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Des producteurs rencontrés ( Sidiki Coulibaly et Bodian Sidibé) ont confirmé que grâce au CEF, ils ont cerné quelques notions déterminantes dans la gestion de l’ex-ploitation familiale(autosuffisance alimentaire, capacité de travail, programmation et suivi exécution des activités, responsabilisation de certains membres de l’exploi-tation, gestion consensuelle des revenus de l’exploitation) à l’amélioration de la pro-ductivité et de la gestion de leur exploitation.

Les conseillers CEF ont noté que l’assistance aux producteurs a permis d’améliorer leur niveau de productivité, leur revenu et d’en assurer une meilleure gestion. Ils révèlent qu’ avec le conseil les exploitants prennent conscience de leur propre situa-tion et prennent les décisions idoines afin de trouver des solusitua-tions aux problèmes rencontrés.

Les conseillers ont confirmé qu’ils n’ont pas noté de cas de départ à l’exode rural et d’éclatement des exploitations adhérentes au CEF.

d

iscussions

L’originalité du dispositif de CEF du PASE II impliquant des acteurs très différents (chambre d’agriculture, société cotonnière, privés, coopératives de producteurs de coton) se caractérise par la mise en place de commissions de concertation et de coordination au niveau national et régional, et d’une commission pédagogique com-posée des formateurs des différents opérateurs, et des représentants de l’APCAM. Cette dernière commission s’est avérée comme une réponse appropriée pour l’har-monisation des méthodes et outils pour les opérateurs concernés (CMDT, C-SCPC, prestataires), et pour l’adaptation et la révision en continu des thèmes de formation, des méthodes et des outils de CEF afin de mieux cerner les contraintes des

exploi-Le rôle des conseillers est central dans la dynamisation du CEF ; ils sont les garants de la qualité des services rendus aux agriculteurs (Faure et al., 2011). Le dispositif CEF repose sur des conseillers aux profils et compétences variés pas toujours en rapport avec le CEF : (i) conseillers GIE uniquement dédiés au conseil et au suivi des AP et des exploitations, (ii) conseillers CMDT (C/ZPA) conduisant le CEF en marge de leur obligation de service, (iii) conseillers F-SCPC (animateurs de ges-tion) conduisant le CEF en marge d’autres activités mais avec difficultés, leur profil n’étant pas en adéquation avec les tâches des conseillers. Ces derniers s’appuient sur des AP dont la tâche est difficile. En effet, ils doivent convaincre les membres de leur famille de l’intérêt que le collectif va tirer de leur participation au CEF, car ils ne travaillent pas sur l’exploitation agricole quand ils assurent des activités de CEF. Durant ces trois premières années, le volet CEF a mis l’accent sur le renforcement des capacités, l’harmonisation des méthodes et des outils, et la programmation des activités. Aucune activité n’a été menée spécifiquement pour calculer le coût réel du CEF pour un auditeur. Dans les études antérieures, le coût du CEF est compris entre 60 000 Fcfa et 120 000 Fcfa/an/auditeur (SNV, 2012 ; Dugué et Faure, 2001). Le projet PASE II avec l’appui de l’AFD et des acteurs a financé la coordination du dispositif, les ateliers, et appuis, les activités des prestataires, des indemnités de fonctionnement aux C/ZPA de la CMDT, aux AP et aux conseillers des Fé-dérations. La CMDT et la C-SPCPC ont pris en charge le salaire et les moyens de déplacement de leurs agents assurant le CEF. Certaines SCPC contribuent aux déplacements des AP.

La sécurisation du financement CEF par les différents acteurs (bénéficiaires, Etat, partenaires techniques et financiers, organisations des producteurs), est gage de la pérennisation de ces dispositifs de conseil car les exploitants, malgré qu’ils per-çoivent les avantages du CEF, ne sont généralement pas préparés à en payer les services.

CONCLUSION

L’approche développée par le volet CEF du PASE II a enregistré des résultats in-téressants qui doivent être soutenus en vue de leur pérennisation et changement d’échelle. L’APCAM doit continuer à jouer son rôle de coordination du dispositif et veiller à sa fonctionnalité.

Les mécanismes de gouvernance du CEF mis en place pour favoriser le fonctionne-ment du dispositif se sont avérés pertinents. Les commissions nationale et régionale regroupant les différents acteurs du CEF ont permis à ces derniers de s’accorder sur la démarche, les outils et les zones d’intervention, et d’assurer ensemble le suivi

cette commission pédagogique est une nécessité pour l’actualisation en continu de la méthode et des outils de CEF, et comme lieu de capitalisation des connaissances et d’élaboration de référentiels. Les moyens financiers de son fonctionnement sont à rechercher auprès de l’Etat, des sociétés cotonnières, de la Confédération et des partenaires techniques et financiers.

Comme dans d’autres dispositifs de CEF, les outils sont destinés surtout à des au-diteurs alphabétisés, ce qui ne permet pas de toucher la majorité des agriculteurs qui ne sont pas alphabétisés. Pour être efficace, le CEF doit suivre les changements de contexte, rester à l’écoute des agriculteurs et des conseillers et adapter ses outils à la diversité des besoins exprimés, des expériences et acquis des agriculteurs. Les contraintes à l’adoption du CEF à grande échelle sont similaires à celles identifiées dans d’autres dispositifs : le CEF est couteux pour des agriculteurs individuels et demande des conseillers compétents et bien formés qui sont rares aujourd’hui. Accompagner les dispositifs de CEF dans la durée est une nécessité, tout comme développer des partenariats, avec les institutions de formation des conseillers, les programmes d’alphabétisation des agriculteurs, les organismes de financement (lier crédit et CEF) et la recherche (renouvellement des méthodes et des outils, innova-tion).

REMERCIEMENTS

Les auteurs remercient Michel Havard, chercheur au CIRAD, pour le travail de re-lecture, et d’échanges fructueux sur cette communication.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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MODÉLISATION D’ACCOMPAGNEMENT ET