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KATABANTANKOTO À KITA

RÉSULTATS ET DISCUSSION

c

aractéristique sociale desMigrants Âge et ethnie

Le profil par âge des migrants agricoles de la zone de Nafégue est dominé par la tranche d’âge 46-55 ans (71%) alors qu’à Katabantankoto, c’est la tranche d’âge de plus de 55 ans qui est majoritaire avec 57% (Tableau 1). De ces données, on peut déduire des migrants jeunes (1/3) et des migrants assez anciens pour le reste. Tableau 1 : Caractéristique par âge des migrants

Village Classe d’âge

+55 30-45 46-55

Nafégue - 29 71

Les migrants sont des ethnies : Bambara, Kékéreka, Malinké, Minianka et Peulh. Parmi ces ethnies les Minianka et Malinké sont les plus dominants respectivement à Nafégue et à Katabantankoto (Tableau 2).

Tableau 2 : Caractéristique par ethnie des migrants

Village Ethnie

Bambara Kékéreka Malinké Minianka Peulh

Nafégue - - - 71 29

Katabantankoto 14 14 86 0 0

Total général 14 14 86 71 29

Activités socio-professionnelles

Les activités socio-professionnelles des migrants de la zone cotonnière sont princi-palement l’agriculture, le commerce et l’élevage. Dans les deux villages, l’agriculture reste l’activité dominante avec respectivement 71% à Nafégue et 86% à Kataban-tankoto.

Tableau 2 : Caractéristique par ethnie des migrants

Village Activités principales

Agriculture Commerce Eleveur

Nafégue 71 - 43

Katabantankoto 86 14 0

Total général 73 7 20

Vagues de migration

La Figure 2 montre deux vagues de migrants : une première avant les années 90 et l’autre après les années 2000. Plus de 60% de migrants de Nafégue sont arrivés dans les années 2000 contre seulement 34% vers les années 1990. Par contre, les migrants de Katabantankoto sont à 86% de la vague d’avant les années 90. Dans ces familles migrantes, la majorité des personnes est née dans le village.

Figure 2 : Année d’arrivée des migrants

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riginedes Migrants

Les migrants de Nafégue partent principalement de Koutiala à 86% et de Bla à 14% ; deux localités situées respectivement à 280 km et 370 Km (Figure 3). Si ces zones de départ sont réputées pour leurs conditions climatiques favorables à l’agriculture et à l’élevage; la forte pression anthropique sur les ressources naturelles conjuguée à une forte densité historique et une augmentation des surfaces cultivée depuis les 1970 ont conduit à une saturation de l’espace, d’où la forte proportion de départ à la recherche de nouvelles zones propices à l’agriculture.

des villages du même cercle (Kita). Si à Nafégue, la forte pression anthropique sur les ressources naturelles plus un surpeuplement est le principal motif des départs vers cette zone, à Katabantankoto, c’est pour des raisons sociales et familiales. Les résultats (Figure 4) montrent que les raisons des mouvements migratoires sont d’ordre professionnel et social. À Nafégue, l’insuffisance d’espace de pâturage et agricole est la principale des raisons de l’arrivée des migrants. À Katabantankoto, la reconstitution du tissu familial est la raison dominante de départ des migrants : reconstitution du tissu familial, divorce de leur mère et/ou le décès du père, avec parfois des conflits engendrés qui les poussent à rejoindre les familles matrilinéaires et/ou patrilinéaires. Les facteurs déterminants des migrations ne seraient donc pas essentiellement liés aux seuls facteurs de pauvreté (pauvreté de conditions de vie, pauvreté monétaire ou de revenu et pauvreté de potentialité).

Figure 4 : Raisons de départ des migrants

s

tratégies sPatialesd

installation desMigrants

Dans les deux zones, les migrants à leur arrivée bénéficient de parcelles pour bâtir leur maison et de terres pour l’agriculture. Selon le village et les circonstances, ces terres sont mises à la disposition des migrants soit par le chef de village, soit par les propriétaires terriens, ou par le biais des autochtones qui les reçoivent en tant que « Djatigui » : hôte.

