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Chapitre II. Le Centre Civique : un projet devenu réalité devenu réalité

I. La tabula rasa

En 1989 la France vivait le bicentenaire de la Révolution française. À cette occasion, François Mitterrand inaugurait l’Arche de la Défense, édifice qui s’avérait audacieux, visionnaire et qui s’inscrivait cependant dans le tracé historique initié par Le Nôtre, axe qui reliait le Louvre, les Tuileries, la Place de la Concorde, les Champs-Élysées, l’Arc de Triomphe. Le projet parisien respectait, à travers sa posture et son orientation, la structure urbaine historique ; il venait l’accomplir et non pas la détruire ou la nier. La même année en Roumanie, le Centre Civique était presque achevé et comportait un axe viaire venant bousculer de façon totalement arbitraire la structure de la ville (Figure n°11). Ce projet ne s’inscrivait donc pas dans un plan historique, il se contentait de casser, de martyriser, de réduire à néant les valeurs spatiales préexistantes, tout en imposant à Bucarest un ensemble aux dimensions tellement écrasantes, que les siècles à venir ne pourraient plus en faire abstraction.

Au-delà de ses aspects idéologiques et historiques, la mise en chantier du Centre Civique ne fut envisageable qu’à la suite du tremblement de terre qui dévasta Bucarest vers la fin des années 1970. La secousse survenue le 4 mars 1977, à 21h21, a infligé deux atteintes meurtrières qui seront visibles durablement dans le paysage urbain bucarestois. Le premier coup fut porté par la catastrophe naturelle elle-même, l’onde de choc de 7,4 degrés sur

l’échelle de Richter qui causa la mort de 1 400 pers

et toucha 25 000 bâtiments. Cette secousse sismique a subitement transformé une ville séduisante en un lieu de désolation croulant sous les décombres. Le second choc –

représentait aux yeux du Président de la République Socialiste

Nicolae Ceausescu. Il rêvait de remanier totalement l’architecture de la capitale et la nature venait de lui offrir une révélation

c’était aussi l’environneme

malléable et effaçable, si bien que dans les deux cas, une logique implacable se dégageait et dont la clef était qu’il était nécessaire de briser afin de mieux construire, utile de raser pour mieux ériger.

Figure 11– Plan

édifices emblématiques, sur le dessin des îlots préexistants et ses voies. Nous remarquons une parfaite inadéquation entre les deux réalités urbain

communiste s’affranchit totalement des tracés préexistants. Cette planche indique aussi la différence d’échelle et d’écriture de l’espace urbain. Tous ces grands travaux ont été faits sans qu’aucune réflexion n’ait été entreprise pour penser

de manière globale, si bien qu’ils présentent une incompatibilité foncière avec la structure et l´esprit de cette ville.

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l’échelle de Richter qui causa la mort de 1 400 personnes, fit 10

000 bâtiments. Cette secousse sismique a subitement transformé une ville séduisante en un lieu de désolation croulant sous les décombres. Le

– plus violent encore – fut l’opportunité qu’une telle catastrop représentait aux yeux du Président de la République Socialiste

Nicolae Ceausescu. Il rêvait de remanier totalement l’architecture de la capitale et la nature venait de lui offrir une révélation : au

c’était aussi l’environnement qui lui apparaissait comme paramétrable, malléable et effaçable, si bien que dans les deux cas, une logique implacable se dégageait et dont la clef était qu’il était nécessaire de briser afin de mieux construire, utile de raser pour mieux ériger.

