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Les éleveurs et leurs pratiques d’élevages

L’élevage dans la province est quasiment exclusivement une activité réalisée par les peuls. Ils représentent en effet 95% de la population des éleveurs (5).

En effet les Foulbé et les Mbororo sont traditionnellement des éleveurs de zébus qui, malgré l’appartenance au même groupe ethnique, diffèrent dans la pratique de cette activité ainsi que dans leur mode de vie.

1.L’élevage chez les Foulbé

a. Présentation de l’ethnie

C’est originalement un clan à forte tradition pastorale. Mais, par choix ou contraint par la pauvreté, empêchant de continuer l’activité d’élevage, certains l’ont abandonné. Actuellement on divise donc ce clan en deux groupes en fonction de l’activité (4) :

-Les Foulbé citadins qui ont progressivement perdu leur tradition de pastoralistes et qui se sont convertis en commerçants (bétail, marchandises comme le tissus), cultivateurs ou fonctionnaires.

Ils vivent sur les grands axes de communication et au niveau des capitales historiques des lamidats. Ils forment des petites colonies urbaines et des quartiers à peuplement homogène dans les vieilles cités de l’Adamaoua.

Certains possèdent encore du bétail, mais ne s’en occupent pas directement.

-Les Foulbé villageois chez qui l’élevage est restée l’activité privilégiée. Leur idéal est de posséder assez de bétail pour subvenir au besoin de leur famille. Mais souvent l’élevage ne suffit pas et ils y associent l’activité de cultivateur.

Ils se rassemblent en habitats groupés, bien desservis par une route dans des zones où les terres sont fertiles et faciles à cultiver.

b. Conduite de l’élevage

Les Foulbé villageois se comportent le plus souvent en agro-éleveurs. Ils pratiquent une petite agriculture de subsistance, composée de cultures annuelles (maïs, sorgho, haricot, divers légumes) destinées à l’autoconsommation, et possèdent quelques volailles et petits ruminants. Ils produisent ainsi une grande partie voire la totalité de leur alimentation et leur organisation économique familiale est donc assez autonome en terme de nourriture.

L’élevage bovin reste cependant leur activité principale, source de revenu (4).

L’éleveur gère l’ensemble des activités et confie souvent son troupeau à un berger (membre de la famille ou employé) qui le mène aux pâtures la journée. Le soir, les troupeaux sont fréquemment en divagation (il n’est pas rare d’en croiser sur une piste) sinon il sont rentrés au walde (concession familiale).

Ils pratiquent un élevage de type sédentaire avec transhumance en saison sèche (4). Certains Foulbé citadins possèdent des têtes de bétail mais ne s‘en occupent pas directement. Ils les confient à un berger qui s’en occupe en permanence. Ce type d’élevage par délégation est assez rependu en Adamaoua et concerne entre 15 et 30 % des propriétaires de bovins (27).

2.L’élevage chez les Mbororo a. Présentation de l’ethnie

Ce sont les vrais Peuls pasteurs qui vivent dispersés en brousse avec leurs animaux. Leurs habitations sont adaptées à leur vie de nomades et sont construites en matériaux temporaires (bois, paille).

Les Mbororo se séparent en trois groupes soucieux de ne pas se confondre (les mariages mixtes sont l’exception) et qui diffèrent essentiellement par leurs origines territoriales et la race de bovin élevée (2).

-Les Djafoun étaient les premiers Mbororo à arriver en Adamaoua au XIXème

siècle. C’est le groupe qui a le plus tendance à se sédentariser mais ils n’hésitent pas à se déplacer à la recherche de meilleures conditions pastorales pour leurs troupeaux (ex : lors de compétition avec d’autres ethnies d’éleveurs pour l’utilisation espace).

-Les Wodabe sont souvent rattachés aux Djafoun. Ils élèvent les mêmes zébus mais diffèrent par un mode de vie solitaire. Ils préfèrent vivre dans des secteurs isolés et vides de cultivateurs contrairement à leurs frères. Ils sont présents dans l’est de l’Adamaoua.

-Les Akou sont arrivés plus récemment au cours des années 1930. Ils ont migré à partir des régions soudaniennes et sahéliennes du Nigeria poussés par la dégradation des conditions pastorales dans ces zones sèches. Ce sont aujourd’hui les Mbororo les plus nombreux d’Adamaoua (27).

b. Conduite de l’élevage :

Les Mbororo sont des éleveurs « purs » de bovins qui méprisent le travail de la terre. Cette activité représente l’unique source de revenu de la famille par vente de la viande et du lait. Ceci suppose une taille de cheptel assez conséquente, variable suivant les familles.

Les zébus occupent une place centrale dans la vie de ce clan et le campement familial Mbororo est le lieu de vie des hommes et du bétail. Les éleveurs ne confient jamais la garde de leur cheptel et préfèrent le mener eux-même. Ce sont des bergers consciencieux qui conduisent leur troupeau de près et le laissent rarement en divagation (3).

Ils pratiquent généralement un élevage dit interstitiel en s’installant dans les espaces laissés libres dans le terroir. Ils n’ont aucun problème pour partager l’espace avec les agriculteurs (mis à part les Wodabe) mais évitent par contre les villages Foulbé qui sont synonyme de dégradation des conditions d’élevage suite à la création de nouveau espaces d’agriculture et à la compétition sur les espaces pâturables.

Ils n’hésitent donc pas à se déplacer à la recherche de meilleure condition pour leur cheptel et vivent en nomades (3).

Contrairement aux Foulbé les Mbororo ne recherchent pas l’autonomie d’un point de vue alimentaire et sont demandeurs de produits vivriers. La présence de campements Mbororo est donc souvent appréciée des populations locales car source d’échanges économiques actifs avec les cultivateurs et autres marchands.