Le choix de ces champs se fait sur la base de critères pas toujours favorables aux migrants. Ainsi à Nafégue, les résultats montrent que plus de 70% des champs des migrants se situent sur le haut glacis (zone moins propice à l’agriculture). Aucun migrant n’a de parcelles dans le bas-fond qui est une zone de forte potentialité agri-cole. En plus, la presque totalité des parcelles des migrants est localisée à plus de 1

Figure 5 : Localisation des champs des migrants à Nafégue

À Katabantankoto, on note que 86% des champs des migrants se trouvent sur le bas glacis et environ 30 des 44 ha des migrants sont situés entre 1,5 et 3 km du village (Figure 6). Ces champs de migrants sont localisés dans les zones favorables à l’agriculture et la distance qui les sépare du village est la même que pour les au-tochtones.

e

volutionsPatio

-

teMPorelle deschaMPs desMigrants

L’analyse de l’évolution spatio-temporelle des champs des migrants montre une im-portante augmentation des superficies des migrants entre leurs dates d’installation (avant les années 90 ou depuis 2000) et 2016 (Figure 7). À Nafégue, les superficies ont été multipliées par 3 alors qu’à Katabantakoto, elles ont, à peine, augmenté de 30%. Cette différence dans les dynamiques s’explique certainement par les motiva-tions économiques des migrants à Nafégue.

Figure 7 : Évolution des superficies des migrants depuis leur installation dans les villages de

Nafégue et Katabantankoto

i

nsertion socio

-

éconoMiquedesMigrants

L’insertion sociale et économique est une étape importante dans la vie d’un mi-grant, car elle lui permet de repartir sur une nouvelle base et de s’épanouir. Selon Dayton-Johnson J. et Xenogiani T. (2007), à l’échelle d’un pays, les politiques d’in-sertion et d’intégration sociale des migrants touchent à l’éducation, au logement et à l’aménagement du territoire, à la santé, et aux mesures qui régulent l’acquisition de la citoyenneté.

Dans les cas, on note un niveau d’insertion très fort, car les migrants participent à toutes les activités socio-économiques du village. Ils sont tous membres de la Coo-pérative des Producteurs du Coton (CPC). La CPC est une organisation paysanne très importante dans l’approvisionnement des intrants et de l’octroi de crédits agri-coles dans les villages de la zone cotonnière. Visiblement, l’insertion socio-écono-mique des migrants s’est faite plus facilement et sans tension à Katanbantankoto et Nafégue en raison des raisons des affinités ethniques (Minianka et Sénoufo) et culturelles entre migrants et autochtones. Par contre, dans d’autres situations

Au-grants et communautés locales.

Dans le cadre de l’insertion socioéconomique des migrants, la recherche a montré des contradictions de degré différent sur le terrain, opposant autochtones versus allochtones. De nombreux exemples rendent compte pourtant en ces termes de crispations politiques que vivent des communautés locales sur la défensive : leurs membres se déploient en activisme identitaire et processus d’instrumentalisation du bien-fondé de leur position d’autochtones pour réagir aux menaces qu’incarne-raient les « étrangers » au terroir (Cutolo et Geschiere, 2008). L’autochtonie devient ainsi une stratégie pour se rendre visible, naturaliser certaines inégalités sociales et ignorer d’autres logiques de clivage.

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tratégie sPatialedecantonneMent

La figure 8 montre la stratégie spatiale de cantonnement et de limitation des migrants dans leur possibilité d’extension. Les résultats révèlent un blocage des migrants de tous les côtés à Nafégue. Sur la partie Nord-Est, entre Vata et Diomanténé où il semble y avoir une petite possibilité d’extension, les conditions géomorphologiques y sont défavorables (zone gravillonnaire jusqu’au plateau hostile à toutes activités agricoles).

Figure 8 : Stratégie spatiale de cantonnement des migrants à Nafégue

A Katabantankoto, on note une limitation de l’extension possible des migrants par un encerclement de leurs champs par ceux des autochtones. Cependant,

contrai-rement à Nafégue, les migrants de Katabantankoto ont un peu plus de possibilité d’extension spatiale (Figure 9). Cela est dû à leur intégration à cette communauté soit du côté paternel ou maternel.

Figure 9 : Stratégie spatiale de cantonnement des migrants à Katabantankoto CONCLUSION ET DISCUSSIONS

Nous constatons en général, un mouvement migratoire des populations des zones à faible ressources naturelles vers des zones à conditions meilleures (espaces agri-coles et de pâturage). Les raisons sont principalement sociales et professionnelles. Une fois sur place, on note une inégalité pour l’accès aux ressources foncières entre autochtones et allochtones. Par contre les résultats montrent une forte insertion sociale et économique des migrants.

REMERCIEMENTS

Les auteurs de cette communication tiennent à remercier l’Agence Française de Développement (AFD) qui a financée cette recherche dans le cadre du projet d’amélioration de la productivité dans la zone cotonnière du Mali (PASE II).

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CAPACITÉ DE CHARGE BOVINE ET POTENTIALITÉ