimulus-réponse) était maximale. Le mouvement utilisé dans leur expérimentation, était une extension ou une flexion du poignet droit ou gauche. Le mouvement était composé de trois paramètres : le côté (droit, gauche), la direction (extension, flexion), et l’amplitude (petite, grande).

Dans les deux premières expériences, ils ont utilisé la technique de pré-signalisation. Dans la troisième ils ont utilisé la technique d’amorçage (priming). Lépine et ses collaborateurs ont comparé les résultats issus de ces deux techniques et ils ont trouvé que les deux techniques produisent le même patron de résultats. Le TR était plus court dans la condition où deux paramètres étaient pré-signalés ou amorcés que celle où un seul paramètre était pré-signalé ou amorcé. La différence entre les deux techniques était que l’effet de l’amorce avec la technique d’amorçage était plus important que l’effet de l’information pré- signalé avec la technique de pré-signalisation. Probablement parce que la technique d’amorçage mesurait le temps de déprogrammation et de reprogrammation des paramètres erronés, alors que la technique de pré-signalisation ne mesurait que le temps nécessaire pour programmer les paramètres restants du mouvement.

Lépine et ses collaborateurs ont montré que le TR, dans le cas où une seule dimension était amorcée, ne se différenciait pas de celui où aucune dimension n’était amorcée. Dans le cas où l’amplitude était invalide le TR était plus court que lorsqu’elle était valide (figure 14). Ces résultats n’ont pas confirmé l’idée que le temps de programmation augmente en fonction du nombre de paramètres à programmer (Rosenbaum 1980). Il a également été obtenu que le TR était plus court lorsque l’amorce était invalide direction et côté que lorsqu’elle était invalide direction et amplitude ou côté et amplitude. Il est plus facile de déprogrammer et reprogrammer les dimensions direction et côté ensemble que de déprogrammer et reprogrammer l’une des deux avec la dimension amplitude (invalide côté et amplitude et invalide direction et amplitude). Lépine et ses collaborateurs ont expliqué ces résultats par le concept de « réduction dimensionnelle ». Ce concept dépend des dimensions hétérogènes du mouvement : si plusieurs dimensions de la même nature (e.g., le côté, la direction sont des dimensions discrètes, l’amplitude est une dimension continue) doivent être de/ré-spécifiées, ces dimensions se combinent dans une seule dimension qui prend moins de temps pour être programmée ou déprogrammée et reprogrammée.

Figure 14 : Étude de Lépine et al. (1989) ; représentation du TR en fonction du nombre de paramètres à déprogrammer et reprogrammer.

Au regard des données issues de l’étude de Lépine et al. (1989), on pouvait supposer que les résultats obtenus concernant le paramètre amplitude étaient dus à la nature de ce paramètre. Donc il est intéressant d’utiliser un mouvement comprenant des paramètres de la même nature pour vérifier la validité du concept de « réduction dimensionnelle ». Ainsi, une autre critique pouvait être apportée sur l’étude de Lépine et al. (1989). Les auteurs dans cette étude n’avaient pas reporté ni analysé les erreurs. En effet, on pouvait supposer que les erreurs devaient apporter des traces de la réponse préparée dans un modèle paramétrique de la programmation du mouvement Rosenbaum (1980, 1983).

intéressant de réaliser une étude en prenant en compte les différentes critiques apportées sur les deux études présentées précédemment. Pour cela, dans notre première étude, nous avons utilisé un mouvement composé de deux paramètres de la même nature et nous avons manipulé les différentes conditions expérimentales dans le même bloc. Une analyse d’erreurs a également été réalisée (pour plus de détails voir la section suivante).