Plan qui met en exergue le plan du Centre Civique, avec ses voies et ses édifices emblématiques, sur le dessin des îlots préexistants et ses voies. Nous remarquons une parfaite inadéquation entre les deux réalités urbain

communiste s’affranchit totalement des tracés préexistants. Cette planche indique aussi la différence d’échelle et d’écriture de l’espace urbain. Tous ces grands travaux ont été faits sans qu’aucune réflexion n’ait été entreprise pour penser l’urbanisme bucarestois de manière globale, si bien qu’ils présentent une incompatibilité foncière avec la structure et l´esprit de cette ville.

onnes, fit 10 000 blessés 000 bâtiments. Cette secousse sismique a subitement transformé une ville séduisante en un lieu de désolation croulant sous les décombres. Le fut l’opportunité qu’une telle catastrophe représentait aux yeux du Président de la République Socialiste roumaine, Nicolae Ceausescu. Il rêvait de remanier totalement l’architecture de la : au-delà des hommes, nt qui lui apparaissait comme paramétrable, malléable et effaçable, si bien que dans les deux cas, une logique implacable se dégageait et dont la clef était qu’il était nécessaire de briser afin de mieux

qui met en exergue le plan du Centre Civique, avec ses voies et ses édifices emblématiques, sur le dessin des îlots préexistants et ses voies. Nous remarquons une parfaite inadéquation entre les deux réalités urbaines, le projet communiste s’affranchit totalement des tracés préexistants. Cette planche indique aussi la différence d’échelle et d’écriture de l’espace urbain. Tous ces grands travaux ont été l’urbanisme bucarestois de manière globale, si bien qu’ils présentent une incompatibilité foncière avec la

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Cette période d’épreuve traumatisante pour Bucarest et ses habitants, permit donc au dictateur de dépasser les limites du raisonnable en pensant qu’il était possible de balayer ce qui avait été bâti pour lui faire succéder un renouveau urbain qui allait être à l’image de ses impulsions paranoïaques. Dans le sténogramme de la séance du Comité politique Exécutif, du 30 mars 1977, nous avons pu trouver cette phrase simpliste mais ô combien éloquente, de Nicolae Ceausescu qui s’exclamait ainsi : « […] Vous savez, si nous démolissons tout, la ville de Bucarest va être belle ! 97 ». Le tremblement de

terre offrit au pouvoir politique toute latitude pour remodeler la ville de façon complète, et cela non pas parce que tout le paysage urbain se trouvait ruiné, mais parce que les destructions ponctuelles lui donnaient une apparente légitimité d’intervention à grande échelle.

Un décret présidentiel daté du 5 mars instaura l’état d’urgence sur le territoire de la République socialiste roumaine. L’édition du journal national Scânteia du 6 mars fut consacrée à cette catastrophe, aux dégâts et aux messages de compassion à l’adresse des victimes98. Les Bucarestois en étaient

encore à pleurer ces dernières, les ruines du séisme fumaient encore que déjà prenait forme la mise à l’étude d’un Centre Politique et Administratif dans les cabinets présidentiels.

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Cf. les archives d’État du Comité politique exécutif du Comité Central du Parti Communiste Roumain, n°1074, sténogramme de la séance du 30 mars 1977.

98Le 12 mars, des appartements meublés furent mis gratuitement à la disposition des personnes ayant perdu leurs habitations. À partir du 15 mars, les magasins furent tenus de distribuer gratuitement des vêtements à tous les Bucarestois déshérités.

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En effet, trois jours plus tard, Ceausescu, après avoir visité la ville sinistrée en compagnie de son épouse habillée d’un manteau en vison blanc, demanda à un groupe composé d’une trentaine d’architectes roumains d’étudier les conséquences du tremblement de terre et de faire des propositions pour la reconstruction de la ville et l’édification d’un centre. Dans la presse, le sujet du tremblement de terre ne fera plus l’objet du moindre traitement à partir de 20 mars. Les journaux se contenteront désormais de suivre le développement des futurs projets de Nicolae Ceausescu, et de rapporter par le menu les mesures de développement urbain et de reconstruction.

Vers la fin du mois de mars, au sein du groupe de conseillers du Président, l’idée circulait de créer une sorte d’Acropole socialiste à l’endroit le plus élevé de Bucarest, à savoir Dealul Arsenalului99, petite colline se

détachant de la planéité du reste de la ville. À ce moment-là, tout le corps professionnel de l’architecture fut enchanté devant cette volonté politique de reconstruire une capitale qui s’inscrirait finalement dans la modernité.

