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Techniques de conservation de la zone traitée

A. Méthodes de lutte

3. Techniques de conservation de la zone traitée

Sur les fronts d’avancée de la lutte, le retraitement systématique d’une bande de la zone assainie l’année précédente suffisait à s’assurer de l'absence de glossines (Annexe 40). Par contre, sur les zones de front statique, ou la pression de glossine est constante, la mise en place de barrières de protection s’avérait indispensable pour empêcher la réinfestation de la zone traitée.

Annexe 40 : Technique de protection sur les fronts d’avancée de la lutte

a. Les barrières chimiques insecticides

Ces barrières étaient mises en place à la fin de chaque campagne de lutte sur les frontières statiques de la zone assainie. Au niveau des zones accessibles elles étaient effectuées par épandage terrestre d’insecticide ; dans les zones plus isolées c’était l’hélicoptère qui s’en chargeait (31).

Des équipes de techniciens à pied et équipées de pulvérisateurs portatifs procédaient au traitement discriminatif de la végétation des parties externes des galeries forestières et des zones de savane fortement boisées.

La molécule utilisée était la Dieldrine, un organochloré présentant l’avantage d’avoir une très forte rémanence (meilleure tenue en zone humide, ce qui l’indiquait particulièrement pour ce type de barrières). Son pouvoir d’accumulation dans la chaîne alimentaire est par contre très important d’où des répercussions particulièrement néfastes sur l’environnement.

Une substitution par des pyréthrinoïdes fût tentée mais ils ont vite été abandonnés du fait de leur fort pouvoir irritant pour les muqueuses pituitaires des techniciens (9).

b. Les barrières naturelles

En 1976, la première campagne de lutte s’appuyait sur une limite sud naturelle correspondant à la limite de répartition de l’espèce G.m.submorsitans identifiée lors de l’enquête entomologique de préparation.

ZONE TRAITEE LA PREMIERE ANNEE

ZONE TRAITEE LA DEUXIEME ANNEE PERIMETRE TRAITE DEUX FOIS

A v an cé e d e la lu tte

Les autres campagnes de lutte, qui se sont succédées de 1977 à 1986, s’appuyaient sur d’autres barrières naturelles cette fois représentées par des montagnes : Tchabbal Mbabo, Tchabbal Gangdaba et Tchabbal Mbana (9). Dans les années 70 on pensait que les glossines n’étaient pas capables de vivre au-dessus de 1 200 m et que ces montagnes joueraient un rôle de protection des zones assainies.

c. Autres dispositions de type barrière physique

Une barrière de déboisement fût installée entre le pont du Faro et Mandourou afin d’éliminer les gîtes potentiels et de faciliter le traitement de la barrière chimique. Cette disposition ne fût pas renouvelée ailleurs du fait de sa lourdeur et de son coût important (9).

Des barrières de fils barbelés furent également utilisées afin d’éviter la divagation du bétail en bordure de zone assainie ainsi que pour mieux contrôler les mouvements d’animaux lors des déplacements en transhumance.

d. Mesures d’accompagnement

•Traitements obligatoires à l'entrée de la zone assainie

30 postes de contrôle furent créés en périphérie de la zone traitée pour surveiller les mouvements de bétail entre la zone saine et la zone infestée (commerce, transhumance). Tous les animaux entrants subissaient obligatoirement un traitement insecticide

(SuponaND, 5%) ainsi qu'un traitement trypanocide (BerenilND ou TrypamidiumND) (9).

Ces traitements étaient réalisés, pour le premier, en vue d'empêcher l'introduction de mouches suivant le bétail, et pour le deuxième, afin de neutraliser le réservoir bovin de trypanosomes dans la zone.

Au niveau du poste de Sadek on peut également noter le traitement insecticide systématique de tout véhicule (châssis et roue) en provenance de la plaine Koutine. Pour les éleveurs transhumant en saison sèche dans des zones infestées, des mesures d’organisation furent également décidées. Des dates de départ et de retour en transhumance étaient fixées chaque année par les services de l’élevage, les éleveurs devant passer par des portes de passage obligatoire, au niveau desquelles des traitements de masse étaient effectués par des agents de la MSEG.

Le traitement au départ consistait en une chimiothérapie préventive (TrypamidiumND).

Une fois effectuée, l’éleveur recevait un document l’autorisant à quitter la zone assainie avec son troupeau.

Au retour les animaux recevaient le traitement systématique prévu pour tout animal entrant en zone assainie.

•Restitution réglementée des zones pâturables assainies

La réinstallation des éleveurs en zone assainie était réglementée et décidée par la commission pour la mise en valeur de la haute vallée du Faro. Cette commission qui était dirigée par le Gouverneur de la province et comptait parmi ses membres ; des représentants du MINEPIA, de la MSEG, des autorités coutumières, des éleveurs ainsi

Chaque année la commission recevait les candidatures des éleveurs désirant rentrer en zone saine et émettait une liste de celles retenues. Le nombre d'éleveurs acceptés dans une zone était raisonné en fonction de sa capacité de charge et, préférence était donnée à ceux qui étaient originaires de la région et qui avait dû fuir face à la montée des cas de trypanosomose.

Les éleveurs entrant signaient un cahier des charges où ils s’engageaient à respecter plusieurs mesures comme de participer aux réunions de sensibilisation organisées par les services de l'élevage ou de ne pas sortir de la zone sans autorisation des services de l’élevage.

Dans la pratique, les mouvements des bergers étaient difficilement contrôlables et de nombreux troupeaux rentrèrent en zone assainie sans respecter ces mesures.

•Interdiction d’accès aux zones de front statique

Dans certaines zones de front statique où la pression glossinaire était constante et forte, la présence de bétail au niveau des barrières chimiques de protection fût interdite. La législation prévoyait des amendes élevées pour les éleveurs ne respectant pas cette interdiction mais là encore, étant donné le peu de personnel chargé de surveiller le respect de cette interdiction, nombreux furent les bergers qui se rendirent dans ces zones de pâtures vierges (9).