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2. L’HISTORIQUE ET L’ÉVOLUTION DE LA PRATIQUE DE L’AGROÉCOLOGIE ET ALTERNATIVES

2.3 Techniques agricoles

Les techniques agroécologiques reposent sur l’application des cinq principes de base de l’agroécologie et tentent de s’intégrer le mieux possible au milieu naturel pour réduire l’impact sur l’environnement (Agrisud International, 2010). Pour ce faire, les interactions entre les éléments de l’agroécosystème dont le sol, l’eau, les plantes et les animaux, puis l’effet des pratiques sur ces composantes doivent être compris et tenus en compte. Ainsi, cela fait de l’agroécologie une agriculture reproductible dans différents contextes puisqu’elle permet d’adapter les pratiques à chaque milieu en question en considérant leur intégralité (Fondation Pierre Rabhi, s.d.a). L’adoption de ces pratiques agricoles améliorées pourrait grandement aider à augmenter les rendements en Afrique, puisqu’ils sont les plus faibles mondialement, et même dans les pays développés, où ils ont commencé à stagner (Bringezu et autres, 2014).

2.3.1 Pratiques agroécologiques sur le sol et leurs effets

Comme le dit si bien le Centre d'Actions et de Réalisations Internationales (CARI) (2008), il faut « nourrir le sol pour nourrir la plante ». À cet effet, la fertilisation du sol en agroécologie passe premièrement par la production de compost grâce aux résidus organiques tels que ceux provenant des cultures. Les engrais peuvent aussi provenir des extrants d’élevages ou de la plantation d’arbres (SOS Faim, 2011). Ces façons d’apporter de la matière organique au sol, tout comme une couverture en végétaux permanente et diversifiée sont des exemples de techniques qui permettent un enrichissement du sol en nutriments, stimulent son activité biologique et sa fertilité tout en aidant à conserver sa structure (GTD, 2013; Agrisud International, 2010). En plus, l’agroécologie favorise un travail du sol en surface, faiblement mécanisé (CARI, 2008), qui ne bouleverse pas ses fonctions et aide à diminuer la dépendance aux énergies fossiles et les conséquences qui y sont liées (GTD, 2013). Le travail du sol en profondeur est effectué uniquement par les microorganismes et les racines des végétaux (CARI, 2008), ce qui favorise la productivité et la stabilité d’un agroécosystème durable (Lianes Coopération et Loos N’Gourma, 2011). Des aménagements et techniques de lutte contre l’érosion par l’eau et par le vent, telles

que les haies brise-vent ou la couverture végétale du sol qui protègent en surface et en profondeur grâce à leurs racines, sont encouragés dans la pratique agroécologique puisqu’ils améliorent l’infiltration et la rétention de l’eau (CARI, 2008).

2.3.2 Pratiques agroécologiques sur l’eau et leurs effets

L’économie et l’utilisation responsable de l’eau pour sa préservation sont encouragées dans la pratique de l’agroécologie. Cela limite les stress hydriques dans une région et garantit un approvisionnement dès que nécessaire aux cultures (Agrisud International, 2010). Conséquemment, si l’irrigation est une technique employée, elle doit être faite dans l’optique de conservation. Dans un système d’agriculture pluviale, cette logique peut être suivie par le choix judicieux des espèces végétales, en association ou en rotation. Également, en limitant le phénomène d’évapotranspiration, par exemple avec l’emploi d’une couverture végétale sur le sol, du paillis, de brise-vents ou de haies, la conservation de l’eau sera stimulée (Terre & Humanisme, s.d.a). La sélection de plantes, adaptées à la région, nécessitant moins d’eau ou résistantes à la sécheresse, peuvent être une option dans la même direction. Outre cela, puisque l’agroécologie prévoit la préservation de la qualité des ressources naturelles, la privilégisation de traitements phytosanitaires naturels et biodégradables, tout comme la fertilisation naturelle participent inévitablement à la protection de la qualité de l’eau (Fondation GoodPlanet, s.d.).

2.3.3 Pratiques agroécologiques sur les plantes et leurs effets

Sachant que l’agroécologie prévoit l’intégration harmonieuse de l’ensemble des composantes de l’agroécosystème, les espèces végétales doivent y être adaptées (Agrisud International, 2010). Les espèces locales seront alors sélectionnées selon leur adaptation aux terres disponibles et aux ressources en eau. Cela requiert alors de bonnes connaissances des populations locales et valorise à la fois leur savoir ainsi que leur place au sein de la pratique agroécologique. Les espèces sont aussi choisies selon la demande des marchés locaux, lorsque ceux-ci existent. Par ailleurs, la conservation des semences des espèces locales et traditionnelles est encouragée pour le maintien de la biodiversité et d’espèces bien adaptées à un agroécosystème particulier (Terre & Humanisme, s.d.b). Une bonne harmonisation des espèces passe aussi par la technique d’association de cultures. Celle-ci privilégie, dans l’espace et dans le temps, les complémentarités

entre des espèces de plantes, une meilleure utilisation des superficies cultivées et des nutriments (Terre & Humanisme, s.d.c). Les ravageurs et les maladies des cultures seront limités par cette pratique alors que les insectes bénéfiques seront avantagés. Ces bénéfices sont aussi obtenus par la rotation des cultures et une grande diversité d’espèces végétales dans l’agroécosystème (Tomich et autres, 2011). Ces dernières techniques encouragent l’augmentation et la conservation de la biodiversité de l’agroécosystème, qui est un principe clé de l’agroécologie.

2.3.4 Pratiques agroécologiques intégrant les animaux et leurs effets

Pour l’intégration de productions animales à l’agroécosystème, celles-ci doivent suivre les mêmes caractéristiques que la sélection d’espèces végétales, soit : être adaptées aux ressources locales, répondre aux demandes des marchés locaux s’ils existent et employer les connaissances des agriculteurs locaux pour la sélection des espèces animales (Agrisud International, 2010). L’association des cultures aux élevages est une complémentarité très bénéfique puisque ces derniers permettent l’obtention de fumier qui peut ensuite être épandu dans les champs cultivés (Pesticide Action Network, s.d.). Cet apport de matière organique aide au recyclage des nutriments dans le sol et à leur transfert aux plantes, avec pour résultat des terres fertiles. De plus, le fumier sur le sol limite les sécheresses et les inondations, car l’infiltration de l’eau et sa rétention sont améliorées. Un autre bénéfice non négligeable des élevages est qu’ils constituent une source de protéines et de vitamines pour les populations locales (SOS Faim, 2011).

2.3.5 Pratique de l’agroécologie et changements climatiques

En plus d’avoir de nombreux bénéfices sur l’intégralité de l’agroécosystème, l’application des pratiques agroécologiques est une voie pour contrer et diminuer les effets des changements climatiques (GTD, 2013; De Schutter, 2010). D’une part, grâce à la construction d’écosystèmes variés, ceux-ci démontrent une meilleure résilience et résistance face aux événements météorologiques extrêmes, au réchauffement planétaire et à l’apparition de nouveaux organismes indésirables et de maladies. D‘autre part, les pratiques agroécologiques atténuent les changements climatiques puisqu’elles impliquent un apport abondant en matière organique au sol, ce qui contribue au stockage du carbone et à la fois à la diminution des GES libérés dans l’atmosphère.