Ce fut seulement au mois de septembre de la même année que les architectes convoqués initialement apportèrent des réponses en présentant leurs études de reconstruction de la capitale. Compte tenu de la nature des propositions avancées par les professionnels, les officiels politiques chargés de cette consultation firent très vite une mise au point en demandant aux architectes de focaliser uniquement leur attention sur l’implantation d’un

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centre capable d’accueillir un bâtiment monumental, futur palais de la nation, siège de la direction du Parti ainsi que de tous les ministères. Dans sa globalité, ce centre devait comprendre aussi un Opéra, la Bibliothèque et le Musée nationaux, des hôtels et un centre de conférences100. Cette précision

produisit un effet de désenchantement pour une partie des architectes, dont certains par la suite préférèrent renoncer à poursuivre cette aventure urbaine sans précédent101. Ils craignaient – non sans raison – que l’obstination du

pouvoir à l’égard d’un projet si ambitieux finît par nuire à l’authenticité de la ville et à son développement futur.

Rétrospectivement, avec la chute du communisme, les architectes et intellectuels roumains se sont demandés pourquoi le pouvoir central exigeait la construction d’un centre et non pas seulement d’un grand bâtiment pour la capitale roumaine. Une réponse est esquissée par l’architecte Mariana Celac qui, dans l’interview qu’elle nous a accordée, pense que cela tient au fait que la ville de Bucarest n’avait jamais eu un centre à proprement parler, mais davantage un tissu déterminé par ses fonctions centrales. Par sa morphologie comme par sa construction urbaine, cette capitale est en effet un cas tout a fait particulier : elle a hérité dès ses origines d’un principe d’organisation spatiale similaire aux villes orientales comme Constantinople102.

Elle se développa donc d’une manière très différente de celle des villes occidentales avec leur centre qui, en général, associe autour d’une place le

100BURCEA Mihai, BUMBES Mihail, article : Casa Poporului-povestea adevarata, (la Maison du Peuple – la vraie histoire), Evenimentul zilei, numéro du 15 Jullet 2006

101Lire l’interview avec l’architecte Mariana Celac (annexé à cette thèse)

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pouvoir symbolique d’une cathédrale et d’une mairie. Bucarest n’a pas de centre, et cela parce que : « …c’est une addition de petites paroisses construites autour d’églises de petite taille. Bucarest est donc l’assemblage de plusieurs cellules initiales qui sont devenues plus tard des repères pour les futurs centres de la ville. Même les grandes ouvertures de la modernité, tel l’axe nord-sud, sont semées de coupoles de petites églises, comme un souvenir implicite de la couche byzantine originaire.103 »

Ceausescu avait peut être relevé ce supposé « handicap » et pensait que l’implantation d’axes importants, de bâtiments imposants, de larges places de rassemblement, d’un centre qui pût s’imposer dans le paysage bucarestois, donnerait une envergure effective à sa capitale. Cependant, dépassant le complexe historique, il était essentiellement en quête de grandeur et de monumentalité.

Après la clarification du programme, il restait encore un grand nombre d’architectes et d’enseignants en architecture qui demeurait animé par le souhait de concevoir un centre urbain fort et moderne. Ce que les siècles n’avaient pu faire pour cette ville, ils pensaient être à même de l’accomplir avec l’éclosion de ce programme commandité par le pouvoir politique central. Des projets très divers, avec des schémas urbains distincts, furent présentés par plusieurs équipes qui étaient dirigées par des architectes de renom, enseignants respectés comme Octav Doicescu, Ascanio Damian ou encore

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CELAC Mariana dans le livre de BRAN Mirel, Bucarest, le dégel, Ed. Autrement, Paris 2006, page 55, confirmant ainsi la thèse de Dana Harboiu qui écrivait pour la première fois que pour la ville de Bucarest pendant sa période post-byzantine, entre le XVe et le XVIIIe siècle, les églises représentaient les seuls édifices qui constituaient un réseau de points fixes autour desquels furent organisés les quartiers d’habitation.

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Cezar Lazarescu. La seule chose commune à toutes ces propositions était le site d’implantation des projets : un tènement qui comprenait la majeure partie de deux quartiers historiques : le quartier Izvor104 et le quartier

Dudesti-Vacaresti-Theodor Sperantia. Les raisons pour lesquelles ce site fut choisi sont les suivantes : son caractère central, sa stabilité sismique et sa topographie.

Le centre devait être conçu sur une surface importante, étendue : il lui fallait donc une situation de choix, un site qui pût accueillir le symbole du pouvoir. La surface de développement du projet était significative, parce que le futur Centre Civique ne devait pas être pensé en tant que simple centre d’une ville, mais le centre de tout un pays aux aspirations progressistes ; il avait à incarner le statut centralisé d’un pouvoir rayonnant sur le monde qu’il régissait. Au-delà de la nécessité d’un terrain conséquent en superficie, il fallait un positionnement central dans la structure urbaine de la capitale. Comme nous l’avons vu, être le cœur et au cœur de la ville était la requête principale de ce projet. Celui-ci excluait la possibilité de construire une ville nouvelle à l’extérieur de la capitale, la survivance du cœur de la ville déjà existant suffisait pour rassurer sur les intentions et les intuitions de Ceausescu105.

104Izvor, en français « la Source ».

105Ce qui est à noter dans la démarche du projet roumain, c’est l’absence totale de réflexion sur les nouvelles approches urbanistiques que le monde connut à cette époque. Entre 1960 et 1980 en Angleterre, en Allemagne, en France, au Brésil, au Canada, aux États-Unis, en Inde, en Israël, en Mauritanie, aux Pays-Bas, en Pologne, en U.R.S.S., en Tchécoslovaquie et au Venezuela, des dizaines de villes nouvelles firent leur apparition. En France, il suffit de rappeler les cinq villes nouvelles dans le région parisienne, la ville d’Evry, de Tigery, de la Vallée de la Marne, la ville nouvelle de Trappes et celle de Cergy-Pontoise pour comprendre l’engouement politique pour une alternative urbanistique spécifique et proche de l’idéal des communautés urbaines du XXe siècle. Lucio Costa dessina en 1957 l’acte de naissance de la civilisation brésilienne par la conception de la capitale Brasilia, ville nouvelle qui recomposait une nouvelle alliance entre patrimoine et

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Le quartier Izvor et le quartier Dudesti-Vacaresti-Theodor Sperantia présentaient tous les avantages. Ils étaient situés dans la partie centrale de Bucarest, longés par sa rivière Dâmbovita, et ils comprenaient la seule colline de la ville, Dealul Arsenalului106. Cette caractéristique topographique

permettait de dessiner un projet en élévation sur un point culminant, pour qu’il fût bien visible et bien imposant sur la ligne d’horizon de la capitale. De plus, des spécialistes de la tectonique firent savoir à Nicolae Ceausescu que cette partie de Bucarest était une des plus stables d’un point de vue sismique. C’est ainsi que selon la classe dirigeante et les spécialistes de la ville, toutes les conditions étaient réunies, dans les années 1980, pour que les deux quartiers précédemment cités fussent sacrifiés au nom de l’édification d’un programme monumental, le futur foyer du pouvoir dictatorial roumain.

Le choix du site à investir supposait une création architecturale qui commencerait avec l’effacement d’un cinquième de la surface de la capitale roumaine, aire similaire à la ville tout entière de Venise. En effet, le futur Centre Civique prit naissance, fut pensé et bâti dans la souffrance. Il fit son éclosion sur fond de la douleur des gens qui furent victimes du séisme, la douleur des expropriés, celle des Bucarestois déracinés d’une ville agréable, celle de tout un pays qui pendant des années fut privé d’une vie décente pour

modernité, pouvoir et culture, nature et urbanité. Le régime communiste roumain ne voulait pas dessiner une ville nouvelle, il voulait dessiner la nouvelle ville à partir de ce que Bucarest était.

106Dealul Arsenalului, La colline de l’Arsenal ; ce sommet fut occupé par une institution militaire

qui fut démolie dans sa totalité et sur son emplacement d’origine c’est la Maison du Peuple qui posera ses fondations. De nos jours elle offre à la Maison du Peuple une assise située à 18 m de hauteur par rapport au niveau du parvis situé en bas de la colline.

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permettre à un dictateur d’assouvir dans la solidité de la pierre ses vains désirs d’immortalité.

L’architecte Dana Harhoiu, une des plus importantes chercheuses qui se soit intéressée à la mémoire architecturale et urbaine de Bucarest, commence sa thèse en écrivant : « On ne peut comprendre le passé que par les découvertes contemporaines de ses vestiges 107 ». C’est pourquoi nous ne

pouvons pas comprendre grand-chose à Bucarest, puisqu’en 1984, Ceausescu fit raser 524 hectares de la ville ancienne, et avec eux une large partie de la magnifique mémoire urbaine du passé bucarestois. Aujourd’hui, les héritiers des ces temps de cruauté, les enfants du communisme, doivent aller à la rencontre de ce patrimoine108 qui demeure seulement dans les souvenirs des

Bucarestois, sur les plans anciens, sur les gravures et les images photographiques. Ce retour sur le passé s’avère nécessaire afin de revitaliser dans nos consciences la richesse et l’authenticité qui furent méprisées par le pouvoir communiste.

Ces pans de ville condamnés ont une histoire qui remonte au XVIIème

siècle, au temps de Constantin Brâncoveanu109. Depuis leurs origines, ces

quartiers virent s’installer une importante communauté de tisseurs. Compte tenu de sa proximité avec le centre-ville, ce territoire accueillit progressivement des classes sociales de plus en plus aisées. Un projet de

107HARHOIU Dana, op. cit. page 31.

108Patrimoine selon Dominique POULOT « … Il se confond avec l'héritage dont nous constatons la présence autour de nous, que nous revendiquons pour nôtre, mais qui requiert simultanément une intervention volontaire afin d'en assurer préservation et intelligibilité »

dans l’ouvrage Patrimoine et modernité, éditions L’Harmattan, page 7.

109Constantin Brâncoveanu (1688-1714), le dernier seigneur roumain avant les princes grecs imposés en Valachie par l’Empire ottoman.

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grande ampleur commandé par Carol II avait déjà été imaginé dans ce secteur en 1934 avec la collaboration de quatre grands architectes roumains. Il comprenait un grand boulevard dont le tracé devait suivre une orientation d’Est en Ouest, mais le début de la Seconde Guerre mondiale entraîna l’abandon de ce programme urbain.

Entre 1982 et 1985, on estime que 40 000 personnes furent expropriées et durent assister impuissantes à la démolition de leur bien. Les expropriations se faisaient rapidement : chaque mois, on connaissait les zones qui allaient être détruites et les propriétaires étaient obligés d’évacuer le site, souvent dans un délai de quarante-huit heures. Certains cédaient à la folie, se laissaient aller au désespoir au point de se suicider. D’autres moururent de crise cardiaque. Dans de telles conditions, on peut dire que les survivants étaient des sortes de miraculés : ils survivaient parce qu’ils s’accrochaient à l’espoir d’une possible disparition de la dictature. Les maisons évacuées mais qui n’avaient pas été immédiatement détruites furent abusivement occupées par des populations très pauvres, la plupart du temps des familles d’origine tzigane110. En même temps, avec une ambition non dissimilée et un

ressentiment mesquin à l’égard du monde ancien, Ceausescu certifiait que grâce à sa politique urbaine, Bucarest pourrait offrir à 95% de ses habitants des logements neufs en l’an 2000111.

110Après les événements qui ont conduit à la chute de Ceausescu, en 1990, puisque les plans de démolition et de reconstruction furent arrêtés, ces groupes sociaux et ethniques sont restés dans les maisons en question.

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La propriété devenant un monopole d’État, rien ne pouvait plus garantir